Auteur: Flo-de-Miel
Genre: (fic en trois chapitres) sentiment, action, drame, humour, et petit d'homme :-D (je parle d'Al si certain n'avait pas compris)
Période : la fic commence à la fin du film. Al, Ed et Noah sont donc dans notre monde, en Allemagne. La deuxième guerre mondiale gronde...


notes: vous allez voir, cette fic est plutôt littéraire. C'est loin d'être en PWP! Je décris bien les lieux (qui, soit dit en passant, sont tous géographiquemnt réels), et je prend compte du contexte historique.
Je suis une fan de la relation Edward/Al. Pour lui donner un semblant de sérieux, je m'interesse à la complexité des leurs liens, sans vouloir tomber dans le scénaio habituel "révélations + lemon". Je creuseles sentiments fraternels débordants, et non l'ambition de l'un pour placer l'autre dans son lit... Quoi que, en parlant de lit! lol

Les faux-semblants

Chapitre premier : Sophie

Depuis un mois déjà, les deux frères Elric et Noah, la belle bohémienne, avaient aménagés une petite maison de la campagne allemande. Leur fermette se trouvait plus précisément à Renchen, une bourgade proche de la frontière Suisse. Ils y avaient trouvé une maison de pierre à l'abandon qui avait, parait-il, servi de point de repos pour les bergers. Autrefois, ces derniers partaient plusieurs jours en montagne faire paître leur troupeau, et avaient donc besoin d'un endroit où loger avec leur troupeau. Mais cela faisait plus de dix ans que les éleveurs de bétails avaient quitté la région, et la maisonette était restée à l'abadon. Comme son apparence première était fort délabrée, personne n'en avait revendiqué l'appartenance, et les habitants de Renchen ne bronchèrent pas quand trois inconnus se chargèrent de la remettre en état.

La maison était placée près d'un puit, et comportait une étable que les frères Elric avaient transformée en atelier de travail. Ils y avaient entassé plusieurs livres de mécaniques, et des centaines de parchemin sur l'alchimie qu'ils avaient eux-mêmes patiemment écrits. Même si la magie ne fonctionnait pas dans ce monde, Alphonse et Edward n'avaient pas eu le cœur de laisser pourrir dans un coin de leur mémoire toutes leurs connaissances en la matière.
Ils avaient donc entrepris la longue tâche de retranscrire tout ce qu'ils connaissaient sur l'alchimie, et passaient la plupart de leurs après-midi dans l'étable, grattant des heures entières à l'aide d'une plume, de papier et d'encre.
Noah leur apportait parfois de quoi manger ou se désaltérer, puis elle grimpait à l'aide d'une échelle jusque dans la réserve de foin et, depuis son perchoir, elle se laissait rêvasser en regardant les frères Elric à l'œuvre.

La maison en elle-même, hormis la fameuse grange, ne comptait que deux pièces, séparées par un mur et une porte en bois branlante.
La première pièce, dessinée en un carré parfait, englobait les trois quarts de l'espace. Quand on y rentrait, on voyait sur le mur du fond une grande étagère de bois remplie de livres, au pied de laquelle s'étendait un tapis de laine bordeaux et beige, entouré lui-même par deux canapés aux épais coussins. Contre le mur de gauche, une imposante cuisinière en métal noir servait à la fois de fourneaux et de radiateur. Juste devant la cuisinière, se trouvait une table de bois ronde entourée de trois chaises où Noah, Ed et Al avaient l'habitude de manger. Sur le mur de droite enfin, où se trouvait la porte conduisant aux chambres, on pouvait admirer plusieurs tableaux, et deux cadres. Le premier cadre affichait une photo de la mère d'Alphonse et d'Edward, tandis que, sur le deuxième, Winry et son chien couraient vers une petite colline d'herbe grasse.

Alphonse, Edward et Noah dormaient dans une même pièce. Trois couchettes de grandeurs égales avaient été posées sur le sol. Leur matelas n'était, en réalité, qu'un large tissu rempli de foin, mais restait tout de même confortable. Cela leur convenait parfaitement.

