« Entre la vérité et le mensonge »
« Dans un monde où le sang royal reflète l'argent, l'élégance et le pouvoir – gouverner demande une grande responsabilité. Pourtant, bon nombre vont essayer d'accomplir ce devoir – celui d'être roi – d'être reine – d'être prince, ou d'être princesse… cependant des obstacles s'accumulent certains veulent abandonner, d'autres survivent en s'accrochant tandis que la cruauté des envieux n'est jamais loin….
Pas d'entraide. Juste un caractère forgé par une éducation de haute lignée – où rivalité, amour, amitié et pouvoir coexistent. »
Hey ! Hey ! Hey !
Vous allez bien ? Oui, je démarre enfin une nouvelle histoire… enfin nouvelle – celle-ci trotte dans ma tête depuis presque plus d'un an. J'étais tellement PRESSEE de la publier que je n'ai pas vu l'ampleur que ça demandait. Le concept est assez tordu, dans un sens où je suis partie sur au départ, d'un truc « basique » pour obtenir un monstrueux bordel... m'enfin ne vous en faites pas, je démarre cette histoire en ayant déjà, et précisément la fin en tête ! (non je ne publie pas cette fanfic comme ça – la construction est depuis longtemps terminée). Sinon pour le titre… ouais, je n'avais absolument pas d'idée donc j'ai choisi ça comme ça… c'est niais, pas original, mais bon – j'avais « Par delà le bien et le mal » en tête – mais je n'avais tellement pas envie de retomber dans Nietzsche que j'ai fini par choisir ça.
Enfin, je suis contente de poser le pied dans le fandom d'Haikyuu… Bien que je sois super sceptique – j'ai l'impression que ce fandom est vide xD.. – il y a des français ici ? (si oui, commentez svp, je me sens tellement seule…)
Bref, l'histoire que je vous écris à présent est un univers alternatif :
Ce sont plusieurs « histoires » plus ou moins entrecoupées mais liées entre elles. Je n'ai malheureusement pas une plume sensationnelle mais j'espère au moins parvenir à vous raconter quelque chose. Sur ce je vous souhaite une excellente lecture !
PS 1 : Il est probable que la longueur des chapitres diffère énormément selon les évènements. (Là il y a 7000 mots (histoire que vous puissiez avoir le contexte de l'histoire) mais il se peut que ça redescende à 1500 au chapitre suivant – je ne m'impose pas une longueur particulière – mais « attends » le moment opportun pour m'arrêter.)
Crédits : Les personnages appartiennent à Haruichi Furudate. Seuls quelques personnages secondaires m'appartiennent.
Personnages apparaissant dans l'histoire : TOUS. Il n'y a pas de personnages « principaux » - Une possibilité d'OCC oui.
Genres : Action/Aventure, Fantasy, Yaoi, Romance.
Pairings : J'avoue qu'en général, j'ai tendance à vous l'annoncer, mais sur le coup je préfère vous laisser découvrir…
Juste une phrase à dire :
BxB present.
Rating : T (T ou M - je ne sais pas encore, je n'ai pas encore visualisé de scène de sexe xD – mais je compte bien en mettre je ne sais pas quand, comment, mais il y en aura une, c'est sûr et certain.)
PS 2 : Si certains personnages n'apparaissent pas encore, c'est tout à fait normal.
PS 3 : Ne vous fiez VRAIMENT PAS aux premiers « couples » s'il vous plait
PS 4 : Sachez que j'ai ecrit ce chapitre 1 bien avant le 2, c'est pourquoi l'ecriture est un peu differente...
Chapitre 1
Elle survolait. Elle survolait les mers et les grandes montagnes au rythme de ses grandes ailes déployées. Elle volait plus haut encore. En même temps, elle "chantait". Enfin chanter, on pouvait entendre au loin son glatissement confondu dans un magnifique paysage...
Quelque part dans le monde…
Lorsqu'il eut enfin atteint le haut de colline, le jeune homme ferma les yeux. La douce brise qui soufflait le long du champ de blé était forte agréable à ressentir. Il avait fermé ses yeux, comme s'il essayait de profiter de ce moment, comme un dernier moment de tranquillité, avant de les rouvrir et scruter de nouveau l'horizon. Il mit sa main sur son front afin de protéger sa tête, trop éblouie par le soleil.
« Elle arrive. » susurra-t-il, avant de poursuivre son chemin.
Dans une autre ville, depuis longtemps la nuit s'était imposée sur cette dernière. Un jeune homme, la tête encapuchonné derrière une lourde cape noire, courait. La lueur de la lune lui permettait encore de courir. Les rayons de cette celle-ci, tranchait l'obscurité comme une lame d'argent et tombaient droit sur diverses avenues. Par chance, cela tomba sur celle que traversait le jeune homme – celle-ci était meublée de décharges. Il slaloma, puis sauta plus loin encore. Il sentait les pas étrangers s'approcher de plus en plus de lui. Il tira un peu plus sur sa capuche afin de dérober son visage. Hors de question de se faire attraper.
« ATTRAPEZ-LE » hurlaient des voix.
Le ciel favorisait sa fuite - les nuages assombrirent soudainement ce dernier – où le bleu nuit vira peu à peu dans un noir d'encre. Dans un dernier effort, le jeune fugitif disparut dans les ténèbres.
An 3452 – dans un monde sans doute fantastique, où la magie existe, le royaume de l'Est, sous le nom de l'Empire de Ja, était un pays principalement connu pour son activité commerciale et prospère.
Il se distinguait également pour ses diverses cultures, ethnies, et son climat particulièrement chaud, rappelant sans compter les pays du Maghreb de notre monde.
Mais surtout, il était réputé pour son illustre patrimoine, son palais, où régnait actuellement l'une des plus puissantes familles royales jamais connue à travers l'histoire du pays. La famille « Kiyoko » - qui s'imposait depuis maintenant plusieurs générations.
Seulement, un tragique événement eut lieu – à la 11ème génération de la famille, les parents, c'est-à-dire le Roi et la Reine Kiyoko, furent assassinés à la suite d'un « coup d'Etat », qui heureusement, échoua.
Ainsi, à seulement 12 ans, la fille ainée de la famille, Kiyoko Shimizu, fut la toute première femme à monter sur le trône, seule. Beaucoup doutaient de ses capacités jusqu'à ce qu'elle montre la puissance son ingéniosité, faisant de l'Empire de Ja, et en particulier la ville de Bū - la capitale - l'une des principales villes touristiques et maritimes du monde.
