Frères de Mensonges

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Par MlleGanou

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Résumé : Nous leur avons menti depuis que tu les connais. Le pire ? Nous nous mentons à nous-mêmes depuis toujours. Tu n'as jamais été fille unique et encore moins une vraie Granger. Et ça, si ton frère te l'a bien rappelé, moi, je faisais tout que tu l'oublies…

Disclamer : Les personnages appartiennent à Joe Rowling et je lui emprunte seulement.

Couple : Fred Weasley / Hermione Granger

Genre :

Rating : M

Note de l'auteur : Bonjour à tous ! Oui je suis bien vivante ! Alors je rassure tout d'abord mes lecteurs de mes deux autres fics en cours, je vais les finir ! Je suis juste super charrette de la mort entre mes projets d'archi, mon mémoire et mes dossiers de master ! Cette fic me prend la majorité du temps libre qu'il me reste et je suis dessus depuis des lustres ! Je vous présente donc cette nouvelle fic. Pour l'instant j'ai écrit presque 45 pages que je subdivise en chapitres. Donc pour la première fois de ma vie j'ai une avance de quasiment 3 chapitres ! Youhou ! Je pense que je posterai un dimanche sur deux. Je remercie enfin Elwaen d'être mon béta et Ka-cendres d'être une piqure de rappel. Cette fic est née de mon esprit sadique et de mes lectures de We need to talk about Kevin, d'un portrait dans Libération sur Laurent De Villiers et de La Proie des âmes. Bonne lecture !

Note du Béta :Euh… bonne question. Je n'ai jamais eu à faire ça officiellement… . Bon sinon, que dire de ce chapitre à part qu'il est très prometteur pour la suite (car accrochez-vous, MlleGanou n'est pas prête de vous lâcher.) « Bref » j'ai, comme d'habitude, aimé relire cette histoire et y apporter l'aide demandée. Alors juste une question : et vous, qu'en avez-vous pensé ?

La sentence était tombée. Dumbledore venait de quitter Poudlard. Ombrage était désormais la directrice de l'école. L'AD, découverte, propulsait leur batracienne ennemie à une place de choix pour nous pourrir encore plus la vie.

Une série d'explosion avait accueilli la nouvelle, au sens littéral. Fred et George avaient usé de leur plus belle magie d'artificier pour marquer le nouveau règne rose d'Ombrage. La résistance continuait et personne, encore moins elle, ne devait l'oublier.

La salle commune des Gryffondors était toutefois relativement calme, l'heure était tardive et seule toi étais restée dans la pièce, prétextant une lecture à finir. Assise près du feu, ton livre sur tes jambes repliées, ton regard fixait l'âtre.

« Ca va ? » te murmurai-je doucement pour ne pas te sortir trop violement de tes pensées. Ta tendance craintive te faisait souvent sursauter à la maison. A Poudlard cette tendance s'était calmée mais je prenais toujours grand soin de ne pas te brusquer.

Tu avais tournée ta tête vers moi. Jamais, au grand jamais ton regard ne précédait ton visage dans ce mouvement. C'était une douloureuse rééducation que le Dr Gordon t'avait inculqué quelques semaines après la pose de ta prothèse voila bien des années. Avant même que tu saches que tu étais une sorcière.

Nous avions parlé ensemble de la possibilité d'une solution plus performante. Notre rencontre avec Fol Œil l'année précédente nous avait prouvé que la magie pouvait te redonner la vue à l'œil droit. Mais tu avais rapidement été catégorique. L'œil magique n'était pas la solution pour une fille de Moldus. Seule ta famille proche connaissait ta situation « magique » et la récupération visuelle d'un œil chimiquement détruit dans l'enfance était impossible. Alors tu avais clos la discussion, enterrant le sujet de la prothèse magique.

Je revins doucement au présent lorsque tu me répondis vaguement que tu allais bien. Tu t'étiras un instant avant de te frotter délicatement la paupière droite.

« Tu es fatiguée. » Ce n'était pas une question.

« Un peu oui. J'ai peu dormis avec tout ce qu'il s'est passé. Le ministère est désormais au cœur de Poudlard et nous sommes soumis à son aveuglement stupide.

