PAR-DELÀ NOS RÊVES

Suite de En équilibre. Leurs rêves sont la source même de leur présence sur le Sunny, l'origine de leur détermination et de leur voyage. Mais quand l'objectif est atteint, il se heurte à la réalité du quotidien. Ce qui a uni l'équipage du chapeau de paille va-t-il finir par les séparer?

Genres: Romance, Hurt/Comfort, Action/Aventure, Friendship, Angst, Family

Couple principal: Zoro/Sanji

Couple secondaire: Luffy/Nami

Quelques indications:

J'essaye de respecter au maximum la cohérence des caractères des personnages et tout ce qui est arrivé jusqu'à la fin de l'arc Thriller Bark. Je prends également en compte la cohérence avec le tome 1, En équilibre. Je vous conseille donc de l'avoir lu avant.

L'histoire débute plusieurs mois plus tard.

J'aime prendre le temps de développer mes récits et de fouiller la psychologie des personnages, préparez-vous donc à une histoire assez longue (à peu près semblable au tome 1).

Je me base sur la VF de l'anime.

Cette histoire est rating M pour langage (cru, grossier, vulgaire), violence et sexe (scènes très suggérées et/ou explicites). Attention, il s'agit bien de scènes de relation homosexuelle entre hommes. Ayez à l'esprit que je ne préviendrai pas au début de chaque chapitre concerné pour ne pas les gâcher.

Disclaimer: Bien sûr, je ne fais qu'emprunter les personnages et l'oeuvre originale. Je n'en tire aucun bénéfice commercial et je remercie au passage l'auteur de nous laisser les utiliser comme bon nous semble.

Rythme de publication prévu: tous les vendredis dans l'idéal, je verrais avec les premiers chapitres si un ajustement est nécessaire.

J'aime toujours autant les reviews et je remercie d'avance ceux qui prendront le temps de m'en laisser. Je réponds à chacune d'entre elles.

Très bonne lecture.


Chapitre 1

Un jour ordinaire

Sanji releva les yeux et repoussa la mèche blonde gorgée de pluie ruisselant sur son visage. Il esquiva rapidement l'attaque suivante de son adversaire et lui porta un puissant coup de pied dans le torse qui l'envoya rouler à plusieurs dizaines de mètres. Profitant d'un court répit, son regard embrassa la scène autour de lui.

Au milieu des ruines des habitations et du ciel gris qui déversait son mauvais temps depuis un bon moment, la bataille faisait rage entre l'équipage du chapeau de paille et une armée de pirates en tout genre. Luffy se trouvait un peu en amont de lui et chargeait une trentaine d'entre eux, utilisant ses bras élastiques et sa vitesse surhumaine gonflés par un Gear Second pour les assommer en un seul geste. Non loin de lui, Brook employait son attaque Swallow Bond Avant sur trois autres pirates et il les frappa si vite avec la pointe de son épée que ces derniers ne s'en rendirent compte qu'une fois à terre. Il permit ainsi à Chopper dans sa forme Arm Point de repousser plusieurs autres hommes grâce à ses sabots rendus surpuissants.

Reportant son regard devant lui, Sanji remarqua qu'une vingtaine de pirates se ruait à nouveau dans sa direction et il resserra les dents autour de son mégot détrempé. Sa jambe droite s'enflamma malgré la pluie toujours battante et il calcula rapidement la façon la plus efficace de se débarrasser d'eux.

Une seconde plus tard, son premier adversaire rencontra un Flambage Shot et il reçut son pied brûlant dans les côtes avant de s'effondrer. Pourtant, avant même qu'il ne touche terre, trois autres de ses comparses l'avaient rejoint au sol et sans plus se préoccuper d'eux, le blond enchaîna les coups contre ses ennemis suivants.