Depuis, l'Impératrice Kiyoko Shimizu incarnait à elle seule, « élégance » et « prestance ».
Une dizaine d'années s'étaient écoulées depuis le début de son règne. Tranquillement assise sur son siège, la Reine Shimizu, écoutait. Aujourd'hui, était un jour particulièrement important : divers ministres s'étaient réunis autour d'elle, adulant comme d'habitude sa beauté et ses capacités intellectuelles. Comme toujours, elle acceptait leurs éloges avec un élégant sourire. Comme toujours, elle ne montrait qu'une partie d'elle-même, car derrière ce rictus, la jeune femme s'en moquait totalement.
Elle avait remonté sa longue chevelure de jais en arrière, et avait mis des heures à se préparer. Elle s'ennuyait. Du moins, à moitié. Car aujourd'hui était un jour spécial. Un jour spécial pour elle, et pour beaucoup d'autres. Elle jeta un regard circulaire autour de la pièce. Celui-ci s'arrêta, sur la grande horloge ancienne, au cadran de douze heures, faisant entendre son tic-tac à travers la pièce. La jeune femme qui avait l'habitude de ces réunions interminables, trouvait celle d'aujourd'hui particulièrement éprouvante. Elle se demanda vaguement encore combien de temps cette dernière allait durer. Après un ultime temps de réflexion, l'impératrice de leva.
« Votre Majesté ! » poursuivit Mr Takeda.
Ittetsu Takeda était un des conseillers - anciennement professeur de la jeune femme, le jeune homme, bien que banal, connaissait cependant très bien les parents de cette dernière. En effet, la famille de celui-ci était au service de la famille impériale depuis plusieurs générations. Ainsi, Takeda avait vu grandir Shimizu en tant qu'enfant, mais également en tant que Reine, auprès de lui et son collègue Kenshin Ukai.
« J'ai bien écouté votre projet Takeda-san, je vous en remercie. »
« Mais Madame, nous n'avons pas vu certains poi… »
La main d'Ukai se posa sur l'épaule du conseiller. Ce dernier secoua la tête. Takeda regarda lui aussi, un instant l'horloge et comprit immédiatement de quoi il s'agissait. Ces mots-dit, Kiyoko quitta la pièce calmement, avant de se précipiter vers le grand couloir. « J'ai bien cru que cette réunion ne se terminerait jamais » pensa-t-elle.
En effet, la jeune femme n'avait qu'une seule hâte, retrouver sa très chère sœur, Yachi.
Hitoka Yachi, à l'instar de Kiyoko, n'approuvait guère sa place au milieu du Royaume. En effet, la jeune fille était en réalité la fille de la meilleure amie de l'ancienne reine – décédée à sa naissance.
Ainsi, Hitoka fut dès bébé, adoptée par la famille royale, en tant que sœur cadette. La demoiselle aurait, comme beaucoup de familles royales et dû à son illégitimité, dû avoir une enfance difficile –, or ce ne fut pas le cas. Les parents de Shimizu étaient tout bonnement adorables, et avaient traité la fillette comme leur propre fille. Seulement, Yachi ne conservait d'eux qu'un souvenir indistinct, des paroles affectueuses, de lointaines caresses…. Ainsi, leurs places furent occupées par le seul membre restant et encore vivant de cette famille : sa sœur. Cette dernière entoura l'enfant d'une affection plus que fraternelle – durant des années elle devint presqu'une mère pour la princesse. En grandissant, ce sentiment s'émoussa – Kiyoko regagna avec le temps son statut de sœur.
Le temps passa. La princesse, qui avait grandi au sein de la cour, avait désormais un corps plus féminin. Les nobles commençaient à la remarquer. Elle était maintenant devenue une élégante jeune fille, pas bien grande, aux courts cheveux blonds et soyeux, dont les traits fins et les yeux noisette définissaient une certaine douceur. Elle restait cependant très discrète, constamment enfermée dans sa chambre, évitant soigneusement les évènements mondains. Ainsi, la discrétion de la jeune fille lui assura un nouveau nom, « La Sœur Cadette » - qui bien que banal au premier abord, définissait tout autre chose. La jeune femme était tellement « invisible » qu'on cherchait davantage à l'apercevoir – allant même jusqu'aux rumeurs les plus folles, comme quoi la beauté de cette dernière égalisait presque celle de sa sœur.
Yachi, âgée maintenant de 15 ans, peinait à se coiffer correctement. Pourtant elle avait largement les moyens nécessaires de ne pas s'en préoccuper. Mais outre son statut, la jeune fille se ravisa, préférant se coiffer seule. Un geste anodin, mais qui, aux yeux de la cour, était assez étrange pour une femme de son rang.
« Tu as besoin d'aide ? »
Yachi reconnut aussitôt la voix claire et nette de sa chère sœur. Le visage de la jeune fille s'illumina aussitôt, échangeant un sourire complice avec la Reine.
« Ça ira merci, j'ai fini ! » fit-elle.
« Je vois, j'ai fait parvenir des robes spécialement conçues pour toi, pour cette occasion. Elles ne devraient pas tarder à arriver. »
« Mais Grande Soeur ! »
La princesse leva les yeux au ciel. Elle savait parfaitement que sa sœur faisait ça pour lui faire plaisir, et cela était vrai. Néanmoins, elle éprouvait une certaine culpabilité ; jetant un coup d'œil sur sa garde-robe, la jeune femme se sentait coupable de posséder autant de choses. Un voile de tristesse furtif assombrit un instant son visage avant de s'illuminer de nouveau d'un sourire béat. Cela n'échappa pas à Kiyoko, qui l'avait remarqué.
« Ne t'en fais pas, c'est uniquement pour cette occasion. Elle est relativement spéciale quand même » se justifia-t-elle. « Tu pourras en faire ce que tu souhaites. »
« Ce n'est pas que je veux les jeter. Des costumiers ont surement travaillé dur dessus. Je les garderais précieusement. En revanche, j'aimerais que tu arrêtes de me faire des robes sur mesure. »
« Tu es une princesse », rétorqua immédiatement Kiyoko, « Je sais que tu préfères jeter ton dévolu sur des biens un peu moins cher, mais je te rappelle que nous devons montrer notre richesse aux pays adverses. Je n'ai aucunement l'intention de faire de toi mon « invisible » petite sœur. »
Yachi grimaça un instant. Sa sœur connaissait donc l'un de ses fameux surnoms.
