[ Ace est réputé pour pouvoir s'endormir n'importe où. De là est née cette idée de fiction : raconter des morceaux de l'histoire d'Ace, entre rêve et réalité...

Ne pas s'attendre à beaucoup de chronologie, ni même d'unité ou de 100% canon. Je vous remercie d'avance de lire. Une review est toujours un soutien moral énorme, positive ou négative :x

L'univers de One Piece ne m'appartient pas, cette fiction, si :] ]


East Blue, Ile de Dawn, village de Fuchsia – Adolescence d'Ace

— Ohé, Ace ?

Le plus âgé des deux garçons, occupé à tailler un bâton en forme de pieu, ne sembla pas entendre.

— Ace… Ace !

— QUOI ? Fit brusquement l'adolescent en se tournant vers Luffy, lui aussi occupé à maladroitement se fabriquer une arme de fortune. J'espère que tu vas pas encore me saouler avec tes pleurnicheries, parce que…

— T'as bien dormi ?

Interdit, Ace s'arrêta momentanément de bouger.

— Tu parlais dans ton sommeil. Dadan m'avait dit de te réveiller pour l'aider, mais tu pionçais comme une brique. T'as fais un cauchemar ?

Ace garda quelques instants le silence avant de répondre avec humeur, vexé qu'on l'ait observé dans ce moment de vulnérabilité qu'était le sommeil.

— Raconte pas n'importe quoi. Je rêve jamais. Et je parle pas. Ajouta-t-il.

— Ma-…

Portgas lança un regard noir au rejeton du révolutionnaire avant de reporter son attention sur sa tâche.

— Et… Tenta de nouveau Luffy avec curiosité

— Allez, retourne à l'intérieur ou j'te fous une rouste ! Cria Ace en brandissant sa lance.


[...]

— Il était tellement épuisé qu'il s'est effondré sur le premier fauteuil qu'il a vu… Chuchota Makino.

Dadan secoua la tête, les poings sur les hanches.

— C'est vrai qu'il s'endort n'importe où, ce morveux… j'vais finir par même plus le chercher.

Dans le fond de la pièce, Ace ronflait profondément, le visage inhabituellement crispé.

— Il a toujours fait ça, demanda Makino à voix basse, montrant de la tête le garçon qui remuait les lèvres, ou peut-être qu'il a mangé quelque chose de pas frais ?

Dadan haussa les épaules tout en secouant énergiquement sa massive chevelure orange. Elle écrasa sa cigarette avant de répondre.

— Nan, le marmot a l'sommeil profond mais agité. (Elle vida son verre) J'le soupçonne de dormir de moins en moins avec nous à cause de ça, tiens. Quand l'était encore petiot, il m'racontait ses rêves… après c'est devenu ce fichu gosse rebelle et il a arrêté.

Pensive, Makino frottait une bouteille empoussiérée.

— On guérit du sommeil ? Demanda-t-elle presque pour elle-même.

Elle ne se souvenait jamais de ses songes, elle. Peut-être n'en faisait-elle pas.

— Aucune idée, fit Dadan en reprenant sa veste. Va savoir ce qu'il voit… Et tu lui diras de venir demain à sept heures tapantes, hein ! Lança-t-elle derrière son épaule. On meurt pas de ses rêves, mais par contre d'un foutu caractère…


? - Plusieurs années plus tard

Oh. Déjà ?

Le temps que le monde autour de lui se stabilise, il lui fallait émerger.

Il n'y avait personne, aujourd'hui. Pas un seul de ses amis. Ni même la tête d'ananas. C'était paisible et silencieux — un état qu'il n'avait pas connu depuis longtemps dans l' « autre » endroit. Il paraissait être baigné dans une couleur chaude et agréable, comme une lumière diffuse. Tout était flou.

Il ferait probablement mieux de réfléchir à un nouveau moyen de tuer le vieillard.

Ace tenta soudain de bouger. Il soupira de soulagement. Il pouvait. Il se leva. Il marcha, les mains dans les poches.

Peut-être une arme à feu pourrait faire l'affaire, il avait vu Satch en sortir sous ses yeux de la réserve, insouciant, comme tous depuis le début de son arrivée sur ce maudit navire. A croire qu'ils le craignaient vraiment si peu…

— Raaaaaah ! Hurla-t-il dans le vide en balançant une gerbe incendiaire à destination d'un Barbe Blanche imaginaire.

Il se retourna soudain, croyant apercevoir une silhouette familière au loin. Si ses yeux ne le trahissaient pas, c'était bien…

— Ohé, Deuce ! S'époumona l'homme au Mera Mera no mi avant de s'élancer dans la direction de son camarade.

— Deuce ! C'est moi !

Ace avait beau courir de toutes ses forces, il était quasiment certain qu'il ne s'approchait pas. Cependant, la dégaine de l'individu sembla peu à peu plus nette : c'était bien Deuce, ses cheveux bleus qu'on reconnaissait à des kilomètres.

Il ne m'entend pas ? Songea Ace en accélérant de plus belle.

En plissant les yeux, le jeune homme commença à distinguer d'autres ombres, qui devinrent progressivement des corps, autour du premier : des corps qu'il connaissait.

C'était l'équipage du Spade au complet.

