Ce chapitre était tellement long que j'ai été obligée de le couper en deux partie pour que le site accepte de le poster… Sachez cependant que les deux premiers chapitres sont sensés en former un seul :) !

Je suis fière de remplir un peu la section française de ce fandom, avec je l'espère de plus en plus de monde à nous rejoindre ! Pour en revenir à cette fic, il y aura bien sûr une suite ; même si je ne sais pas exactement combien de chapitre elle comportera.

J'espère qu'elle vous plaira. Si vous avez le moindre commentaire, la moindre critique (positive ou négative), n'hésitez pas !

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Marinette n'avait pas vraiment dormi depuis plusieurs jours. Peut-être une semaine, ou deux. Elle savait très bien pourquoi elle ne parvenait à trouver le juste sommeil, il y avait un tas de raisons à ça, mais souligner le problème seul ne la menait à rien ; elle devait trouver une solution au plus vite.

Elle n'était pas non plus insomniaque. Elle réussissait à se reposer quelques heures chaque nuit, mais en étant entièrement honnête, elle savait que c'était loin d'être suffisant. Marinette était une jeune fille de quinze ans à peine, en classe de troisième, et qui, arrivée à la fin de l'année, tenait à obtenir son brevet des collèges avec — si possible — une mention ; mais ça n'était qu'une infime partie de ses problèmes.

Car, aussi surprenant que cela puisse paraître, la lourde tâche — qui ne consiste en rien de moins que sauver Paris — que portait Ladybug était une source de stress tout à fait supérieure à celle de l'obtention d'un diplôme.

Et il était difficile de mettre fin à un tel cercle vicieux ; Marinette qui ne pouvait s'endormir à cause du stress d'échouer en tant que Marinette et Ladybug, le manque de sommeil qui l'empêchait de remplir pleinement ses fonctions, le stress qui augmentait encore, le sommeil qui ne s'arrangeait pas, etc.

Mais Marinette supportait toutes ces choses. Elle ne pouvait pas se permettre de faire autrement, de toute façon. La seule à pouvoir la soutenir entièrement était Tikki, et la décevoir était quelque chose que la jeune fille ne pourrait pas supporter. Elle devait être forte ; pour Tikki, pour ses parents, pour Alya, et pour Chat Noir : ses plus proches alliés. Pour tous ses camarades de classes, et pour Adrien, le garçon dont elle était follement amoureuse depuis le premier regard qu'il lui avait lancé. Pour tout Paris.

Bien sûr, ce contrôle de maths qu'elle avait le lendemain n'était pas une priorité, elle n'avait pas forcément besoin de passer la soirée à réviser, pas vrai ? Il y avait des choses bien plus intéressantes à faire, pensait-elle.

— Marinette ! La réprimanda Tikki avec douceur. Ne te laisse pas aller comme ça, tes notes doivent augmenter si tu veux pouvoir choisir le lycée que tu veux pour l'année prochaine !

Marinette arrêta de rêvasser, et se releva brusquement, faisant rouler sa chaise de bureau à quelques mètres derrière elle.

— Je sais, je déteste ça ! Répondit la jeune fille avec épuisement. Je dois faire des efforts, mais…

— Tu traverses une période difficile, continua Tikki. C'est normal, tes examens sont proches, et la ville semble de plus en plus difficile à gérer. Mais cette situation est bientôt finie. Tu as toujours réussi à gérer ça, alors ne t'inquiète pas.

La jeune Française haussa les épaules. Elle n'était pas sûre qu'entrer au lycée lui apporte un quelconque soulagement. Au moins elle sera éloignée de Chloé — si tout se passait bien ; et puis il n'y avait pas d'examens pendant la classe de seconde. À part ça, elle y avait un peu pensé, et il serait certainement plus difficile de continuer à mener sa double vie dans les prochaines années.

Mais ça, elle ne devait pas y penser maintenant. Elle n'en avait pas besoin. Le sommeil finirait par revenir, très certainement. Elle ferait mieux de se dépêcher à revoir les maths, et d'essayer de dormir convenablement ; une lourde journée l'attendait sûrement.

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— Écoute, dit Alya d'un ton encourageant, laisse tomber le contrôle de maths, personne ne l'a réussi, de toute façon. Même Sabrina avait l'air désespérée.

