Bonjour, je m'appelle Gab et c'est la première histoire que je poste ici, enchanté.

Sur ce, je vous souhaite bonne lecture !


Chapitre 1 : Sonate Clair de Lune

Les rayons du soleil essayaient de passer à travers ces rideaux sombres, mais rien n'y faisait, le tissu était trop épais. La pièce était obscure. Tellement obscure que les éléments éparpillés sur le sol se confondaient les uns avec les autres. Était-ce une veste, ici ou là ? Ou peut-être que c'était un sac. Il y avait tout : des vêtements sales ou propres, des livres, des journaux, des CDs, des cigarettes. Si on cherchait bien, on pouvait même y trouver un nœud papillon froissé et des lunettes brisées. Et pleins d'autres choses, étalées par terre, comme si elles avaient été abandonnées ici depuis des années.

C'était une chambre. Un petit bureau surchargé avec toutes sortes de choses étaient dans un coin de la pièce, et de l'autre côté, une armoire à moitié vide, et grande ouverte, comme si elle avait été dévalisée. Elle n'avait pas été fermé depuis quelques jours déjà, mais était-ce si important que ça, de fermer cette armoire ? Qu'est ce que ça aurait changé, qu'elle soit ouverte ou fermée ? Même s'il y avait de la poussière, où était le problème ? Un lit était au centre de la pièce. Un lit sans prétention, un peu grand, et sur lequel reposait une masse de couverture. Un homme semblait dormir, enveloppé dans les couettes. Il avait froid.

Il portait des vêtements de nuit, il ne se souvenait plus de la dernière fois qu'il s'était changé, mais ce n'était pas si important que ça. Son visage semblait paisible, pour une fois. Il était osseux il avait toujours eu un visage osseux, mais ça se voyait davantage ces derniers temps, ses pommettes ressortaient presque joliment. Sa peau semblait grise dans l'atmosphère sombre de la pièce, mais en temps normal elle était pâle quoique plus pâle que ce dont il avait l'habitude. Le dessous de ses yeux étaient creusés avec du rouge et une couleur qui se rapprochait du violet, c'était disgracieux. Ses cheveux étaient pires cependant. Ils n'avaient plus aucune forme car on ne s'occupait plus d'eux. Ils se collaient entre eux, ils étaient bruns aux racines et blonds aux pointes. Cela faisait pourtant dix ans qu'il se décolorait les cheveux, mais il avait dû oublier ce mois-ci.

Il soupira longuement. Cela faisait déjà longtemps qu'il était réveillé à vrai dire, mais il n'osait pas ouvrir les yeux, il ne voulait pas affronter la réalité, il ne pouvait pas, il n'en avait plus la force. Si c'était possible, il aurait bien aimé rester dans cet état de transe entre le sommeil et le réveil, où on est assez réveillé pour être conscient, mais trop endormi pour se souvenir de la veille ou de qui on est. Cet état était donc parfait pour qu'il ressente un semblant de joie. S'il oublie qui il est, ce qu'il fait de sa vie, globalement tout ce qui le défini c'est là, où il pourra être heureux.

Mais c'est une sonnerie de téléphone qui le tira de cet état si fragile. Ses yeux s'ouvrirent doucement. Il battit des cils et fixa le plafond, attendant que son téléphone se taise.

Au bout d'une bonne minute, la pièce retomba dans le silence.

Un grand silence lourd, qui rendait l'air lourd, et l'ambiance lourde.

Il cligna des yeux quand ceux-ci commencèrent à le picoter.

Une fissure commença à se former sur le plafond. Elle gagnait quelques centimètres de terrain chaque seconde. Il eut l'impression de voir des morceaux de peinture et de la poussière tombé, mais il ne pouvait être sûr de rien : sa vision était floue à cause de l'obscurité.

La fissure était de plus en plus grande, et le plafond semblait prêt à s'écrouler à tout instant.

Le faux blond eut la force de lever son bras, et il fit remuer ses doigts devant ses yeux. Ses doigts étaient fins.

