Wild Nature
Disclaimer
: all characters belong to Tom Harris. Just borrowing them.Chapter 1: The Crash
Clarice posa la tête contre la vitre et regarda le magnifique paysage défiler sous ses yeux. L'avion survolait une étendue sauvage où la forêt s'étendait à perte de vue, ponctuée parfois de lacs gigantesques. Le relief escarpé était à couper le souffle, mais cette vision enchanteresse ne parvenait pas à envoûter la jeune femme, assise à côté du pilote.
Pour la énième fois du vol, elle jeta un coup d'œil par dessus son épaule à l'homme menotté, endormi entre deux policiers canadiens. Les ecchymoses qu'il portait au visage attestait de la brutalité de son arrestation à l'aéroport de Calgary et la révoltait. Il avait fallu pas moins de 6 hommes pour le maîtriser. Le ruer de coups pour éviter d'être mordu n'avait été qu'une excuse pour se défouler sur lui.
Quand Clarice était arrivée à Calgary trois jours plus tôt, elle l'avait trouvé menotté et sanglé dans une camisole, incapable de bouger. Personne n'avait pris la peine de nettoyer ses blessures et son visage était couvert de plaques de sang séché. Elle avait immédiatement demandé un médecin mais ce dernier avait refusé de pénétrer dans la cellule. En colère, Clarice avait fini par entrer dans la petite pièce. Hannibal Lecter n'avait jusque là pas prononcé un mot. Deux policiers se tenaient à l'extérieur, leurs armes pointées sur lui.
" Docteur Lecter ? Je vais vous soigner. Je vais d'abord vous débarrasser de votre camisole. Si vous faites un geste déplacé, ces messieurs à l'extérieur n'hésiteront pas à tirer... "
Il lui retourna un regard indifférent qui lui serra le cœur. Elle le regarda droit dans les yeux.
" ... Je n'ai pas envie qu'on en arrive là... " dit-elle en insistant sur le 'je'. " ... alors tenez-vous tranquille, et tout se passera bien. Ok ? "
Il ne répondit pas. Le voir ainsi réduit à l'impuissance et humilié révoltait Clarice. Elle savait à quel point son ego devait être blessé. Clarice l'aida à s'asseoir et enleva la camisole. Elle prit ensuite la trousse de soin et lui nettoya le visage méthodiquement. Clarice essaya de ne pas penser à lui et évita son regard perçant en se concentrant sur chacune de ses blessures. Pendant tout ce temps, il ne la quitta pas des yeux.
" Docteur Marlowe ? Je pense que le Docteur Lecter a besoin de points de suture à l'arcade sourcilière gauche. Vous pouvez venir voir, s'il-vous-plaît ? "
Le médecin pénétra enfin dans la cellule et s'approcha en restant à distance respectable de Lecter. Il examina brièvement la blessure et hocha la tête. Il sortit une lampe de poche et s'approcha pour examiner les pupilles d'Hannibal.
" Vous pouvez enlever votre chemise ? "
Hannibal Lecter obtempéra à contre-coeur. Clarice se mit à frémir à la vue des hématomes énormes qui apparaissaient sur son torse. Son expression fugitive n'échappa pas à Lecter. Le docteur Marlowe examina sérieusement cette fois les contusions et palpa un endroit particulièrement gonflé.
" C'est douloureux ? "
Aucune réponse. Lecter lui renvoya un visage impassible. Le Docteur Marlowe secoua la tête doucement.
" Question idiote... évidemment que c'est douloureux... "
Il se releva et se tourna vers le shérif.
" Shérif, je veux le mettre en observation à l'hôpital. "
" Pas question ! Nous avons ordre de ne pas le laisser sortir d'ici avant que les équipes d'intervention ne le prennent en charge. "
" Il doit être soigné. Outre les coups qu'il a reçu sur le corps, il a un traumatisme crânien. Vous n'avez pas envie qu'il vous fasse un coma dans cette cellule ? "
Le shérif bougonna quelque chose et regarda Clarice de travers. Il la tenait pour responsable.
Bien sûr, elle avait remis le shérif à sa place. Hannibal Lecter avait été transféré sous haute surveillance dans l'infirmerie d'un autre pénitencier où son arrivée fit grand bruit. Les autres détenus voulaient voir ce prisonnier hors du commun.