— Hm-hm…

Son amie soupira devant son manque d'optimisme.

— Ce midi, on mange avec Nino et Adrien. Tu ne vas pas avoir l'air si déprimée devant lui, pas vrai ?

— Ce serait surement mieux que de dire n'importe quoi. Tu m'as déjà vue dire quelque chose de cohérent devant lui ?

— Non, dit Alya en riant, mais il y a une première fois à tout !

Marinette ouvrit la bouche pour se plaindre à nouveau, mais son amie la réprimanda d'un regard sévère.

— Ne te défile pas, dit-elle.

— Je- Je ne me défile pas ! Répondit la jeune fille. D'accord, je vais venir. Tu as raison, je devrais être contente de pouvoir manger avec Adrien, si cette idiote de Chloé ne vient pas tout gâcher !

Elle leva son poing d'un air plus déterminé. Le contrôle n'était pas si important, de toute façon, et quelles que soient ses notes, il irait très certainement au lycée publique le plus proche. Alors, tant qu'elle était dans la même classe que le garçon qu'elle aimait, elle ne devait pas se laisser décourager.

Marinette regarda Alya sortir son portable et répondre à ses messages avec un sourire.

— C'est vrai que tu t'entends bien avec Nino, ces derniers temps…

À ces mots, la concernée éclata de rire, et tapa gentiment l'épaule de Marinette.

— Ne renverse pas les rôles, Mari. Nino est un bon ami, rien de plus. Concentres-toi plus sur ta relation avec tu sais qui !

Marinette soupira joyeusement, et attrapa le bras d'Alya, la rapprochant d'elle. D'accord, son amitié avec Nino aidait, elle n'allait pas s'en plaindre.

Elle comptait peut-être un peu trop sur sa bonne étoile ; après tout, les pouvoirs de Ladybug reposaient aussi sur sa chance. Mais ce midi-là ne fut pas si catastrophique. Elle ne parla que très peu, mais avec le plus grand soin, et même si elle était un peu ridicule, personne ne sembla la juger.

Et, bien sûr, Adrien était aussi merveilleux que d'habitude. Ses yeux brillants, ses épaules carrées, son sourire charmeur, absolument tout chez lui attirait Marinette. Et il ne s'agissait pas non plus que de son apparence, même si ce garçon était hypnotisant ; Adrien était quelqu'un de généreux, de juste, toujours prêt à aider les autres, même s'il semblait avoir peu d'amis proches.

— Apparemment, annonça Nino, le collège prévoit une petite fête la semaine prochaine, pour fêter la fin des cours.

— Une semaine avant le brevet ? Demanda Alya.

— J'en ai entendu parler, affirma Adrien en hochant la tête.

Marinette posa son plateau sur le tapis roulant du self, et rejoignit Alya avec enthousiasme.

— Une fête ? Ça peut être bien pour se détendre un peu avant le brevet !

À ces mots, les deux garçons la regardèrent, et la jeune fille sentit ses joues se colorer. Il y avait beaucoup de gens autour, mais un regard — même anodin — d'Adrien suffisait à la déboussoler complètement.

— Tu vas venir ? Demanda le jeune homme, ses lèvres s'étirant en un léger sourire. Certains ont dit qu'ils préféraient garder plus de temps pour les révisions, mais ça sera peut-être la dernière fois qu'on se verra tous ensemble.

— O-oui ! Bafouilla Marinette. Enfin, c'est sûr que ça serait cool de tous partir. Euh, non ! Je veux dire, c'est triste, mais heureusement qu'on peut encore se voir ! G-grâce au brevet, haha…

Marinette mordilla sa lèvre inférieure avec agacement. Quelle honte ! Ce n'était absolument pas ce qu'elle voulait dire ! Pourquoi devait-elle toujours réagir aussi bizarrement quand Adrien lui parlait ?

— Je vois, dit ce dernier. C'est vrai que partir n'est pas si mal que ça. Le lycée ne doit pas être si mal.

Marinette n'osa pas rajouter le moindre mot, et se contenta d'un sourire un peu idiot, faisant comme si c'était l'idée qu'elle avait lamentablement tentée d'exprimer.

Tant pis. Un jour, elle réussirait à lui parler normalement ; ça n'était juste pas le bon jour.