Lorsque la tête du dernier de ses attaquants du moment heurta les pavés mouillés de la ville, Sanji chercha immédiatement des yeux ses autres compagnons qu'il n'avait pas eu le temps d'apercevoir. Il repéra alors derrière un immeuble à moitié détruit les silhouettes de Nami et d'Ussop qui protégeaient Robin, l'une grâce à un Cyclone Tempo qui faisait littéralement s'envoler ses adversaires et l'autre grâce à son Impact Dial qui renvoyait tous les coups à leurs propriétaires. L'archéologue était ainsi suffisamment tranquille et avait fermé les yeux pour mieux visualiser et atteindre les pirates dissimulés sur les toits des habitations alentours armés de fusils. La jeune femme utilisait sa technique Cent Fleurs : Delphinium pour faire pousser des dizaines de bras un peu partout et éliminer de cette manière les pirates en les faisant rouler jusqu'au bord du toit d'où ils s'écrasaient en contrebas.

La terre vibra soudain sous ses pieds et Sanji braqua instantanément son regard vers Franky et Zoro qui s'en donnaient à coeur joie à une vingtaine de mètres de lui, faisant littéralement trembler le sol autour d'eux. Tous deux s'étaient retrouvés face à d'énormes pirates de plus de cinq mètres de haut que Sanji soupçonnait d'être des demi-géants. Pour s'en débarrasser, le cyborg avait déboîté ses épaules et tirait à boulets rouges sur ses adversaires grâce à son attaque Franky Destroyer Hou. Ces derniers se recevaient ainsi l'attaque en plein ventre et finissaient par s'écrouler dans un bruit sourd au milieu des gouttes d'eau tandis que le sabreur à quelques pas enchaînait sa Technique à trois sabres : Panther Slash, bondissant et fonçant tour à tour vers ses ennemis dont il tranchait le corps d'un coup de lame précis.

A cet instant, un souffle d'air sur sa droite rappela le blond à son propre combat et il esquiva agilement l'énorme poing destiné à l'assommer en tournant sur lui-même puis en abattant lourdement son pied sur le dos du pirate qui s'écroula. Il constata alors que d'autres ennemis arrivaient encore vers l'équipage et il fronça les sourcils. Cela faisait pourtant une bonne vingtaine de minutes qu'ils se battaient mais le nombre de leurs adversaires ne semblait pas se tarir. A présent, il comprenait mieux pourquoi l'île leur était apparue déserte et en ruines lorsqu'ils avaient débarqué quelques heures auparavant.

A la recherche de provisions malgré l'état de la ville, ils avaient seulement croisé deux habitants qui se dépêchaient de rejoindre l'autre côté de l'île, les bras chargés de leurs maigres possessions. Ils avaient tout juste pris le temps de leur expliquer que tout le monde avait fui lorsqu'une immense horde de pirates avait réclamé leur terre quelques jours plus tôt et malgré l'air apeuré d'Ussop, l'équipage avait continué de parcourir les rues à la recherche de marchands avant de se heurter à une dizaine d'individus mécontents de les voir flâner sur leur nouveau territoire. Évidemment, Luffy avait répliqué et en un rien de temps, il semblait que toute une armée se soit dirigée vers eux au pas de course.

Sanji entendit soudain la respiration lourde d'un ennemi dans son dos et il fit volte-face pour dévier l'attaque d'un gros pirate définitivement trop lent avant de se défendre par un Epaule Shot. Celui-ci à terre, il dévisagea ses chaussures neuves à présent maculées de boue et d'eau avec un soupir agacé. Reprenant son observation de leur environnement, il sentit sa mâchoire se contracter. Non seulement ces pirates avaient littéralement pris en otage cette île mais en plus, ils paraissaient avoir rallié à eux toutes les fortes têtes de la région et se débarrasser d'eux n'était pas si évident. Ses compagnons leur tenaient fièrement tête mais le temps passant, ceux qu'ils éliminaient étaient remplacés aussi vite et la fatigue commençait à se faire sentir. Il remarqua ainsi que le Cyclone Tempo de Nami perdait de sa puissance, que Chopper avait renoncé à avaler une nouvelle Rumble Ball pour ne pas se transformer en être fou et que l'Impact Dial d'Ussop venait de rendre l'âme après une utilisation excessive.

Au même moment, la terre trembla à nouveau sous les pieds du cuisinier mais cette fois-ci, il braqua son regard vers les limites de la ville d'où le grondement semblait s'élever. Après quelques secondes à essayer d'identifier le bruit, les traits du blond se figèrent et ses yeux s'écarquillèrent de stupeur. Maintenant, ils avaient un nouveau problème. Un énorme problème.