Il recoucha sa main le long de son corps, et se remit à contempler le plafond. Il était intact. Aucune trace de fissure. Des fois, il s'étonnait qu'il n'y ait pas de fissure. Cela faisait tellement longtemps qu'il hallucinait qu'il pensait que ça allait bien finir par être réel.

Il soupira profondément et se tourna sur le côté, rapprochant un peu ses genoux de son torse. Il pouvait voir ses rideaux qui étaient fermés depuis quelques jours déjà. Il pouvait même distinguer rapidement les différentes formes qui jonchaient son sol, couvrant le parquet clair. Sa chambre était en désordre. C'était un désastre. Il ferma les yeux. Vraiment, il n'avait pas envie de se lever. Ses jambes le pouvait pourtant –ce n'était pas comme ça qu'on se débarrassait d'une force surhumaine, mais il était sûr que son mental ne pourrait pas le supporter.

Il allait surement passer sa journée à rester dans son lit, flânant entre ses courtes siestes remplies de cauchemars et les questionnements infernaux qui le hantent lorsqu'il est conscient. Il allait fumer, beaucoup. Il allait se lever une ou deux fois, histoire d'aller aux toilettes et s'hydrater. Oui, comme toutes ses autres journées. Peut-être aujourd'hui aurait-il le courage de regarder un film ou lire un livre. Mais ce qu'il voulait en ce moment précis, c'était oublier. Oublier sa vie, dés lors que ça avait mal tourné.

C'était impossible. Il était obligé de vivre constamment avec ses pensées destructrices. Il se rendait compte malgré lui, bien qu'il essaye chaque jour de se changer les idées, que ces pensées revenaient sans cesse. Il avait toujours douté de lui, mais maintenant, il doutait de tout. Pourquoi avait-il dû naitre comme ça ? L'univers le détestait déjà alors qu'il n'était même pas encore né et conscient ? Ou peut-être le testait-on ? Quelqu'un à dû se demander ce que ça faisait de combiner une force surhumaine, un tempérament instable et une haine de la violence. Ca donnait un désastre à tous les niveaux. Des fois il riait en pensant à l'absurdité de la situation : il avait l'impression d'être retombé dans son adolescence en se posant toutes ces questions sur la vie. Seulement la différence était que, cette fois-ci, il avait l'impression d'être à la fin de sa vie.

Il secoua la tête et serra contre son visage l'oreiller le plus proche. Non, il n'était pas temps de penser à ce genre de chose dés le matin. Il ne voulait pas, il ne voulait plus.

Soudainement, son ventre se mit à gargouiller. Il releva la tête, comme si ce bruit était quelque chose d'inconnu, papillonnant des yeux.

C'est vrai. Il ne pouvait pas se laisser mourir de faim non plus, il avait horriblement peur de mourir. Il reconnait avoir négligé ses repas ces derniers jours, mais il avait oublié. Heureusement que son corps était un minimum responsable pour le lui rappeler.

Il soupira. Il se sentait léthargique. Il avait vraiment l'impression que ses jambes seraient incapables de le soutenir.

Malgré tout, il dégagea sa couette et essaya de se redresser, soutenu par ses bras tremblants. Il sentait ses cheveux collés à l'arrière de son crâne. Ce n'était pas vraiment agréable. Peut-être avait-il besoin de les laver. Il fit glisser ses jambes le long du lit pour que ses pieds se posent sur son tapis. Il pouvait sentir la certaine douceur du tissu. C'était agréable.

Il décida de se lever.

Il regarda autour de lui. Un désastre. Il secoua la tête.

Il tituba un peu jusqu'à la porte de sa chambre. Il marcha lentement jusqu'à sa cuisine, passant par son salon, où ses meubles allongés par terre, et ses livres, albums, films et autres objets étaient sans dessus-dessous. Il préféra ignorer ce désordre, qui lui rappelait trop une visite indésirable de la veille.

Il ouvrit plusieurs placards, rien. Le frigidaire, rien. Même le congélateur était vide.