Lecter s'était muré dans le silence. Même Clarice n'avait pu lui arracher un mot et elle avait tout tenté. Elle avait fait preuve de compréhension avec lui et l'avait presque cajolé. Sans résultat. Excédée à un moment, elle l'avait menacé, tout en sachant que c'était inutile. Elle avait même fini par aborder l'épisode de Chesapeake. Aucun effet. Il la regardait avec indifférence et retournait invariablement à son dessin : la rosace ouest de la Cathédrale Notre Dame à Paris.
Cette indifférence faisait mal à Clarice. Elle tentait de cacher ses frustrations, mais elle savait qu'il savait. Et cela la rendait furieuse. Et il savait qu'elle était furieuse.
On avait préparé le retour du Docteur Lecter aux USA. Une cellule dans une prison d'état l'attendait. Evadé récidiviste, cette capture signifiait la mort par injection pour lui dans les plus brefs délais. Clarice essayait de ne pas y penser et se répétait qu'elle n'avait fait que son travail en le traquant. Mais les agneaux hurlaient. Depuis trois jours, elle ne dormait plus...
L'avion spécial qui devait transporter Hannibal Lecter eut une panne sérieuse en arrivant à Calgary. Le temps pressait et la décision de transporter le Docteur Lecter à Toronto fut prise. On prépara le seul avion disponible sur un petit terrain privé, à l'abri des journalistes. Il y avait beaucoup de policiers au sol au départ et il y en aurait beaucoup à l'arrivée. Dans l'avion, ils ne seraient que deux avec Clarice qui avait la responsabilité de son prisonnier.
L'avion survolait à présent une région isolée. Le pilote avait dû faire un détour pour éviter les flux migratoires des oiseaux en accord avec les autorités. Epuisée, Clarice éprouvait l'envie de dormir, tout en sachant que son sommeil serait agité. Elle ferma les yeux et se laissa gagner par la torpeur quand elle entendit le pilote jurer.
" Qu'est-ce qui se passe ? "
" Vous voyez les points noirs devant nous ? Ce sont encore des oiseaux... Ils sont des milliers. Normalement, à cette période de l'année, ils ne sont pas autant au sud. Il faut que je les évite. "
Le pilote vira de bord et refit la même manœuvre plusieurs fois. Il s'apprêtait à avertir les autorités de son changement de cap quand le drame survint. Le petit avion fut percuté par des oiseaux. Aussitôt, le pilote perdit le contrôle de l'appareil qui piqua du nez vers le sol. Un oiseau traversa le cockpit et percuta violemment le pilote qui s'affaissa, inconscient ou mort.
Clarice poussa un hurlement et tourna la tête vers l'arrière. Hannibal Lecter la regardait. Les deux policiers canadiens se détachèrent et se levèrent pour reprendre le manche. Le corps du pilote bascula sur les commandes au même moment et l'avion vira brutalement à droite, envoyant les deux hommes percuter la porte. Sous le poids, la porte ne résista pas et les deux policiers furent éjectés à l'extérieur. Hannibal Lecter ne dut son salut qu'à sa ceinture de sécurité. Il hurla par dessus le vent.
" Clarice ! Les commandes ! "
Clarice poussa le pilote et récupéra le manche. Un des moteurs produisait des ratés depuis le choc. Ils tombaient inexorablement.
" Poussez les gaz ! "
" Quoi ? "
" Les gaz !... la manette sur votre droite ! "
Le moteur droit s'arrêta de fonctionner.
" Moteur droit en rade ! "
" Essayez de le rallumer... Le bouton rouge à droite du manche ! Vite ! "
" Ça ne marche pas ! "
Le moteur gauche s'éteignit et tout fut silencieux, hormis le vent qui s'engouffrait dans l'appareil.
" Tirez sur le manche à fonds ! "
L'avion poursuivit sa route en perdant de l'altitude et en perdant de la vitesse. Il piqua du nez... vers un lac !
" Accrochez-vous ! " cria la jeune femme.
L'avion tomba et percuta avec violence la surface du lac. Sous le choc, Clarice perdit connaissance.
... A suivre...