« Mais Grande Soeur… »
« Je veux que les gens et que le monde te voit. D'autant que ton fiancé sera présent si je ne m'abuse ? »
Yachi sentit ses joues rougirent d'embarras. Elle lui répondit d'un timide hochement de tête.
« Je crois… je crois bien… qu'il m'avait parlé de sa présence dans ses lettres. »
Kiyoko, qui avait aperçu l'expression gênée de sa sœur, ne put s'empêcher de sourire de plus belle. Elle éprouvait le plaisir mesquin de voir sa sœur embarrassée.
« Eh bien, je serais un peu en retard pour le premier jour, c'est pourquoi deux gardes du corps t'accompagneront. »
« Hein ? »
« Vous pouvez les faire entrer. »
Il ne fallut pas moins d'une seconde pour les deux domestiques présents dans la chambre, d'ouvrir la porte. Deux jeunes hommes firent interruption dans la pièce. Yachi observa un moment ses deux gardes du corps. L'un était grand, taciturne, aux longs cheveux noirs, soutenus par une élégante queue de cheval (retenue par un épais ruban bleu vert). L'autre, plus petit, avait déjà un visage plus amical – Il avait cheveux courts, d'une teinte orangée, avec un turban (agrémenté de perles dorées) autour de la tête. Comme beaucoup d'habitants du pays, ils étaient tous les deux, très bronzés.
« Votre Altesse » firent-ils avant de se prosterner.
Yachi sentit un sentiment de gêne envahir de nouveau son esprit. Elle éprouvait peut-être le plaisir d'être choyée, d'avoir tout ce qu'elle voulait mais pas celui-ci. D'autant que cette fois-ci, contrairement à d'habitude, elle avait la nette impression que ses nouveaux chevaliers avaient son âge. Cependant cela ne l'empêcha pas leur demander de se présenter. A sa plus grande surprise, ce fut Kiyoko qui le fit.
« Je te présente Hinata Shoyo et Kageyama Tobio, deux élites de leurs deux écoles respectives. »
Quelques heures plus tôt…
Le vent filait et caressait doucement ses joues. L'horizon, qui au début paraissait lointain, devenait soudainement plus proche. Il ne se posait plus vraiment de questions, et avait depuis longtemps lâché les rennes qui retenaient sa monture d'accélérer. Ses bras étaient légèrement levés, de manière à ce qu'il puisse sentir le vent souffler entre ses doigts. Mais aussitôt ce court plaisir fut gâché par une voix relativement porteuse :
« HINATA IMBECILE, T'ATTENDS QUOI POUR ACCELERER ? DEGAGES DE LA ! TU GENES ! »
Hinata leva les yeux au ciel. Il poussa un soupir exaspéré avant de lâcher :
« J'ACCELERE DEJA CRETIN DE KAG' »
Une flèche manqua de frôler sa joue. « Bon sang », marmonna le jeune homme avant de reprendre ses rennes en main. Il baissa sa tête, tout en caressant affectueusement la tête de son cheval, puis lui chuchota ces quelques paroles – « Je suis désolé mon beau, mais je vais devoir te demander d'accélérer. ». Et c'est ce qu'il se passa. Le cheval galopa de plus belle – atteignant désormais la cible tant convoitée.
« Merde » hurla une voix. « Tirez les gars, les fameux chasseurs de prime sont làs ! HINATA SHOYO ET KAGEYAMA TOBIO »
Devant Hinata, se dressait l'un de ses fameux contrebandiers dont il avait l'habitude. Un certain brigand du nom d'Edward Smith. Néanmoins, Hinata comprenait leur peur incertaine. Celle d'être poursuivie. La monture du jeune homme accéléra tandis que celui-ci se préparait à dégainer son arme. Il était encore un peu loin, il fallait attendre un peu. Soudain, Hinata sauta dans les airs. Le jeune homme évita sans problème les balles qui lui étaient destinées il sortit une fameuse poudre protectrice qu'il avait récupérée au sein du laboratoire royal.
D'anciennes voix lui parvinrent alors aux oreilles, s'émoussant dans un épais brouillard de souvenirs. Hinata se revoit alors, plus jeune, dans une cage, les oreilles entre ses mains, suppliant l'un de ses bourreaux dont il ne pouvait reconnaitre le visage, d'arrêter ses coups de fouet. Les larmes aux joues, le petit garçon peinait à marcher et à faire un seul geste – tout ce qu'il arrivait à faire c'était pleurer. Hinata ferma les yeux, essayant désespérément de retenir ce flot de souvenirs qui immergeait son esprit. Cependant, le jeune homme entend, une conversation, et la fameuse voix d'un homme – dont il ne pouvait ni distinguer le visage, ni l'allure :
« Comment s'appelle ce garçon ? »
« C'est un esclave monsieur, d'autant qu'avec une couleur de cheveux pareille, comment voulez-vous qu'il ait un nom ? C'est un chien parmi tant d'autres… »
« Combien ? »
« Mille Pièces d'or. »
« Très bien, je l'achète »
« Oh… je vois… vous savez, il vaut bien plus cher que ça … »
« N'est-ce pas vous, qui m'avez dit qu'il n'était qu'un chien ? Je trouve la somme demandée bien conséquente par rapport à son traitement… »
Seulement, contrairement à ses souvenirs plus lointains, celle-ci était plus rassurante et Hinata la reconnaissait parfaitement – c'était celle d'un de ses anciens parents – mais rien aucun nom ne lui parvenait. Après quoi, cette scène était retenue par un brouillard bien plus épais encore – voir un noir total. Hinata se savait parfaitement amnésique. La totalité de ses souvenirs dont il parvenait encore à distinguer paroles, scènes et personnes se résumait à l'époque quelques mois avant sa rencontre avec son partenaire, Kageyama.
Mais voilà, il était bien beau de rêver, le jeune homme avait une mission à accomplir. Plus vite il arrêtait ces personnes, plus vite il pouvait rentrer chez lui. Enfin « chez lui »… Récemment les deux jeunes hommes furent amenés à être recrutés par la personne la plus puissante du pays : la Reine.
Hinata secoua un peu la tête, afin d'arrêter tout ça. Sa rencontre avec Kageyama, son école, la rencontre avec la Reine – bien que tout cela paraissait relativement lointain, tout cela était en réalité tellement proche. Une réalité qui à elle seule, avait réussi à le faire passer du côté de la lumière.