C'était donc pour ça qu'il ne se nourrissait plus depuis quelques jours : il n'y avait plus rien à manger chez lui.

Il soupira. Est-ce que cela signifiait qu'il allait devoir sortir pour acheter à manger ? Avec ses jambes aussi faibles que des brindilles, son dos vouté, et ses cernes qui déformaient son visage ?

Il n'y avait pas moyen qu'il se fasse livrer à manger ? Non, il ne voulait pas que des gens normaux voient l'endroit dans lequel il vivait et il voulait éviter au maximum la conversation.

Sa décision était cependant déjà prise : il allait sortir, car il avait décidé qu'il serait de bonne humeur. Et il ne voulait pas se compliquer la vie non plus. Sortir pour acheter à manger était la première idée qu'il avait eue, et il n'allait clairement pas se fatiguer à chercher d'autres alternatives.

Mais d'un côté il était réticent : sortir signifiait voir des gens. Le fait de sortir ne le gênait pas vraiment en réalité, il avait toujours aimé sortir mais voir d'autres personnes le dérangeait déjà plus. Quelle idée de vivre en centre-ville.

Mais il n'avait pas d'autre choix. Qui allait lui apporté à manger sinon ?

Allez, il était de bonne humeur, donc il allait prendre une douche, allé chercher à manger, et regarder un film. Un avec son frère, c'étaient ses préférés. Ce programme semblait bien.

Il retourna donc plus ou moins rapidement dans sa chambre et chercha quelques vêtements pour sortir. Il trouva une chemise blanche et son pantalon noir. Il se dirigea ensuite directement vers sa salle de bain. Cette pièce lui semblait si étrangère, mais rassurante à la fois. C'était un espace intime, où on était le plus souvent seul avec soi-même. Mais ça faisait déjà tellement longtemps qu'il était seul, donc ça ne changeait pas grand-chose, la pièce était juste plus petite.

Il se sentait partir.

Il secoua la tête.

Il se déshabilla rapidement. Il ne prit même pas le temps de regarder sa silhouette maigre dans le miroir. Il ne voulait pas se voir de toute façon. Cependant, une petite boite turquoise attira son attention, elle était posée sur la petite étagère en dessous de son miroir. Il ne prit pas beaucoup de temps avant de comprendre que c'était un paquet de cigarette. Il le considéra un instant, avant de le saisir. Il l'ouvrit, et y découvrit trois cigarettes ainsi qu'un briquet, qu'il avait eu l'intelligence de laisser à l'intérieur.

Il n'essaya même pas de résister et en prit une et l'alluma instantanément. Il ferma les yeux, appréciant la fumée dans ses poumons avant de la souffler doucement à l'extérieur de son organisme

Il glissa dans sa baignoire et tourna le robinet. Rapidement, l'eau froide vint se heurter à sa peau.

Surpris, il frissonna et s'éloigna du jet d'eau. Il attendit que l'eau se réchauffe –soit brulante, pour de nouveau la laisser couler sur sa peau. Il inspira de nouveau de la fumée, alors que l'eau le réchauffait, et la recracha quelques secondes après. Finalement, il se dit qu'il appréciait ce moment.

Il laisse couler l'eau tout le long de son corps, et sans s'en rendre compte, sa cigarette glisse d'entre ses lèvres et tombe.

Il ne pensait pas trouver une sorte de réconfort sous la douche, mais il faut croire que l'eau l'aide à se concentrer sur autre chose.

Il prit ensuite le temps de se nettoyer le corps et les cheveux.

Sans plus attendre, il sortit de la douche, puis de la salle de bain, séché et habillé. Il regretta un instant d'abandonner cette petite pièce, mais il avait faim. Il se redirigea vers sa chambre.

Il croisa son reflet dans le miroir à l'entrée de la pièce. Il ne l'avait pas vu en sortant. Il s'arrêta un instant et se regarda. Sa chemise avait été négligemment mise dans son pantalon. Il corrigea cela. Il ferma ses boutons de manchette puis il épousseta son pantalon avec ses mains, dégageant les quelques petites poussières.