En ce jour, Noah était partie étendre leur lessive en haut de la colline, là où le vent soufflait plus fort, tandis que les frères Elric assemblaient dans la grange tous les parchemins dont ils avaient enfin achevés l'écriture.
La belle bohémienne, son panier d'osier à ses pieds, saisissaient les habits humides en chantant, les étendaient en effectuant quelques mouvements brusques du poignet, puis les pendaient à un fil soutenu par deux piquets de bois. Le soleil brillait ce jour là. De la fumée s'échappait de sa petite maison, en contrebas. Ce charmant tableau ressemblait à un rêve.
Noah avait le coeur rempli de joie. Elle avait une maison et une famille! Elle ne regrettait pas le moins du monde sa troupe de bohémiens. Ses soeurs n'avaient d'ailleurs pas hésité à la vendre, quelques semaines plus tôt, à cette affreuse organisation à quête de Shambala. Mais Edward l'avait sauvée, lui avait trouvé un foyer, une terre à elle, une terre aimante. On ne l'avait plus traitée de vandale, voleuse ou encore gitane depuis plus d'un mois... Elle avait trouvé son paradis !

C'est donc le cœur en joie et les lèvres chantantes qu'elle effectuait cette ingrate tâche qu'est la lessive. Absorbée par ses pensées bienheureures, elle ne s'aperçut pas qu'une silhouette chétive gravissait la colline. Puis, soudain, Noah se retrouva face à une jeune fille qui apparut de derrière un drap. Fort saisie, elle lâcha la chemise qu'elle avait tentée de pendre, et fit un pas en arrière. L'inconnue lui parut heureusement aussitôt inoffensive. Elle était petite, maigre. Ses longs cheveux bruns, entremêlés et sales, pendaient autour d'un visage creux, affamés. La lueur de ses yeux noirs semblait au bord de l'extinction, et ses jambes rompues tremblaient de douleur.

"Aidez-moi. Je suis juive. J'ai faim" Dit-elle en tendant ses paumes devant elle.

Noah l'invita aussitôt à rentrer chez elle se reposer. La jeune fille sembla soudain tellement soulagée que de grosses larmes se mirent à perler au coin de ses yeux, puis, juste après avoir lancer un faible « merci beaucoup, merci », elle s'écroula sur place. Noah dévala alors la colline, fonça vers la grange en appelez les frères Elric :

"Edward ! Alphonse ! Venez, vite!"

Les deux jeunes hommes virent Noah débouler comme une furie par les portes ouvertes de l'étable, son châle de médailles bohémien tintant joyeusement. Debout sur une échelle, une pile de parchemin en main, Alphonse demanda :

« Quoi ? Que se passe t'il?

- Une jeune fille! Là-haut, sur la colline! Expliqua rapidement Noah. Elle a besoin d'aide! »

Edward abandonna aussitôt la chaise sur laquelle il avait grimpé pour classer correctement la bibliothèque, et se précipita dehors, son frère et Noah à sa suite. En haut de la colline, les draps humides dansaient furieusement sous le fouet du vent. A leur pied, la jeune juive mourante était étendue, les membres inertes. Grâce à son bras métallique, Edward la saisit sans problème et la porta jusqu'à leur maison. Là, il l'étendit sur un des canapés du salon. Alphonse la couvrit d'une épaisse couverture tandis que Noah réchauffait un bouillon. Ils attendirent ensuite patiemment qu'elle se réveille, commentant à son propos :

« Elle est juive, dis-tu ? » Demanda Alphonse à Noah

Celle-ci acquiesça, les yeux toujours rivés sur la pauvre enfant endormie.

« Sans doute essaye t'elle de passer la frontière. Supposa Edward. De plus en plus de juifs sont déportés, et la Suisse est le seul lieu sûr pour eux.»

Noah, assise sur un tabouret à côté du fauteuil, caressa le front de la jeune fille. Aussitôt en contact avec son esprit, des milliers d'images l'assaillirent, et elle murmura :

« Elle a marché des jours entiers sans manger ni dormir. Je vois des trains. Je vois des gens qui pleurent. Des cris. Sa famille a été arrêtée quelque part en chemin. C'est atroce… Il faut la protéger. Il faut !

- Bien sur qu'on la protégera. Annonça Edward comme s'il avait décidé cela depuis qu'il l'avait vue, là haut, sur la colline. On ne peut décemment pas l'abandonner dans cet état.»