Il se tourna instinctivement vers son capitaine en train d'étaler une masse impressionnante de pirates grâce à sa Technique Jet Pistol, protégeant ainsi Chopper et Brook d'une salve de balles, et il renonça à l'interpeller. Le garçon au chapeau de paille était déjà suffisamment occupé.

Son attention fut alors attirée par la silhouette du sabreur qui l'interrogeait du regard à travers le rideau de pluie après avoir étalé son dernier adversaire. Répondant à son interrogation muette, le blond lui désigna d'un coup de menton l'extérieur de la ville et quand le bretteur se tourna à nouveau vers lui, le visage préoccupé à son tour, il sut ce qu'il devait faire. D'un mouvement de tête, il lui fit signe de le suivre puis s'élança vers les limites de la ville tandis que Zoro criait quelque chose à Franky. Celui-ci comprit le message et il se décala vers Nami, Ussop et Robin pour resserrer leur rang.


Le sabreur se rua derrière le cuisinier et une minute plus tard, il dépassa les derniers bâtiments pour débarquer dans une large plaine d'herbe verte balayée par les éléments. Stoppant brutalement sa course à hauteur de son compagnon, il remarqua que ce dernier reprenait son souffle au milieu de l'eau dégoulinante et des tremblements de plus en plus forts du sol. Parfaitement immobile, Zoro suivit son regard fixé sur leur prochaine cible en contrebas : un véritable géant de près de vingt mètres fonçant dans leur direction et escorté d'une cinquantaine de pirates qui devançait ses gigantesques enjambées.

"On peut dire qu'ils sont nombreux, commenta simplement l'escrimeur.

- On peut pas le laisser entrer, répondit le blond. Ils sont déjà encerclés."

Le bretteur hocha la tête et détacha son bandana de son bras avant de le fixer sur sa tête.

"Qu'est-ce que tu proposes?"

Sanji prit quelques secondes supplémentaires pour observer l'avalanche qui menaçait de déferler sur eux. Zoro et lui devraient être particulièrement efficaces pour empêcher ce mastodonte de pénétrer la ville et ils n'avaient pas le temps d'élaborer une véritable stratégie. Le regard toujours rivé sur le géant, il jeta finalement son mégot imbibé d'eau.

"Il a une armure, notre seule chance est de le frapper là où il est découvert.

- Ca fait sacrément haut", lui fit remarquer l'escrimeur en ajustant devant lui ses trois sabres ruisselants.

A cet instant, le tremblement de la terre se mua en vibration continue et le bretteur resserra sa prise sur ses épées tandis que Sanji sentait sa jambe se tendre sous l'anticipation du combat titanesque qui s'annonçait. Il prit alors une grande inspiration pour se concentrer.

"On attend qu'il soit suffisamment proche et j't'envoie là-haut", décida-t-il, les dents serrées.

Zoro fronça les sourcils avant de détailler le profil tendu de son compagnon.

"C'est risqué, les autres vont en profiter pour nous tomber dessus.

- Si t'as une meilleure idée, t'as dix secondes pour la partager", répliqua sèchement le blond.

L'épéiste releva les yeux vers le géant qui courait toujours, son pas lourd enfonçant la terre à chaque instant pour se rapprocher d'eux. Il savait qu'une fois dans les airs, il serait en sécurité mais le cuisinier en revanche devrait tenir seul face à la cinquantaine de pirates déchaînés. Finalement, il fit craquer les os de sa nuque.

"Donne-moi vingt secondes avant de te rejoindre, sourcil en vrille. Tu tiendras jusque-là?

- Le temps que tu trouves ton chemin là-haut, je les aurais déjà tous enterrés, face de mousse."

Zoro ne put empêcher un sourire carnassier d'étirer ses lèvres, les yeux fixés sur sa cible.

"C'est un pari, cuistot?

- C'est une putain de promesse, affirma le blond, tout aussi concentré. Tiens-toi prêt, ils arrivent."

Le sabreur approuva et détendit les muscles de ses bras tandis que Sanji faisait quelques pas en avant, ses chaussures si soigneusement cirées ce matin s'enfonçant dans l'herbe boueuse de la plaine.