Il se reconsidéra un instant. Il allait avoir froid s'il ne mettait que ça et un manteau.

Il s'éloigna vers son armoire et chercha ses pulls. Il en trouva un bleu en laine. Il l'enfila et il se redirigea vers la glace. C'était bien. Son pull était un peu ample, avec un col rond.

Il décida que ce serait plus esthétique s'il fermait sa chemise jusqu'en haut. Il laissa ensuite ses doigts glisser sur le col. Oui, c'était bien.

Maintenant il devait trouver un manteau.

Il ouvrit l'autre côté de son armoire, poussant ce qui dépassait du côté précédemment ouvert.

Il fouilla un peu parmi les quelques vestes qu'il avait, et un manteau noir, assez épais et avec une apparence feutrée attira son attention. Il tira le manteau à l'extérieur, prenant soin de ne pas abimer le cintre qui le soutenait.

Il regarda un instant le manteau. C'était son frère qui lui avait offert, quelques années auparavant. Il ne l'avait jamais porté. Pourtant il était joli. Il sourit légèrement.

Le manteau quitta délicatement le cintre et vint se repositionner sur les épaules du blond.

Ca lui allait bien.

C'était un long manteau. La coupe faisait joliment ressortir sa taille et ses épaules. D'ailleurs, le col était assez haut et cachait la moitié de son visage s'il décidait de le remonter. C'est ce qu'il fit, et ses joues creuses furent cachées par la fabrique noire.

Il était presque satisfait de sa silhouette.

Seulement quelque chose le dérangeait : ses yeux. Ses yeux marrons horrible, et ses immenses cernes. Il ne voulait pas montrer ça. Il commença à chercher instinctivement ses lunettes de soleil, les habituelles, celles qu'il portait au travail. Il scruta le sol, et vit dépasser un verre bleu de sous un t-shirt. Là, ça devait être ses lunettes. Il les prit entre ses doigts et constata vite qu'il n'y avait qu'un seul verre et qu'il manquait une branche.

Il dégagea un peu le t-shirt à l'aide de son pied et trouva en dessous son verre brisé et la branche manquante tordue.

Il soupira. Il n'était donc même plus capable de prendre soin des affaires que son frère lui offrait ? Qu'il était pathétique.

Mais de toute évidence, même si ces lunettes avaient été intactes, elles n'auraient pas suffi à cacher ses cernes. Non seulement le verre était trop translucide, mais en plus la monture en elle-même n'était pas faite pout cacher le bas des yeux.

Tant pis.

Seulement, il devait bien avoir d'autres lunettes de soleil quelque part. Il se dirigea vers son bureau, et dégagea avec un grand coup tout ce qui s'entassait dessus.

Il chercha frénétiquement dans les tiroirs de son bureau et sur les étagères au dessus. Finalement, il trouva de grandes lunettes noires arrondies. Il sut que ça allait être parfait. Il se dirigea vers son miroir, et regarda un instant son reflet. C'était bien.

Il se mit ensuite à chercher son portefeuille. Il savait qu'il l'avait posé sur son bureau. Il chercha donc dans tout le désordre qu'il avait fait tomber. Il le trouva entre un pot de crayons et quelques feuilles. Il en extirpa quelques billets qu'il mit dans la poche de son pantalon.

Était-ce nécessaire qu'il prenne son téléphone ? Ça faisait il ne sait combien de temps qu'il n'y avait pas jeté un coup d'œil d'ailleurs.

Il alla vers sa table de nuit où son portable était branché et le prit dans ses mains. Il releva ses lunettes sur son crâne.

Il avait pleins de messages venant de différentes personnes, et des appels manqués. Il soupira. Que des noms de personnes qu'il aimait, et un numéro inconnu.

Il commença par lire celui de son petit frère, Kasuka :

« Grand frère,

Ça fait quelques temps que je n'ai pas eu de tes nouvelles, et je suis désolé de ne pas en avoir prises. Cependant, je suis étonné que tu ne m'ais pas envoyé de message ces derniers jours. Est-ce que tout va bien ? Je peux passer te voir si tu as besoin de moi.

