Chapitre corrigé par Phika17!
Allez voir ses fictions, elles sont super!
Chapitre 1 : Commencement
POV Bella
Cela faisait déjà plusieurs jours que j'épluchais les journaux locaux en quête d'un travail et, comme à chaque fois, je faisais chou blanc. Soit je n'étais pas qualifiée pour, soit ils avaient déjà trouvé preneur, Dans ce cas enlevez les annonces bandes d'idiots ! ou l'annonce était plus que douteuse. J'avais vraiment besoin d'argent mais hors de question de tomber si bas. Je soupirai et repoussai rageusement mon journal de la table de cuisine de mon petit studio en plein centre ville de Seattle, qui ne serait bientôt plus le mien si je ne trouvais pas un boulot rapidement.
J'avais perdu mon ancien job il y a deux semaines, serveuse dans un fast food du centre, c'était mal payé, dégradant, crevant mais cela me permettait de me nourrir et de subvenir à mes besoins mais mon équilibre précaire et ma maladresse ont eu raison de moi, et la patronne m'a mise à la porte sans se poser plus de question. C'était vraiment ma veine sur ce coup là ! Depuis, le néant total sur ma recherche de travail. Pourtant, c'était pas faute de chercher, le peu d'argent que j'avais était réquisitionné pour acheter des journaux ou magazines spécialisés dans la demande d'emplois, si bien que la plupart du temps mon frigo pouvait faire concurrence avec le désert du Sahara.
Décidant que la journée ne pouvait pas plus mal commencer, je jetais mes papiers encombrants à présent dans la poubelle destinée à ce type de déchet et commençais mon ménage quotidien du samedi matin. Parce que c'était pas les voisins qui allaient le faire à ma place ! Je commençai à laver ma petite vaisselle de la veille et de mon petit déjeuner, faute de ne pas avoir de lave-vaisselle, époussetai le peu de meubles que j'avais en ma possession, passai l'aspirateur et finis par un passage obligé de la serpillière sur mon plancher aussi vieux qu'était l'immeuble. Vu que mon studio ne faisait que 30 mètres carré, cela ne me prit pas toute la matinée, comme je l'avais espéré mais tout juste 2h, ce qui ne m'arrangeait pas trop.
Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir faire pour passer les 3h qu'il restait avant que je ne sorte de chez moi ? Solution: s'affaler dans le canapé devant un téléfilm à l'eau de rose complètement débile à se morfondre sur son sort. Ça, j'étais douée ! Peu d'argent sur le compte en banque, signifiait peu de chaînes de télé mais je vivais avec, je n'étais pas une accro du monde moderne. La dernière chaîne s'avérait être la bonne car je tombais sur une série dont l'intrigue était aussi niais que les personnages eux-même. Tans mieux, je pourrai me morfondre encore plus sur moi-même comme ça.
Depuis mes premiers souvenirs d'enfance, je me souvins que la chance était rarement avec moi et, vingt-trois ans aprés, c'était toujours le cas. Avant d'aller vivre dans cette maudite ville que je détestais par dessus tout, j'habitais à Forks avec mon père, Charlie et mon grand frère de deux ans mon ainé, Emmett, dans une petite maison où j'avais vécu jusqu'à obtention de mon bac. Ma mère, Renée, était partie refaire sa vie avec mon beau-père, Phil, en Floride quand j'avais cinq ans et elle nous avait emmené dans ses bagages. J'avais bien aimé cette ville bien que je trouvais qu'il y avait trop de gens à mon goût mais ma mère nous faisait vivre un rythme d'enfer à cause de Phil. Joueur de base-ball assez médiocre, on avait l'habitude de déménager tous les six mois, d'une ville à l'autre, afin qu'il trouve une bonne équipe, éternel insatisfait. Lorsque j'avais treize ans et Emmett quinze, ce dernier décida que c'était la ville de trop et demanda d'aller vivre avec notre père à Forks. Ce dernier accepta aussitôt et les cinq ans qui suivirent furent les plus beaux et les plus joyeux que je n'avais jamais vécu. Nous n'avons plus jamais revu notre mère depuis et j'avais encore du mal à l'accepter, même aprés tant d'années passées. Après mon bac, que j'avais eu avec brio, j'étais partie à l'université de Seattle pour faire des études de lettres car ma passion était la littérature mais plus particulièrement l'écriture. Je passais mon temps libre à écrire des histoires quand j'avais le moral, ce qui n'était pas le cas en ce moment. Mon amie, Angela Weber, m'avait suivie pour ses études de vétérinaire, ainsi que son petit ami de lycée, Ben Cheney, étudiant en journalisme et, bien sûr, ma meilleures amie, Alice, pour ses études de stylisme. Angela et Ben ne se quittaient que très rarement mais j'étais plutôt contente pour eux.
