N. A. : Coucou les gens! Donc voici une nouvelle fic sur SLG comme promis :) L'atmosphère de celle-ci sera un peu différente, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez! Par ailleurs, du Patron/Geek est bien prévu dans cette fic mais ce sera pour un peu plus tard.
Disclamer: Antoine Daniel, Mathieu Sommet et ses différentes personnalités ne m'appartiennent pas.
Ils couraient. Ils n'avaient pas vraiment le choix. Ils couraient en rasant les murs, motivés par l'adrénaline et, surtout, les bruits de pas qui se rapprochaient derrière eux.
L'homme en noir jura en entendant les aboiements de chiens se joindre aux cris de leurs poursuivants. Il n'osa pas se retourner pour regarder comment se débrouillaient ses compagnons. Il les connaissait suffisamment pour savoir combien de temps ils pourraient encore tenir à ce rythme. Pour l'instant, ils tenaient. Et ils empestaient la Peur.
Leur Plan était foireux. Comme tous les autres plans ces derniers temps. Le plus jeune des fugitifs émit un gémissement alors que son coude alla violemment se réceptionner sur un mur. Les dents du meneur se serrèrent. Ses deux acolytes étaient trop fatigués pour être efficaces, et ce n'était qu'une question de temps avant que leurs réflexes cessent complètement.
« Matricules R22, T5 et JD87 en visuel. Demande d'intervention immédiate. »
Non ! NON ! Ils ne pouvaient pas échouer. Pas maintenant !
« Permission de tir accordée. »
''Et merde…'' pensa le criminel. Un halètement à sa droite, de la part du camé donc, fit écho à ses pensées. Il prit rapidement sa décision.
« Vous passez devant, j'essaye de vous couvrir. Le drogué, tu essaies de trouver une planque potable, histoire de les semer. Exécution. »
Sans attendre de voir si les deux autres suivaient ses instructions, il s'arrêta net et se plaqua contre le mur pour les laisser passer. Ils ne ralentirent pas, preuve qu'ils l'avaient bien entendu. Il se remit au milieu du passage, son revolver braqué devant lui. Il allait sans doute y laisser sa peau mais ce qui lui restait de conscience se refusait à laisser mourir ses complices qui s'étaient retrouvés embarqués dans cette merde contre leur gré. ''Surtout le gamin… ''
Ses doigts se resserrèrent autour de la gâchette. Il tira à la seconde où un des soldats se pointa dans la ruelle. C'était une bonne chose que cette dernière soit si étroite, leurs poursuivants ne pouvaient s'y aventurer que quasiment en file indienne, ce qui permettait un abattage en règle. Les ennuis viendraient plus tard, quand il se retrouverait à court de munitions.
Comme maintenant.
« Putain !.. »
Il battit en retraite rapidement, essayant à la fois de courir et d'éviter la pluie de balles qui s'abattaient dans sa direction.
« Fils de chien. » grogna-t-il alors qu'une balle réussit à trouver un chemin vers son épaule. Sur le choc, il faillit s'écrouler mais fut brutalement entraîné vers la gauche. Il se retrouva coincé dans un petit cul de sac, presque invisible depuis la ruelle principale, face au gamin qui mit un doigt sur ses lèvres. Il hocha la tête en grimaçant. Son épaule l'élançait et des étoiles commençaient à apparaître devant ses yeux. Mais il ne devait pas lâcher. Pas maintenant.
Les gardes passèrent sans les voir et ils purent enfin reprendre leur route. Ils ne devaient plus être très loin, résonna le blessé, plus que quelques mètres…
Une plainte consternée le força à lever les yeux. Il retint le flot d'injures qui monta à ses lèvres devant ce qui s'étalait sous ses yeux. Là où se tenait autrefois le portail, il n'y avait que des ruines. Là où était leur porte de sortie, que des cendres.
« Les sales… »
C'est en goûtant le sel sur sa bouche qu'il se rendit compte qu'il était en train de pleurer. Le silence de ceux qui étaient à ses côtés pesait comme du plomb sur son dos. Il les avait envoyés à la mort. Il…
Il s'écroula soudain, à bout de force. Il n'entendit pas les cris des deux autres, ni ne ressentit leurs secousses pour le ranimer. Il ne voyait plus que la flaque près de lui, et son reflet dedans qui le regardait. Il se souvenait…
Il avait quatorze ans, peut-être quinze. Pas l'homme qu'il était aujourd'hui mais en bon chemin pour le devenir. Il fumait seul. Il était tout le temps seul à cette époque. Seul ou en train de se battre.