Kasuka. »

Le blond fut touché du message de son frère, il se permit de sourire même.

Il s'empressa de répondre quelque chose qui rassurerait son petit frère :

« Salut Kasuka,

Je suis désolé également de ne t'avoir rien envoyé, mais j'étais très pris par le travail, et je n'ai pas pu trouver un seul instant pour te parler.

Sinon je vais très bien, je te remercie de t'en inquiéter mais ce n'est pas la peine. »

Il failli demander à le voir, mais il ne voulait pas que Kasuka voit dans quel état désastreux était son grand frère.

Il passa ensuite aux messages que Tom lui avait envoyé :

« Repose-toi bien en tous cas, je suis sûr de pouvoir me débrouiller pendant au moins quelques jours ! »

Le jour d'après :

« C'est drôle parce que quand t'es pas là, soi les gens se foutent de moi, soi ils ont peur que tu débarques du ciel. T'as une certaine réputation quand même. » Il grimaça un peu.

Quelques jours après :

« Tu reviens bientôt ? Il y a déjà des rumeurs qui courent et mon travail devient de plus en plus difficile. »

Le jour d'après :

« Vas-tu venir aujourd'hui ? S'il te plait, réponds au moins à mes messages, que je sois fixé. »

Le jour encore d'après :

« J'imagine que tu ne viendras pas non plus aujourd'hui ? »

Puis plus rien.

Le blond se sentit rapidement coupable.

C'était vrai qu'il n'était pas allé travailler depuis il ne sait combien de jours, en laissant seulement à Tom, son supérieur, un message disant qu'il ne se sentait vraiment pas bien et qu'il pensait ne pas venir pendant quelques jours.

Il répondit, sans trop réfléchir :

« Je suis vraiment désolé Tom, je ne sais vraiment pas ce que j'ai. Je vais aller voir mon médecin. »

La réponse ne se fit pas attendre :

« Pardon ? Ça veut dire qu'en 10 jours tu n'as pas eu le temps d'aller voir un médecin ? Tu te moques de moi, j'espère ? »

Ça faisait donc dix jours…

La culpabilité s'accentua. Il décida de ne pas répondre, alors que sa gorge se serrait.

Il alla lire les messages de Shinra pour oublier Tom.

« Ca fait déjà quelques temps qu'on ne te voit plus dans les rues. Tu as tué quelqu'un ? » Le blond grimaça et passa au message suivant, qui datait d'aujourd'hui :

« Celty a fait une tarte aux pommes aujourd'hui ! Elle a fait tellement de progrès en cuisine, elle est incroyable. Elle veut ton précieux avis, étant donné que tu aimes tout ce qui est sucrés. Elle passera t'apporter un bout vers 17h. »

Il regarda l'heure. 16 heures 50. C'était drôle, puisqu'il pensait qu'il n'était pas plus de 10 heures.

Il répondit :

« Je ne serai pas chez moi. Ce sera pour une autre fois. » Ce n'était pas tout à fait un mensonge pour une fois.

Il se dirigea tout de suite vers sa porte d'entrée. Il ne voulait pas prendre le risque de croisé Celty en sortant.

Il enfila rapidement ses chaussures, s'aidant de ses doigts pour les ajuster au niveau du talon, puis il prit les clés qui étaient restées dans le vide poche de l'entrée.

Il déverrouilla la porte et inspira un grand coup. Il allait sortir. Il allait devoir parler à des gens. Au fond, il voulait rester chez lui, dans son lit qui lui semblait tout à coup bien douillet. Mais il devait bien finir par se nourrir. Puis, ça faisait déjà dix jours qu'il était enfermé chez lui, c'était n'importe quoi.

Il replaça ses lunettes noires sur le nez et ouvrit la porte. Il tomba nez à nez avec son palier vide. Il s'arma de courage et fit un pas à l'extérieur. Ce n'était pas si compliqué que ça en soit. Il referma la porte derrière lui et commença à lentement descendre les escaliers.

