Insupportablement Gryffondorien.
Hermione, sagement assise à la bibliothèque faisait ce pour quoi elle était la plus douée : la ramener.
Face à ses meilleurs amis elle se vantait encore d'avoir fini tous ses devoirs pour les deux semaines à venir, et les deux Gryffondor, absolument catastrophés par le retard emmagasiné ne l'écoutaient qu'à moitié. Voir leurs mines épouvantées devait sûrement conforter Hermione dans ses choix de vie. Faire ses devoirs plus tôt que tout le monde, lever le menton fièrement en faisant semblant de découvrir qu'elle était la seule à avoir autant d'avance, rouler des yeux devant les enfantillages de ses camarades, faire cette moue insupportable quand on la traitait de "Miss-je-sais-tout". Était-ce réellement un mode de vie ou juste un moyen parfait d'emmerder le monde magique ?
C'était insupportable. Cette manière de triturer ses cheveux d'un air ennuyé quand son stupide copain roux se goinfrait dans la grande salle. Cette hâte avec laquelle elle levait la main comme si elle allait décoller du sol et traverser le plafond dans un seul élan. Cette façon de jeter des regards dédaigneux à ceux qui se dressaient sur la route de la bibliothèque. Insupportable.
Il y avait tant d'autres choses. Son parfum. Avez-vous seulement déjà senti cet arôme entêtant ? Piquant et doux, sucré et salé, tout bonnement insupportable. Une odeur de vieux parchemins, de groseilles (allez savoir pourquoi) et de savon moldu. Une odeur qui ficherait la gerbe à un troll car beaucoup trop mièvre. Et puis, ses yeux. Brun, chocolat, marron, crotte de rat, appelez ça comme vous voulez, ça reste une couleur immonde. Avec cet éclat à la fois malin et fière, plein d'imagination et de connaissances.
De quoi être peut-on être fière quand on est la fille unique de deux moldus dont l'activité principale est de brosser les dents de morveux tout autant démunis de pouvoirs ? De rien !
Peut-on être fier de la bourbe qui coule dans les veines ?
C'était d'un ridicule. Totalement insupportable.
Hermione se pencha un peu en avant et quelques mèches de ses cheveux que l'on ne pouvait définir que d'incohérents glissèrent le long de son épaule.
Insupportable.
Comme si elle ne s'en rendait pas compte, cette peste, cette idiote de sang de bourbe.
Non elle restait là, avec son petit air innocent et satisfait. A remuer les lèvres, à froncer les sourcils, à pousser des petits soupirs en lisant son gros grimoire sûrement empli d'informations sans aucun intérêt.
Elle avait même osé -croyez le ou non- lisser les plis de sa robe sur ses cuisses. Dans un geste purement provocateur.
Insupportable.
Dans son coin de la bibliothèque, il l'observait, feignant de lire son livre de potion. Elle était vraiment insupportable, le stéréotype même de la bourbeuse de Gryffondor. Le rat de bibliothèque à l'apparence semi-féminine. L'être abominable qui accaparait toutes ses pensées.
Mais il n'allait pas laisser faire ça. Il n'était pas n'importe qui lui, pas un petit sang mêlé de pacotille. Il était quelqu'un, il était Drago, l'héritier Malefoy. Et cette petite écervelée il n'allait pas la laisser hanter son esprit comme ça. Il allait se l'approprier, ici même, entre les interminables rayons de la bibliothèque. Elle ne le savait pas, mais avant de pouvoir réciter une seule des formules de première année qu'elle connaissait par coeur elle serait sienne.
Fin ?
"Le monde fleurit par ceux qui cèdent à la tentation." Julien Gracq.