Le cuisinier sortit alors sans réfléchir une nouvelle cigarette de sa poche intérieure qu'il coinça entre ses lèvres tout en réfléchissant. Zoro aurait besoin d'élan pour atteindre le géant mais si lui-même s'avançait trop, il serait attaqué par les pirates avant d'avoir pu expédier son compagnon dans les airs.

En fin de compte, il s'arrêta en constatant qu'il n'avait plus la possibilité d'approcher davantage. Le sol était désormais secoué de violentes secousses et il devait malgré tout assurer une position suffisamment stable pour contrôler ses mouvements. Il entendait les cris des pirates mais leur tourna résolument le dos. Leurs ennemis seraient sur lui dans quelques instants maintenant et il releva les yeux vers le bretteur pour lui signifier qu'il était prêt. Aussitôt, Zoro s'élança vers lui et le blond ferma son esprit aux vociférations extérieures qui grandissaient pour se centrer exclusivement sur la silhouette de l'épéiste. Sa priorité était d'envoyer le sabreur droit sur le géant car ils n'auraient pas droit à une seconde chance et leurs compagnons ne pourraient pas lui échapper au milieu des habitations branlantes et de leurs propres combats.

Une seconde plus tard, le sabreur bondit sur lui et Sanji déploya sa jambe tandis qu'il sentait le souffle de ses adversaires sur sa nuque au même instant. Il resserra les dents sur sa cigarette déjà humide et concentra toute sa force dans sa jambe droite.

"Armée de l'air : Power Shot!"


Zoro décolla vers le ciel en direction du géant, ses sabres déployés et prêts à frapper. Il s'obligea à conserver le regard braqué sur son ennemi pendant que Sanji se faisait engloutir par la cinquantaine de pirates et il esquiva le coup de poing trop lent du lourd guerrier qui le voyait arriver. Il rebondit aisément sur sa main et s'en servit pour se propulser sur sa gauche.

"Technique à trois sabres : Demon Slash!"

Les lames croisées en forme de démon tranchèrent la chair du géant au niveau de sa gorge et celui-ci eut un cri de surprise, stoppé dans sa course. Indifférent au sang qui jaillissait de son cou, Zoro ne perdit pas de temps et tandis qu'il atterrissait au niveau de son épaule gauche, il sauta à nouveau pour éviter la main de son adversaire.

"Arcanes des trois sabres : Sanzen Sekai!"

Le mouvement des épées sifflèrent dans l'air et tailladèrent une partie de sa nuque exposée mais le géant se détourna à temps et évita ainsi la majorité de l'attaque, déséquilibrant le bretteur qui rebondit sur l'armure en acier au niveau de son torse. Frustré d'avoir manqué son coup, Zoro planta violemment le Wadô et Shuusui au niveau des jointures de l'armure pour stopper sa dégringolade. Le géant avait plaqué une main sur sa blessure pour éviter que trop de sang ne s'en échappe mais il était néanmoins toujours assez vif et Zoro dût se décaler vivement pour éviter l'énorme main lancée à toute vitesse prête à l'écraser.

A nouveau dans les airs, il visa cette fois le côté droit de sa gorge pour le surprendre.

"Les cornes du taureau!"

Le sang gicla autour de lui lorsque ses lames atteignirent leur cible et le géant poussa un cri de douleur avant de trébucher en avant. Zoro plaça alors le Wadô entre ses dents pendant qu'il sautait agilement sur la tête du géant pour prendre appui sur son casque. Sans lui laisser le temps de reprendre ses esprits, il s'élança encore.

"Burning Demon Slash!"

Les sabres enflammés tranchèrent encore un peu plus profondément la peau tendre de la gorge de son ennemi qui émit un gargouillement étouffé. Tentant de protéger sa gorge, il ne vit pas que le sabreur en profitait pour l'attaquer à présent de toutes parts, enchainant les coups meurtriers et le feu de ses épées attisant ses blessures.

Quelques instants plus tard, le géant tomba à genoux et Zoro se prépara à l'assaut final.

"Découpe Statue Slash!"

La force de l'attaque trancha la surface de la gorge sur toute sa longueur et une marée de sang se répandit hors du corps du géant qui vacilla un peu plus. Suivant sa chute en un mouvement contrôlé, Zoro se laissa tomber à son tour et atterrit souplement devant la masse de son adversaire qui s'écrasa dans un énorme bruit sourd au milieu de l'herbe détrempée.