Secouant la tête afin de ne pas ruminer sur le passé, j'allais prendre un déjeuner rapide et light avant de sortir voir ma meilleure amie pour une journée shoping, chose que je détestais surtout quand je n'avais plus que 2$ sur mon compte en banque, c'est-à-dire pas de quoi aller dans des boutiques de luxe. Malheureusement, le temps passa trop vite et mon interphone émit un petit bip sonore strident, m'annonçant que j'avais de la visite.
-Oui? Dis-je au bout du fil.
-C'est moi ! Dit la voix enjouée de ma meilleure amie. Tu as deux minutes pour descendre avant que je vienne te chercher par la peau des fesses, ma jolie, alors ne râle pas et dépêche-toi !
Et venir me chercher par la peau des fesses, elle en était capable ! Je ne répondis pas et allai chercher mon sac à main accroché sur une chaise de la cuisine. L'excitation de mon amie ne disait rien de bon parce qu'elle pouvait me traîner dans une vingtaine de boutiques en un temps record mais elle avait fait la mine à laquelle je ne résistais pas depuis mon enfance et j'avais accepté d'y aller, malgré moi. Je fermai ma porte déglinguée à double tour, le quartier n'était pas très sûr, et descendis sans grande conviction jusqu'au hall de mon immeuble de dix étages, l'ascenseur étant encore en panne mais je n'habitais qu'au troisième étage et je remerciais le ciel pour ça. J'eus la chance de ne pas croiser mes voisins aujourd'hui, Jessica Stanley et Mike Newton, parce que ces deux-là étaient à faire interner ! Lui me faisait des avances alors qu'elle me faisait des sous-entendus plus que douteux sur une possibilité d'invitation d'un soir en compagnie de son petit ami. Complétement dérangés, je vous le dis ! Arrivant en bas de l'immeuble, je pus voir à travers la vitre de la porte d'entrée mon amie d'enfance sautiller à ma vue et je levai les yeux au ciel pour son exubérance.
-J'ai failli venir te chercher, me dit-elle en guise de salut.
-Bonjour à toi aussi, marmonnai-je.
Elle ne répliqua pas et prit ma main avec brusquerie pour me faire marcher à son rythme. Comment ce petit bout de femme arrivait-elle à marcher aussi vite ? Tout en marchant, manquant plusieurs fois de tomber, elle m'expliqua ses journées d'études dans l'école de stylisme de Seattle où elle étudiait depuis deux ans.
-Tu te rends compte ? Si je mets au point la plus belle collection automne/hiver pour noël, j'aurai droit à un voyage à paris pour peaufiner mes acquis. Paris ! S'exclama-t-elle en tapant des mains joyeusement.
-Pour cela, il faudra que tu dessines la plus belle collection, dis-je dans mon infatigable défaitisme.
Elle eut un claquement de langue désapprobateur et balaya ma remarque d'un geste de la main, agacée. Je me sentis sourire à son geste. Alice Brandon, meilleure amie depuis le jardin d'enfant. Petit bout de femme de vingt-trois ans, tout comme moi, ressemblant à un lutin avec ses cheveux noir montés en pics soignés, ses yeux noirs, son mètre cinquante et sa bonne humeur ambiante. Si elle n'était pas là pour me soutenir moralement, ainsi que mon frère Emmett, j'aurais sauté d'un pont depuis un bon bout de temps. Sacrée Alice!