Hinata s'élança de plus belle – hurlant le nom du contrebandier – en un instant le jeune homme se trouvait à l'envers, dans les airs.
« SALE GAMIN »
Un sourire narquois se dessina sur son visage. Toujours dans les airs, la main du jeune homme déposa brutalement sa main sur l'épaule de son adversaire. Avec son autre main, il tira en même temps et très rapidement, un poignard.
« Gamin ? Tu sais je te déconseille de dire ça, retiens bien mon nom avant ta mort – Hinata Shoyo. »
Ces mots-dit, il lui trancha la gorge. Son cheval, qui avait accéléré, le jeune garçon sauta de nouveau et atterrit sans problème sur celui-ci.
« BAISSES-TOI HINATA »
Hinata exécuta tout de suite le geste. De nouvelles flèches, plus rapides que des balles, filaient en direction de ses adversaires. Trois flèches, trois morts. Hinata sentit le sang de l'un d'eux gicler sur sa joue. La cadence s'arrêta immédiatement. Les deux jeunes hommes reprenaient leur souffle.
« T'aurais au moins pu m'en laisser un… »
« Hey ! T'as eu le chef, je n'allais pas me taper que les deux petits larbins qui servent à rien ».
« Ouaip ».
Quelques villageois se rassemblèrent autour d'eux. Une vieille dame les remercia tandis qu'un autre vieillard lui tendit une bourse remplie de pièces d'or. Comme Kageyama, Hinata caressa doucement son cheval avant de le charger.
« Bon, on rentre ? – enfin rentrer … »
« Ouais, je stresse un peu – être engagé comme garde du corps de la princesse, je n'aurais jamais cru que ça m'arriverait un jour… notre dernière mission hein… »
« Tu crois qu'elle est jolie ? …»
« Crétin, les princesses sont toujours jolies … »
Empire de Ja – Capitale Bū
Kageyama savait qu'il avait raison. Devant lui, se tenait la sœur de la personne la plus puissante du pays.
Mademoiselle Yachi Hitoka – dont il avait parfaitement retenu le nom.
La princesse était élégamment vêtue d'une longue robe rose ornée de perles, le tout entourée d'une d'un voile rose, teinté de la même couleur, en plus pâle. Kiyoko qui avait fini de les présenter, quitta la pièce, excusant une nouvelle réunion importante. Kageyama crut apercevoir une expression amusée passer sur son visage. Néanmoins, il se dit qu'il a dû rêver les paroles de la princesse le firent revenir à lui.
« Allons redressez la tête messieurs, je suis honorée de votre présence. »
Yachi, qui se sentait très mal à l'aise, restait tout de même une princesse. Ainsi, ayant reçu une éducation « royale », de « haute lignée », la jeune fille parvenait parfaitement à s'exprimer sans montrer la moindre faille psychologique. La demoiselle, bien que peu confiante en elle, le savait. Son éducation avait eu un résultat – seulement, la jeune femme éprouvait le désir secret de ne plus faire partie de la famille royale. En effet, cela l'avait condamné à être constamment la « meilleure », mais également le centre des critiques de l'intégralité des personnes qu'elle rencontrait. Car la princesse était loin d'être aussi douée que sa sœur – qui au contraire, s'illustrait tel un véritable génie. Ainsi, Yachi entendait régulièrement les messes basses des invités présents au Palais.
« Cette jeune fille est-elle vraiment la sœur de sa Majesté ? On dirait le Jour et la Nuit … »
« Allons, bon, je suis sûre qu'elle reste un excellent partie pour notre fils »
Bien que les paroles paraissaient superficielles elles restaient très douloureuses à entendre pour la jeune fille. Mais Yachi préférait se taire, comme à son habitude – sa grande sœur, trop préoccupée à administrer le pays.
« Mademoiselle, c'est nous qui sommes honorés de vous protéger » fit Hinata.
A la suite de cette phrase, le duo se redressa. Yachi sourit.
Elle était contente de rencontrer des gens âgés à peu près du même âge qu'elle. A part Kiyoko, le Palais était sans cesse remplis – de politiciens ou d'hommes fortunés, de grands industriels - voir d'éventuels « prétendants » - bien que beaucoup d'entre eux, étaient au courant de ses fiançailles.
« Vous savez, vous pouvez me tutoyer… »
Les joues d'Hinata rougirent d'embarras. La réponse de sa maitresse le surprenait. Le jeune homme s'attendait tout sauf à ça. Gêné, le jeune homme, comme son coéquipier, ouvrit la bouche. Mais rien ne sortit.
Yachi, en voyant leurs expressions, se dit que sa réponse était peut-être, trop peu concevable de la part d'une princesse. En fait, elle ne se posait même plus la question : elle savait qu'elle avait répondu quelque chose étrange. Elle baissa les yeux. La jeune femme éprouvait une certaine envie de posséder un groupe « d'amis ». Des « amis » avec qui elle n'aurait pas besoin de penser qu'ils sont à ses côtés pour son rang social. Cela était évidemment impossible. Puis les paroles de sa sœur revinrent soudainement dans son esprit « Je ne veux plus que tu sois mon invisible petite sœur ». Cela la fit redresser aussitôt. Elle fit un petit toussotement avant de reprendre :
« Oubliez ce que je viens de dire » poursuivit la jeune fille « J'ai entendu dire que vous allez m'accompagner au Clair de Lune »
« C'est exact. Sa Majesté nous a spécialement engagé pour assurer votre protection »
« Je n'en doute pas. Je pourrais compter sur vous ? »
« Bien entendu Mademoiselle. »
« Très bien… aviez-vous préparez vos bagages ? »
« Oui, Mademoiselle »
« Très bien… laissez-moi le temps de me préparer. Pouvez-vous attendre hors de ma chambre ? J'en ai pour plusieurs heures donc vous pouvez disposer. »
« Oui, Mademoiselle. »
Hinata et Kageyama s'exécutèrent.
« Katherine, j'aimerais que tu m'aides à me coiffer s'il te plait, ma sœur a-t-elle préparé la voiture ? ».
Katherine, qui était la domestique attitrée de Yachi, s'exécuta.
« Oui, Mademoiselle… elle n'attend que vous vous. »
Hinata claqua la porte. Il recula ensuite de quelques pas, puis poussa un énorme soupir de soulagement.