Le sabreur se retourna ensuite vers lui pour vérifier qu'il était bien hors d'état de nuire et devant son corps inerte, il abaissa finalement ses épées avant de les ranger. Retirant son bandana d'un geste fatigué, il remarqua que la pluie avait enfin cessé. Il jeta alors un coup d'oeil autour de lui et constata qu'il était désormais seul sur le champ de bataille. En effet, de nombreux corps de pirates étaient amoncelés un peu partout mais le cuisinier n'était nulle part en vue.

Zoro fit quelques pas avant de froncer les sourcils. Il voyait sur la terre de nombreuses traces de lutte qui s'éloignaient au milieu de l'herbe rougie et il releva le regard en direction de la ville où elles se dirigeaient. Tout était étrangement calme à présent et il se mit lentement en marche. Le sang du géant dégoulinait le long de son visage et de ses bras mais il l'ignora, tout comme le sentiment désagréable de ses vêtements maculés qui lui collaient à la peau.

Arrivé au seuil des premières habitations, de larges empreintes ensanglantées ainsi que de nouveaux corps s'étalaient un peu partout sur le sol mais il ne distingua aucune direction visible. Zoro scruta alors le paysage désolé de la ville autour de lui. A droite ou à gauche?

Finalement, il s'engagea tout droit.


Sanji s'appuya négligemment contre un vieux porche délabré et s'alluma une cigarette, le sourire aux lèvres. Cela faisait bien cinq minutes qu'il voyait le sabreur tourner en rond un peu plus loin mais il n'était pas pressé et il se contenta de le suivre des yeux avec amusement, se remémorant son combat un peu plus tôt.

Après avoir réussi à se débarrasser de la plupart des pirates qui s'étaient jetés sur lui dans la plaine, il avait foncé vers la ville pour les entraîner à l'écart et prendre de l'avance grâce à ses puissantes foulées. C'est ainsi que le reste de ses assaillants avait rendu les armes un par un aux portes de la ville et qu'il avait pu retrouver le reste de l'équipage. Quand il était arrivé, la bataille s'achevait également de leur côté et Chopper avait fait le tour de chacun d'entre eux pour s'assurer qu'ils allaient bien.

Se concentrant à nouveau sur l'instant présent, le blond remarqua que le bretteur avançait enfin dans la bonne direction et il souffla la fumée de sa cigarette dans l'air humide avant de jeter son mégot.

"Vingt secondes, hein?"

La voix rauque et légèrement railleuse du cuisinier attira l'attention de son compagnon qui se figea en le découvrant appuyé contre la pierre encore ruisselante. Il s'approcha à grands pas agacés, prêt à répliquer, mais une fois à sa hauteur, il fronça les sourcils en apercevant la trace sanguinolente à moitié dissimulée par ses cheveux au niveau de son front. Sanji ne bougea pas lorsque le sabreur décala la mèche blonde qui bloquait sa vue ni lorsqu'elle révéla à son compagnon une large coupure ainsi que de multiples égratignures sur son visage.

"Je savais que tu te perdrais", continua-t-il tranquillement tandis qu'il sentait le regard de l'escrimeur l'examiner silencieusement.

Comme Zoro ne répondait pas, il passa à son tour sa main sur le bras rougi de l'épéiste et détailla son tee-shirt maculé de sang. Ce dernier frissonna en sentant le contact froid de ses doigts sur sa peau chaude et il se détendit brutalement avant d'attirer le blond dans ses bras. Sanji se laissa faire malgré le sang de ses vêtements qui tacha encore un peu plus les siens, déposant sa tête contre son épaule avec un sourire moqueur.

"Me dis pas que tu t'es inquiété, tête d'algue?"

Un grognement étouffé contre sa propre épaule lui répondit et le cuisinier ne put retenir un rire. Il prit ensuite le temps de profiter totalement de l'étreinte puissante du bretteur autour de lui en fermant les yeux. Quoi qu'il en dise, le combat avait été intense et il n'était pas mécontent qu'il soit enfin fini.