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La nuit, Paris était sans doutes le lieu le plus hypnotisant que Marinette n'ait jamais connu. Assise sur son toit, elle contemplait les rues éclairées, et le passage des gens enthousiastes, surement partis — pour la plupart — passer une soirée entre amis. Ladybug ne pouvait pas se permettre, du moins pas cette fois-ci, de faire preuve de tant d'insouciance. Elle entamait sa patrouille habituelle, comme chaque lundi soirs, et devait retrouver Chat Noir près du cimetière Lachaise.

Pour l'instant, le quartier était empli de rires et animé, mais rien de dangereux ne semblait s'y dérouler. Ladybug s'étira en se relevant, avant de sauter de toits en toits jusqu'à rejoindre son point de rendez-vous.

— Pile à l'heure, énonça une voix familière dans son dos. Je reconnais bien là ma Lady.

Chat Noir, avec un sourire charmeur, se glissa devant elle, et pencha la tête pour lui faire un baisemain, comme à son habitude.

— Le baisemain n'est pas vraiment nécessaire, tu sais, commenta la jeune héroïne.

— C'est ma façon de dire bonsoir, se justifia son partenaire. Le contraire serait impoli, ne trouves-tu pas ? Mais nous pourrions tout aussi bien nous faire la bise.

— Non merci, rit-elle.

Elle s'y était habituée, depuis les quelques années qu'elle l'avait connu. Chat Noir était un flirt, et il ne ratait pas une occasion d'essayer de la charmer. Elle l'avait aussi étonnement rencontré plusieurs fois en tant que Marinette, et il agissait d'une façon semblable avec elle, même si elle pouvait bien voir qu'il était bien plus dévoué à Ladybug.

Elle pouvait le voir, elle n'était pas aveugle. Même si au départ, Ladybug avait pensé que le garçon était pareil avec tout le monde, elle avait vu qu'il agissait différemment avec Chloé, ou avec la plupart des autres filles.

Mais malgré cela, elle était soulagée d'avoir quelqu'un comme lui à ses côtés. Chat Noir était quelqu'un de fier, mais aussi loyal et juste, et elle ne pouvait pas s'imaginer devoir sauver Paris sans lui. Inconcevable.

— On dirait que tout va bien, dit-elle. Faisons tout de même un petit tour au cas où.

— Ma Lady semble bien pressée, répondit le garçon avec un air presque déçu. C'est pourtant une parfaite occasion pour un rendez-vous romantique dans Paris.

— Chat, comptes-tu me faire la proposition à chaque patrouille nocturne ? Demanda Ladybug en soupirant.

Ce garçon pouvait être horriblement persistant.

— Absolument.

Elle croisa ses bras sur sa poitrine, montrant son refus à son partenaire. Chat Noir, toujours face à elle, se plaça à sa gauche et s'assit sur le muret qui séparait le cimetière de la rue passante.

— Si cela te dérange à ce point, dit-il, j'arrêterai. Je n'ai aucune envie de te harceler. Après tout, je suis un gentleman.

Le héros lança un regard charmeur à Ladybug, qui haussa un sourcil et s'assit en tailleur à côté de lui.

— Il ne va rien se passer aujourd'hui, dit-elle après un léger silence.

— Comment le sais-tu ?

La jeune fille haussa les épaules. Un sentiment de certitude s'était installé en elle, et elle ne parvenait pas à l'expliquer correctement.

— Je le sens comme ça, c'est tout, répondit-elle. Mais assez parlé, allons faire notre tour avant de rentrer.

Chat Noir fut le plus rapide, et se leva avant de lui tendre la main pour l'aider. Elle n'en avait pas besoin, mais, se dit-elle, c'était juste la façon d'être de Chat Noir. Elle accepta le geste avec gratitude, et ils purent enfin se concentrer sur leur mission.

Dans Paris, avançaient joyeusement deux héros ; deux adolescents fuyant leur réalité, servant de témoin l'un à l'autre, seuls capables de se comprendre réellement.

Et cette nuit-là, Marinette retrouva le sommeil ; un sommeil profond et empli de rêves doux et colorés.

