Voici le premier OS de ma série "Du bout des lèvres" : elle répond au défi de la communauté 30_baisers sur LiveJournal, où il s'agit d'écrire/dessiner sur 30 thèmes donnés par la commu, sur le couple et fandom que l'on souhaite.
J'ai donc choisi Bill et Fleur, des personnages sous-exploités qui m'intéressaient déjà pour un certain concours.
Titre de l'OS : Fracassée
Titre de la série : Du Bout des Lèvres
Auteur : Hinatata
Couple : Bill Weasley & Fleur Delacour
Fandom : Harry Potter
Rating : K+ (horreur de la guerre suggérée)
Thème : n°29 : Le bruit des vagues
Disclaimer : Tout l'univers à cette chère J.K.R.
Bonne lecture !
Fracassée
« Quand j'y pense, notre famille a vraiment eu de la chance. »
Ils étaient assis en haut de la falaise, les pieds dans le vide; à une centaine de mètres derrière eux se dressait la Chaumière aux Coquillages, seul hameau perdu entre terre et mer. Le bruit des vagues s'écrasait dans leurs oreilles et l'eau salée sur les rochers en contrebas, léchant ces derniers un bref instant de leur langue tiède avant de repartir. Le vent froid et iodé leur fouettait le visage, comme s'il avait voulu les coucher sur le sol afin qu'ils cessent de lui résister.
Mais la résistance, ça les connaissait.
« - Ginny était en vacances, lorsque Ron a été démasqué… George n'a eu que l'oreille coupée… Moi, je suis seulement défiguré… Et même papa, il y a deux ans, n'est pas mort de cette blessure au bras !
- A t'entendre, on croirait que tu n'es pas heureux que tout le monde soit sain et sauf…
- Ce n'est pas ça, » fit-il en tournant son visage vers elle.
Une expression torturée contracta ses traits.
« - Tout cela me parait trop beau… J'ai peur, peur que tout à coup, notre chance s'effrite, s'effondre et qu'on perde tout, tout le monde, tout à coup ! »
Il s'était animé soudainement, agitant les mains, nerveux. Chaque fois c'était la même chose. Fleur le savait bien : il passait aux yeux des autres pour l'ainé calme, le grand frère serein sur lequel on pouvait toujours se reposer, mais au fond, il n'en était pas moins un être humain avec ses propres ennuis. Elle, elle connaissait ce poids qu'il portait depuis des années. Et elle voulait qu'ils cessent tous de systématiquement compter sur lui ! Bill aussi pouvait avoir l'envie de se laisser abattre, mais jamais il n'en avait eu le droit.
Le voir comme ça lui donnait un terrible sentiment d'impuissance. Que pouvait-elle faire, si elle ne parvenait pas à le rassurer ?
Elle le contempla un moment. Lui et son visage tailladé lui et ses longs cils qui la subjuguaient, comme autant d'aimants l'attirant à son regard lui et ses longs cheveux roux, attachés grâce à un élastique qu'elle seule défaisait lui et sa carrure, rassurante, mais arborant à ce moment-là un dos voûté de lassitude. Lui tout entier, qu'elle souhaitait heureux comme aux premiers jours.
Elle se redressa, ses yeux s'agrandirent. Fleur Delacour venait d'avoir une idée. Si la raison ne lui faisait rien entendre, la méthode inverse l'amènerait peut-être à comprendre. Sans un mot, elle se leva, tourna sur elle-même et disparut.
Affolé, Bill regarda tout autour de lui, tournant la tête de droite à gauche dans l'espoir de l'apercevoir. Son cœur battait à tout rompre : que faisait-elle ? Où pouvait-elle être ? Elle ne pouvait pas être partie, non, pas elle !
Il paniquait. Si elle le laissait, comment pourrait-il jamais se relever ? Il voulait enserrer sa taille en sucre, cette silhouette qu'il s'était juré de protéger, et qui le rassurait pourtant. Caresser ses cheveux d'or et ses pommettes d'ange. Croiser son regard bleuté, d'un bleu très clair, comme dilué dans de la glace fondue.
Il entendit alors des cris provenant d'en bas, comme étouffés, pris dans un étau. Il baissa les yeux, se penchant par-dessus la falaise. Et là, il la vit. Debout sur les rochers, à quelques centimètres des remous meurtriers. Elle semblait parler, mais il ne l'entendait pas.
« Bill Weasley, tu es stupide ! »
Il ne la comprenait toujours pas. Elle semblait énervée. Alors, dans un sursaut colérique, elle tendit ses deux bras de part et d'autre de son corps, à l'horizontal, et se laissa tomber en arrière vers les eaux déchainées. Sans le quitter des yeux.
« NON ! »
En un bond, il était debout. En un tour, il avait transplané. Il attrapa sa main, sa délicate main, de justesse, et la ramena contre lui, la serrant à lui en faire mal.
Elle l'avait bien mérité, d'un côté.
Elle se détacha de lui, hurlant pour se faire entendre par-dessus le fracas des vagues.
« Bill Weasley ! Est-ce que tu as eu peur que je meurs ? Oui, puisque tu m'as rattrapée ! »
Il ne voyait pas où elle voulait en venir. Non, tout ce qu'il voyait, c'était ses prunelles momentanément noyées par les larmes.
« Et tu as réussi, non ? Tu m'as protégée, non ? Ne doute pas de ce que tu peux faire pour les autres, et ne doute pas non plus qu'ils puissent se débrouiller seuls ! Crois-tu que je me serais fracassée contre les rochers si tu m'avais ratée, ou lâchée ? Non, je serais revenue, ne serait-ce que pour toi ! Je suis là, en vie, ta famille est à l'abri, en vie, que demandes-tu de plus ? »
A présent, les larmes inondaient son visage, autant que si elle était tombée à l'eau pour de bon. On sentait toute sa rage dans ses mots, la rage de l'impuissance. Pourtant, rien que ces larmes offertes pour lui le rassérénaient. Il était prêt à reprendre son rôle de preux chevalier mais, à l'avenir, il saurait qu'ils pouvaient être deux à l'assumer.
« Alors… Alors… » Tenta-t-elle de continuer.
Il la pressa de nouveau contre sa poitrine, tandis qu'elle se laissait aller à la douleur. Il comprenait. Ils avaient tous peur, mais se cloîtrer dans cette peur n'était pas la bonne façon d'avancer. L'oublier non plus, ce n'était pas la chose à faire. La seule manière de continuer sa vie, c'était de la vivre telle qu'ils l'auraient souhaitée en temps de paix.
Il comprenait.
« Pardon. »
Il l'embrassa sur le front.
« Et merci. »
Alors ? Pas trop guimauve ? N'hésitez pas à me donner votre ressenti ;)
J'ai déjà l'idée pour le second OS, j'espère le poster dans pas trop longtemps !