Alphonse, à côté de son frère, restait troublé et craintif. La veille, alors que Noah et son frère étaient partis en ville, des policiers allemands avaient débarqué et avaient fouillé de fond en comble la ferme, en profitant pour réquisitionner de la nourriture. Alphonse avait menti à ce sujet; il savait que Noah avait extrememnt peur de se faire attrapé par une milice. Il avait donc inventé une histoire absurde pour expliquer la disparation de la nourriture, prétextant qu'un chien errant leur avait tout volé. Mais comme Edward ne l'avait pas cru et en avait alors déduit qu'Alphonse avait lui même mangé les réserves, ils s'étaient disputés. Alphonse décida enfin d'avouer ce qui s'était réellement passé:

« Il y a de plus en plus de contrôle ces derniers temps. Hier encore, quand vous êtes parti acheter du pain à Renchen, j'ai eu droit à une descente de police… »

Edward bondit et s'exclama :

« Comment ? Al ?! C'était donc ça, la nourriture qui a disparu? Mais… Pourquoi tu ne m'as rien dit ? »

Ce dernier baissa timidement les yeux et expliqua :

« Je… je ne voulais pas vous inquiéter. J'ai préféré dire que c'était un chien. Je sais que Noah a toujours peur des uniformes... »

Edward saisit le bras de son frère et tira violement sur la chemise de celui-ci pour en découvrir le poignet.

« Aï ! » Se plaignit Alphonse.

Un énorme bleu recouvrait tout son avant bras. Noah eut un tressaillement d'effroi, tandis qu'Edward lança avec aplomb :

« Et ça ? C'est aussi un chien, peut-être ? »

Alphonse se libera de l'étreinte de son frère, massa son bras douloureux, puis cacha sa blessure en rougissant. Il ne put se défendre, tant sa gorge était serrée. Il savait pourtant que son frère agissait ainsi parce qu'il était inquiet et qu'il tenait à lui, mais la nature d'Alphonse s'avérait profondément pacifiste, et les méthodes brusques de son frère l'effrayaient quelque fois. C'est à ce moment précis que la jeune juive, étendue depuis tout à l'heure, ouvrit ses yeux et laissa échapper de sa gorge un râle curieux. Noah la redressa aussitôt et lui présenta le bouillon fumant. Alphonse et Edward attendaient avec impatiente qu'elle parle, mais ils durent se résigner à patienter encore quand Noah dit à la jeune fille:

« Bois d'abord. Tu nous expliqueras ensuite ».

La jeune juive porta doucement le bol à ses lèvres, en but une gorgée, puis une autre. Elle se mit ensuite à pêcher les légumes qui y flottait avec sa cuillère et les dévora. Une fois son repas fini, elle remit le bol à Noah et la remercia.

« Qui es-tu ? » Demanda alors abruptement Edward qui considérait avoir attendu suffisemmant.

« Je m'appelle Sophie. Sophie Huntziger. Je viens de Munich.

- Tu as quitté ta ville à cause de la guerre ? » Interrogea doucement Alphonse, d'une voix qui ce voulait la plus paisible possible.

Elle acquiesça muettement, ses doigts serrés les uns dans les autres, puis avoua :

« C'est terrible là-bas. Des centaines de juifs se font déportés. Ma famille a été arrêtée. »

Sa voix se brisa.

« Moi, expliqua t'elle en tremblant sous le coup de l'émotion, j'ai réussi à m'enfuir. J'ai de la famille en Suisse. Une grande tante qui habite près des Alpes et qui pourra m'héberger. Je dois passer la frontière.»

Noah avait déposé le bol sur la table de la cuisine puis était revenue. Elle avait ensuite appuyé sa main sur le front de la jeune fille et avait déclaré :

« Pas dans cet état. Tu as de la fièvre ; tu ne feras pas trois pas dehors. Or, si tu veux passer en Suisse, il faudra que tu marches à travers les montagnes. Les endroits accessibles de la frontière sont trop bien gardés par les Allemands. »

Edward croisa ses bras, et lui sourit en disant :

« Nous t'hébergerons jusqu'à ce que tu ait pris des forces, puis nous te feront passer la frontière et tu pourras rejoindre les Alpes suisses.»