-Mais bien sûr que je vais dessiner la plus belle collection, qu'est-ce que tu crois ? Tiens, commençons par ce magasin !
C'était parti pour une après-midi de torture ! Mon but premier était de rester en retrait, la regarder s'amuser comme un enfant dans un magasin de jouets mais mon plan échoua lamentablement. Alice me prit la main avec une force inouïe et me trimbala dans toutes sortes de rayons de fringues que je ne pouvais et ne voulais pas m'acheter. J'avais tout juste pour finir le mois alors pour les à côtés, tchao à plus ! J'eus le droit aux tenues de soirée, alors que les fêtes et moi n'étions pas amies, tenues de semaine, du week-end, aux vêtements de nuit et je me figeai lorsqu'elle m'emmena vers le rayon lingerie.
-Je crois que je vais t'attendre là, marmonnai-je.
Elle se retourna vers moi et mit les mains sur ses hanches en mode: tu ne discutes pas et tu viens ! Je secouai définitivement la tête et fronça les sourcils de mécontentement mais avec un sourire amusé. C'est pas bon quand elle fait ça...
-Comme tu voudras, susurra-t-elle.
À mon étonnement, elle avança de sa démarche souple vers ces horreurs et je faillis faire la danse de la joie mais j'avais parlé trop vite, beaucoup trop vite...
-Bella ! Je sais que les culottes de grand-mère te plaisent mais je préfèrerais quand même que, lorsque je te déshabille ma chérie, tu sois un peu plus sexy !
J'écarquillai les yeux de stupeur et les clients et clientes de la boutique se retournèrent tous vers nous avec des mines surprises ou agacées. Non mais on est pas lesbiennes ! C'est ce que j'aurais dû crier dans tout le magasin mais, à la place, je capitulai et avançai dans ces rayons de malheur. Alice fit mine de rien, comme à son habitude, et chantonna gaiement entre les soutiens-gorge en dentelle (que je ne porterai jamais) et les ensembles en tout genre.
-Tu vas me le payer le nain ! Grondai-je toute rouge.
-La la la la la... sourit-elle.
Toute la journée, et je dis bien toute la journée, se passa comme tel, de magasin en magasin et de centre commercial à centre commercial. Lorsque vers six heures, nous fîmes un arrêt sur une terrasse d'un bar pour nous hydrater, je ne sentais littéralement plus mes pieds. Mon amie semblait être un pleine forme lorsqu'elle commanda nos boisons avec un sourire aguicheur au serveur qui ne savait plus où mettre les pieds.
-Le pauvre, murmurai-je.
-Il ne dira plus ça demain matin ! Se réjouit Alice.
Je levai les yeux au ciel avec un sourire. Ça, c'était du Alice tout craché mais j'avais peur qu'un jour tout ça retombe sur ses frêles épaules...
-J'ai bien le droit de m'amuser, non? Me demanda-t-elle.
-Je n'ai jamais dit le contraire mais je te serais reconnaissante si tu le faisais loin de moi.
-Et bien, tu ne sais pas ce que tu rates ma chère ! Mais c'est vrai que je parle à une fille qui n'a plus eu de copain depuis... Depuis combien de temps, déjà ?
-Très spirituel Alice, très spirituel...