« C'est moi ou j'ai l'impression que notre maîtresse est soudainement devenue froide ? »
« On a pratiquement refusé son affection, je ne pense pas que ce soit étonnant »
« Ouais… je m'en veux un peu – mais t'imagines, sa Majesté nous a clairement dit considérer ça comme une véritable mission. Tu ne crois pas qu'elle en fait un peu trop ? Enfin, je veux dire, c'est juste accompagner une demoiselle dans un autre pays quoi… »
« Surveilles ton langage imbécile, le Clair de Lune n'est pas une « soirée » comme les autres… c'est une réunion annuelle, étendue sur plusieurs jours, rassemblant tous les rois, reines et familles de chaque pays. La sécurité y est hautement assurée. »
« Plusieurs jours ? Combien ?»
« Trois. Le premier est principalement consacré aux présentations des familles – le second essentiellement politique – et le dernier se conclut par un banquet et un bal. Enfin banquet, tout le long des trois jours, il y en a un. Les deux premiers jours sont plus ou moins ouverts au public tandis que le dernier est assez privé… Les soldats comme nous, n'avons pas le droit d'y participer. En revanche, on reste à l'écart, en surveillant l'état de notre maitresse. »
« Comment tu sais ça toi ? »
La mine de Kageyama s'assombrit.
« Mon ancien chef était également…. Roi….. Enfin prince, je le voyais partir tous les ans, évidemment que je suis au courant. »
« Je vois… mais t'as abandonné ton poste ? Tu étais quand même sous les ordres d'un prince.»
« Non, c'est lui qui a voulu me virer. Enfin je suppose… Et j'ai démissionné peu après »
« Donc tu as QUAND MÊME abandonné ton poste. »
« Pas du tout. »
« Donc.. »
« Bon, on arrête avec ces histoires ? Je te rappelle que tu as tes bagages à préparer ! »
« Je ne pouvais pas lui dire la vérité non plus… »
Hinata s'empressa de rassembler quelques affaires. Dans un sac, ses armes fétiches. Kageyama, qui patientait au loin, ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil.
« Tu te bats toujours avec des dagues ? Tu sais, la garde royale a largement de quoi t'armer.»
« Je préfère les combats à mains nus et dans les airs » répondit son interlocuteur « C'est vrai que les longues épées sont belles, mais ce n'est pas simple de voltiger avec. »
« C'est vrai qu'il est comme ça » pensa Kageyama « prends quand même ce révolver »
« Tu es vraiment têtu ou quoi ? Je t'ai dit que je n'en avais pas be… »
« PRENDS CE REVOLVER JE TE DIS »
Impossible de répliquer, c'était un ordre. Hinata prit l'arme en grommelant.
Une fois leurs bagages terminés, les deux soldats rappliquèrent. Quelques heures s'écoulèrent et la porte de la chambre s'ouvrit. Yachi traversa l'embrasure de la porte. Hinata, qui s'était redressé, recula d'un pas sans le vouloir. Il percuta le pied de son coéquipier.
« Ah désol… » fit-il en se retournant.
Le jeune homme interrompit ses excuses sous l'expression médusée de son partenaire. Kageyama paraissait complètement dépassé. Il y avait de quoi. La princesse était tout simplement magnifique. Mais cette fois-ci, elle dégageait quelque chose de différent. Elle avait de la « prestance ».
Cette dernière ravala discrètement sa salive. Bientôt, le Clair de Lune commençait.
Le Royaume de Fa est un pays garnis d'immenses prairies et champs à perte de vue.
Ainsi, ce territoire possédait une certaine inégalité – les landes, désormais presqu'inhabitées – l'activité humaine se faisait principalement au sein de la capitale – Ko – qui se distinguait par ses épais remparts blancs qui entouraient la ville.
A la différence de l'Empire de Ja, qui était connu pour ses activités commerciales, Fa se caractérisait par sa puissance intellectuelle.
En effet, les universités les plus prestigieuses universités siégeaient quasiment tous au sein de la capitale – faisant pratiquement de la ville, un empire académique. Le « second » prince puis « premier » suite au couronnement du Roi Akiteru II, Tsukishima Kei, était le premier à en profiter. Il aimait lire tranquillement les nombreux ouvrages présents dans la bibliothèque royale. C'était une aubaine pour lui d'être prince, puisqu'il avait également accès aux ouvrages interdits. Enfin « interdits » - ils étaient tellement indéchiffrables que le jeune homme ne pouvait que se contenter que de les feuilleter. Les livres étaient tous en effet, écrits d'une langue ancienne – dont seules quelques personnes dans le monde pouvaient lire : les habitants de la Cité de Si. Située à 150 km au-dessus de l'Océan Kam, l'accès de ce pays ne se faisait qu'uniquement par les airs tout en ayant une invitation particulière pour y entrer. L'île faisait ainsi miroiter les plus divers fantasmes. Allant dire que la cité était composée d'or, d'argent, ou de richesses farfelues, des rumeurs supposaient que la magie y était pratiquée. Seulement, aucune personne dans le monde ne pouvait l'atteindre. Pourtant, nombreux ont essayé. Mais aucun n'y parvenu.
Tsukki ne s'intéressait guère à cette île – dès que quelque chose lui compliquait un peu trop l'esprit, il ne cherchait pas à comprendre. Le jeune prince savait cependant qu'il n'hésiterait pas à en savoir plus si l'occasion se présentait. Mais aujourd'hui, autre chose lui occupait l'esprit.
Comme tous les ans, le 30 avril, avait lieu le Clair de Lune – un évènement prestigieux où se rassemblaient tous les sujets royaux de chaque pays. Les seules personnes non-nobles qui pouvaient y être invités étaient les personnes fortunées, influentes et grands chefs d'entreprise (et encore cela dépendait). Ces personnes n'avaient cependant accès qu'aux deux premiers jours. Ainsi, comme tous les ans, le jeune prince devait se préparer, pour plusieurs jours, que ce soit physiquement ou mentalement. Après une énième tentative de remettre en place ses cheveux en ordre, la domestique s'excusa. Le jeune homme avait trop d'épis sur la tête. Il poussa un nouveau soupir d'exaspération quand on toqua à sa porte.
« Entrez »
« Hey ! »
Akiteru entra. Le jeune homme, âgé de 10 ans son aîné, paraissait bien naïf à côté de son frère.
« Regardes, regardes, ce que Mademoiselle Hana m'a trouvé ! »
« Hein ? »
Il sortit de ses bras, une longue cape de velours bleue bordée d'une épaisse fourrure blanche.
