Et voici le chapitre de ma fanfic sur Yu-Gi-Oh. Cet écrit se basera en quelques chapitres sur une conception psychologique d'une famille pour qui la vie n'est pas toujours très rose...


Je me réveillais au milieu de cette étendue de sable désert, comme chaque nuit.

« Encore… » entendis-je sortir de ma bouche.

Commençais-je vraiment à me lasser de cet endroit que je revoyais cette nuit ? Sans doute. Alors autant passer le temps, que ce soit ou non intelligemment. Je m'assis sur le sol sec et râpeux, le laissant attaquer mon très grand tee-shirt qui me servait de chemise de nuit, le laissant me brûler les pieds. Rien n'y faisait.

Mon regard restait de marbre.

Ce désert ne me faisait plus rien…Pas même l'ombre qui semblait m'attendre au loin, me dardant de son regard impénétrable.

(Alicia)

J'ouvris les yeux. Je n'eus pas la réaction typique d'une personne se réveillant d'un cauchemar, en sueur et paniquée. Ce fut une fin de sommeil normale. Je me redressais dans mon lit pour regarder l'heure et m'aperçut que j'avais le temps qu'il fallait pour me préparer.

Mais qu'étais-je sensée faire aujourd'hui ? Je ne savais plus…Et à vrai dire, je m'en fichais un peu…Même complètement…

Je décidai pour finir de m'accorder un répit d'une demi-heure et me recouchai de tout mon long pour somnoler.

C'avait été pour moi une semaine éprouvante. Les entraînements aux duels devenaient de plus en plus intensifs d'autant que mon nouveau deck, composé de cartes juste mises sur le marché, m'étaient totalement inconnues et que je devais me familiariser avec elle. Et cette peste d'Emily avait osé me défier pour en rajouter une couche ! L'image de cette pimbêche aux cheveux blonds coupés courts et aux allures de poule, que je considérais comme ma plus grande rivale, m'exaspérait au plus haut point.

Le réveil sonna, marquant la fin de mes minutes supplémentaires de sommeil. A la quatrième sonnerie, je balançai mon oreiller de rage sur le cadran du pauvre instrument qui tomba à terre. Je me levai et le ramassai pour le reposer sur la table de nuit à côté de mon lit. Il en avait vu d'autres après tout, il se remettra bien de celui-là !

Ouvrant mon placard, je piochai au hasard dans mes vêtements et en sortis un tee-shirt bleu glacial, pareil à la couleur de mes yeux, et un jean un peu trop grand. Bah ! Au moins, je me sentirais bien à l'aise dedans. La préparation matinale ne durait jamais bien longtemps avec moi. Une douche de cinq minutes, montre en main, quand Matthew, mon petit frère, se décidait à ne pas traîner, habillage, coiffage (la plupart du temps fait de manière très superficielle), et, au moment où les filles de mon âge en sont à l'étape du choix précautionneux des vêtements ou du maquillage, je dévalai déjà les escaliers du manoir, sous l'œil offusqué de Magda, la femme de chambre que mon père avait embauché quelques semaines plus tôt pour pallier à la démission d'Héloïse, une jeune française, qui ne pouvait plus me supporter.

« Quelles sont ces manières ? Je ne sais pas si vos parents seraient heureux de vous voir adopter cette attitude, me sermonna la vieille femme. Oh ! Et vous n'êtes même pas coiffée !

- Mais si, je me suis passée un coup de brosse avant de m'habiller… » répondis-je.

Certes, cette femme était très dure, mais elle avait pour le moment réussi à gagner mon respect…Espérons pour elle que cela dure longtemps…

Alors qu'elle s'efforçait par tous les moyens de me ramener vers les escaliers, en direction de ma chambre, une silhouette sortit de la cuisine.

« Ne vous ne faites pas Magda, je m'en occuperais moi-même… »

Mon visage s'éclaira alors et je me défis de la prise de la pauvre femme pour courir vers ma sauveuse et lui appliquer un baiser sonore sur la joue.

« Bonjour maman ! »

Elle rit et retourna dans la cuisine, m'invitant par la même occasion à la suivre. Là, déjà attablé, je retrouvai Matthew.