Elle se mit à rire d'un rire cristallin quand le barman alias «la prochaine conquête d'Alice» nous rapporta nos boissons chaudes, deux cappuccinos, car le temps commençait à se rafraîchir drôlement pour le début du mois de septembre. Je vis Alice ranger une serviette avec un numéro dessus dans son nouveau sac, qu'elle venait d'acheter dans un des innombrables magasins où l'on était passé. Je ne sais pas comment elle pouvait faire cela, passer de l'un à l'autre sans se poser de question, personnellement, j'en étais incapable. Je n'avais eu qu'un petit ami dans toute ma vie, cela remontait à il y a un an et demi. C'était un vieil ami de la famille, j'avais presque grandi avec lui et puis, de fil en aiguille, et bien... notre relation s'était affinée. Il s'appelait Jacob Black, fils de Billy Black, le meilleur ami de mon père depuis toujours, et, de surcroît, excellent garagiste. Il avait été mon premier en tout et je l'avais profondément aimé jusqu'à ce fameux vendredi où j'étais rentrée plus tôt de mes cours de littérature. J'avais été d'une euphorie hors du commun en pensant que j'allais pouvoir profiter de Jacob plus rapidement que d'habitude mais il ne m'avait pas vraiment attendue. Lorsque j'avais ouvert la porte de notre chambre commune et bien... disons qu'il faisait des pompes au-dessus d'une des girouettes de la région, Lauren. Je passe les détails. Depuis ce jour, ma vie privée était aussi plate qu'une planche à pain, pas aussi distrayante et palpitante que celle d'Alice.
-Et, Bella, tu m'écoutes ? Me demanda cette dernière.
-Quoi ? Pardon... J'étais ailleurs, murmurai-je.
-Je disais, comment c'était ta recherche hebdomadaire de boulot?
-Aucun travail convenable dans le coin, je porte la poisse...
-Hé ! Regarde ce magasin ! S'extasia-t-elle en me coupant la parole.
-Alice, on a déjà fait presque autant de boutiques que Paris Hilton en un week-end, alors s'il te plait...
-Mais non, regarde idiote ! Il cherche une vendeuse et c'est urgent !
Je n'eus pas le temps de répondre qu'elle paya notre commande avec un billet de 10$, ce qui était plus que généreux pour ce que nous avions bu et elle m'embarqua sur le trottoir d'en face. Et bien putain, elle avait de bons yeux ma parole ! Effectivement, sur la boutique, il y avait bien un panneau de demande de vendeuse urgent. Pas le temps de ruminer, Alice franchit la porte d'entrée, qui sonna à sa venue, et m'attendit, impatiente.
-Bah, qu'est-ce que tu attends ?
-Euh... Oui, j'arrive...
Je fermai derrière moi et scrutai le magasin d'un regard curieux. C'était un commerce en bonne et due forme, assez spacieux dans l'ensemble, dans des teintes assez chaleureuses, des étagères remplies de vêtements assez modernes et des cabines d'essayage se fient voir de là où nous étions. Alice sautilla devant moi avec un regard gourmand sur des pulls couleur crème posés sur la première étagère en face d'elle.
Avec tout ça, je n'avais pas vu quelqu'un venir vers nous. Une jeune femme de mon âge, tout au plus, peau mâte, cheveux de jais coiffés en une tresse, des yeux en amande de la même couleur et sûrement des origines indiennes, tout comme mon ex-copain qui lui était Quileute. Alice la regarda avec un sourire et je compris qu'elle jugeait sa tenue vestimentaire plus qu'acceptable. Pantalon beige, petit pull noir à col roulé avec un collier argent par dessus et des escarpins assortis, habilles (choses ?) que je ne porterai jamais de ma vie.
-Bonjour, puis-je vous aider ? S'enquit-elle d'une voix douce.
-Bonjour ! La salua Alice alors que je m'apprêtais à parler en mon nom. Est-ce que nous pourrions voir le gérant, s'il vous plait?
-Euh... Oui, bien sûr, répondit la vendeuse un peu confuse.
Elle tourna les talons et disparut dans une autre pièce, me laissant seule avec Alice qui partait déjà à la découverte des lieux. Elle sautillai, de rayon en rayon alors qu'un mal de tête me prit soudainement à l'arrière du crâne et mes deux mains se planquèrent dessus pour soulager la douleur rapidement mais en vain. Je me mordis la lèvre pour retenir mon gémissement de souffrance lorsque le gérant ou plutôt, la gérante, fit son apparition et elle ressemblait à une boule de feu humaine. Ses cheveux d'un roux flamboyant dansaient autour d'un visage banal mais dur, et le tout accompagné d'une robe rouge qu'Alice détailla avec un froncement de sourcils. Ça ne devait plus être à la mode...