« Elle appartenait à notre père, n'est-elle pas magnifique ? Veux-tu la porter Kei ? »
Kei grimaça. Le fait d'entendre quelque chose en rapport à leurs parents lui rappelait de douloureux souvenirs.
« Non, merci » répondit ce dernier en remontant le col de son costume.
« Encore tes tenues officielles ? Tu ne veux pas changer pour une fois ? Tu es un prince, tu peux te le permettre… »
« Justement, je ne peux me permettre ce genre de chose. Tu es le roi ici. Je ne dois pas être le centre de l'intention » - « et je ne veux PAS être le centre de l'intention » pensait-il.
Akiteru comprenait parfaitement la façon dont lui répondait son frère.
« Je comprends. »
Le crépuscule se creusait. Le ciel bleu vira peu à peu dans un orangé brun, exposant ainsi un magnifique coucher de soleil. Les deux frères avaient depuis longtemps terminé de se préparer et quitter le palais royal.
Voilà à peu près plusieurs heures qu'ils patientaient, tous deux tranquillement dans le voiture royale, qui les menait à destination. Le trajet était long. Au moins plusieurs heures.
Kei, qui avait pris la précaution d'embarquer un de ses livres préférés, en ouvrant un, histoire de s'occuper. Akiteru s'accorda ce long moment de pause pour s'assoupir. Les réunions le fatiguaient tellement, que ces heures de sommeil lui étaient devenue précieuse.
Les premières étoiles parurent dans le ciel quand la lune émergea. Lorsqu'elle pointa haut dans le ciel, Tsukki sentit le véhicule ralentir. Ce dernier était en effet, freiné par les voitures des autres invités, qui arrivaient tous, une à une. La curiosité du prince le poussa à regarder par la fenêtre. L'œil vif, il se mit à chercher des visages qu'il connaissait. Malheureusement quasiment tous les visiteurs étaient de dos, ou beaucoup trop loin, il ne put donc en repérer. Quand ce fut à son tour de descendre, celui-ci secoua furtivement son frère, qui se réveilla aussitôt. Avec un sourire, le portier, un personnage d'une vingtaine d'années aux cheveux impeccablement bien coiffés ouvrit.
Les deux frères descendirent de leur véhicule, se présentèrent, et entrèrent.
Akiteru fut aussitôt assailli d'hommes politiques admiratifs. Kei, bien qu'aussi grand que ce dernier, réussit à s'échapper. Sa discrétion était un excellent avantage dans ces moments. Il en profita pour admirer la salle de réception, qui brillait dans toute sa splendeur.
Les lumières des lustres miroitaient les milles et divers objets qui agrémentaient la pièce. Cela faisait depuis longtemps qu'il n'avait pas posé les pieds ici. Un peu plus de deux ans précisément. Des merveilles et sculptures d'origine asiatique l'entourait. Le jeune homme, toujours discret, se contentait de les observer sans pour autant montrer sa curiosité. Kei poursuivit son chemin, tout en continuant de se présenter aux invités présents dans la salle. Bientôt, ses yeux rencontrèrent un visage qu'il connaissait bien qu'il ne l'ait pas vu depuis un an.
« Tiens, Prince Tsukishima. »
« Kunimi, ça faisait longtemps, comment allez-vous ? – je vous trouve bien calme pour ce retard. Vous n'êtes pas sensé vous présenter avant nous ? »
« Très bien et vous ? Je vois que vous n'aviez pas changé. Figurez-vous que notre roi a eu quelques difficultés administratives aujourd'hui. Il ne devrait pas tarder à arriver… Et vous ? Vous ne devriez pas être avec quelqu'un ? »
« Si vous parlez de mon frère, sachez qu'il est toujours bloqué à l'entrée par des moutons d'admirateurs »
« Je vous trouve bien hautain, pour quelqu'un qui est le frère du roi. »
Tsukki s'arrêta. Quelque chose l'intéressa soudainement. Une œuvre, un livre pourpre, dont le centre de la couverture était garni d'un rubis.
« Ça vous intéresse ? »
« Pas vraiment. »
« Mais oui… » répondit Kunimi en haussant les épaules.
« Je vous en pose des questions ? Vous devriez être heureux que je vous laisse me parler de cette manière… »
« Je ne pense pas que cela arrêtera notre roi »
Des exclamations interrompirent les deux jeunes hommes. Tous deux détournèrent leurs regards en direction de celles-ci. Rapidement, ils s'approchèrent, ayant compris de quoi il s'agissait.
« Mesdames et Monsieur, le Roi du pays Hôte du Clair de Lune, l'Empire de Jen, Oikawa Tooru »
« Quand on parle du loup » pensa Tsukki.
Quelques jours plus tôt…
L'Empire de Jen, comme les deux autres pays, se différait par sa spécialité. Cette fois, il n'était plus question de puissance commerciale ou intellectuelle. Certes le pays possédait des universités relativement prestigieuses et même jumelées à celle du Royaume de Fa – mais ce dernier se distinguait par autre chose.
Sa puissance militaire.
Comme tous les ans, chaque année, un des trois royaumes devait être hôte du Clair de Lune. Les deux années précédentes ayant déjà été assurés par l'Empire de Ja et le Royaume de Fa, ce fut au tour de l'Empire de Jen de s'illustrer.
Clair de Lune était la « fête » la plus prestigieuse du monde : c'est elle qui définissait la puissance politique et la richesse d'un pays. Ainsi, comme tous les ans, le pays représentatif avait trois jours, pour s'attirer un maximum de faveurs, que ce soit auprès du peuple ou les représentants des pays voisins. Clair de Lune rassemblait peut-être, « seulement » trois Royaumes, mais ils n'étaient pas les seuls d'autres représentants de contrées lointaines étaient également invités mais ils paraissaient complètement invisibles, comparés aux Trois puissances principales. Dans cette fête, les seules invitations constamment refusés par un pays étaient celles des « habitants » de la Cité de Si. N'ayant jamais été vu, ils continuaient de demeurer un fantasme. On savait qu'ils existaient, on savait que l'île existait - mais d'un autre côté, on pensait que cela était une véritable rumeur un conte, une légende, inventée par les êtres humains. La Cité de Si était tellement inaccessible et coupée du monde, que tous ceux qui essayaient d'atteindre l'île, ou disparaissaient, ou perdaient la mémoire, ou périssaient dû aux mystérieuses catastrophes naturelles, régulièrement provoquées autour de l'ile.
