Je publie ce texte, une volée de mots écrits suite au final de La Casa del Papel, visionné la veille. Juste parce que ces quelques secondes, cette scène réellement émouvante entre Nairobi et Berlin, que j'ai toujours secrètement shippés, m'a tiré quelques larmes. Alors voici le fruit de tout ça.

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Hard Feelings x Lorde

Elle le détestait et le clamait haut et fort. Jamais Nairobi n'aurait pu agir autrement lorsqu'il affichait l'un de ses rictus insupportables, sa pute au creux du bras, se pavanant tel un roi avec sa cour. Constamment, il parvenait à la foutre en rogne et s'éclatait à la contempler exploser de rage, calme, rugir contre le monde entier et les échecs qui avaient assombri sa vie pourtant pas bien longue de jeune criminelle. C'était à peine s'il la prenait au sérieux, un peu comme un adulte avec une adolescente en crise.

Berlin ne la détestait pas et le taisait. Même si, au fond, il ne s'agissait pas vraiment d'un scoop au vu de sa santé mentale complètement déconnante qui réduisait en cendres tout sentiment inadéquat qu'il aurait pu ressentir face à la masse tremblante à ses pieds. C'était ce qui le rendait supérieur à ses comparses, davantage clairvoyant et maître de lui-même : cette ardoise blanche, du moins presque imperméable, qu'était son coeur. C'était sa liberté. La sienne, de pouvoir prendre la vie sans être crocheté par la culpabilité, tenir des jours et des jours de braquage sans craquer, faire face à une armée de militaires le sourire aux lèvres, sans crainte de mourir. Demeurait un attachement réciproque avec le Professeur, et c'était à peu près tout. Pourtant, pourtant, la sauvagerie dont faisait parfois preuve Nairobi, la simplicité avec laquelle elle pouvait fondre en larmes puis éclater de rire pour une connerie dans la même minute, le fascinait.

Il aurait même pu dire qu'il l'avait en affection. Il aurait pu.

Alors il lui riait constamment au nez, et elle s'énervait d'autant plus fort. Les murs de la Maison Royale résonnaient de leurs gamineries.

Elle le détestait tellement… Et pourtant voilà qu'elle pleurait.

Il s'était sacrifié au nom de leur cause et elle pleurait, inconsolable. Comme toujours, c'était tranquillement qu'il l'avait contemplée une dernière fois de haut, l'ombre de son éternel sourire sur le visage, et, pourtant, lorsque Helsinki avait refermé ses bras autour de la taille de Nairobi, qu'elle s'était débattue avec du chagrin plein les traits, c'étaient des larmes qu'elle avait discerné dans ces yeux toujours noirs et secs. C'était du regret.

Berlin aurait pu mettre en mots les sentiments oppressants qui serraient sa gorge. Il aurait pu étreindre cette femme encore un peu enfant, déverser des mains ardentes dans sa chevelure noire appelant à la luxure, l'embrasser, et qu'importe la police, et qu'importe Ariadna. Mais il ne l'avait pas fait. Il s'était contenté de la contempler disparaître dans les entrailles du tunnel et avait fait machine arrière, prêt à rire de la mort, sa mort, prêt à périr dans un feu d'artifice détonnant.

Et elle le détestait… C'étaient là les seuls mots qui avaient pu jaillir de sa bouche, « Je te déteste, JE TE DÉTESTE ! ». Parce que ça aurait été impossible de traduire ce à quoi son corps et sa tête aspiraient face à cet homme, parce que ça aurait contre-nature pour eux.

Alors, fermant les yeux lorsqu'une pluie de balles s'abattit sur lui, Berlin eut une dernière pensée.

Moi aussi, Nairobi.