Sophie eut un soubresaut d'étonnement. Elle balbutia, toute émue:

« Je… Merci ! Merci infiniment ! »

Un sentiment de fierté envahit Edward.
Il est vrai que, depuis qu'ils avaient emménagés ici, l'aîné des frères Elric s'était vu promulgué à la place de chef de famille. Il gérait la distribution des tâches ménagères, décidait quand il était temps d'aller travailler à la scierie pour gagner de l'argent, ou quand il était temps d'aller chasser. Au moindre problème, il prenait tout sur lui, et, à la moindre récompense, il se sentait extrêmement fier. Et là, tout de suite, Sophie lui parut adorable avec son grand sourire, et grâce à cela, il se sentait satisfait.

Le reste de la journée, leur jeune invitée dormit, puis vint la nuit, et elle ne se réveilla toujours pas. Ils considérèrent cela comme normal après tout ce qu'elle avait du endurer mais, par acquis de conscience, Noah décida de dormir à son chevet. Alphonse et Edward regagnèrent donc seul leur chambre, ce soir-là.
Etendus sur leur lit, ils purent chacun réfléchir au déroulement de la journée. Alphonse fut le premier à prendre la parole :

« Ed, tu crois que nous sommes encore en sûreté, ici ? Je veux dire… ne serait-il pas préférable pour nous de partir en Suisse comme Sophie? Et si jamais on découvrait que nos papiers étaient des faux ?

- Non, Al. Répondit son frère. On devrait abandonner la ferme dans ce cas. Une opportunité comme celle-ci ne se représentera sans doute plus jamais. Nous avons eu de la chance de trouver cette maison délabrée. Et puis, Noah aime tellement cet endroit ! C'est sa première vraie maison…

- Je sais, répliqua Alphonse. Mais, pour elle aussi c'est dangereux. Tu as entendu Sophie..? Il y a de plus en plus de déportations. Si jamais des soldats allemands trouvent Noah, avec sa peau basanée et ses habits de bohémienne, ils ne seront pas dupes ! Ils l'envoieront dans un convoi sans retour. J'ai peur pour elle. »

Edward se mordit la lèvre inférieure. Bien sur, son petit frère avait raison, mais il était difficile pour lui de se résoudre à quitter cette maison.
Il répondit enfin :

« J'irai moi-même conduire Sophie en Suisse. Et là-bas, je chercherai un endroit où nous pourrions habiter, toi, moi et Noah.»

Mais cette idée eut pour effet de glacer le sang d'Alphonse. Il se redressa aussitôt, et tentant de distinguer les traits de son frère dans la pénombre de la chambre, il s'exclama :

« Non, Ed ! Pas seul ! Ne pars pas ! Et si il t'arrivait quelque chose, hein ? Et si tu ne revenais pas ! Moi je pourrais crever de peine, ici, à t'attendre ! »

Toutes la souffrance qu'il avait enduré en passant deux ans à chercher son frère ressurgit comme une horde de chevaux en furie. Ses membres se pétrifièrent, se souvenant la longue errance qu'il avait mené, poussé par l'espoir, courbé devant la défaite, se relevant, retombant, criant, cherchant encore, sans s'arrêter, sans s'arrêter, sans s'arrêter... Essayant de faire revenir son seul souffle, sa seule raison de vivre, cet unique fil, cet unique lien qui le maintenait en vie; son frère.

Edward reçut l'ampleur de la crainte d'Alphonse avec une précision empathique. Il s'en voulut aussitôt: comment avait-il pu oublié que son petit frère avait développé une véritable phobie à l'idée qu'ils soient encore séparés?
Il plia ses coudes pour se relever et dit pour le rassurer:

« Ha, oui. Pardon… Non, non, ne t'inquiète pas, Al. On ne se séparera plus. »

Et, soudain, une grosse masse atterrit sur lui. Il s'agissait de son cadet qui s'était littéralement jeté dans ses bras sous l'effet du soulagement:

« Plus jamais ? Jamais ? » Demanda Alphonse, son coeur battant à la chamade et dont la résonance atteignait la poitrine d'Edward.

L'aîné, d'abord un peu sous le choc, afficha bientôt une mine attendrie et, posant une main sur le front de son petit frère, répondit :

« Plus jamais. Promis. »

La respiration d'Alphonse se calma, tout comme ses craintes.
Edward lui avait fait le serment de ne pas partir. Il n'allait pas partir. Il fallait cesser d'avoir peur, maintenant.
Une fois rétabli, et soudain tout honteux de sa faiblesse, Alphonse se sépara du corps de son frère et s'accroupit un peu plus loin.

