PROLOGUE
« Ichigo…
- Nous nous disons adieu pour la dernière fois, n'est-ce pas ?
- Je suis tellement désolée…Si seulement… »
Elle pleurait, elle pleurait pour lui.
OoOoO
« Je me souviens…J'ai traversé le néant.J'ai flotté longtemps, comme si je parcourais l'éternité, une éternité obscure.
La vive lumière me pique les yeux. Je ne sais pas où je suis à présent, ce monde est étrange. Je n'arrive pas à me souvenir, je ne sais pas ce qui m'a amené ici.
Ce n'est pas un rêve, mes pieds nus foulent bel et bien cette terre caillouteuse qui déchire ma peau. Cette sensation est réelle, bien trop réelle.
Les autres, autour de moi, ont un visage inquiet, la même expression doit marquer mes traits, mes yeux, eux, doivent refléter toute mon incompréhension.
Je ne veux attendre davantage, je dois partir. Je trouverai bien les réponses par moi-même. »
OoOoO
Le jeune homme marcha longtemps dans les ruelles sales et pauvres de cette étrange ville. Des gens le regardaient avec méfiance avant de retourner à leurs occupations respectives.
Il n'aimait pas cette sensation d'être ainsi observé, alors il continuait toujours droit devant lui, ne sachant si ce lieu avait une fin.
« Hé ! petit ! Tu as l'air fort, as-tu déjà une famille ?
- Une famille ? »
Il regarda la femme accusant d'un âge déjà bien avancé. Elle lui sourit, faisant apparaître une dentition presque inexistante.
- Où sommes-nous ?
La vieille dame lui jeta alors un regard étrange, comme s'il venait de demander quelque chose d'extraordinaire.
« A la Soul Society, mon p'tit gars. Tu es nouveau ? N'as-tu pas vu des gardes ?
- Non…Soul Society ?...
- Là où l'âme des morts est recueillie…Un enfer, rien de plus qu'un enfer… »
Le jeune homme se figea sous le coup de cette révélation.
« Mort… ?
- Tu auras toute l'éternité pour le réaliser, mon p'tit gars. »
OoOoO
« Je ne pouvais fuir. Je n'avais nulle part où aller. C'était évident pourtant, je suis mort et mon âme a été emmenée ici, je ne voulais juste pas le réaliser. Que devais-je faire à présent ? Vivre au milieu de ces gens ?
C'est donc ça le « paradis », une immense ville touchée par une pauvreté sans nom où les habitants ont l'air si désespérés ? »
On le hélait ici et là, il ignora chacun de ces appels, continuant d'avancer sans but.
Le ciel se teinta lentement d'une couleur orangée, la nuit aussi semblait tombée dans ce monde étrange.
Il trouva un abri de fortune, une maison tellement délabrée qu'elle devait être abandonnée depuis de nombreuses années déjà.
Il n'y avait rien à l'intérieur. Même pas un semblant de lit où se reposer. Les lattes du toit s'étaient échouées sur le sol de terre, grinçant sous ses pas.
Il était fatigué de son errance, la faim lui vrillait l'estomac, n'était-ce pas étrange pour un mort de ressentir fatigue et faim ?
Il s'installa dans un recoin encore protégé par un frêle morceau de toit, s'allongeant à même le sol.
Ses yeux grands ouverts fixaient un morceau de ciel au travers d'un trou béant dans la fine cloison.
Ainsi serait sa nouvelle vie ? Se demanda-t-il avec une pointe de tristesse. Une vie d'errance, à rechercher un but à cette nouvelle existence ?
Il aurait préféré dormir pour l'éternité, mourir corps et âme. Soul Society ? Juste le nom déguisé de l'enfer !
La nuit avait étendu son voile d'obscurité sur cette terre hostile. Ses yeux se fermèrent d'eux-mêmes, sans qu'il n'en ait conscience.
Le jeune homme commença alors un rêve, un rêve intriguant, dont il ne se souviendrait pas à son réveil.
