Disclaimers : Tout appartient à Kazuki Takahashi.
Notes : Il y'a longtemps que je voulais écrire une histoire en rapport avec le Trustshipping, car voyez vous j'aime énormément Seto et Ishizu. Suite du One-shot "Points de vie réduits à zéro"." Bonne lecture.
"Ton rire me fait peur, est-ce que tu joues ou tu meurs ?"
Pourquoi avait-il commis pareille erreur ? C'était dramatique. Il pensait être seul au manoir pourtant. Il s'était trompé. Si Seto Kaiba avait été plus attentif, il aurait su que Mokuba était dans les parages, et que le coup de feu se serait entendu. Avait-il oublié de mettre un silencieux sur son flingue volontairement ou bien n'avait-il pas accordé le moindre crédit à ce genre de détails, considérant que de toute façon, il ne serait plus là pour en parler ? Il n'avait pas fallu beaucoup de temps à son cadet pour arriver vite dans son bureau, mais il lui en avait fallu un peu plus pour réaliser pleinement ce qu'il se passait et ensuite avoir la bonne réaction. Mokuba appela une ambulance, et une fois le téléphone raccroché, il laissa libre cours à sa panique. Le plus jeune des Kaiba avait poussé un hurlement déchirant dans la nuit, des larmes de rage perlant au coin de ses yeux.
« Seto..Non..non.. SETOOOOOO ! » avait-il crié, tout en secouant vigoureusement son aîné, inerte, une flaque écarlate grandissant à vue d'œil au fur et à mesure que les secondes, pourtant vitales, s'écoulaient.
Comme si elles étaient à des milliers de kilomètres de lui, Mokuba Kaiba entendit les sirènes de l'ambulance. Refusant de lâcher son frère, il ne remarqua pas non plus les gyrophares des voitures de police, tandis que tous les véhicules envahirent le parking du manoir en nombre.
Le fameux bras droit des Kaiba avait accouru, les surveillant toujours de près ou de loin. Isono était de ces hommes qui paraissaient insensibles alors qu'ils ne faisaient que bien faire leur travail. Mais en son fort intérieur, il admettait avoir eu du mal à rester neutre. Sa priorité fut d'éloigner Mokuba du carnage tant qu'il le pouvait, ne voulant pas que le jeune garçon ne voit ça plus longtemps. Le vice-président de KaibaCorp se débattit comme un beau diable, tapant Isono comme il le pouvait.
« - Lâche-moi, scanda-t-il sur un ton plus proche du désespoir que de l'ordre, j'peux pas le laisser, lâche moi ! »
Mais Isono ne relâcha pas sa prise, plus occupé par Mokuba que par son propre choc émotionnel à lui.
« - C'est inutile monsieur. » déclara le bras droit, d'un ton qui signifiait qu'il était hors de question que Mokuba passe une seconde de plus dans cette pièce transpirant le macabre à plein nez.
L'équipe de secours médical envahit le manoir, sans un regard pour le bras droit et le vice-président de Kaiba Corporation. Il en arrivait sans cesse. Alors qu'un médecin urgentiste était accroupit aux côtés de Seto, il lui prit le pouls, tout en inspectant les dégâts.
« - Son pouls est très faible ! Compressez la plaie, et il lui faut une assistance respiratoire ! »
Aux yeux du médecin, tout n'était pas perdu, mais la moindre seconde perdue pourrait avoir raison du jeune PDG. « Il s'est pas loupé celui-là,à quelques centimètres près, et c'était sayonara… » pensa-t-il,se demandant comment à l'âge de Seto de telles idées pouvaient traverser un esprit aussi brillant que le sien, et à qui, de son point de vue, tout réussissait. Il appliqua une épaisse compresse sur sa tempe bien esquintée, tout en veillant à ne pas enfoncer plus la balle qu'elle ne l'était déjà. S'il touchait à son cerveau, Seto serait perdu pour de bon.
Une fois les premiers soins effectués, il fut transporté avec précaution sur un brancard puis mis dans l'ambulance. Son long bras pendait, avec sa main couverte de sang. Il avait les yeux fermés, il semblait si paisible.
Mokuba fut retenu de justesse par Isono, ne pouvant accompagner son frère dans l'ambulance. Il ne trouva pour seul réconfort la veste du costume noir d'Isono à laquelle il s'accrocha avec l'énergie du désespoir , enfouissant son visage pleins de larmes dans celle-ci.
Isono, qui était le seul homme en lequel les Kaiba avaient encore confiance, eut le cœur serré. Seto aurait pu être son fils, et le savoir à l'article de la mort l'attristait grandement. Une pointe de culpabilité commençait à naître en lui, pour s'accroître : Seto était malheureux au point de se coller une balle dans la tempe, et il n'avait rien vu ?
Le plus vieux des Kaiba était connu pour n'exprimer quasiment aucune autre émotion que du mépris, de la colère ou une arrogance exacerbée, rarement de la tristesse. Il n'était pas connu pour flancher facilement. Intérieurement, Isono se jura donc de découvrir ce qui avait poussé si près du gouffre son patron et protégé. Il se jura aussi de continuer à veiller sur Mokuba si jamais Seto ne s'en sortait pas…
La nuit avait passée, Isono était resté au manoir, refusant de laisser Mokuba seul dans un tel état de stress. Aucun des deux n'avait réussi à dormir, et l'homme aux lunettes noires s'était démené comme il avait pu pour donner un mince espoir au jeune garçon. Seto était encore en vie au moment où il avait été transporté dans l'ambulance, et l'hôpital n'avait pas encore appelé pour annoncer une mauvaise nouvelle. Les premières lueurs du soleil transpercèrent le ciel de Domino. Ironie du sort, la journée semblait s'annoncer belle, alors que pour l'adolescent assit sur la chaise haute de la cuisine, le monde risquait de s'effondrer à tout instant.
