Le Philtre d'amour

Chapitre 1 : L'aveu

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...

Severus Snape, ses robes de soirée pour la remise des diplômes flottant derrière lui, marchait à travers les cachots jusqu'à son bureau dont il ferma fermement, mais gracieusement la porte et se laissa tomber dans sa chaise.

Une nouvelle année de terminée. Dieu merci.

Un nouveau groupe de naïfs septième année allait être envoyé dans le monde réel – armé uniquement de leur éducation à Poudlard – et peut-être même qu'un peu de ses cours de potions aurait pénétré leurs durs crânes.

Probablement pas, se dit Severus alors qu'il se versait un scotch. A la possible exception de Granger, il était presque sûr que personne n'avait l'intelligence de retenir ses cours d'ASPIC très longtemps.

Bien. Severus leva son verre pour un toast au départ de ses élèves. Pour vous : Londubat – Je n'aurai plus jamais à vous voir à côté d'un chaudron ; Weasley – Pour l'amour de Dieu et ma santé mentale, n'ayez pas plus d'enfants ; Draco – P'tit gars, la mort de ton père est peut-être la meilleure chose qui ne te soit jamais arrivé… Il s'arrêta pour réfléchir un instant.

Et plus jamais ce maudit Harry Potter.

Snape s'enfonça dans son fauteuil alors que la complète réalité des évènements le frappait : Plus aucun rappel constant de cet arrogant James Potter. Plus de ces escapades en pleine nuit, ni de ces méfaits. Plus jamais il ne se précipiterait vers le danger et plus jamais il n'aurait à sauver son petit cul sans aucun remerciement. Plus jamais de ses coupures de presse, de son agressivité ou bien de sa pure stupidité.

Plus. Jamais. Harry. Potter.

Il reposa son verre. « Alléluia, Amen ! »

Toc. Toc. Toc.

Severus posa bruyamment son verre avec irritation.

Mon Dieu, les gens ne peuvent-ils pas résoudre leurs problèmes par eux-mêmes pour une fois, au lieu de venir me voir ?

Il ouvrit la porte, son regard typiquement snapien plaqué sur son visage et dirigé vers celui qui avait eu l'audace de le déranger durant son annuel réjouissance-de-l'après-remise-des-diplômes.

Harry Potter se tenait nerveusement devant la porte du bureau. L'Age et la pratique du Quidditch l'avaient rendu plus musclés et plus grand. La connaissance l'avait rendu plus puissant et tuer Voldemort l'avait rendu plus mature. Mais il se tenait d'une manière qui rappelait fortement à Snape le Harry Potter d'il y a huit ans attendant sa répartition.

Qui d'autre ? Qui d'autre pouvait avoir le timing terriblement parfait pour arriver juste au moment où il se réjouissait de son départ.

Résistant à la puissante envie de rouler les yeux au ciel, il baissa le regard vers Harry. « Bien ? »

Harry hésita un long moment. « Professeur, Je – euh – Je suis venu vous demander quelque chose. »

Une autre longue pause.

« Mr. Potter, Je n'ai ni le temps, ni le désir de rester ici et à écouter vos divagations d'adolescent. Alors dites-moi ce que vous êtes venu me dire, ou partez. »

Harry prit une profonde respiration et regarda ses pieds. « Je crois que je vous aime.»

Snape le regard d'un air absent.

« Je veux dire que je vous aime beaucoup. » débita Harry à la vitesse du dernier éclaire de feu. « Bien plus d'aimer – je veux dire, j'aime vos mains et votre visage et votre voix, et parfois ce que vous dites et tout ça, et même si ça ne m'intéresse pas, j'aime vous écouter et je… j'aimeraipasserplusdetempsavecvous. »

Le silence salua la fin de cet imbroglio de la langue française alors qu'Harry, aussi rouge que les cheveux de Ron, s'interrompait tout seul alors que Snape commençait à avoir un mal de crâne digne de ses rapports avec Voldemort ou Dumbledore.

Par l'enfer. Quand cet enfant apprendra-t-il ?

Représentant ses humeurs du moment, il frotta ses tempes. « Suivez-moi, Mr. Potter. » Il tourna les talons et retourna dans son bureau.

« Asseyez-vous. »

Harry s'assit.

«M. Potter,» commença Snape, s'asseyant en face d'Harry qui étudiait attentivement sa tasse de café. «Qui vous a mis dans cet état?»