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Mardi et mercredi, Marinette n'enfila pas son costume de super héroïne. Elle et Chat Noir s'étaient mis d'accord pour se répartir les tâches : ils patrouillaient ensemble lundi, ainsi que le week-end ; puis Chat Noir prenait seul le mardi et le mercredi alors que Ladybug devait y aller jeudi et vendredi. C'était ce qui les arrangeait le plus, et ils fonctionnaient ainsi depuis longtemps.

Marinette commença à réfléchir à la fête de la semaine prochaine. Si Adrien — ce qui semblait quasiment sûr — se retrouvait dans un lycée différent, elle n'aurait pas beaucoup d'occasions de le revoir. Elle n'avait pas donc pas le choix, elle devait s'arranger pour trouver une excuse pour le revoir plus tard.

Elle ne savait pas si elle était prête à se confesser, mais elle pouvait au moins lui demander s'ils seraient en mesure de se revoir parfois, non ? Alya et Nino s'entendaient bien ensemble, alors organiser des sorties tous les quatre pourrait marcher.

Il y avait aussi la question de sa tenue. Marinette comptait bien porter quelque chose de sa fabrication, même si cela risquait de prendre du temps, alors elle ferait mieux de commencer à y réfléchit dès maintenant. Elle hésitait à porter une robe, car cela serait peut-être trop habillé, mais elle pensait être capable de trouver quelque chose de simple et élégant.

C'était cela. Simple et élégant. Qu'elle puisse impressionner, mais pas se vanter. Elle ne souhaitait pas non plus être le centre de la soirée, simplement être jolie et, si cela pouvait être possible, se faire remarquer par Adrien. Bien sûr, la tenue seule ne suffirait pas ; et elle aura à paraître plus sûre d'elle, mais ça n'était pas si facile, d'accord.

La seule chose à laquelle elle pouvait penser, c'était de se changer en Ladybug. Alors, peut-être qu'elle serait confiante devant le jeune homme. Mais c'était hors de question, elle n'allait pas révéler sa double identité à un citoyen — le mettant potentiellement en danger —, juste parce que cela l'arrangeait.

Mais, se dit-elle, elle était Ladybug, alors pourquoi avait-elle besoin d'un costume pour agir comme elle ?

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Chat Noir n'aimait pas beaucoup patrouiller seul. Lorsqu'il enfilait son costume, il pouvait enfin se permettre d'agir comme il le souhaitait, alors son raisonnement était le suivant : s'il n'avait plus à être celui qu'on voulait qu'il soit, pourquoi rester seul ?

C'était insensé, bien évidemment. Il lui fallait un témoin, un public.

Mais ce que les gens penseront, c'est « Chat Noir est une personne sûre de lui, alors le garçon derrière le masque doit aussi l'être ». Il détestait cela. Il n'était pas quelqu'un exubérant, et tenait à sa vie privée ; mais il avait juste besoin de… Relâcher la pression. Et, cela pouvait paraître ironique, non ? Que sa façon à lui de relâcher la pression était de se transformer en super héros, sur qui tout Paris comptait pour le protéger.

L'ironie était quelque chose qui lui plaisait. Il la trouvait plus amusante que triste ; même si parfois il aurait aimé pouvoir crier au monde s'arrêter de voir en lui ce qu'il l'arrangeait. Un mannequin. Un flirt.

Alors, le mercredi, lorsqu'il avait un peu de temps libre, Adrien partait tôt et faisait sa patrouille en seconde partie d'après midi, là où les Parisiens étaient tous en train de trainer dans les parcs, de boire un café en terrasse, de rentrer chez eux.

Et, apparemment, là où Marinette faisait ses courses.

Chat Noir sursauta en reconnaissant sa camarade de classe devant la porte d'un magasin de tissus, d'où elle semblait visiblement sortir. Elle comptait les pièces de monnaie dans sa main, et en fronçant les sourcils, rentra à nouveau dans le magasin, pour en ressortir peu de temps après. Le jeune héros décida de lui parler un peu, après tout, aucun danger ne semblait arriver à présent.

— Hey, dit-il d'une voix enjouée. Occupée ?

Marinette se retourna avec surprise vers lui, et cligna quelques fois des yeux avant de lui répondre.

— Hey, Chat Noir, dit-elle. Ça fait longtemps.

Il hocha la tête. Il l'avait rencontré sous cette forme pour la première fois lorsqu'il combattait Nathanael, près d'un an auparavant. Depuis, il ne l'avait que rarement revu, souvent le mardi ou mercredi après-midi lorsqu'il patrouillait.

