NdA : Cette fic a été écrite il y a quelques temps déjà, sur une idée de challenge lancée par Artémisia, à savoir un chevalier se rend souvent sur une tombe, et à nous de faire le reste. Celle-ci m'a donné du fil à retordre, j'ai fait et redéfait sans arrêt mon plan, car ça ne collait pas. Mais pour finir, je pense le cheminement est assez bon.
Cette fic se situe juste après la bataille des 12 maisons, et Mu et Shaka vont se prendre pour Holmes et Watson.
La tombe sans nom
Depuis plus de 10 ans que le Grand Pope du Sanctuaire d'Athéna faisait ses visites régulières dans les villages voisins, plus personne ne se posait plus de questions. C'était devenu une habitude. Cependant cela était quand même curieux qu'il passe du temps, seul chaque fois, dans le cimetière de Rodorio. Personne n'osa jamais lui poser la question.
XXX
Un jour comme les autres au Sanctuaire…
- Gigar !! Hurla le Pope de sa voix de stentor en cherchant son majordome dans tous les recoins du palais.
- Je suis là, votre ignominie ! s'efforça de répondre Gigar en sortant de son bureau, vert de peur comme à chaque fois que son maître hurlait.
La haute silhouette imposante du grand Pope apparut soudain devant lui.
- Tout est prêt pour ma visite au village ? Tu as bien la liste des gens que je dois voir ?
- Tout est fin prêt, votre grandeur, nous partons quand vous voulez.
- Très bien…
Il disparut aussi soudainement qu'il était apparu dans un bruit de froissement d'étoffe. Gigar souffla et essuya la sueur qui lui dégoulinait du front. Une petite pointe de douleur aigüe lui tirailla l'estomac. S'il continuait comme ça, il serait bon pour l'ulcère.
Le grand Pope faisait sa tournée entouré de ses gardes et de son majordome, et comme à l'accoutumée, c'était un évènement dans les villages visités. Les enfants couraient partout en criant et en riant et les rues étaient encombrées des curieux désireux de voir de leurs yeux la plus haute autorité du Sanctuaire. Devant son imposante stature, les hommes devinaient un guerrier puissant sous cette robe ample, et les femmes rêvaient de voir au moins une fois le visage que cachait son masque.
En début d'après midi, une fois la tournée faite, les gardes et Gigar attendaient assis à l'ombre d'un grand platane que le pope sorte du cimetière dans lequel il ne manquait jamais de passer. Gigar se demandait bien ce qu'il allait y faire. Une visite aux vivants et aux mourants passe encore, mais une visite aux morts ne rimait plus à rien. Mais bon, tant qu'il était dans ce cimetière, au moins il avait la paix et il pouvait se reposer.
- Qu'est-ce qui m'a pris d'accepter ce poste ? se demandait-il souvent.
Le lendemain de la visite, Gigar restait intrigué. Il se demandait bien pourquoi, au bout de bientôt 13 ans sans se poser la moindre question, ce vieux cimetière ne lui sortait plus de la tête depuis la veille. Il se rappela la première fois où le Pope s'y était arrêté. Il lui avait osé lui poser la question… la colère dans laquelle était entré le Pope ce jour là, il s'en souvenait encore aujourd'hui.
Il décida d'en avoir le cœur net et après s'être assuré qu'on n'aurait plus besoin de lui au palais, il se rendit au cimetière, en faisant attention de ne pas se faire remarquer.
Le vieux cimetière de Rodorio était un endroit paisible et très agréable, à l'ombre de grands platanes et de cyprès. Le Pope y entrait toujours seul, aussi, il ne savait pas trop ce qu'il cherchait. S'il y avait quelque chose à chercher ! Il pouvait aussi venir uniquement pour la tranquillité et la beauté des lieux, s'asseoir sur un banc et regarder les feuilles mortes et les vieilles pierres tombales envahies par la végétation. Il était tout de même évident que ce lieu recelait quelque chose de vraiment étrange. Gigar ne se l'expliquait pas, il n'était pas chevalier, pourtant il sentait comme une faible vibration venir de l'une des tombes. Il fit le tour de l'endroit deux fois en s'arrêtant sur la majorité des tombes pour trouver celle qui pourrait intéresser le Pope. Son deuxième tour presque achevé, il commençait à se demander s'il n'avait pas imaginé tout ça, l'étrangeté des lieux, la vibration, pouvaient venir de son esprit fatigué. Puis il la vit, une tombe bien cachée, plus petite, mais plus récente que toutes les autres. Il s'approcha doucement, de peur de voir peut être la pierre se soulever pour laisser sortir un mort-vivant, et sentit la faible vibration. Il ne doutait plus, c'était bien cette tombe. Mais autre chose l'intriguait, la pierre était vierge de toute inscription.
XXX
Mu regardait le sanctuaire en ruines, du haut de la terrasse du palais du Pope, en compagnie de son disciple. Les 24 dernières heures avaient été de loin les plus pénibles de son existence. Il avait encore du mal à croire que ce qui s'était passé avait vraiment eu lieu. Les chevaliers d'or venaient enfin de reconnaître la légitimité de Saori Kido, comme la réincarnation d'Athéna, du moins le peu de chevaliers qu'il restait ! 5, sur les 12 ! Un véritable gâchis, causé par la folie meurtrière d'un seul homme, Saga des gémeaux, un nom désormais maudit sur la terre sacrée.
On venait d'enterrer les corps des chevaliers morts, ceux qu'on avait retrouvés, et déjà de sourdes protestations pointaient : - Athéna a bien ressuscité les chevaliers de bronze, elle aurait pu en faire autant pour les chevaliers d'or dupés par Saga. Mu devait bien admettre qu'au fond de son cœur il ressentait la même chose, mais en conscience il ne pouvait donner tort à la déesse.
Il se remémorait l'étrange sentiment de malaise qu'il avait ressenti devant la tombe de Saga, qui était vide, car étrangement le corps de ce dernier avait disparu en poussières dès que le sceptre de la déesse lui avait transpercé le ventre. Le chevalier des gémeaux était-il vraiment mort ? Pourtant l'identité du fou qui avait attenté à la vie d'Athéna et presque tué les chevaliers de bronze, ne faisait aucun doute, puisqu'il portait l'armure d'or. Et pourtant…
- Maître…
Il fut tiré de sa rêverie par Kiki qui le regardait de ses grands yeux bleus.
- Vous croyez que Saga est mort ? Je veux dire, bien mort.
- Oui, je le crois. Son cosmos a complètement disparu, et Castor et Pollux ont cessé de briller la nuit dernière.
- Oui, mais son corps ?
- Je ne sais pas !
Il rit en voyant l'expression de surprise sur le visage de son disciple : - Je ne sais pas tout !
