Mon cher Duo,
Comment vas-tu ? Il est vrai que depuis tes déboires à cet hôtel, tu fais tout pour retrouver ces inconvenants et leur faire payer. Soit, je sens que tu passes plus de temps à manœuvrer dans l'ombre que de prendre des nouvelles de ton meilleur ami. Sache que je ne t'en tiens pas rigueur à la condition que je puisse te raconter…
Oh mon Dieu ! Duo, tu sais que je ne suis pas avare de confidences, que je te raconte tout mes problèmes mais là…Les mots me manquent. Aussi ai-je besoin de recourir à ce cher Baudelaire pour essayer d'accepter l'inacceptable.
Te rappelles-tu les cours de français lorsque nous étions en Seconde ? Nous avions dû étudier un poète. Ce fût Baudelaire, notre cher et tendre ivrogne au service de l'âme. Nous avions dû, tout deux, faire une synthèse sur le poème À une passante sur les plans grammaticaux, syntaxiques, lexicaux ou encore de la versification. Ce sonnet que tu avais appris et déclamé nous permis de ne plus travailler cette matière de toute l'année. Tout du moins, nous travaillâmes quelques peu pour la beauté de l'œuvre. Mais je m'égare…
A une passante
La
rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand
deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main
fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile
et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme
un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La
douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis
la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement
renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs,
bien loin d'ici ! Trop tard ! Jamais peut-être !
Car j'ignore où
tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi
qui le savais !
Maintenant, tu comprends mon émoi. Remplace juste cette beauté féminine par une masculine et puis…Oh Duo, oh mon Duo ! Je ne sais que faire !! Jamais je ne cru rencontrer un tel éphèbe dans cette ville, jamais je ne crus que mon cœur aller s'arrêter de battre pour un homme dont je ne connais que le regard…JAMAIS je n'ai crus au coup de foudre, cette fantasmagorie que bon nombre de personnes tente désespérément de connaître, de cette utopie qui jaillit maintes fois des poèmes, de cette candeur avilissante que nul ne prend au sérieux.
Oh mon Duo, que dois-je faire ?
Je ne vis désormais que pour un moment furtif de ma vie, un éclair au cours d'un orage, un…Les mots me manquent. Je sais, tu vas encore me dire que je vieillis car je me répète. Mais qu'y a-t-il de mal à répéter la vérité ?
C'était ce Jeudi. J'allais vers ma galerie (Tu sais, l'activité que je me suis payé après avoir fini les travaux des fresques) et, comme de bien entendu, j'étais en retard. La faute à mon derrière qui ne voulais pas songer au fait de devoir être assis toute la journée en attendant les improbable visiteurs. Je sais, ce n'est pas entièrement sa faute mais à celle d'un bel Apollon qui a remplit ma solitude hier…excuse-moi : ces dernières vingt-quatre heures. Je sais, tu vas encore me reprocher le fait de sortir toute la nuit. Sache que non, je ne suis pas sorti. C'est lui qui est venu m'apporter mon dîner (aux chandelles monsieur) ainsi que le champagne. Après avoir discuter tout au long du repas et sachant qu'il m'a divertit TOUTE la soirée (fait extrêmement rare, tu en conviendra. D'une culture musicale, théâtrale et artistique assez développées, nous avons discouru sur les tensions politiques qui reposaient sur les épaules de Michael Angelo. Nous avons ensuite déviés sur ses critères esthétiques essentiellement masculins et, de fils en aiguilles, de sexe), je lui ai demander de prouver ses dires et nous sommes passé dans ma chambre…
Imagine-toi un homme aux larges épaules surplombant ton torse imberbe, le feu au fond de ses yeux bleus, son désir évident, ne demandant qu'un seule chose : que tu l'emmènes au septième ciel…Je n'ai pas pu y résister. En plus, il était châtain clair. Et il aurait été cruel de ma part de ne pas répondre à ces attentes.
Excuse-moi encore une fois, je me suis égaré. Donc, comme je te le disais, j'étais en retard. J'essaye tant bien que mal d'ouvrir la porte de la galerie, répondant au doux nom de « Arts' Kitty-kat » et je laisse tomber mes clefs. J'ai beau les avoir rassembler en un trousseau compact alléger de quelques scoubidous, elles me déteste car c'est la troisième fois de la journée qu'elles font ce geste à savoir : sauter de mon sac. La première fois était quand je voulu fermer la porte de mon appartement, le seconde de mon garage, la troisième de ma voiture… Bien entendu, je peste et les ramasse. Et c'est à cet instant que je croise son reflet. De dos, il est en train de coller une affichette. Le soleil éclaire le mur de calcaire rose qui se trouve derrière lui qui se détache de se fond comme une marionnette du théâtre d'ombre. Son visage est dissimulé. Avant que je n'ais eu le temps de me retourner pour mieux le contempler, il se trouve à mes côtés. Frôlant de ma main la peau de son bras découvert en me tournant vers lui, j'entraperçois ses yeux. Ils sont d'une émeraude sombre, rappelant le vert le plus profond non, le plus abyssale car lorsque tu te laisses captiver par celui-ci, tu ne peux t'en échapper. Il commençait à séparer ses lèvres lorsque…Je me suis évanouit.
Non Duo, ne t'écroules pas de rire, ce n'est que la vérité ! Et elle n'est pas amusante DU TOUT ! Sache que je suis en train de te raconter ma terrible épreuve d'un lit de l'hôpital, avec une fenêtre donnant sur une cours dont je ne peux voir que le mur délimitant sa superficie et une stupide feuille (accompagnée d'un stylo-bille) sur laquelle je te livre mes sentiments. Et je crois, oh comble du malheur, que je vais devoir passer la nuit en observation. Je crois que personne n'a réussi à se vanter d'un coup de foudre. Vu où celui-ci m'a conduit.
Demain, je passe à la galerie pour l'affichette et me mets en quête « du beau jeune homme qui m'a conduit ici » dixit les infirmières.
Chacun sa quête mon ami.
Quatre de l'hôpital qui fomente une évasion.