« Bien dormi, Matt ? » demandai-je à ce dernier.

Je n'eus pour toute réponse qu'un vague bruit de mâchage et de postillons, mon adorable petit frère de trois ans ayant entrepris de satisfaire ma question tout en mangeant sa tartine. Ma mère poussa un soupir exaspéré en se tournant vers moi.

« Tu vois bien qu'il mange, tu pourrais m'éviter ce genre de coups… »

Ceci dit, elle saisit une serviette et essuya la bouche du petit garçon.

« A propos, reprit-elle, n'oublies pas que ton père t'attend pour dix heures à l'entreprise pour ton inscription au concours…Il m'a dit de te le rappeler ce matin. »

J'eus un tel mouvement de surprise en me levant que j'en renversai ma chaise.

« J'ai failli oublier ! Voilà pourquoi j'avais mis mon réveil ce matin ! Oh non, si j'arrive en retard, je suis finie ! »

J'apercevais le sourire en coin de ma chère maman, avouant sans toutefois me le dire que je n'avais pas totalement faux sur le sujet. Parfois, je me demandais comment mes parents pouvaient encore vivre sous le même toit, tant leur façon d'être était différente. Je laissai un instant mon regard vers ma mère, admirant sa fine silhouette, ses cheveux auburn, dont j'avais hérité la teinte, rassemblés en chignon, certes improvisé, mais qui lui apportait un charme sans pareille, ses yeux et son sourire qui n'exprimaient que douceur…Et surtout sa gentillesse, son attention…Rien que par son nom, il était facile de deviner cette aura de délicatesse qui émanait d'elle. Sérénity…

Oui, vraiment, je l'adorais…

Elle se tourna vers moi, l'air surpris.

« Mais que fais-tu ? Tu tiens réellement à te faire massacrer par ton père ? »

Ces paroles me réveillèrent la conscience. Lançant à la volée un vague au revoir, après avoir saisi mon sac à dos dans lequel se trouvaient mon disque de duel et mon jeu de cartes, je partais, baskets au pied et traversai le jardin devant le grand manoir.

(Seto)

Elle était en retard…Comme si je ne m'y attendais pas.

Je fixai obstinément la rue par laquelle ma fille devait arriver, et rompais parfois ce regard pour jeter un œil impatient à ma montre. Les minutes défilaient…Dix heures, dix heures cinq, dix heures huit…

Après tout, peu m'importait si elle n'arrivait pas à temps. Je lui avais répété plusieurs fois que les inscriptions pour le concours se terminaient à dix heures et quart. J'aurais mieux fait de lui dire de venir à six heures ce matin, et peut-être aurais-je eu une chance qu'elle arrive maintenant.

Enfin je vis sa silhouette débouler du coin de rue que je surveillai et, en l'apercevant, je ne pus m'empêcher de soupirer d'agacement.

« Bonjour papa ! me dit-elle en reprenant son souffle avec peine.

- Tu es en retard…Et…Tu aurais pu t'habiller de manière plus correcte… » eus-je pour toute réponse.

Je détournai la tête et ainsi ne vit pas son œil furieux. Je n'aimais vraiment pas ce style vestimentaire qu'elle avait adopté. Le tee-shirt passait encore, mais le jean, absolument pas ! Il fallait d'urgence que je lui fasse prendre conscience du rang que j'occupais, et qu'elle vive en fonction.

Sans lui accorder un regard, je pris la direction de la KaibaCorp, où les inscriptions s'apprêtaient à se finir.

Mon aînée retint un petit cri et se précipita vers le guichet sans m'attendre.

« S'il vous plait, s'il vous plait, leur cria t-elle, inscription de dernière minute ! »

L'employé sursauta tant l'attitude était surprenante. Il semblait sur le point de refuser. J'arrivais alors derrière.

« Il est dix heures quatorze, monsieur. Et il est bien stipulé qu'il faut se présenter au guichet avant dix heures et quart… »

L'homme ouvrit la bouche pour aussitôt la refermer et sortit un imprimé.

« Dans quelle catégorie vous inscrivez-vous mademoiselle ?

- Catégorie espoir.