Au bout de quelques instants pourtant, Zoro recula pour l'interroger du regard alors qu'une pluie fine recommençait doucement à tomber sur eux.

"Où sont les autres?

- Tout le monde va bien, il n'y a que des blessures légères. Ils sont rentrés au Sunny pour que Chopper puisse les soigner."

Le sabreur approuva silencieusement, secrètement soulagé de savoir tous ses amis sains et saufs.

"T'es pas rentré, toi? fit-il alors remarquer à son compagnon.

- Je suis venu te chercher", répondit le blond avec un sourire.

A ces mots, le bretteur prit un air moqueur à son tour.

"Inquiet, cuistot?

- Que tu ne retrouves pas ton chemin, oui."

Amusé, Zoro attira à nouveau le cuisinier contre lui pour cette fois-ci s'emparer avidement de ses lèvres. Sanji lui répondit tout aussi impatiemment et bientôt, seul le rythme précipité de leurs respirations se fit entendre dans la vieille ruelle.

Le calme qui succédait brusquement à la tempête d'énergie nécessaire à une bataille les laissait toujours un peu euphoriques, une autre sorte d'engouement s'emparant alors d'eux. Et si l'équipage se baignait dans cette allégresse pour fêter leur victoire de manière mémorable, le cuisinier et le sabreur avaient vite découvert qu'ils pouvaient également utiliser cette exaltation d'une manière beaucoup plus intime.

C'est ainsi que rapidement, les caresses s'invitèrent au milieu de leurs baisers empressés et pendant que les mains du cuisinier se perdaient dans les cheveux de son amant pour mieux le maintenir contre lui, ce dernier faufilait les siennes sous sa chemise de plus en plus explicitement. La pluie qui tombait de plus en plus fort ne les arrêtait pas et le blond empoigna soudainement les fesses du bretteur par-dessus son pantalon avec un sourire joueur. En réponse, celui-ci se pressa davantage contre lui, étouffant un gémissement contre son cou.


Quelques minutes plus tard, un coup de tonnerre fit mollement relever la tête du cuisinier vers le ciel. Largement soutenu par le mur derrière lui, il sentait la bouche de Zoro dévorer son torse, les pans de sa chemise et de sa veste flottant à ses côtés.

"Tête d'algue…"

Le sabreur répondit par un grognement occupé et Sanji soupira de plaisir en sentant ses dents s'enfoncer légèrement contre son ventre.

"Tête d'algue… Il pleut."

Zoro revint lentement à hauteur de ses yeux pour planter son regard dans le sien, visiblement peu concerné.

"Ca va passer."

Son compagnon allait retourner à sa tâche lorsque Sanji déposa sa main gauche sur la joue de l'épéiste, essuyant doucement une trace de sang désormais à peine visible grâce à l'eau qui ruisselait sur son visage. Il remarqua alors que la pluie effaçait les dernières traces de leur combat sur leurs peaux et il passa sa langue sur ses lèvres mouillées.

"Maintenant qu'on est propre, si on se trouvait un coin tranquille?"

L'invitation claire et précise n'échappa pas à l'escrimeur qui jeta un rapide coup d'oeil à leur environnement avant de grimacer.

"Toutes ces bicoques tombent en ruines…

- Je crois que j'ai vu ce qu'il nous faut pas très loin."

Joignant le geste à la parole, le cuisinier attrapa la main du sabreur et l'entraîna derrière lui vers le coeur de la ville. Au-dessus d'eux, le tonnerre grondait et les éclairs se faisaient de plus en plus rapprochés mais seule la perspective des minutes qui les attendaient lorsqu'ils seraient à l'abri leur faisait presser le pas.

C'est ainsi qu'après avoir tourné à l'angle d'une petite rue, le blond se dirigea fermement vers un bâtiment encore à peu près droit et il donna un coup de pied dans la porte coincée pour pouvoir entrer. Aussitôt à l'intérieur, Zoro comprit qu'il s'agissait d'un petit hôtel au vu du salon attenant et du comptoir derrière lequel son compagnon se penchait déjà.

"Qu'est-ce que tu fais, cuistot? s'étonna-t-il en le voyant fouiller parmi les nombreuses clés disposées dans une petite armoire.