-Vous avez demandé à me voir ? Dit-elle d'une voix si douce que je n'étais même pas sûre que ce soit elle qui avait pris la parole.
-Oui ! Répondit encore une fois Alice à ma place. Mon amie ici présente v...
Elle croisa mon regard meurtrier et elle ferma la bouche aussi sec, comme un poisson. J'adorais Alice mais, des fois, l'envie de la passer par la fenêtre avec un coup de pied dans les fesses était tentant ! Cette dernière me fit un petit signe de la tête, capitulée ( consciente ?) de son erreur et je pris, enfin, la parole en mon nom.
-Excusez mon amie, elle est un peu dérangée mais grâce au médicament qu'elle prend le soir, elle devient aussi douce qu'un agneau mais la question n'est pas là. J'ai vu votre pancarte sur la vitrine et je me demandais si vous auriez trouvé quelqu'un ?
Pitié, pitié, pitié, faites que non ! J'avais besoin de ce boulot ! J'irai à la messe tous les dimanches s'il le fallait mais pitié... La patronne me regarda un instant alors que mon mal de crâne reprit avec plus de vigueur que précédemment. Je n'étais pas du genre à être malade et encore moins à avoir de la migraine. Je crois que le fait de ne pas forcément manger à ma faim me...
-Lundi 8h30, annonça-t-elle. Je vous prends pour une semaine d'essai, samedi compris. Je ne tolérerai pas de retard, ni de fainéantise et encore moins de sarcasme par vous, est-ce clair ?
Oh merci mon Dieu ! Mais pour la messe, je crois que tu peux oublier, désolée... Certes, ce n'était pas le travail que rêvait une fille tout droit sortie de ses études de littérature mais il fallait bien gagner son crouton de pain, alors ce job était une bénédiction.
-Oui bien sûr, répondis-je. Merci beaucoup, vous...
-Nous fermons, me coupa-t-elle. J'approfondirai le règlement ainsi que le contrat demain matin. N'oubliez pas, lundi 8h30.
Après un rapide au revoir à ma nouvelle collègue de travail et un magnifique vent par ma nouvelle bosse, je sortis du magasin avec une si bonne humeur que je crois que rien ne pourrait perturber la fin de journée, hormis cet affreux mal de tête qui persistait.
-Je l'avais mérité, dit Alice d'un air malheureux.
-Pardon ?
-De m'insulter de folle devant ta nouvelle patronne, je l'avais mérité...
-Mais non ! Souris-je en passant mon bras autour de son cou pour la faire avancer jusqu'à chez moi. C'est comme ça que je t'aime Alice !
J'étais de très bonne humeur, c'est vrai et puis, avec Alice, il était difficile d'être dépressif, une vraie boule d'énergie celle-là ! Comme à son habitude, lorsque nous franchîmes la porte de mon petit studio, elle pesta sur son teint terne et le fait qu'elle le trouvait trop petit à son goût. Mais c'était mon appart, merde !
-Pourquoi tu ne veux pas vivre avec moi ? Mon apparemment est assez grand pour deux et beaucoup mieux décoré que le tien...
-Je ne savais pas que tu passais un examen de décoratrice d'intérieur Alice ! Merci de me prévenir !
-Mais non, Bella, mais tu sais ce que je veux dire.
-Oui, je le sais mais j'aime bien le coin.
-Comment peux-tu aimer ce trou à rat ? Et puis je suis sûre que les rats ont meilleur goût que ça ! Regarde tes fringues et cet appart déprimant ?
