Maux et Mots

Disclaimer : Évidemment, ils ne sont pas à moi, je ne fais que les torturer un peu.

Note : Cette fic ne prend pas en compte l'épilogue. A part le prologue, le reste de l'histoire sera du point de vue de Draco et à la deuxième personne.

Message de l'auteur : Après une longue absence (je sais, personne n'avait remarqué que j'étais pas là ... ^^' ) je suis de retour avec une histoire un peu spéciale qui me trottait dans la tête depuis des mois. Je ne sais pas encore combien de chapitres elle fera ni à quelle fréquence je pourrais publier. Ce premier chapitre est une sorte de song-fic de la chanson Encore une fois de Gérald De Palmas (je suis amoureuse de ce type depuis mes huit ans ... c'est grave ? XD). Je m'excuse d'avance s'il reste des fautes, c'est coriace ces bêtes-là !

Bonne lecture !

Prologue

C'était quoi cette histoire de procédure ? Qu'est-ce que Kingsley espérait ? Il allait foutre en l'air des heures et des heures de recherche ! Il ne pouvait pas envoyer un novice, ça ne rimerait à rien. Il reviendrait bredouille en à peine deux jours et après cela ils ne seront plus en droit de retenter l'expérience.

_ Monsieur, cria Harry en voyant le Ministre se diriger vers les ascenseurs. Attendez !

Il courut jusqu'à lui en se frayant un chemin dans la foule et, essoufflé, il s'exclama :

_ Monsieur, il faut que vous me laissiez le dossier Malfoy !

_ Mais enfin, Potter, c'est insensé ! Nous ne pouvons pas mettre un Auror tel que vous sur un dossier comme celui-là, ce n'est-…

_ Je suis le seul à pouvoir le faire ! Ses amis ne sont plus en Angleterre, je suis la seule personne qui ait un lien avec lui ! Et je sais déjà où il est ! Je vous promets que cela ne prendra pas plus d'une semaine !

Le brun savait qu'il en était capable. Cela faisait des mois qu'il était sur la trace de Malfoy, il y passait tout son temps libre, toutes ses pauses, toutes ses nuits. Il venait enfin de trouver l'endroit où il se cachait, il ne pouvait pas laisser un inconnu prendre sa place et jouer son rôle.

Le Ministre observa un instant le jeune homme qu'il avait devant les yeux. Il avait l'air tellement déterminé que cela frisait le désespoir.

_ Soit, je vous confie ce dossier. Vous avez une semaine.

1. Encore une fois

Un matin profitant de la brise,

Je flânais, guéri de tous mes maux.

C'est assez rare pour que je le précise,

D'habitude j'ai le moral à zéro.

Le soleil illumine les rues de Londres pourtant tu restes caché sous ta capuche. Tu sais que tu as l'air soit ridicule, soit louche. Tu sais que de toute façon personne ne te remarque ici. Tu sais que ça ne sert à rien. Tu sais que ce n'est pas digne de toi et tu te sens pathétique. Mais tu la garde. Tu prends le même chemin que d'habitude sans lever le nez de tes chaussures. Tu marches d'un pas pressé, tu n'aimes pas rester longtemps dans la rue. Il y a toujours les mêmes stupides peurs dans un coin de ta tête. Tu essayes encore de les faire taire mais elles ne te lâchent pas. « Et si quelqu'un m'aborde ? » « Si on me demande une indication ? L'heure ? ».

Tu tournes à la troisième à gauche. Il ne te reste plus que quelques secondes avant que tu sois enfin à l'intérieur. Tu t'engouffres dans la ruelle qui mène à ta librairie et tu souffles. Personne ne vient jamais ici.

Tu sais que tu y es presque, tu ralentis ton allure. Mais alors que tu cherches les clés dans ton sac, une paire de jambes apparait dans ton champ de vision. Tu sursautes comme un crétin. La panique t'envahit instantanément. Tu te demandes s'il va falloir que tu parles, que tu donnes des renseignements, que tu ais une conversation. Puis tu oses un regard vers la personne postée devant la porte. Et la réalité se révèle encore plus cruelle que ce que tu avais pu imaginer.

Au détour d'une ruelle sans nom,

Te voilà, une chance sur un million.