- Votre âge ?

- Huit ans.

- Votre nom ? »

Elle sembla hésiter sans que je ne sache pourquoi. Je mis une main sur son épaule et répondit à l'employé à sa place.

« C'est ma fille. Son nom est Alicia. »

(Alicia)

Je t'en prie papa…Je suis contente de voir que tu vas bien et que tu es d'une humeur formidable aujourd'hui…Comme à ton habitude…

Oooooh ! Comme il pouvait m'énerver parfois ! Je comprenais oncle Joey franchement…Il avait beau être mon géniteur, je me demandais parfois ce que j'avais bien pu faire au ciel pour l'avoir comme père !

Il m'avait accueilli avec son sourire habituel, c'est-à-dire néant, et, sans même un bonjour, m'avait entraîné dans la tour qui lui servait d'entreprise.

Mais à présent, tout allait bien ! J'étais inscrite au tournoi, avec, pour mission, de prouver à mon père que je valais bien plus qu'il ne pouvait le croire !

Il m'avait ensuite entraîné dans son immense bureau. Bon sang ! Il savait pertinemment que je détestais y monter ! Toutes ces baies vitrées qui laissaient une vue plongeante sur le vide me donnaient un vertige incommensurable. Comme à mon habitude, je ne râlais pas, mais, à peine entrée, je me précipitais vers le mur opposé aux grandes fenêtres et le rasais. Il me regarda avec étonnement, une nouvelle fois.

« Assieds-toi. » finit-il par daigner me dire.

Je m'exécutais et quittai avec difficulté mon mur protecteur pour trouver place sur une chaise. Lui prit place en face de moi, devant son bureau, comme un patron recevant un simple employé…et non comme un père envers sa fille…

« Alicia, il y a certaines choses qu'il me faut remettre au point avec toi… »

Dieu, que ce ton de voix était sérieux et solennel ! Je balançai les jambes dans un mouvement d'impatience, qu'il remarqua et qui lui fit froncer les sourcils.

« Tu ne dois pas oublier que je dirige la plus grande société de cartes de duel de monstres. J'ai donc un rang et une réputation à tenir…Crois-moi que j'apprécierais énormément si ma famille acceptait de s'y tenir.

- Je dois me sentir visée en particulier, je suppose…répondis-je de manière assez désinvolte.

- Tu as tout compris. A ce jour, je voudrais que tu améliores ta tenue vestimentaire en premier. Ce n'est qu'un détail, mais le coup d'œil a beaucoup d'importance dans mon milieu. »

Je fis une grimace assez explicite pour que mon père comprenne mon ressentiment vis-à-vis de cette décision.

« Ah oui… »

Tiens, tiens…Il reprenait la parole une fois de plus…Qu'allait-il me ressortir d'aimable cette fois-ci ?

« J'ai accepté de t'inscrire à ce tournoi, bien que j'estime que tu sois trop jeune pour participer à ce genre de choses…Alors fais-moi plaisir…Ne t'attire pas la honte, ou je risquerai d'en pâtir… »

Il dépassait vraiment les bornes là ! Je le savais de tendance égocentrique, mais à ce point…

Je me levais de la chaise.

« Tu as fini ? Je peux rentrer ? »

Je crus un instant qu'il allait refuser tant son regard exprimait la colère par rapport à mon attitude assez peu cavalière.

« File… » se contenta t-il de marmonner.

Charmant…

Je sortis de la pièce le menton haut, sans même un mot pour lui.

Mais une fois dehors, un énorme sentiment de tristesse me prit. Pourquoi se comportait-il comme cela ?

Ces pensées m'habitèrent tout le long du chemin du retour.

Je savais pertinemment que tous m'enviaient. Il suffisait de voir les expressions des gens. Ils voulaient être à ma place…Et pour quelles raisons ?

J'étais la fille de l'homme le plus riche, le plus influent, le plus puissant de la ville…

Mais est-ce une vie…d'être la fille de Seto Kaïba ?


Voilà pour le chapitre 1 ! Sans doute plusieurs aspects de l'histoire pourront-ils vous laisser sur votre fin...Mais ceci n'est qu'une amorce de l'histoire...