- Je cherche mon chiffre préféré", répondit ce dernier.

Le sabreur leva les yeux au ciel.

"On n'a pas besoin de clé alors grouille-toi de choisir et ramène-toi, s'agaça-t-il.

- Avec la raclée qu'on a mise à ces pirates, les habitants vont pouvoir revenir et ils auront suffisamment à reconstruire sans avoir besoin qu'on saccage leurs portes", répliqua le cuisinier en tendant la main vers un trousseau.

Comme le blond se dirigeait enfin vers l'escalier, l'épéiste haussa les épaules.

"Un peu plus, un peu moins..."


"Espèce de crétin, à quoi ça sert qu'on soit monté jusqu'ici…"

Zoro haletait contre le cou de son amant allongé sur le tapis de la chambre. Le cuisinier utilisait la force de ses jambes nouées au-dessus de sa taille pour amplifier les frottements de leurs corps enlacés et il commençait déjà à perdre la tête.

Etrangement, si Sanji avait pris la peine d'ouvrir normalement la porte, il n'avait brusquement pas pu attendre qu'ils atteignent le lit et il s'était jeté sur le sabreur qui avait fini par le faire tomber directement au sol après l'avoir débarrassé de son pantalon.

"Enlève ton tee-shirt, tête d'algue…"

Zoro se redressa tant bien que mal malgré la prise du blond sur lui et se débarrassa de son vêtement humide avant de replonger vers le torse frissonnant de son compagnon. Sa chemise était toujours largement ouverte et s'il en jugeait par ses joues rouges et son souffle irrégulier, celui-ci appréciait le jeu de sa langue sur sa peau blanche. Le bretteur sentit pourtant brusquement la puissance des jambes de son amant lui couper la respiration sous le coup de son plaisir et passée la stupeur, il ne put retenir un gémissement sourd : la flexibilité du cuisinier était un véritable aphrodisiaque.

"J'en peux plus, souffla-t-il, la voix chargée de désir.

- Reste pas planté là alors, murmura le blond en retour, tout aussi empressé. Passe aux choses sérieuses..."

L'escrimeur n'avait ni la force ni l'envie de se relever alors il planta ses dents dans l'épaule droite de son amant tout en faufilant sa main pour déboutonner son propre pantalon qu'il repoussa hâtivement sur ses hanches en même temps que son sous-vêtement. Cependant, à son geste, Sanji s'était arqué contre lui et il eut du mal à se retenir de gémir face aux frottements de plus en plus nets qu'il ressentait.

Le blond le repoussa néanmoins une seconde plus tard le temps de jeter son boxer un peu plus loin d'un geste impatient. Il noua ensuite de nouveau ses jambes au-dessus de la taille du sabreur qui se redressa légèrement sur ses genoux pour se positionner, caressant au passage les muscles redoutables qui l'encerclaient.

"Putain ce que t'es souple, cuistot…

- Je sais que ça t'excite alors profites-en", le pressa encore son compagnon, un sourire espiègle se mêlant à son souffle court.

Zoro avança doucement vers l'intimité de son amant. Il sentait que le blond était aussi fébrile que lui mais il n'en oubliait pas moins sa responsabilité. Dans ces moments-là, Sanji lui confiait son corps aussi bien que son esprit et le sabreur chérissait sa confiance en s'appliquant à trouver cet équilibre parfait entre la puissance de leur désir et la réalité de leurs corps : il ne voulait pas que la passion se transforme en une souffrance trop importante pour le cuisinier. Ainsi, alors qu'il s'appliquait à contenir son envie irrépressible de s'enfoncer immédiatement en lui, il chercha dans ses yeux la conduite à tenir. Sanji préférait se mordre la langue plutôt que de lui signifier qu'il y allait trop fort et Zoro ne lui faisait jamais remarquer que son visage et son corps trahissaient ses pensées. Son regard rivé au sien, il s'adaptait progressivement et il obtenait sa réponse sans qu'aucun mot ne soit prononcé, préservant ainsi leur fierté. Les soupirs exaltés du cuisinier et ses yeux bleus à demi-fermés étaient sa seule victoire. La plus belle.