_ P-Potter ?

Tu te maudis immédiatement pour ce bredouillement. Tu tentes de te rassurer en te disant que le brun doit mettre ça sur le dos de la surprise.

_ Malfoy, répond le brun avec une assurance qui te ferait presque grimacer.

Tu ne sais plus quoi faire. Tu sais que tu es censé lui demander ce qu'il fait ici. Tu sais que tu ne dois pas rester muet. Tu sais qu'il attend une remarque acerbe, un ''Bonjour'', une pique, n'importe quoi. Mais tu sais aussi que tu ne peux pas. Alors tu ne fais rien. Tu le regardes bêtement en priant pour que l'expression que tu tentes de maintenir sur ton visage soit bien un masque de froideur. Ca fait si longtemps que tu n'as pas joué à ce jeu. Toi qui pensais ne plus jamais avoir à faire ça, toi qui pensais ne plus jamais le revoir.

Rien n'y fait, je n'ai pas oublié.

Rien n'y fait et tu n'as pas changé.

En le détaillant, tu retrouves les mêmes traits malgré le temps passé. Tu retrouves les milles petites choses qui t'avaient fait tomber. Tu retrouves des brides de pensées qui t'avaient désespéré. Tu retrouves ce monstre à l'intérieur de toi que tu croyais avoir abattu il y a des années. Tu retrouves cet amour de jeunesse que tu avais tenté d'oublier.

Dans tes yeux je meurs encore une fois,

Je meurs encore une fois …

Tu finis par réagir. Tu te sens stupide mais tu te dis que ce n'est pas nouveau. Tu sers le trousseau de clés dans ta main. Tu t'approches jusqu'à être à un bon mètre de la porte de la librairie. En te retrouvant aussi près de Potter, tu te félicites de ne pas avoir eu assez de courage pour enlever ta foutue capuche. Tu attends qu'il te laisse passer avec ce que tu espères être un regard de dédain. Il se décale enfin. Il te faut de longues secondes pour parvenir à faire rentrer la clé dans la serrure parce que ta main tremble. Grotesque. Tu finis par ouvrir la porte. Tu te précipites presque à l'intérieur de ton antre mais tu sens l'ancien Gryffondor entrer lui aussi.

La peur t'envahit par vagues. Tu ne veux pas qu'il sache l'embarrassante vérité sur toi. Surtout pas lui. Tu te réfugies alors derrière les gestes que tu as faits chaque matin depuis trois ans. Tu poses ton sac, tu allumes la lumière, tu fais remonter le rideau de fer qui cache la minuscule vitrine, tu remets à leur place les présentoirs, tu ranges les livres qui trainent sur le comptoir, tu ouvres la caisse et tu fais les comptes.

_ Tu vas m'ignorer encore longtemps ? demande soudainement Harry.

Tu sais exactement quoi lui répondre, tu sais quel ton serait parfait, tu sais ce qui le mettrait le plus en rogne. Mais tu en es incapable. Tu te détestes. Tu te sens frustré mais tu y es habitué. Alors tu fais comme si tu n'avais rien entendu et tu gardes résolument les yeux baissés.

Ton silence ne semble pas décourager le Sauveur puisqu'il recommence à parler.

_ Allez Malfoy, sois pas aussi froid. La hache de guerre a été enterrée il y a un bon bout de temps. Ça fait combien de temps qu'on ne s'est pas vu ? Cinq ans ?

Des années. Des années ont passé.

Je le sais car je les ai comptées.

_ Quaa-Quatre ans …. Bientôt.

Ça t'amuse,

Tu trouves ça charmant.

Moi ça m'use,

Je brûle en dedans.

Tu ne peux pas paraître plus misérable. Tu bafouilles et tu butes sur les mots. Tu rougis. C'est ridicule. Pourtant le brun ne semble pas relever.

_ Et puis, je ne suis pas là pour le plaisir de t'embêter. C'est le Ministère qui m'envoie. Tu n'as été condamné qu'à un an de vie chez les Moldus et ça fait plus de deux ans que tu aurais dû revenir dans le monde sorcier pour récupérer ta baguette.

Tu fronces les sourcils et tu baisses encore plus la tête. Tu es au courant de tout ça. Tu en es bien trop conscient.