Plus tard, aux alentours de neuf heures du matin, le téléphone d'Isono sonna. D'abord inquiet, hésitant, il finit par décrocher : sinon cette attente interminable n'en finira jamais.
« - Allô ? dit Isono, trop inquiet pour user des formules de politesse d'usage qu'il utilisait d'habitude en tout temps et tout lieu.
- Ici le service de réanimation de l'hôpital privé de Kaiba Corporation. Je vous appelle pour vous annoncer que les jours de Monsieur Kaiba ne sont plus en danger. Néanmoins il a perdu beaucoup de sang, et les dégâts causés sur son système nerveux sont tels que nous avons du le placer dans un coma artificiel. Pour le moment, ne nous pouvons pas affirmer si les séquelles seront importantes ou non, cependant, il y'a de fortes chances qu'il y'en ait.
- Je vois. Merci pour tout. »
Sans plus de cérémonie, Isono raccrocha, poussant un immense soupir de soulagement : il s'inquiéterait des séquelles en temps voulu, l'essentiel étant que Mokuba ne se retrouvera pas orphelin d'un frère. Mokuba avait levé les yeux vers lui, un regard interrogateur. Isono prit donc les devants.
« - Monsieur le directeur va s'en sortir, ses jours ne sont plus en danger..Pour le moment il est dans le coma, et l'équipe médicale ne sait pas encore quelles séquelles votre frère gardera. »
Le regard de Mokuba s'illumina. Seto allait vivre ! Déjà, dans la tête du garçon commençaient à poindre toutes sortes d'idées pour aider son frère à aller mieux par la suite. Il descendit de la chaise et ne put résister à l'envie de sauter au cou d'Isono, comme si ce dernier était responsable de la survie de Seto.
« - M-Monsieur..
- Seto est en vie, il va encore rester avec nous, quel soulagement ! Je suis si heureux ! » entonna le jeune garçon à la chevelure d'ébène, semblant oublier la détresse dans laquelle se trouvait son aîné pour avoir choisi volontairement de mettre fin à ses jours.
La joie de Mokuba fut de courte durée, il y avait un autre point noir au tableau : Ishizu Ishtar. La belle égyptienne qui prédisait l'avenir plus au moins proche jadis, grâce à son collier du millénaire. Elle avait commencé à fréquenter Seto il y'a environ deux ans. Aux yeux de Mokuba (et bien d'autres personnes), ils allaient parfaitement ensemble : la douceur et la sagesse d'Ishizu contrebalançait la fougue et la froideur de Seto. Si la première rencontre entre les deux personnes avait été marqué par un joli « Sorcière » de la part de Seto, avec son tact légendaire, à Ishizu, la relation entre eux avait clairement évoluée, et d'une façon assez inattendue pour l'entourage du couple. Néanmoins, ils semblaient bien s'entendre, et Mokuba était sûr qu'Ishizu allait souffrir, mais qu'elle serait plus à même de faire face à cette situation qu'il ne le pourrait, étant donné le talent de la jeune femme pour gérer toutes sortes de crises. Ishizu avait pu faire face à la folie destructrice de son frère cadet, Marik, et avait tout donné pour le sauver, et il était courru d'avance qu'elle allait faire de même pour Seto.
Ishizu et Seto étaient semblables de par les souffrances cachées au fond d'eux, des souffrances qui les avaient endurcis, bien qu'ils aient choisi des chemins bien différents pour s'affranchir de ces dernières. Comment réagirait-elle ? Que se dirait-elle ? Mokuba n'en savait rien, mais il se disait qu'à sa place il serait profondémment blessé, il se dirait qu'il ne comptait donc pas assez et qu'il était incapable de rendre Seto heureux. Il aurait culpabilisé autant que maintenant.
Il soupira, inquiet maintenant pour Ishizu. C'était une épreuve dont ils n'allaient pas sortir sans égratinures, mais il avait pleinement confiance en l'égyptienne.
« - Isono, contacte Ishizu Ishtar.. Elle n'est pas au courant de ce qu'il a fait, et elle voudra certainement être présente.
- Tout de suite Monsieur. »
Mokuba regarda Isono quitter la pièce tout en se saisissant de son téléphone, la boule au ventre. Il avait la désagréable impression que malgré le fait que Seto reste en vie, son monde s'effondrait doucement. Il sentit une colère monter. Seto avait promis de ne jamais l'abandonner, et c'était ainsi qu'il procédait ? Il avait souvent pardonné les excès à la limite de la folie monomaniaque de son frère aîné, mais là Mokuba commençait à trouver qu'il avait poussé le bouchon un peu trop loin. Seto était égoïste, il le savait mieux que personne, mais de là à les abandonner de la sorte, Ishizu et lui, d'une telle manière, sans prévenir… Il eut la sensation qu'en dépit de tout ce qu'ils avaient traversé, Seto ne leur accordait pas assez de confiance pour venir leur demander de l'aide, ceci doublé de sa fierté mal placée. Il était quasiment sûr que le PDG n'avait pas agi dans l'intérêt de son cadet.
Avisant la photo d'Ishizu et Seto maintenue sur la porte du frigidaire par un aimant, il serra les dents .
« - Oh Ishizu, si tu arrives à le ramener à la raison, je t'en serai très reconnaissant, parce qu'honnêtement, je n'en peux plus…. »