Alors lorsqu'il vit le blond se mordre les lèvres pour s'empêcher de sombrer trop vite dans la jouissance, le sabreur laissa enfin sa véritable force s'exprimer et le mouvement de ses hanches s'accentua alors qu'il s'abaissait pour goûter une nouvelle fois sa peau brûlante. Au contact de sa langue contre son cou, son compagnon ne put retenir un gémissement lascif et les mains de l'épéiste s'enfoncèrent encore plus profondément dans le tapis au niveau de ses mèches blondes. Il ferma les yeux un peu plus fort. Il n'était plus capable de penser lorsque ses sens l'enivraient du plaisir de son amant. Ses sensations en étaient décuplées et le corps entre ses bras devenait son seul ancrage. S'emparant avec fougue des lèvres entrouvertes du cuisinier, il s'appliqua ainsi à se perdre plus encore en lui. Le désir impérieux qu'il ressentait se nourrissait de celui de son compagnon et tous deux s'entrainèrent rapidement vers le point de non-retour.

Le corps humide de pluie et de sueur, Sanji se cambra bientôt tandis que la main du sabreur sur son membre lui fournissait les dernières sensations dont il avait besoin. Il s'empara alors du visage du bretteur au-dessus de lui et déposa violemment ses lèvres contre les siennes pour mieux profiter de l'orgasme qui le secouait. En réponse, Zoro se raidit contre lui et ses derniers coups de hanche déclenchèrent sa propre jouissance qu'il étouffa dans la bouche du cuisinier en un gémissement rauque.

Il fallut plusieurs minutes aux deux amants pour que leurs souffles hachés se stabilisent enfin et que l'escrimeur se détache péniblement de l'étreinte chaude du cuisinier. Son pantalon toujours aux hanches, il s'assit sur ses genoux avant de pousser un long soupir défait.

"J'aime pas quand il faut qu'on bouge après…"

Sanji eut un petit rire tandis qu'il se redressait lentement sur ses avant-bras.

"Pourquoi tu peux jamais attendre qu'on rentre au Sunny alors?

- C'est toi qui m'as entraîné ici! se défendit l'épéiste.

- Toi, t'aurais carrément voulu le faire sous la pluie si je t'avais écouté", lui rappela le blond en le repoussant pour attraper ses affaires.

Zoro marmonna puis se releva pour rajuster son pantalon et boucler sa ceinture. Il se pencha ensuite pour repasser son tee-shirt, toujours grognon, lorsqu'un léger baiser sur sa nuque fit cesser ses plaintes. Il se retourna et détailla son amant qui avait remis son propre pantalon et cherchait à présent une cigarette. Son regard fut alors à nouveau attiré par la plaie au niveau de son front et il fronça les sourcils.

"Tu devrais montrer ça à Chopper."

Sanji n'eut pas le loisir de répondre car Zoro s'était détourné pour remettre ses sabres à sa taille et il hocha seulement la tête, un sourire entendu aux lèvres tandis qu'il repassait sa veste détrempée.

Tous deux connaissaient la puissance et la résistance de l'autre et ils ne se permettaient jamais de remettre en cause leur implication dans une bataille, aussi périlleuse soit-elle. Les remarques à demi-mots teintées de préoccupation leur suffisaient. La force de leurs étreintes après un combat aussi.


J'étais à la fois nerveuse et terriblement impatiente à l'idée de poster ce premier chapitre. Ca m'a fait drôle de ne plus avoir le rythme de En équilibre à respecter et m'y remettre a été un peu étrange aussi. J'ai beaucoup d'exigence concernant cette suite, comme toujours, et comme vous j'imagine. Je souhaite conserver le même ton mais j'y ajouterai aussi des sujets plus graves et des aspects plus sombres.

J'espère sincèrement que ce premier chapitre vous a plu, je voulais en faire un cocktail un peu détonnant pour vous remettre dans l'atmosphère du tome 1.

Il m'a été inspiré par la musique Shingeki St-Hrn de Hiroyuki Sawano (l'OST de l'Attaque des Titans), notamment pour la scène de combat avec Zoro et Sanji. Si ça vous dit de l'écouter pour vous mettre dans l'ambiance, je posterai désormais mes sources d'inspiration musicale.

En attendant vos avis, je vous dis à la semaine prochaine!