C'était étrange de voir à quel point Marinette agissait différemment avec Adrien et Chat Noir. Peut-être était-elle moins timide car le reste de la classe n'était pas présent ? Ou que son attitude la mettait plus à l'aise ? Quelle que soit la raison, Adrien trouvait que c'était une fille formidable, et il aurait sincèrement aimé qu'elle agisse plus naturellement avec lui en cours, car ils pourraient être bons amis ; après tout Alya était proche de Marinette, et de Nino également.

— Je t'ai manqué, Princesse ? Demanda-t-il.

— Ne sois pas si sûr de toi, le réprimanda-t-elle gentiment.

Son sourire confiant et son regard moqueur fixé sur lui le frustrait, d'une certaine manière. Pourquoi se montrait-elle bien plus amicale avec Chat Noir ?

— Tu es retournée dans la boutique, remarqua le garçon, il te manquait de la monnaie ?

Marinette secoua la tête, jouant avec le porte-monnaie qu'elle tenait toujours entre ses petites mains.

— Non, la vendeuse m'avait rendue trop, avoua-t-elle. Je suis allé lui rendre ce qu'elle m'a donné en plus, c'est tout.

— Tu es honnête, dit Chat Noir d'un ton sincère.

Un rire malicieux s'échappa des lèvres de la jeune fille, qui se remit à marcher rapidement, le forçant à courir pour arriver à sa hauteur et la suivre. Elle croisa ses bras et le regarda, une faible lueur de défi dans les yeux.

— Bien sûr que je suis honnête. Je donne une impression différente ?

— Non.

La réponse était immédiate, parce qu'il n'avait pas besoin de prendre le temps d'y réfléchit. Bien sûr que Marinette était une fille honnête. Elle était sincère et gentille, pas le genre de personne qui profite des erreurs des autres.

— Tu vois, dit-elle. Alors ça n'est pas la peine d'avoir l'air étonné.

— Je ne suis pas étonné de ton geste, Princesse, se justifia-t-il. Pour un tout petit peu de monnaie, même quelqu'un de relativement honnête ne prendrait pas la peine d'y retourner pour la rendre.

Elle haussa les épaules.

— Arrêtons de parler de ça, demanda-t-elle. Qu'est-ce que tu fais, cette fois-ci ? Je ne te croise jamais avec Ladybug, et moi qui croyais que vous étiez toujours ensemble !

Le garçon offrit un sourire en coin à Marinette.

— Tu veux la rencontrer ? Je pense qu'elle t'aimerait bien. Je veux dire, tu n'as pas l'air d'une fan acharnée, et je te fais confiance, donc—

— Ça ira ! Le coupa-t-elle. Ladybug est certainement occupée, elle a d'autres choses à faire que trainer avec une fille banale comme moi. Et puis, ça ne me dérange pas. Je veux dire, j'apprécie beaucoup votre travail, mais ça ira.

— Oh, dit-il, surpris. Je vois. Me rencontrer seul te suffit, n'est-ce pas ?

Marinette croisa ses bras sur sa poitrine, et lança un regard à Chat Noir qui lui parut affreusement familier. Cette expression narquoise, de celle qui décidait d'ignorer ses piètres tentatives de séduction.

— Ne change pas de sujet, je te demandais pourquoi est-ce que Ladybug n'est pas avec toi.

Il resta silencieux quelques instants, puis reprit son attitude normale, tentant d'ignorer le sentiment confus qui embrumait son esprit.

— Euh… Je suis en patrouille, répondit-il.

— Vous ne patrouillez pas ensemble ?

— Pas toujours.

C'était étrange. La façon qu'elle avait de ne l'écouter qu'à moitié. À chaque fois qu'il l'avait vu en tant que Chat Noir, elle lui avait demandé où était son associée, et pourtant jamais elle n'avait semblé réellement intéressée par cette dernière.

— Je vois, dit-elle.

Marinette regarda sa montre et s'arrêta, regardant le jeune héros dans les yeux. Ses yeux bleus lagon, calmes mais aussi brillants.

— Je dois retrouver mon amie, dit-elle. C'est l'auteure du Ladyblog, alors je suppose que tu devrais filer avant qu'elle ne te voit et harcèle de questions.