_ Je suis ici pour te ramener chez toi, Malfoy. J'ai pour ordre de te retrouver et de te ramener alors on va devoir partager le même air jusqu'à ce que tu acceptes de rentrer.

Sous le choc de la nouvelle, tu lèves brusquement les yeux vers lui. Il a l'air déterminé et toi tu te sens pris au piège. Tu ne vois aucune échappatoire possible.

Dans tes yeux je meurs encore une fois,

Je meurs encore une fois …

Si seulement tu n'attendais que moi.

Si seulement je ne t'aimais plus.

Si seulement, si seulement, si seulement quoi ?

Et si seulement je n'en peux plus.

C'est ce moment que choisit Alice pour rentrer dans la librairie. Tu t'arraches alors de ta contemplation de Potter pour finir les comptes que tu avais commencés. Après avoir jovialement salué le brun, la jeune fille arrive au comptoir derrière lequel tu es.

_ Salut Patron ! Ça va ?

Tu essaies de lui sourire. Ce n'est pas une réussite. Elle n'y fait pas attention. C'est pour ça que tu l'as choisi comme employée. Parce qu'elle déborde d'énergie et qu'elle adore s'occuper des clients – contrairement à toi. Elle fait ce que tu ne peux pas faire. Et elle est au courant de l'abominable vérité ce qui te permet de ne pas gaspiller de salive, elle est habituée à ton silence.

_ Je te l'ai déjà dit cent fois : pas de capuche à l'intérieur ! s'exclame-t-elle avant de prendre sa place à la caisse.

Tu paniques. Tu ne peux pas l'enlever. Pas aujourd'hui, pas devant lui. Pourtant tu sais que ce n'est qu'une question de temps pour qu'il la voie. Tu sais que ce ne serait que repousser l'échéance. Alors tu te résignes et tu prends ton courage à deux mains pour découvrir ta tête.

Tu sens son regard sur toi. Ça te brûle, ça te démange. T'as envie de disparaître. Tu imagines très bien son expression alors que ses yeux se baladent sous ta mâchoire gauche. Tu sers les dents. Tu te dégoutes. Elle te dégoute. Tu finis par relever la tête et tu le fixes avec défi. Tu es énervé. T'as le sentiment que tout ça c'est de sa faute, que si elle est là c'est à cause de lui. Tu sais que c'est faux mais tu le ressens comme ça.

_ Je peux vous aider Monsieur ? finit par demander Alice à l'ancien Gryffondor.

_ Non ! tu réponds trop fort, trop vite.

Elle te regarde, surprise. Tu prends alors le honteux bloc-notes des longs discours et tu gribouilles quelques phrases lui disant que c'est un ''ami'' qui va rester un certain temps. Tu lui expliques que tu dois t'occuper de lui et qu'elle devra sûrement gérer la librairie sans toi pendant un temps indéterminé. Elle acquiesce, tu retournes vers Potter et tu te concentres pour lâcher :

_ Faut qu'on p-parle.

Tu attrapes ton sac et tu entraines le Sauveur dehors. Tu remets la capuche de ton sweat sur ta tête d'un mouvement rageur. Tu détestes cette capuche. Il te regarde encore, tu le sais mais tu refuses de te tourner vers lui. Tu commences donc à marcher.

_ Attends Malfoy ! s'écrie le brun en te retenant par le bras. Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

Tu fermes douloureusement les yeux. Tu prends une grande inspiration.

_ …Dirais ch-chez… moi.

Et dire que ça te demande un effort surhumain pour réussir à sortir cette pseudo-phrase. Pathétique. Tu recommences à avancer rapidement et Potter te suit sans broncher. La route jusqu'à chez toi te semble interminable. T'as l'impression que même si tu courrais, ça n'irait pas assez vite. Ton cœur bat trop fort. Tu as les mains moites.

Ton anxiété ne se calme même pas une fois à l'intérieur de l'immeuble. Tu pourrais croiser un voisin, un livreur. Tu rentres dans l'ascenseur, t'appuies sur le bouton du septième et tu t'autorises à souffler un peu.

_ Pourquoi est-ce que t'agis comme si t'avais un hippogriffe aux trousses ?