- Il n'y a pas que ça. Elle te démange beaucoup en ce moment. »

Tu me fusillas du regard, agacée. Tu détestais que je te rappelle ce que tu savais pertinemment et que tu refusais de voir.

« Quand l'as-tu fais réviser pour la dernière fois ? Insistai-je délibérément.

- Je ne sais plus. Je sais que cela fait trop longtemps mais il faut que je trouve un instant pour aller voir Mrs Pomfresh. Sauf qu'avec l'AD et Ombrage … Sans oublier les couvre-feux…

- Trop d'excuses diminuent la vérité, Mia. Je sais que tu détestes ça et que tu recules de plus en plus les écarts. C'est dangereux pour toi, tu le sais.

- Ce n'est pas comme si je risquai de ne plus voir, hein ? »

Ton ton était acide. Je soupirai lentement. Me redressant je m'installai à tes cotés. J'eu à peine le temps de poser ton livre sur la table basse que tu t'effondras dans mes bras. Tu avais fini par craquer. Je te serai fort contre moi. Tu en avais besoin. Tu avais besoin de moi.

« Hermione ? »

Je levai la tête vers le jeune homme qui venait d'apparaitre dans l'obscurité de la pièce ronde. Je me levai du canapé. Tu accusas la perte de mon épaule et tu regardas le nouveau venu à travers tes cheveux broussailleux et tes larmes. Tu tentas bien de retrouver un peu de prestance, passant certaines mèches folles dernières tes oreilles, glissant ta main sur tes joues pour y chasser l'humidité. Pendant que tu voulais faire bonne figure, il s'était rapproché de toi.

« Qu'est ce qui t'arrive ? Tu vas bien ? S'inquiéta le rouquin en cherchant à capter ton regard.

-Ou…Oui. Ne t'inquiète pas Fred, je relâchais juste un peu la pression. Histoire d'être plus forte plus tard. »Bafouillas-tu alors que tu n'arrivais pas à maitriser les sanglots de ta voix.

Fred pour sa part t'avait lâché des yeux pour regarder la salle plus précisément, les sourcils légèrement froncés. Nous savions tous les deux qu'il se doutait de quelques choses depuis presque deux ans maintenant. Il avait été un des rares témoins malencontreux des bavardages qu'ils nous arrivaient d'avoir dans un couloir vide. Sauf que pour lui la conversation lui apparaissait surement comme le monologue d'une amie un peu folle.

« Tu es toute seule ?

- Oui. Si tu cherches Harry ou Ron ils sont partis se coucher.

- Je ne les cherchais pas vraiment, j'attends George en fait.

- Excursion nocturne ? » lui demandas-tu, apparemment peu choquée. Ce qui lui, par contre l'étonna au plus grand point.

Un sifflement admiratif vint accueillir son commentaire.

« Hé bien, Mlle La préfète ne me fait pas la morale ? S'amusa-t-il.

-Honnêtement Fred, si tu pouvais faire disparaitre Ombrage avec un de tes feux d'artifice je crois que j'appuierai ton dossier pour « Grand service rendu à l'école. »

Un nouveau sifflement se fit entendre mais venant de l'escalier cette fois-ci. George.

« C'est gentil de m'attendre Freddie mais tu n'étais pas obligé de faire pleurer cette pauvre Hermione !

- Idiot ! Tu sais très bien que je ne suis pas le frère Weasley qui a la capacité de faire pleurer Hermione. A moins que ce ne soit de rire ! » S'amusa-t-il alors qu'un sourire réapparaissait sur ton visage.

George donna une tape dans le dos de son frère qui tenta de lui ébouriffer les cheveux en réponse. Et en vain.

« Alors on a ta bénédiction Hermione ? Questionna George, plus heureux que le jour où il avait posé la cuvette des WC sur la table de chevet d'un Harry comateux à l'infirmerie.

- Oui vous l'avez. D'ailleurs… »

Tu avais agité sa baguette et les garçons furent traversés d'un frisson. Ils se regardèrent difficilement, distinguant vaguement les contours de l'autre.

« Sortilège de désillusion, marmonnèrent-ils en chœur.

-Sortilège de désillusion, affirmas-tu plus clairement, un sourire sur les lèvres. »

Ils te remercièrent et se dirigèrent vers le passage pour sortir. Juste avant de passer le portrait, l'ondulation qu'était Fred refit tout de même quelques pas en arrière pour te demander, le ton très sérieux cette fois-ci.