Une fois dehors, il inspira un grand coup l'air. L'odeur de la neige était partout. Ca n'avait rien d'étonnant, étant donné que les rues en étaient tapissées.

Hésitant, il commença à avancer dans la rue pour rejoindre une superette non loin de chez lui.

Il enfouit ses mains maigres dans ses poches. Elles tremblaient. Il chercha un instant ses cigarettes, mais il constata avec horreur qu'elles n'étaient pas là. Il s'arrêta et commença à s'agiter. Il chercha frénétiquement dans toutes ses poches, mais elles étaient toutes vides de paquet de cigarette, il n'avait trouvé qu'un briquet. Il respirait de plus en plus fort. Comment avait-il pu les oublier ? Il était devenu si incapable que ça ?

Il commença à murmurer des insultes dans sa barbe. Il était énervé et angoissé. Là, il était prêt à briser en deux le premier objet venu pour soulager ses nerfs. Il se figea. Non, il ne devait plus rien casser. Il devait apprendre à régler ses problèmes autrement que par la violence. Il mit une main sur son torse et essaya de calmer sa respiration. Il inspirait et expirait profondément et bruyamment. Il reprit sa marche un peu plus tard, avec le sentiment que tout le monde le fixait à cause de son comportement étrange. Sa gorge se serra un peu plus encore.

Il marcha jusqu'à la superette les bras croisés sur sa poitrine.

Il entra dans le petit magasin, et fut accueilli avec un « Bienvenu ! » Il fit un bref mouvement de tête avant de prendre un petit panier en fer et de s'aventurer dans les rayons.

Il savait absolument de quoi il avait besoin. Il devait être rapide. Il devait retourner chez lui.

Il alla directement dans le rayons des plats préparés et en prit quelques uns au hasard. Il passa également prendre du thé, du chocolat et du riz.

Il s'apprêtait à passer à la caisse quand son regard glissa sur un rayon qui proposait différents types de cigarettes. Il se permit donc un détour. Puis il avait besoin de fumer. Trouver ses préférées ne prit pas beaucoup de temps, elles étaient voyantes, turquoise.

Il prit trois paquets composés de dix petites boites chacun. Autant faire un stock qui durerait au plus trois semaines. Il n'était pas prêt à retourner dans cette superette.

Il se retourna pour reprendre son chemin vers la caisse, mais il tomba nez à nez avec quelqu'un. Cela lui provoqua un mouvement de recule et un frisson tout au long de sa colonne vertébrale. La proximité lui avait fait peur. Et ça devait être bien la première fois depuis dix jours qu'il croisait le regard d'un humain.

C'était un homme plus petit que lui, avec des yeux rouge vin et un sourire. C'était quelqu'un de familier.

« … » L'homme s'apprêtait à dire quelque chose, mais le blond fut plus rapide :

« Pardon. »

Il passa à côté de l'homme et se rendit aux caisses. Il y avait quelques personnes devant lui. Ca voulait qu'il allait devoir attendre. Attendre. Il ne voulait pas attendre. Il ne voulait pas passer plus de dix minutes entouré de différentes personnes. Il avait peur. Il commença à regarder autour de lui, anxieux. Sa respiration commença à s'accélérer, et il ne trouva rien de mieux que de sortir son téléphone.

Il y avait un dernier message qu'il avait oublié de lire, celui du numéro inconnu.

Il commença à lire le message, et avec horreur, il reconnu en un rien de temps la personne.

« Eh bien Shizu-chan, on ne sort plus de chez soi ? Tu sais, j'ai failli mourir à cause de toi. Nos promenades quotidiennes manquent à mon physique. Mais j'imagine que c'est une bonne chose ? Pour nous deux en plus. Laisse-toi crever dans ton appart'.

-OI »

Il avait envie de pleurer tellement il se sentait misérable. Même la personne qu'il détestait le plus avait pris le temps de lui écrire un message, alors que lui était incapable de tenir au courant ses proches, de parler à ses proches de son état de santé. Il était définitivement pathétique.