Le Roi Oikawa, bien que connu pour sa superficialité et son extravagance, croyait en cette légende. C'était un beau jeune homme de vingt-six ans, avec de grands yeux de ruse, qui savait connaissance du succès qu'il avait auprès des femmes. Aujourd'hui sur le trône depuis plusieurs années, il s'était affalé sur son fauteuil, en train de jouer une énième partie d'échecs. Son adversaire, Suzuki Taichi, avait spécialement fait le déplacement pour jouer contre lui… la partie s'écoula rapidement et le jeune Tooru était déjà en train de gagner. Celui-ci prenait un malin plaisir à faire durer la partie, et voir galérer son adversaire. Il s'apprêtait à dire « Echec et mat » quand la porte de sa chambre s'ouvrit brutalement. Comme un coup de vent, une énorme voix rugit.
« OIKAWA ! »
Oikawa la reconnut aussitôt, c'était celle d'Iwaizumi. Un personnage imposant, également sous le nom d'Hajime mais aussi pour être son demi-frère. Il avait les cheveux noirs, courts, le teint brillant, des yeux sévères surmontés par d'épais petits sourcils. Doté d'un talent naturel (et quasiment familial), il occupait le poste de premier ministre mais jonglait également avec son second poste attribué par son frère le poste de Général de la garde royale. Le jeune homme s'était ainsi retrouvé contraint à faire plusieurs tâches, et montrait clairement que cela ne lui faisait pas plaisir mais ne pouvant refuser un ordre du roi, il fut obligé d'accepter. En effet, lorsque les deux postes lui furent attribués, nombreux ministres l'acclamèrent et il se rendit compte que, sans le vouloir, une horde de fans attendait énormément de lui. C'était une pression difficilement supportable mais qui avec le temps, a fini par le devenir. Ainsi, le jeune garçon fut très vite surnommé de « génie » - comme son demi-frère.
Le général le foudroya du regard. C'était sans doute la dixième réunion en un mois, qu'Oikawa venait de sécher. Ce dernier l'évita machinalement du regard.
« Qu'est-ce que tu fous encore ici imbécile ? Tout le monde t'attend »
Suzuki Taichi, qui était assis en face d'Oikawa, se redressa à ces mots. C'était bien la première fois qu'il entendait quelqu'un parler au roi de cette manière. Cela le perturbait un peu. Non, en fait, l'ambiance était tellement devenu étrange, que le jeune garçon se leva d'un bond. Il s'inclina ensuite devant le roi, s'excusa, et quitta précipitamment la pièce. Iwaizumi attendit que la porte soit claquée pour poursuivre :
« Eh… ce n'est pas Suzuki Taichi, le gagnant récent du tournois d'échecs régional ? »
« Ouais. »
« Tu es vraiment une ordure de jouer contre lui. Ce n'est qu'un gamin ! »
« Je te l'ai dit, je déteste les génies. Je voulais voir l'étendue de son talent, c'est tout. Il reste un joueur parmi tant d'autres. » répondit le roi tout en jouant avec une des pièces de l'échiquier « néanmoins, la partie fut agréable, je ne me suis pas ennuyé ».
Il finit sa phrase par un sourire narquois.
« Vraiment ? C'est surprenant venant de toi ! Il est bon ? »
« Oh que non. Seulement, le voir désespérer à essayer de gagner la partie était fort amusant… »
« Toi, tu es vraiment…. Non, laisses tomber. Hanamaki et Matsukawa nous attendent dans la Salle du Conseil, t'attends quoi pour te dépêcher ? »
« Hanamaki gère parfaitement les autres ministres – je pense que nous n'avions pas à nous inquiéter. »
« Evidemment que si ! Je te rappelle que le Clair de Lune commence dans quelques jours, et nous n'avions absolument rien préparé ! »
« On se débrouillera. Maintenant que tu le dis, ça fait un moment que nous ne les avions pas vu. Comment s'appellent-ils déjà ? Ah ! Les frères Tsukishima ! Je me demande comment ils vont ? C'est le jour et la nuit ces deux-là. L'intelligence du petit dernier m'exaspère, mais ça serait très intéressant si on parvenait à en bénéficier. »
« Tu sais très bien qu'il a horreur de la Cour. »
« Je ne parle pas de ça. Je parle de la bibliothèque royale dont il peut avoir accès. Akiteru n'est pas aussi simple qu'on le croit. Son frère en revanche, même s'il peut paraitre complètement fermé sur lui-même, est également difficile à convaincre. Mais dès que le mur tombe… »
Iwaizumi déglutit. Les yeux d'Oikawa étaient soudainement devenus plus froid. Il reconnaissait ces yeux. Ce regard. Un regard froid et avide de connaissance. Après une courte inspiration, il lâcha :
« Lui demander un accès à la bibliothèque encore moins. Déjà, rien que l'aborder n'est pas une mince affaire. Comme sa fiancée d'ailleurs...»
« Justement. J'ai ouï dire que ces deux-là vont se revoir. Tu es au courant de quelque chose ? »
« Comment veux-tu que je le sache ? Ce ne sont pas nos affaires. »
« D'accord, d'accord. De toute façon, en ce moment, ce ne sont pas ces deux-là qui m'intéressent. »
« La Reine ? »
Oikawa esquissa un sourire de satisfaction. Iwaizumi avait parfaitement deviné ses pensées. Cela ne le surprenait plus, mais il n'en attendait pas moins de son premier ministre.
« Exactement ! Tu sais combien de personnes se sont déplacées la dernière fois que nous avions organisé le Clair de Lune ? Des milliers ! La beauté de cette dame est un chiffre d'affaires à lui tout seul. »
« Ouais…. Elle n'est pas la seule… » fit Iwaizumi le ton détaché.
« Tu as dit quelque chose ? »
« Non, rien.. »
La nuit arriva enfin et la lune, d'une blancheur splendide, s'éleva derrière le toit des maisons de Wu, la capitale de l'Empire. Le général Iwaizumi était gélatineux de fatigue. Gélatineux, oui, c'était le mot qui définissait son état : le jeune homme avait l'impression que son corps était devenu aussi mou que de la gélatine. Il ne parvenait même plus à lever un bras, tant il avait travaillé d'arrache-pied.
En quelques jours, le jeune homme devait organiser l'intégralité de la réception tandis que son frère s'occupait de l'administration. Le pire, c'est que cela n'était pas terminé. Même, la fête n'avait même pas commencé.