« Hermione, tu n'étais pas seule, hein ? »

Tu lui fis un petit sourire triste.

« Bonne nuit Fred. »

Et nous montâmes dans le dortoir des filles, laissant Fred avec ses questions.

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La première fois que je te vis, tu n'avais que trois ans. Tu passais pour la première fois la porte de cette nouvelle maison. Même si la mémoire t'es revenu sur ce point il y a quelques années, les conséquences de ce souvenir t'ont terriblement faite mal. A un point qu'aujourd'hui encore tu t'efforces de ne plus y penser.

Pendant longtemps, tu ne t'es souvenu que du noir. C'est d'ailleurs la couleur que tu associes encore à la maison. Je revois encore ces deux femmes se battant. Mrs Granger au sol, serrant de toutes forces l'ovale rond de son ventre. Les bruits m'ont aussi beaucoup marqué. Le téléphone n'arrêtait pas de sonner. Tu n'en pouvais plus. Alors tu as répondu de ta petite voix humide. C'était ton père. Il était plus qu'étonné de t'entendre.

« Hermione ? Mais … Qu'est ce que tu fais à la maison ?

- C'est Maman, elle m'y a emmené… Elle s'est battue… C'est plein de sang… Papa. J'ai peur. »

Je me rappelle que tu as attendu à coté du téléphone, tournant le dos aux autres femmes. Tu ne voulais plus voir ni entendre leur discussion endoloris par les cris de Mrs Granger. Tu as fermé les yeux autant que tu pouvais mais les mots s'incrustaient dans ton esprit et tu recréais les images s'associant. Avec le recul, je me dis qu'il aurait peut être mieux valu regarder.

Et ton père est arrivé. Furieux et transi de peur. Il s'est d'abord interposé entre elles. Là, tu regardais. Il hurle, il crie sur la femme encore debout qui finit par tomber à terre, groggy par ces sinistres paroles. Il l'ignore délibérément et prend doucement sa femme dans ses bras et la berce en lui disant qu'il a appelé les secours. Et toi, Hermione tu t'es doucement levé lorsque Mrs Granger s'est mise à murmurer le nom d'Eve. Tu pleurais tellement. Tu t'accrochais à la manche de ton père qui était perdu entre vous deux. L'autre femme t'appelait, mais tu l'ignorais. Tu avais finalement fini par attraper la main de Mrs Granger. Et je me souviendrai toujours de ces mots d'enfant que tu as prononcé.

« Je peux être ton Eve si tu veux. Je serai ton Eve et tu seras ma Maman… »

Et la maitresse de ton père perdit son amant et sa fille ce jour là.

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Tu avais profité du cours d'Ombrage pour aller voir Pomfresh. Cela te permettait de ne pas être escorté par Harry ou Ron tout en évitant d'affronter le petit sourire vainqueur de la nouvelle directrice.

Dès ton arrivée, elle t'avait conduite au fond de l'infirmerie et avait tiré le rideau autour de ton lit.

« Bonjour Miss Granger. Cela faisait longtemps. Je vous attends depuis une semaine ! Ce n'est pas raisonnable, voyons !

- J'effectue un nettoyage quotidien, il n'est pas absolument nécessaire que vous vérifiez ma prothèse tous les deux mois… Ma cicatrisation est terminée depuis des années, les risques d'infection sont minimes. Il est même déconseillé de retirer la prothèse souvent, expliquas-tu presque ennuyée par ce déplacement.

- Vous connaissez votre sujet Miss Granger. Sauf que vous êtes une sorcière et que ceci est une prothèse moldue. Or vos péripéties avec Mr Potter et Mr Weasley vous ont conduit dans cette infirmerie, vous avez reçu des enchantements. Tous ces maléfices ont des effets sur notre métabolisme. Nous ignorons comment les prothèses moldues réagissent à la magie. Et tout cela, vous le savez très bien alors ne me faite pas perdre mon temps. »

Le ton de Mrs Pomfresh était quasi neutre, comme si elle récitait une poésie lassante. Et pour cause, vous aviez ce débat presque à chaque fois toutes les deux. Alors tu l'as laissé s'occuper de ta prothèse. Une fois ton œil de verre extrait, tu t'es directement tournée sur le coté droit. Tu détestais qu'on te voit sans, même dans le cadre médical. Je dois t'avouer que même moi j'avais des frissons face à cette paupière creusée par l'absence de tout globe oculaire.