— Tu t'inquiètes pour moi ?

Son ton était trop absent, trop sérieux, pour que la blague semble naturelle. Mais Marinette n'y fit pas attention, elle se glissa dans son dos et le poussa dans la direction opposa à celle qu'elle suivait.

— Vas-y, Chat. Crois-moi, tu ne veux pas être confronté à elle.

Il se retourna vers elle et lui offrit un dernier sourire, et un geste amical de la main.

— Merci, dit-il. À la prochaine fois, Princesse. Ce fut un plaisir.

Elle répondit par un léger sourire, et bougea légèrement sa tête, comme pour retourner le compliment. Elle fut la première à tourner la tête, et à mettre fin à leurs retrouvailles.

Chat Noir finit sa patrouille, seul, ne pouvant s'empêcher de penser à la jeune fille, et de se demander si elle avait quelque chose contre Adrien. Peu importe, pensa-t-il, il pourra toujours lui demander à leur fête de fin d'année si c'était compliqué pendant les cours. Parce que Marinette était une chouette fille, et qu'il serait triste de ne plus la revoir.

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Les chutes de tissus qui s'accumulaient le sol de la chambre de Marinette semblaient presque faire entièrement partie du décor. Elle n'avait pas vraiment fait d'effort pour ranger quoi que ce soit, mais la pièce, habituellement si ordonnée, avait subi beaucoup trop de changements en une unique semaine.

Une semaine, le temps qu'il fallut à Marinette pour confectionner sa tenue.

Une semaine, le coeur lourd, pour se donner le courage de parler à Adrien.

Rêveuse, la jeune fille regardait la nuit étoilée. Une soirée, pensait-elle, pour lui parler.

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Le gymnase était comme d'habitude, si ce n'était pour les franges de tissus qui se balançaient sur les murs. Deux larges tables étaient disposées au fond de l'immense pièce, et les différents élèves venaient y déposer nourriture et boisson. À part cela, le seul changement notable était la présence de deux enceintes près de l'entrée, et de spots lumineux accrochés au plafond.

Il y avait aussi beaucoup plus de monde qu'un jour normal, et à la place des élèves en sueur, des adolescents en tenue de soirée, souriant et riant aux éclats.

Marinette et Alya arrivèrent légèrement en retard ; mais les élèves allaient et venaient comme ils le souhaitaient pendant toute la soirée, de toute façon. Marinette restait cramponnée à son gilet long, malgré la température élevée pour une soirée à Paris. Elle regardait les autres adolescents avec curiosité.

— De quoi t'inquiètes-tu ? Demanda sa meilleure amie. Personne ne sera aussi bien habillé que toi.

Elle rougit légèrement face au compliment, et pinça ses lèvres rosées les unes contre les autres dans une expression de joie.

— Ne fais pas ça, réprimanda Alya, tu vas faire partir ton rouge à lèvres.

La voix de Marinette était timide, même devant son amie.

— Il est discret, de toute façon…

Elle n'avait pas l'habitude du maquillage ; à part un peu de mascara, elle n'y connaissait pas grand-chose, et était bien plus intéressée par les vêtements de manière générale. Pour cette fois-ci, elle avait pris l'initiative de s'occuper un peu plus de son visage, parce que c'était une occasion spéciale. Elle était néanmoins restée très discrète : un peu de blush, de crayon, pas grand chose de plus. Et puis, les lèvres.

Ses lèvres étaient colorées, mais c'était aussi important, c'était du moins l'impression qu'elle avait. Les lèvres étaient une partie importante du visage, elles symbolisaient l'attirance, et peut-être la volonté d'attirer, même si elle n'était pas sûre de cela. Pas totalement.

Mais, Marinette pensa, les lèvres colorées sont en accord avec le reste, alors pourquoi pas.

— Marinette, allons poser nos affaires près du vestiaire, indiqua Alya. Tu ne vas tout de même pas rester emmitouflée dans ton gilet !

— D'a-d'accord, accepta la jeune fille.

Malheureusement, Chloé arriva à peu près au même moment qu'elles, et lorsqu'elle aperçut Marinette, elle lui lança un regard moqueur.

— Hey, Marinette, lança la jeune blonde avec condescendance, tu t'intéresses un peu à la mode, pas vrai ?