Une joie sans pareille s'empara des entrailles d'Ace. Ses hommes étaient là, comme s'ils l'attendaient. Sans savoir pourquoi, des souvenirs heureux passèrent devant son regard. Il y avait les premières péripéties de l'équipage, l'arrivée de nouveaux membres, les victoires, la vie de pirate, insouciante et tumultueuse, qu'ils avaient menée ensemble…

Il avait péniblement réussi à se rapprocher du groupe lorsqu'une vive douleur le saisit aux deux jambes, stoppant net sa course. Il ne parvint pas à reprendre son sprint. Ses jambes étaient devenues du plomb, elles s'étaient enracinées dans le sol.

L'équipage était à une vingtaine de mètres.

— Ohé !

C'est impossible… Ils doivent bien me voir, m'entendre !

— Ah… Ah… Ah…

Essoufflé, Ace s'était appuyé sur ses genoux. Ils étaient tous là, dix-neuf au total, disposés en cercle. Ils avaient l'air sérieux, et Deuce et Skull leur parlaient, debout. Ace pouvait bien hurler, aucun ne cillait. Comme s'il n'était pas là. Comme s'il y avait un mur entre eux.

Soudain, il se rendit compte que Deuce le regardait dans les yeux.

C'était étrange, comme sensation : Ace n'avait plus regardé ses nakamas depuis qu'ils étaient bloqués sur le foutu navire de l'autre sénile.

Il demeura figé, bouche ouverte, sans plus pouvoir esquisser le moindre geste.

Deuce semblait être le seul à avoir conscience de sa présence, mais il ne semblait pas pressé de le faire remarquer aux autres.

C'est donc ça, notre capitaine…

Quoi ? Mais Deuce n'avait pas ouvert la bouche…

Lisait-il dans ses pensées ?

Ace eut l'impression qu'on lui tournait une dague dans le cœur, et cette expérience lui semblait drôlement familière.

Tout ça pour ça… C'était de la frime…

Alors c'est comme ça que s'arrête l'histoire de l'équipage du Super Rookie…

Deuce le regardait fixement, les autres ne voyaient rien, et Ace croyait pouvoir lire dans ses yeux des sentiments qu'il redoutait plus que les quatre grands empereurs réunis.

La déception. La honte. La rancœur. La désillusion.

— Deuce… Laisse-moi venir ! A quoi tu joues ? Bafouilla Ace.

On avait confiance en toi… Mais tu es trop impatient, trop insolent, et au final, tu échoues souvent, Ace.

Ace était pétrifié.

Et c'est ainsi… que l'équipage du Spade d'Ace aux poings ardents devint un sous-fifre de Barbe Blanche…

Quelle belle aventure.

— Attends, Deuce ! Vous m'en voulez à ce point ?

Il n'avait jamais vu Deuce si sombre, si froid, si dépourvu d'espoir et d'humanité.

— J'ai essayé… !

Aucun équipage n'a de grand destin en devenant le subordonné d'un autre… La barre était trop haute… On t'a un peu surestimé, Ace, désolé… C'est aussi notre responsabilité… Tout le monde ne peut pas réussir…

— Deuce !

Mais maintenant ils s'éloignaient, Deuce ne le regardait plus, et il voyait des ombres autour de lui tandis que l'équipage l'abandonnait… Seul… Du sable était apparu sous ses pieds.

Il entendait des rires, et l'un d'entre eux lui semblait familier.

Ace fit volte-face. Barbe Blanche aurait dû être là, il avait reconnu sa voix insupportable.

— Attendez !

Mais quand Ace se lança à la poursuite de son équipage, il trébucha inexplicablement et s'écroula, incapable de se relever.

Il était incapable de se relever, tout comme il était incapable d'être à la tête d'un équipage, après tout.

— Cet enfoiré…

C'était décidé, comme des dizaines de fois depuis des jours : demain il tuerait le vieux, seul, et les Spade pirates reprendraient leur chemin sur la route de tous les périls. Il le tuerait avec le plus de souffrance possible s'il en avait l'occasion, lui ferait miroiter ce que c'était que de décevoir les siens, de voir son destin s'effondrer sous ses yeux… Cette branche croulante ne pouvait pas être si coriace… Il ne s'y prenait pas assez méthodiquement, voilà tout…

Et seul dans cette immensité blanche, il voyait Barbe Blanche partout, mourir étouffé, noyé, poignardé, fusillé, électrocuté, brûlé ou estropié de ses mains de feu, sans plus pouvoir déceler le vrai du faux, ce qui était en son pouvoir de ce qui relevait de sa haine.

Je te ferai voir… Que tout n'est pas si simple… Que tu pourrais crever aussi simplement que tu nous as vaincus… Ordure finie…

Et à chaque fois qu'il faisait ce rêve, il se réveillait avec un nouveau souffle vengeur, animé d'une hostilité toujours plus ardente que la veille depuis qu'ils étaient là, Deuce n'osait s'approcher de son ami, ne reconnaissait plus cet être torturé et belliqueux que devenait Ace en ouvrant les yeux sur le pont du Moby Dick.


[ Voilà pour le premier chapitre... Il me paraissait évident que la cuisante défaite du Spade face à Barbe-Blanche ne pouvait qu'avoir été vécue négativement par Ace. D'autant qu'il reste un bout de temps dans le déni de la proposition de l'homme le plus fort du monde, preuve d'un sentiment de culpabilité persistant... La haine qu'il lui portait pendant qu'il cherchait à l'assassiner devait bien avoir une source, et se répercuter dans son sommeil. Notez que les rêves ne sont pas tenus de respecter les traits de caractère de certains personnages, étant le reflet de sentiments intérieurs parfois injustifiés ou contradictoires... Ou de simples délires... Samarlis, en attendant la suite... ]