Il fumait seul mais pas vraiment. En face de lui, un miroir terni lui rendait son regard. Un garçon qui lui ressemblait. Mais ses yeux étaient plus clairs, plus innocents. Plus enfantins. Il n'avait pas connu la guerre, lui.
« Qui es-tu ? » avait demandé le garçon. Il avait ricané en réponse. C'était stupide. La fumée avait dû lui monter à la tête, c'était la seule explication.
« Qui es-tu ? » s'entêta l'autre.
« Qu'est-ce que ça peut te foutre, gamin ? »
Le garçon avait écarquillé les yeux, comme s'il ne s'attendait pas vraiment à une réponse.
« T'as avalé ta langue, gamin ? Il y a d'autres choses plus intéressantes à avaler tu sais. »
« Pourquoi tu es comme ça ? »
Le gamin avait les sourcils froncés, comme mis face à un problème particulièrement difficile.
« Comme quoi ? »
« Tu es fort, tu sais, ce n'est pas la peine de sortir des horreurs pour le prouver. Plus tard, tu seras encore plus fort. Tu seras un géant. Un Patron ! »
Il n'avait pas su quoi lui répondre. Alors, à la place, il lui avait posé une question.
« C'est quoi ton nom, gamin ? T'es qui ? »
« Mathieu. Mathieu Sommet. » Le regard de l'adolescent s'était voilé. « Et je ne suis Personne. »
A l'époque, il n'avait pas su quoi tirer de cette aventure. Mais à présent, la douleur le rendait incroyablement lucide. Alors peut-être que ce n'était qu'une énieme théorie farfelue, mais ce n'était pas la première fois qu'il choisissait de croire en quelque chose d'incroyable.
Ce garçon du miroir l'avait aidé à une époque, lui avait montré qui il était, qui il serait. Il pourrait peut-être l'aider à nouveau.
Il tendit la main vers la flaque.
« Allez, gamin, j'ai besoin de ton aide. Aide-moi. Aide-nous. Aide-nous… Mathieu. »
Une lumière éblouissante sembla sortir de la flaque, les enveloppant tous les trois. Le Patron ferma les yeux et sourit.
« De mon point de vue, t'as plutôt l'air d'un type bien… Mathieu. »
Un peu plus tôt, ce même jour…
« PUTAIN, MATHIEU, C'EST TOI QUI A FINI LE CAFE ?! »
C'est sur cette phrase prometteuse et pleine d'amour que Mathieu Sommet se leva ce matin-là. Légèrement hébété, il regarda autour de lui. Allongé sur le sofa, un peu de bave séchée au coin des lèvres et entouré de cadavres de bouteilles de bière vides comme autant de preuve de sa vie dissolue, ce n'était somme toute qu'un matin ordinaire pour le jeune homme.
Une tête mal coiffée sortit de l'encadrement de la cuisine pour le fusiller du regard.
« Je ne peux pas me rendre au taff sans caféine dans le sang » se plaignit-il.
« Ta gueule, Antoine. » grogna l'autre depuis le canapé. « J'ai mal au crâne. »
Antoine Daniel – car c'était bien lui, le propriétaire de cette voix si mélodieuse – le regarda d'un air blasé, absolument dénué de compassion.
« Rappelle-moi pourquoi j'ai accepté cette coloc' ? »
« Parce que je suis adorable, connard» répliqua la voix du deuxième locataire, étouffée par un coussin.
Antoine leva les yeux au ciel mais ne put s'empêcher de sourire.
Cela faisait onze mois qu'ils habitaient ensemble. Onze mois que les jeunes youtubeurs avaient décider de fermer ensemble leurs chaînes respectives de review de vidéos pour se jeter à l'aveugle sur le marché du travail sur le web.
Antoine avait trouvé un emploi presque tout de suite. Aujourd'hui animateur radio sur une chaîne spécialisée dans tout ce qui touchait à la culture geek, il s'éclatait dans ce qu'il faisait, et avait le loisir de s'impliquer énormément dans plusieurs projets sur le net, qui restait son premier terrain de jeu.
Mathieu… Mathieu avait été moins chanceux. Salut Les Geeks avait toujours été moins populaire que What the cut ?! et peut-être était-ce une des raisons pour lesquelles il avait eu plus de mal à faire autre chose dans le milieu. Peut-être le sale caractère d'associable qu'il avait parfois était-il également en cause. Toujours est-il que presque un an après avoir quitté Youtube, le jeune Sommet était au chômage.
Elle était d'ailleurs là, la raison pour laquelle Antoine se refusait à vivre ailleurs qu'avec son ami. Il ne le disait jamais mais ils le savaient tous deux. Les prix à Paris étaient impossiblement hauts et, sans salaire régulier, Mathieu aurait été dans l'impossibilité de se loger dans cette ville.