Ses larmes n'eurent pas le temps de couler qu'on l'appela à payer ses articles.

La tête basse, il présenta ce qu'il avait pris après un « bonjour » hésitant. Il commença à ranger ses articles dans un sac au fur et à mesure que la caissière les faisait biper devant sa caisse.

Mais par malheur, il frôla les doigts de la jeune femme en récupérant un article.

« Je ne vous ai pas fait mal ? » Demanda-t-il instantanément.

Elle se tourna vers lui, incrédule.

« Pardon ? Non monsieur, je vais bien.

- Vous êtes sûre ? » Il était horriblement inquiet. Peut être que cette jeune femme avait affreusement mal alors qu'elle jouait la comédie pour ne pas l'inquiéter ?

« Mais non, regardez ma main monsieur, elle va très bien. » La caissière était bienveillante. Elle tendit sa main vers le blond. En effet, ses doigts étaient intacts.

Il se sentit très stupide, et murmura un ''merci'' à peine audible.

Il paya et partit. Il avait survécu à l'achat du strict nécessaire.

Il marchait vite et la tête basse dans les rues, tenant fermement son sac entre ses doigts. Il regarda l'heure : 17 heures 20. Avec un peu de chance, Celty ne l'avait pas attendu.

Mais il n'avait pas de chance. Alors qu'il remontait les escaliers de son immeuble pour atteindre son palier, il vit le haut du casque de Celty.

Non, non, non. Il ne pouvait pas la voir, pas dans cet état là.

Il essaya de faire demi-tour, mais Celty fut plus rapide, et elle le rattrapa dans les escaliers. Elle le força à monter jusqu'en haut des escaliers d'une main, tenant une petite boite de l'autre, puis elle sortit son PDA.

« Shizuo ? Qu'est ce qu'il y a ? Pourquoi as-tu essayé de partir quand tu m'as vu ? Et pourquoi portes-tu des lunettes de soleil alors qu'il fait aussi sombre dehors ? »

Il détournait le regard.

Il ne voulait pas que son amie constate son état.

« J'ai… J'ai oublié de prendre mon courrier. » Souffla le blond, ignorant les autres questions.

Celty fit mine de compatir, même si elle savait pertinemment que son ami mentait.

Shizuo était un ami vraiment compréhensif. Quoi qu'un peu silencieux, il était à l'écoute et savait répondre des choses concises et lucides. Seulement quand il se renfermait sur lui-même, il devenait une forteresse impénétrable.

Pour l'instant elle n'allait rien tenté.

Le blond se tourna vers sa porte. Il sortit les clés de sa poche. Il essaya à plusieurs reprises de les faire glisser dans la serrure, mais il n'y arrivait pas, tant ses mains tremblaient. Il mit sa main gauche sur sa main droite, espérant la stabiliser un minimum. Mais ce fut encore pire. Sa vision se brouilla et il serrait les dents, tellement fort, qu'il crut qu'il allait les briser.

Soudain, il sentit une main se poser sur son épaule. Il se retourna brusquement.

« Ne me touche pas ! » Cria-t-il bien plus fort que ce qu'il ne l'aurait pensé.

Celty se recula de deux-trois pas, surprise et un peu apeurée de l'attitude du blond.

Une multitude d'émotions passèrent par le regard du blond, mais finalement, c'est le mépris qui prit le dessus.

« Tu vois, c'est ça le problème. Les gens ont peur de moi, au moindre geste que je fais. »

Il se tourna vers sa serrure, et rentra la clé sans aucun problème. Ses tremblements avaient subitement cessés.

La Dullahan fit quelques pas en avant et contredit le blond :

« Ce n'est pas ça, j'ai juste été surprise par ta réaction.

- Ah oui ? Et si je m'avance, comme ça, vers toi, en parlant de plus en plus fort, ce n'est pas de la peur ? » Sa voix était montée crescendo, et avait fini presqu'en un hurlement. Il voyait bien les épaules tendues de son amie, et il était presque sûr que, si elle avait une tête, son regard aurait été celui d'une personne qui a peur de mourir.