Tu ne réponds pas. Tu ne veux pas qu'il sache ça. Les portes s'ouvrent, tu sors, tu fonces jusqu'à ta porte, tu rentres. Et une fois à l'abri tu te sens ridicule. T'as envie de crier. T'as envie de te lancer un Impardonnable. Tu te détestes. Tu balances violemment ton sac sur la commode de l'entrée.

Puis tu te calmes et la honte prend place. Tu es fatigué, lassé par ton propre comportement. T'as l'impression de ne même plus être saint d'esprit.

Tu laisses tomber ta capuche. Tu sais qu'il la voie. Tu t'en fiches.

_ Je rente- rentrerais pas a-vec toi …Potter.

Il y a un long silence. Tu te demandes ce qu'il pense de toi à cet instant. Ca ne doit pas être brillant. Il avance jusqu'à se retrouver en face de toi. Il la fixe. Tu détournes les yeux.

_ Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

Tu fais ''non'' de la tête. Minable. Personne ne connaît la vérité et c'est très bien comme ça.

_ Je pourrais peut-être t'aider si tu me racontes.

Le retour du Sauveur ! Quelle âme charitable. Mais toi tu sais que personne ne peut rien faire pour toi. T'as trouvé un rythme de vie qui t'assure un minimum de dégâts, tu ne peux rien faire de plus.

_ A-Arrête. Je ne …rentrerais pas.

T'as séparé les mots de pauses interminables et détaché chaque syllabe pour que ce soit plus facile. Tu as fermé les yeux sous l'effort. Tu dois avoir l'air tellement misérable. Devant lui. Celui que tu n'étais pas censé revoir de toute ta vie. Tu ne veux pas de sa pitié. Tu ne veux pas qu'il ne te considère plus comme un adversaire à sa taille. Tu ne veux pas qu'il te fuit mais tu crèves d'envie de le voir partir.

Tu te demandes combien de temps tu devras subir ce supplice de l'avoir aussi près de toi.

_ Ils t'ont dddonné combien de t-temps pour me ram-mener ?

_ Une semaine.

_ Je supp-ose que tu vas r-rester ici ?

_ Oui.

Tu es un faible. Tu ne tiendras jamais une semaine. C'est insurmontable.

Tu soupires et avances jusqu'au salon. Il te suit. Tu désignes le canapé d'un vague mouvement de la main pour lui faire comprendre que tu l'invites à s'assoir. Il s'exécute. Tu t'éclipses pour préparer du café. Tu reviens avec deux tasses fumantes. Alors qu'il prend celle que tu lui tends, il demande avec un sourire :

_ Alors, la fille de la librairie et toi … vous … ?

Tu mets quelques secondes à comprendre. Puis tu écarquilles les yeux. L'entendre, lui, tenter de parler de ça avec toi a quelque chose de comique. Tu fais ''non'' de la tête. Il a presque l'air soulagé, tu ne comprends pas pourquoi.

Il te pose des questions insignifiantes auxquelles tu n'as qu'à répondre par ''oui'' ou ''non''. Les tasses sont vides depuis un bon bout de temps. Tu ne sens presque plus les ombres cachées au fond de ta tête. Tu pourrais presque dire que tu te sens bien.

Tu finis par déjeuner avec Potter. Tu as préparé une salade de pâtes, il t'a aidé. Il te raconte ce que tu as manqué en plus de trois ans et tu l'écoutes attentivement. Tu n'aimes pas sa voix. Tu n'aimes pas son ton sûr, sans faille. Tu n'aimes pas sa capacité à monologuer sans discontinu pendant de longues minutes. Et tu n'aimes pas raisonner comme ça, être aussi bêtement immature.

Une fois le repas terminé tu décides de faire la vaisselle, il décide d'essuyer. Il te demande où il peut s'installer, tu lui réponds que tu n'as que le canapé, il dit que c'est parfait. Tu le vois sortir quelque chose de sa poche, puis sa baguette. Tu le regardes redonner se taille normal à son sac d'un coup de poignet. Ça te fait mal. Tu veux partir. Tu retournes à la librairie et tu y passes l'après-midi.

A suivre.

Les reviews ne sont pas obligatoires mais quand même chaudement appréciées :)