Bien sûr, cette situation avait rencontré une bonne dose d'incompréhension, notamment parmi les proches d'Antoine qui protestaient que ce dernier n'était ni le père ni le responsable de Mathieu qui devait apprendre à se débrouiller tout seul, et avait contribué à alimenter grandement les rumeurs d'homosexualité des deux potes. L'ex d'Antoine, particulièrement, l'avait pris comme une affaire personnelle et avait quasiment mené une vendetta contre le chômeur. Elle avait fini par partir en claquant la porte et n'était jamais revenue mais comme l'avait si poétiquement dit Antoine : ''osef, Justine était une connasse.''
Clara, la nouvelle petite amie d'Antoine, était beaucoup plus compréhensive mais en voyant les grands sourires niais que le couple s'échangeait, Mathieu sentait la culpabilité lui ronger l'estomac en songeant que, sans lui, ils auraient déjà pu emménager ensemble.
Se sentant – pour changer – un peu nul, Mathieu finit par se lever. Antoine était déjà parti. Grimaçant, il se traîna jusqu'à la salle de bain où il inspecta son reflet d'un œil critique. Des cernes violettes encadraient ses yeux, son teint était maladivement pâle, ses cheveux, gras et aplatis l'un dans l'autre, il ressemblait à un déchet.
« Qu'est-ce t'as toi ? » lança-t-il alors qu'il eut l'impression que son image lui jetait un regard singulièrement torve.
Il n'attendait pas de réponse, bien évidemment. Cela faisait longtemps qu'il avait arrêté de croire que le miroir renfermait un monde magique et différent. Mais quand bien même, il se sentait bizarrement étranger à lui-même ce matin-là.
Soupirant, il prit son rasoir et leva automatiquement les yeux lorsque son geste se suspendit dans le vide. Il était quasiment sûr de s'être rasé la veille – ce n'était pas comme si l'inaction lui donnait énormément de choses à faire – alors pourquoi le miroir lui renvoyait-il l'image d'un homme avec une barbe de trois jours ? Les yeux écarquillés, il mit carrément son nez sur la glace et s'observa minutieusement.
Non, il n'avait jamais eu cette cicatrice près de l'oreille droite, et la pommette gauche semblait rougie par le froid alors que son appartement se maintenait à température ambiante.
« C'est quoi ce bordel ?... »
Son reflet cligna des yeux. Son cerveau se mit à beuguer. Comment pouvait-il voir son reflet cligner des yeux, nom de Dieu ? Cela signifiait que lui aussi clignait des yeux, mais s'il l'avait fait, il aurait manqué le geste chez celui qui lui faisait face.
Les lèvres de son vis-à-vis – Mathieu avait complètement abandonné l'idée de se convaincre que c'était lui – frémirent.
« Aide-moi… » prononça-t-il. Les mots résonnèrent dans la salle de bain. Peut-être que Mathieu les avait inconsciemment répété. Ou peut-être qu'il avait des hallucinations auditives. Est-ce qu'il devenait fou ?
Le visage qui lui faisait face avait tellement l'air désemparé, désespéré. Mais s'accrochant si fort à l'espoir dans le même temps. Mathieu leva une main tremblante pour retracer ses traits sur la surface réfléchissante.
« Ok… ok » murmura-t-il.
Une lumière blanche aveuglante sembla prendre naissance sous ses doigts et il fut violemment propulsé en arrière.
Alors qu'il reprenait son équilibre, il aperçut trois hommes qu'il connaissait bien, qu'il avait imité maintes fois dans ses émissions sans vraiment croire qu'ils existaient quelque part, dont l'un se vidant de son sang dans sa baignoire.
Il aurait voulu se frotter les yeux, mais il savait que sa vue ne changerait pas. Ou il avait définitivement réussi à atteindre la folie, ou le Patron, le Geek et le Hippie s'étaient retrouvés téléportés d'une mystérieuse réalité jusqu'à dans sa salle de bain.
Le Patron le regarda avec un sourire en coin, tenant son épaule trouée d'une main.
« Hé ben, gamin, t'en as mis du temps. »
Mathieu ferma les yeux en soupirant. Il allait avoir besoin de plus de café.
To be continued...
Et voilà! :D Je tiens à remercier ici Guest KN pour ses nombreuses et adorables reviews sur ''Vivants'' qui m'ont motivée à écrire cette fic. En ce qui concerne l'update, j'essayerai de rester régulière (pas plus d'une semaine de battement) mais je ne donne aucune garantie, vu que c'est la première fic que je publie qui n'est pas presque entièrement écrite.
Sachez seulement que les reviews sont encore ce qui me motive le plus à écrire ;)