Mrs Pomfresh avait fait une drôle de tête la première fois. En même temps, personne à Poudlard ne l'a su avant ta deuxième année et l'accident avec le polynectar. Ce fut encore un mauvaise Noël pour toi. Du moins, moins mauvais que le précédent. Bref, en arrivant à l'infirmerie tu avais tes deux yeux de chat. Et malgré la fourrure et les boules de poils, tu étais prodigieusement heureuse. Parce que malgré la vue féline, tu avais retrouvée ta vue à quasiment 180 degrés. C'est au bout d'une semaine et demie que tout s'est compliqué. Ton œil droit a commencé à perdre de ses capacités. Au début tu ne t'es pas plainte. Voir flou était un luxe lorsqu'on sait ce qu'est ne pas voir du tout. Deux jours après, la douleur t'a poussée à prévenir enfin Mrs Pomfresh. Elle est restée ébahie pendant quelques minutes, sans comprendre ce qu'il t'arrivait.

« Miss Granger… Je ne comprends pas… On dirait que votre œil se résorbe ! Jamais une combinaison entre le polynectar et un élément animal ne peut produire la disparition d'un membre existant !

- Je … Et si ce membre n'existait plus ? Bafouillas-tu en baissant la tête.

- Voyons Miss Granger, ce n'est pas votre cas ! S'exclama-t-elle, déroutée.

- C'est … C'est mon cas. Je suis borgne. Depuis l'âge de six ans. »

Mrs Pomfresh avait du s'asseoir sur ton lit, sous le choc. Elle semblait partager entre l'envie de regarder une nouvelle fois ton œil et celle de te secouer pour lui demander d'arrêter sa mauvaise blague. Elle avait fini par te regarder, l'incompréhension gagnant sur les autres sentiments.

« Mais… Pourquoi ne pas l'avoir signalé au début de votre première année ?

- Je ne voulais pas être une exception. Mes origines moldues sont déjà un problème pour certains sorciers…

- Mais vous auriez pu être blessé lors de vos cours de vol en première année ! Bon sang vous avez affrontée les protections de vos professeurs en juin dernier ! Se souvint-elle brusquement, paniquée par ce qui aurait pu arriver à son élève.

- Et tout c'est bien passé. J'entretiens ma prothèse correctement, je suis toujours prudente, mes mouvements sont calculés pour que mon regard soit le moins perturbant possibles. »

Vous aviez parlé plusieurs heures. Tu as exigé d'avoir de nouveau une prothèse moldue. Elle a eu beau insister, tu n'as pas plié et tu étais contre une alternative magique. Il a fallut alors prévenir Dumbledore et McGonagall. Dumbledore s'est contenté de te regarder avec ce regard pénétrant, cherchant le pourquoi, le comment, les raisons d'un tel silence. Mais il n'a rien pu voir, je te protégeais. McGonagall, elle, s'est indignée d'un tel secret. Elle a pendant longtemps continué à te lancer des regards noirs teintés d'inquiétude. Jusqu'au jour où nous avons été stupéfixié par le Basilic. Lors de notre réveil, elle était tellement soulagée et heureuse qu'elle t'avait pris dans ses bras. Tu t'étais bien gardée de le raconter au garçon, profitant de ce petit bonheur d'être appuyée et soutenue par une personne que tu admirais.

Mrs Pomfresh avait fini d'ausculter ta prothèse. Elle l'a désinfecta rapidement avant de se retourner vers toi.

« Hermione… Pouvez-vous vous tourner ? J'ai terminé. »

Tu soupiras pour reprendre un peu de force. Elle t'appelait toujours par ton prénom dans ces moments là. Les moments où l'illusion n'existait plus. Ceux où tu étais le plus faible possible.

Tu obéis et très rapidement, elle le remit en place. Tu clignas plusieurs fois des paupières pour réintégrer en toi cet ajout esthétique. Tu t'es redressée alors que l'infirmière rangeait ses instruments.

« Mrs Pomfresh ?

-Oui ma chère ?