La jeune adolescente hocha la tête, essayant de montrer à sa camarade qu'elle n'était pas vraiment intéressée par ses propos.

— Mate un peu ça.

Retirant son propre manteau, Chloé révéla sa tenue pour la soirée avec fierté. Il s'agissait d'un ensemble noir et blanc ; l'élément principal était une robe à manches trois quarts blanche, qui lui retombait à la moitié des cuisses. le haut était décolleté, et la matière légère et élégante. Une ceinture noire mate entourait sa fine taille — Marinette n'aimait pas se l'avouer, mais Chloé avait de jolies proportions, en plus d'un joli visage —, soutenant une jupe qui venait passer par-dessus la robe. Elle était également noire, mais des motifs ronds et troués permettaient de voir le tissu blanc en dessous.

Chloé était peut-être nulle pour faire les choses de ses mains, mais elle avait du gout. Marinette essaya de dissiper le sentiment de jalousie qui l'envahissait.

— Pas mal, hein ? Dit Chloé. La collection croisière de Dior. Et j'ai pu l'obtenir uniquement parce que mon père connaît quelqu'un dans le business. Considère ça comme une avant-première.

Alya grinça des dents.

— C'est très joli, finit par dire Marinette, à la grande surprise de son amie, qui voulait juste ignorer Chloé. Tu as de la chance.

La fille du maire ouvrit la bouche, mais Marinette l'interrompit en souriant, confiante.

— J'ai aussi quelque chose de spécial, ce soir. Bien sûr, ça n'a rien d'aussi fabuleux qu'une tenue Dior, mais ça me va. Tu peux aussi estimer que c'est une première.

Elle retira son gilet et le posa près des affaires d'Alya, puis tourna le dos à Chloé, entraînant son amie avec elle. Chloé sembla dire quelque chose à Sabrina, qui était près d'elle, surement pour se moquer de Marinette, mais elle n'y fit pas attention.

Elle portait un combishort bleu pastel, dont les manches courtes laissaient à découvert ses épaules. Le col était en V, mais peu décolleté, car elle n'était pas trop à l'aise avec cela. Même si ni ses jambes, ni ses bras n'étaient couverts, Marinette avait opté pour un double tissu qui la tenait au chaud, et apportait une matière plus rugueuse et raffinée à l'extérieur. Le haut était un peu blousé, et se resserrait au niveau de la taille, avant de terminer dans un short large et confortable.

Elle était particulièrement fière de cette pièce. Elle la mettait en valeur, mais pas de façon embarrassante. Elle avait même customisé des vieilles sandales appartenant à sa mère en y ajoutant des perles bleues pour qu'elles soient assorties à la tenue ; et portait fièrement une fine chaîne en argent qu'Alya lui avait gentiment prêté.

Elle-même ne savait pas vraiment comment elle avait réussi à finir ça en deux semaines seulement, mais elle avait beaucoup travaillé, et était parvenue au résultat qu'elle espérait, et c'était l'essentiel. Alors Chloé pouvait bien se pavaner avec ses vêtements hors de prix.

Alya portait également une jolie robe noire, et avait remplacé ses habituelles lunettes par des lentilles. Cela lui arrivait rarement, et Marinette compris pourquoi ; son amie ne fit que s'en plaindre pendant toute la soirée.

— C'est affreusement gênant, avait-elle dit d'un air embêté. Je n'aurai pas dû en mettre…

Puis, elle avait changé d'avis après avoir reçu des compliments de la part de leurs autres camarades de classe, qui ne manquèrent pas de féliciter Marinette pour sa création.

— C'est étrange, dit Marinette. J'ai l'impression que d'un coup, tout le monde est plus mature.

Alya éclata de rire, un verre de coca dans les mains.

— Y'a que toi pour dire ce genre de choses, Mari. Bien sûr que tout le monde à l'air plus mature ! Si tu te voyais…

— Si je me voyais ?

Alya sortit son portable du sac qu'elle avait gardé, et prit rapidement Marinette en photo, avant de lui tendre l'objet.

— Regarde, dit-elle en souriant affectueusement.

Et, Marinette pensa en sentant ses joues se colorer légèrement, ce soir-là, pour une fois, elle ne regrettait pas son costume de Ladybug.