« Voilà, voilà le genre. Je suis juste un putain de monstre qui fait peur, non seulement aux gens, mais aussi à des créatures mythologiques qui sont censées être immortelles. » Il s'arrêta de parler un instant, alors qu'il était dans l'encadrement de sa porte. « Ecoute Celty, je… On parlera un autre jour, d'accord ? » Il n'attendit pas la réponse de son amie et ferma la porte. Il fit glisser ses mains le long du bois, et il fini par tomber à genoux comme s'il avait couru un cent mètres, il était essoufflé.

Il reçu instantanément un message de Celty :

« Mais, je suis venue t'apporter un bout de tarte aux pommes. »

Il décida de ne pas répondre. Ni au message, ni aux coups que donnait Celty sur sa porte. C'était mieux ainsi, c'était l'alternative la plus confortable pour lui.

« Mercure. »

Il resta assis contre sa porte jusqu'à ce qu'il entende les bruits de pas de son amie qui s'éloignait.

Il soupira un grand coup, comme s'il avait été en apnée durant tout ce temps là. Puis il se sentit encore plus misérable. Venait-il de faire peur à Celty pour lui prouver qu'il était une personne horrible ? Venait-il de faire volontairement la chose qu'il faisait involontairement auparavant ?

« Vénus. »

Il se prit la tête entre les mains. Il était tombé aussi bas que ça ? Depuis quand était-il devenu aussi pathétique ?

Ce qu'il voulait, c'était trouvé de vraies personnes qui sauraient lui tenir tête lorsqu'il est énervé. Des personnes qui auraient assez confiance en lui pour savoir que jamais il ne leur ferait mal, jamais il utiliserait la violence pour intimider les gens qu'il aimait.

Alors pourquoi venait-il de le faire ? Pourquoi avait-il fait peur à Celty ? Que cherchait-il à se prouver à la fin ?

« La Terre. »

Il avait un problème, et ce problème, c'était qu'il ne pouvait pas contrôler sa colère. En soit, posséder une force surhumaine était quelque chose qui pouvait avoir de réels bons côtés, seulement, son tempérament ne faisait ressortir que la partie monstrueuse de cette force.

Mais il ne voulait pas craqué, pas maintenant. Alors, tremblant, il prit un paquet de cigarette et l'ouvrit, pour glisser une cigarette entre ses lèvres. Il chercha à tâtons son briquet dans ses poches, et l'approcha de sa bouche dés qu'il l'eut trouvé. Après plusieurs tentatives, il arriva finalement à faire passer la petite flamme sous la cigarette. Il prit une grande inspiration et fit glisser entre ses doigts incertains la clope, et l'éloigna de sa bouche pour expirer la fumée. Il se fichait pas mal de la cendre qui abimait son sol en tombant.

« Mars… »

Après quelques instants de détente entre lui et sa cigarette, le blond retira ses lunettes de soleil et son manteau. Il prit la peine de rapporter tout ce qui est nourriture dans la cuisine. A vrai dire, il n'avait plus trop faim. Les évènements de sa journée lui avaient noué l'estomac.

Il prit une seconde cigarette et alla s'écraser dans son canapé. Il défit le premier bouton de sa chemise et prit son téléphone. Il avait encore reçu un message du numéro inconnu.

« Comment as-tu osé m'ignorer ? Je me suis mis juste devant toi exprès, mais la seule chose que tu as trouvé à dire, c'était 'pardon' ? Réellement ? Que vais-je faire si je n'ai plus ma dose de sport quotidienne ? Depuis quand es-tu aussi intelligent pour construire des plans aussi fourbes et subtils ? Comment oses-tu être comme ça ?

-OI »

Il ignora une fois de plus son message. Être rabaissé était bien la dernière chose qu'il souhaitait, étant donné qu'il était déjà auto-suffisant à ce niveau là.


Merci beaucoup d'avoir lu, et je vous dis à dans dix jours pour la suite !