- Est-ce que … Est-ce que vous avez prévenu Ombrage pour mon œil ? »

L'infirmière réfléchit un instant, légèrement embarrassée

« Comprenez moi, je suis clairement hostile à ses méthodes, vous avez vu ce qu'il s'est passé avec Dumbledore ! Elle serait entièrement capable d'utiliser cette faiblesse pour m'atteindre.

- L'existence de votre prothèse est inscrite que sur votre dossier médical. Uniquement sur le dossier médical. Aucunement sur le scolaire. Ensuite il y a Minerva et Albus qui sont au courant bien évidement. Ils en ont averti le professeur Rogue vu que certaines projections de potion pouvaient vous atteindre sans que vous ne le voyez du coté droit. Il s'arrange toujours pour que vous n'ayez pas un autre chaudron à votre droite, l'aviez vous remarquez ? Remus fut prévenu juste avant sa séance sur les épouvantards, nous … nous craignions que cela ne dévoile votre secret à l'époque. Filius l'a deviné tout de suite apparemment, mais il s'est bien gardé de nous le dire.

-Il le savait ? T'étonnas-tu, incrédule.

- Cela se voit dans votre manière de formuler vos incantations d'après lui. Vous mettez toujours votre main plus vers la gauche alors que vous êtes droitière, vous diminuez l'amplitude à droite et l'accroissez à gauche. Et pour les sorts de protection, l'aura magique protège toujours plus la droite, expliqua l'infirmière avec un sourire. Je crois qu'ils sont les seuls. Nous avons pris le risque calculé de ne pas en parler à Hagrid vu son amitié avec vos amis et son manque de discrétion… »

Tu avais laissé échapper un petit rire. Oui, en effet, confiez une pareille information à Hagrid aurait été tout bonnement une catastrophe pour ton secret.

« Miss Granger, vous n'en avez toujours pas parlé à Mr Potter et à Mr Weasley ? »

Le silence fut ta seule réponse. Tu t'es levée et à ouvert le rideau. Tu la remercias poliment et tu es sortie de l'infirmerie, accompagnée des dernières paroles de la garde malade.

« Vous devrez bien leur dire un jour, Miss ! Ne reculez pas encore l'échéance ! »

Mais tu n'écoutais plus ces paroles que tu avais trop souvent entendu.

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Mrs Granger était restée à l'hôpital plusieurs semaines pour se remettre du choc de sa fausse couche. Elle n'était donc pas là lorsque ton père est arrivé avec toutes tes affaires fraichement achetées. Tu n'avais plus de doudou, de jouet, de livres, tu les avais laissés dans ton ancienne vie. Alors ton père t'avait installé dans la chambre d'Eve. Mr Granger avait retiré l'ancien berceau, trop lourd dans la perte qu'il représentait. Seul restait la peinture verte pistache avec les pochoirs de papillon et de coccinelle. Tu adorais cette chambre, c'était ta bulle verte.

Mrs Granger n'avait rien dit lorsqu'elle était rentrée. Il était évident pour le reste de la famille qu'elle faisait un transfert de son enfant perdu sur cette enfant déjà bien grande et bien mature que tu étais. Alors elle avait tendrement pris soin de toi, même si mon existence l'agaçait au plus au point. Il est évident que supporter une fille illégitime passe encore, mais supporter son meilleur ami invisible avec qui elle discutait l'essentiel de sa journée, c'est plus difficile.

Ton père faisait de son mieux je pense. Il t'adorait de tout son être. Mais on ressentait parfois la distorsion entre ces deux vies. Tu passais souvent après, pour le bonheur de la famille. Ta nature le tolérait plutôt bien, tu comprenais ta place de rajout un peu bancal dans cette maison, même si mentalement, tu en avais totalement oublié la cause. Pour toi, tu étais la petite dernière donc la moins importante.

Sans oublier Duncan qui se faisait un plaisir de te faire ressentir l'hostilité générale contre l'enfant que tu étais.

Rien que de penser à lui, je peux te sentir frissonner. Moi-même, je me glace encore en pensant à lui.

Duncan. Le fils de Mr et Mrs Granger âgé de tout juste dix ans à ton arrivée.

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Merci pour avoir lu cette fic et à votre bon cœur, je suis une boulimique des reviews :P