Harry leva brusquement les yeux. «Pardon?»

«N'insultez pas mon intelligence en prétendant le contraire, Potter ! Je sais très bien que cette petite farce a été faite par vous camarades de Gryffondor afin d'embarrasser un professeur haï - »

«Je n'ai jamais - »

«Sans doute,» Snape continua comme s'il n'y avait jamais eu d'interruption. «Vous deviez espérer me trouver mort d'une crise cardiaque due au choc ou bien, peut-être, reconnaissant que le-garçon-qui-a-survécu me juge digne de son attention?»

«Mais ça n'est pas une farce ! Personne ne sait que je suis ici! Ils sont tous aux Trois Balais et - »

Snape se leva et le coupa. «Alors je suggère que vous déguerpissiez de ma vue et de vous joindre à eux.»

«Professeur, vous ne compr—»

«Oh, je pense que je comprends parfaitement, Mr. Potter.»

«Non!» Le cri les rendit tous les deux silencieux. «Non,» répéta Harry plus rapidement cette fois. «Ecoutez, je vous apprécie. » Harry maintenait fermement sa détermination et regarda Snape dans les yeux. «Plus que cela. Je vous aime. Et ce depuis ma sixième année. Ça n'est ni une farce, ni un sortilège et je n'ai pas bu. C'est la vérité.»

Snape l'étudia de très près et il lui sembla subitement que Harry Potter était devenu un expert en occlumencie parce qu'il ne pouvait pas dire avec certitude s'il mentait ou pas.

Soupirant, Snape se retourna. «Qu'est-ce que vous voulez de moi, Potter?»

«Un rendez-vous,» répondit-il rapidement.

«Un quoi?»

«Un rendez-vous. Vous savez – sortir dîner et tout ça.»

Snape lui donna son regard le plus méprisant par-dessus son épaule. «Ne soyez pas ridicule. Sortez de mon bureau.»

«Je ne partirais pas avant que vous m'ayez donné ce rendez-vous. Donnez-moi une chance. S'il vous plaît. Qu'est-ce que je peux faire pour vous convaincre ? Qu'est-ce que je peux faire pour que vous sortiez avec moi ? »

«Pour l'amour de –» Furieux, Snape se retourna et le saisit par le bras. «Bien! Vous voulez un dîner, espèce de morveux présomptueux?» – Il traîna Harry Jusqu'à la porte – «Frottez tous mes chaudrons pendant deux mois,» fit-il de sa voix la plus sarcastique alors qu'il le poussait dehors. «Alors vous pourrez avoir votre dîner!» Et il claqua la porte au nez d'Harry, ratant complètement les mots étouffés qui suivirent.

Stupide garçon.

Se massant les tempes, Severus Snape se rassit et essaya de ne plus penser à l'irritant incident qui venait de se produire – mais quelque chose le tracassait encore. Il repensa au petit discours d'Harry. La sincérité était clairement présente dans chacun de ses mots. Mais Snape ne croyait pas une seconde que Potter était actuellement amoureux de lui.

Alors qu'est-ce qui se passait ?

« Ça n'est ni une farce, ni un sortilège... »

Bien sûre si Potter était sous un sortilège ou avait bu quelque chose inconsciemment. Imperium, peut-être? Mais qui irait si loin au point d'utiliser ce sortilège à part un Mangemort? Et qu'auraient-ils à gagner en rendant Potter stupidement amoureux de lui?

Si ce n'était pas un Mangemort, alors peut-être un étudiant ? Ça serait caractéristique d'un Serpentard de tenter quelque chose contre Potter le dernier jour. Et il pouvait penser quelques-uns qui auraient pu préparer un philtre d'amour. Et il y avait plusieurs philtres d'amour de complexité variable qui pouvait être améliorés avec des effets combinés.

Un philtre d'amour, alors. Snape sourit alors qu'il se versait un nouveau verre. Ça offrirait au petit morveux le droit de souffrir d'un amour non réciproque dû à une potion. ...Mais encore, je suppose que j'ai la responsabilité envers la communauté sorcière de sauver leur héros ignorant, encore une fois. Il s'arrêta un moment pour considérer l'idée. Et ça pourrait être un défi intéressant que de trouver qui aurait pu droguer le Garçon-Qui-A-Survécu.

Plus intrigué et plus heureux que dix minutes plus tôt, Snape se leva et récupéra chacun de ses livres sur les philtres d'amour afin de se mettre au travail.