Dans un quartier de l'ouest de Londres, assez proche de la Tamise. Une entrepôt calme et silencieuse.

Trop silencieuse et presque inquiétante si il n'y avait pas deux cadavres d'hommes aux étages du dessus. Presque mutilés aux visages, on ne pouvait guère savoir à quoi ils ressemblaient avant leurs "exécutions". Ils gisaient dans une mare de sang et leurs yeux, seuls identifications physiques remarquables, étaient encore frappés par l'horreur. L'un des deux avaient eu une arme à la main. Il semblerait que il avait tiré car ses doigts n'avaient toujours pas laché la détente. Comme si la mort est survenue au moment où il avait tiré. Tous les deux avaient reçu, surement après leur dernier souffle, des balles qui ont traversé de toutes parts leurs corps. Pourtant près d'eux, un filet de sang qui ne rejoignait pas la mare rouge avaient tracé un chemin vers la sortie.
Ce filet de sang était souvent coupé pour reprendre ensuite. Comme pour guider. Comme les miettes de pain d'Hansel. Il continuait jusqu'à la seule porte qui menait au couloir principale de l'entrepot-fantôme. Sur le mur, des traces rouges de doigts avaient été laissé.
Au milieu du couloir qui menait à un escalier, un homme était assis. Il avait les yeux fermés et la bouche ouverte. Il respirait lentement. Sa main gauche était posé sur sa poitrine au niveau du cœur, où reposait un trou laissant sortir le liquide sanguin. Sa chemise autrefois blanche avait rougi par le sang. Ses vêtements d'une grande raffinerie montraient qu'il était ou avait été riche et puissant. Maintenant le voilà, dans la faiblesse et dans la douleur. Il reouvrit ses yeux verts et perçants et tenta de se relever. Mais faible comme il était, il ne parvint pas à se remettre debout. Il était impossible pour lui d'échapper ce lieu. Il ricana pour lui-même. Il se résigna à abandonner et à chercher son portable avec sa main droite. Il aurait pu appeler la police, une ambulance ou de l'aide. Mais il n'était guère comme ça. Après avoir analysé sa frustrante blessure, il comprit qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps pour vivre. Il toussa, crachant son sang. C'était répugnant. Lui, dans cette position si inférieur ? Sa respiration devint irrégulière. Il fallait qu'il fasse vite et il ne devait pas perdre de temps. C'est ce qui comptait maintenant. Il gémit doucement. Il se souvenait avoir penser qu'un jour si il serait blessé, ce serait pour la personne qui comptait le plus au monde. S'il devait mourir ce serait pour cette personne qui lui était chère à ses yeux. Sacrifier sa vie pour lui.
Son portable en main, il chercha un nom. Et enfin, il appela.
Un être normal aurait appelé la police, oui. Mais lui, il savait que il n'allait pas survivre, il savait que au moment où il allait être pris en charge par les ambulances et les gens ordinaires, sa vie s'achèvera. Et il n'aurait pas le temps de faire un dernier geste fraternel.
Il savait que on allait pas lui répondre maintenant, qu'il devra insister jusqu'à exaspérer le destinataire de ce coup de fil. Il n'avait pas le choix. Il devait l'appeler. Pourtant, il avait l'impression d'entendre le répondeur des milliers de fois en boucle.
"Oui, vous êtes bien sur le répondeur de Sherlock Holmes, je ne veux pas vous répondre alors évitez de me laisser un message après le bip."
Et cela paraissait ne plus en finir, inexorablement.