Je commençais à perdre patience là, il y avait des limites à mon self contrôle et, si elle continuait, elle le franchirait sans s'en rendre compte. J'aimais Alice, c'était comme la sœur que je n'avais jamais eu mais, des fois, son manque de tact ou de discrétion me mettait à cran surtout quand j'avais ce fichu mal de crâne à la noix ! Qu'est-ce qui ne clochait pas chez moi, encore ?
-Écoute Alice, commençai-je aprés avoir pris une bonne inspiration, c'est gentil que tu t'inquiètes pour moi mais je vais bien, d'accord ? J'aime cette appart' pour rats ou tu sais quoi ? Les fringues que je porte sur mon cul aussi ! Alors tu serais plus utile si tu me disais que tu avais une aspirine dans ce fichu sac à 70$ que tu viens de t'acheter, s'il te plait.
Au lieu de m'en vouloir à mort pour mes paroles, de les méprendre ou encore de claquer la porte comme une furie, mon amie me fit un grand sourire et fouilla dans son sac ou plutôt, dans son bordel. Elle était une pharmacie ambulante cette fille !
-Tiens,dit-elle en me tendant un cachet d'un aspect poudreux qui me donnait déjà la bile tellement sa vue me répugnait.
-Merci, soupirai-je en prenant un verre que je remplis au robinet de ma cuisine.
J'attendis un moment avant que l'aspirine se dissolve et l'avalai cul sec, grimaçant à cause du goût. Je secouai la tête en revenant vers Alice qui me détailla étrangement.
-Quoi ? Dis-je timidement.
Je n'aimais pas qu'elle me regarde comme ça, ça me faisait peur.
-Oh rien. Juste... Enfin ce n'est pas le moment. On dîne chinois ce soir ?
Après le dîner chinois improvisé chez moi et payé par Alice, alors que je l'avais presque suppliée de me laisser payer bien que mes revenus actuels me l'interdisaient, nous nous affalâmes sur mon canapé dur comme du béton devant un film à l'eau de rose que je suivais à peine. Mon mal de tête persistait malgré la deuxième aspirine ingurgitée et je n'arrivais pas à me concentrer sur le film aussi idiot fut-il. Alice parla pendant presque toute la soirée, elle non plus pas concentrée sur le film, ce qui m'empêcha de répondre à ses questions que je n'écoutais pas non plus.
-Bella, tu m'écoutes ? S'énerva-t-elle.
-Désolée, j'étais ailleurs, murmurai-je.
-Je disais que ta patronne était assez bizarre mais je vois que tu t'en fiches complétement, bouda-t-elle.
-Excuse-moi, c'est mon mal de crâne...
-J'ai vu ça ! C'est sûrement de la fatigue ou tous les traquas que tu as eus ce mois-ci. Je vais te laisser dormir, aprés tout, demain, tu as ta première journée de travail !
L'excitation d'Alice me donnait la nausée mais, par chance, celle-ci n'en vint pas à bout. Elle prit son sac, sa veste et je la raccompagnai jusqu'à la porte d'entrée.
-Merci d'être restée avec moi ce soir, dis-je, et... désolée de t'avoir fait rater un rendez-vous.
J'avais complétement oublié le serveur du bar de tout à l'heure mais peut-être qu'elle en avait parlé pendant son incessant monologue... Ce mal de crâne m'emmerdait !
-Pas grave, il n'avait pas l'air d'être un bon coup de toute façon, sourit-elle. Je passerai te voir demain au boulot ! Bonne nuit !
-Bonne nuit Alice, chuchotai-je.
Je fermai la porte, avec un soupir de soulagement devant cette tornade brune et m'affairai dans la cuisine pour débarrasser les reliefs de notre dîner. Je me faufilai dans la salle de bain, brossai mes dents, mis le premier pyjama qui me passa sous la main et allai m'effondrer dans mon lit, seul luxe dans mon studio minable, aprés avoir pris une énième aspirine. Je me mis en chien de fusil tout en massant mon crâne endolori et complètement en vrac. Après avoir compté les moutons et d'être arrivée jusqu'à 150, ma tête devint lourde et je tombai dans un drôle de sommeil.