Il ne restait plus que quelques minutes avant l'ouverture cette dernière. Le jeune homme s'empressa de remettre ses cheveux en place il devait être impeccable. Ainsi, il scruta soigneusement sa tenue, en faisant attention qu'elle n'ait aucun défaut. Une fois terminé, il prit une longue inspiration, puis se dirigea vers les appartements du roi. « S'il n'est pas encore prêt, je le tue » grommela intérieurement le jeune homme. Iwaizumi connaissait parfaitement Oikawa. Il avait la nette impression que ce dernier était encore en train de s'amuser. Mais ses doutes s'avéraient faux lorsqu'il ouvrit la porte de l'appartement du roi – le jeune homme avait depuis longtemps terminé.
La salle de réception était maintenant bondée de plusieurs centaines de personnes. Des politiciens, des membres de la famille royale, des soldats, des lieutenants, des invités venant des pays voisins, éclairés par les lustres de la pièce. Lorsque l'orateur prononça son nom, un tonnerre d'applaudissements frénétiques retentit. Oikawa fit son interruption, un sourire accroché aux lèvres. Ce n'était pas un sourire comme les autres – c'était un sourire « commercial » - car le jeune roi faisait point d'honneur à la fête dont son empire était hôte.
Aussi, il s'avança vers l'estrade, la foule frayant naturellement un chemin sur son passage. Le roi avait une grâce remarquable dans ses mouvements. Une vague d'admiration passait sur certains visages. « Passait » car elle n'était guère présente chez ceux qui le connaissaient. Son demi-frère, Iwaizumi, en premier – qui connaissait la personnalité d'Oikawa par cœur. Les gestes de ce dernier impressionnèrent néanmoins le jeune homme, qui ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire. Il réussit à étouffer un ricanement.
Sur l'estrade, Oikawa atteignit le centre. Doucement, une de ses mains saisit le microphone, qui lui était destiné. Les voix qui s'étaient élevées, diminuèrent immédiatement de volume. Le roi approcha ses lèvres du micro et commença un long discours de remerciements. Après quoi, le jeune homme inclina la tête et déclara la réception du Clair de Lune ouverte. Iwaizumi, qui l'avait écouté depuis le public poussa un soupir de soulagement. Le Clair de Lune venait tout juste d'ouvrir et était loin d'être terminé…. Il scruta les alentours et constata rapidement que des invités manquaient – évidemment, c'était ceux qui intéressaient le plus son frère.
« Ne t'en fais pas, elles ne vont pas tarder à arriver. »
Oikawa étant descendu de l'estrade, ils étaient maintenant tous les deux au milieu de la salle, jetant des regards circulaires autours d'eux – tout en adressant des sourires aux invités qui passaient devant eux.
« Je suis bien au courant, personne ne refuse mes invitations »
Des voix s'élevèrent l'instant d'après. Oikawa et Iwaizumi détournèrent leur regard en direction celles-ci. Une petite silhouette apparut dans la grande embrasure de la porte de la réception. Yachi Hitoka venait tout juste d'arriver. Derrière elle, se tenaient Hinata Shoyo et Kageyama Tobio, ses deux gardes du corps. La jeune fille, qui les avait repérés, s'avança timidement vers le roi, tout en faisant de son mieux pour garder une mine assurée. Visiblement, son éducation lui avait forgé ce trait de caractère. Elle se présenta à eux, puis s'inclina, en faisant soigneusement attention à sa posture.
« Bonsoir, cela faisait longtemps. »
« Hitoka Yachi » fit Oikawa d'un sourire « Comme cela me fait plaisir que vous soyez venu. »
Iwaizumi détourna un œil. Les paroles de son demi-frère possédaient une once d'ironie. La princesse, elle déglutit. Elle n'était peut-être pas aussi talentueuse que le général de l'Empire de Jen, mais elle devina la double pensée du roi – elle trouvait les paroles d'Oikawa, un peu blessante. Dans un sens, cela était vrai : la jeune fille fuyait tellement les évènements mondains que c'était presque surprenant de la voir ici. Aussi, répondit-elle un « Oui », le sourire accroché aux lèvres.
« Princesse Yachi Hitoka, je suis honoré de vous revoir » fit Iwaizumi.
« Moi de même »
« Sans être indiscret, où être sœur ? »
« Elle sera un peu en retard. Elle ne devrait pas tarder à arriver. Veuillez l'excuser. »
« Allons bon, ce n'est pas à vous de faire vos excuses ! Tant que Madame Kiyoko puisse arriver ici saine et sauve ! Par contre… à qui ais-je l'honneur ? »
Hitoka se redressa. La présence d'Oikawa l'impressionnait tellement qu'elle avait presque oublié.
« Oh pardon, je vous présente Hinata Shoyo et Kageyama Tobio, ils m'accompagneront tout le long de la fête… ils ne seront évidemment pas à mes côtés le dernier jour, ne vous en faites pas. »
Oikawa écarquilla les yeux. Ses pas accélérèrent rapidement vers les deux nouveaux invités :
« Kageyama Tobio ? LE Kageyama Tobio ? TOBIO-CHAN !» s'exclama le roi en s'avançant de plus belle.
« Tobio-chan ? » répétèrent Yachi et Hinata interloqués.
« Oh bon sang » grimaça Iwaizumi
« Bonsoir Oikawa… c'est un plaisir de vous revoir … »
« Tiens donc ? Où est passé ton impolitesse ? » lança Oikawa en esquissant un sourire narquois.
Yachi regarda derrière elle. Kageyama, qu'elle connaissait depuis longtemps – avait pour habitude de garder une mine quasiment synthétique – malgré un sang-froid peu équilibré. Hors aujourd'hui, la jeune fille remarqua que le jeune homme paraissait quelque peu déstabilisé…
A suivre…
Bon alors, ce n'est clairement pas la « fin » de chapitre que je souhaitais publier – mais comme je l'ai précisé plus haut, cette histoire se décomposera en plusieurs chapitres selon les « évènements » que j'ai prévu au cours de l'histoire. Ainsi, c'était la meilleure manière de conclure sur « quelque chose » tout en gardant une certaine logique. Par contre, je ne sais pas si je parviendrais à écrire autant la prochaine fois mais écrire des « parties » de texte de cette manière, est plus pratique pour moi je n'ai pas à m'imposer une longueur de texte particulière. Sur ce, j'espère que cela vous a plu – n'hésitez pas à faire part de avis en commentant (par mp aussi !) ! On se retrouve dans le chapitre suivant !