« Désolé, je suis ridicule à m'inquiéter comme ça. Avoua t'il en rougissant. C'est juste que… J'ai si peur de te perdre. Comme l'autre fois, perchés sur cet horrible dirigeable où le colonel me retenait. Et je te voyais partir, te retourner. Alors que nous venions à peine de nous retrouver de l'autre côté de la porte ! J'étais si… si…

- Ca va aller, Alphonse. Le coupa Ed en souriant de manière rassurante à son frère, bien que les pénombres de la pièce cachaient entièrement son visage. Désormais, il n'y a plus de porte à détruire. Il y a juste toi, moi et Noah. Et puis, promet moi de me dire la vérité la prochaine fois que des soldats viendront… »

Alphonse acquiesça timidement. Edward ajouta un peu moqueusement :

« Je n'aime pas quand tu essayes de me protéger. C'est moi le grand frère ! C'est mon rôle !»

Alphonse rit doucement, puis rejoignit sa couche et put enfin s'endormir, l'esprit tranquille.

Le lendemain matin, Alphonse se leva en dernier. Le soleil déversait sa lumière allégrement par la petite fenêtre de la chambre. Le lit de Noah n'était pas défait. Il se rappela alors que leur amie avait veillé Sophie toute la nuit. Fort curieux de voir comment avançaient les choses, il quitta rapidement son lit et, encore en pyjama, alla dans la pièce centrale.

Edward et Sophie, attablés, buvaient un chocolat chaud tout en discutant joyeusement. Quand ils virent Alphonse arrivé, ils le saluèrent tout deux avec un sourire radieux.

« Bonjour à vous aussi, répondit ce dernier en prenant place à son tour.

- Noah est partie cueillir des baies, expliqua Edward. Mais elle a fait du chocolat chaud avant de partir. J'imagine que tu en veux une tasse ?

- Ce ne serait pas de refus !

Sophie se chargea de verser dans un gros bol une ration de lait chaud au cacao, puis reposa la tellière métallique sur la plaque chauffante.

La jeune fille s'était lavée. Ses cheveux étaient impeccablement peignés et elle portait des habits propres que Noah lui avait donné. Il s'agissait d'une robe à brettelles légère en tissu bleu et d'une large ceinture de cuir. Ces habits la sublimait, et Alphonse reconnut alors que Sophie recelait une grande beauté.

« Tu as l'air d'aller mieux, Sophie. Constata Alphonse

- Oui, et c'est grâve à vous, merci beacoup.»

Elle lui tendit une tasse de chocolat chaud dont il se saisit en la remerciant d'un coup de tête poli.

« Nous parlions de Munich ! Explique Edward. Figure toi qu'elle n'habitait pas très loin de chez Alphonse Heidrich. Nous connaissons les mêmes commerces. Elle vient de m'apprendre que Madame Glacier s'était mariée avec l'officier !

- Vraiment ? Fit Alphonse d'un ton concerné, bien qu'il fut loin de se rappeler qui était Madame Glacier et à quoi ressemblait ce fameux officier. Je suis content pour eux! »

Puis Edward et la jeune fille se relancèrent dans une description de la ville, jeux auquel, hélas, Alphonse ne put que maigrement participé. Il eut cependant tout le loisir de constater que son frère et Sophie s'entendaient à merveilles. L'attitude d'Edward à l'égard de la jeune fille ressemblait à celle qu'il avait eu pour Winry dans le passé.

La journée se passa agréablement. Sophie ne s'épuisa pas beaucoup, sous ordres de Noah, et resta donc la plupart du temps assis à l'intérieur de la maison. Alphonse alla couper du bois en foret et Edward partit échanger des peaux de bêtes contre de l'argent en ville. En fin d'après-midi, Sophie demanda l'autorisation à Noah d'aller un peu se promener sur la colline, et Edward se proposa de l'accompagner. Alphonse qui, pendant ce temps, montait des bûches de bois sur le haut plateau de la grange les aperçut de par la fenêtre, courir en se donnant la main. Curieusement, il éprouva à la fois une grande joie et une grande tristesse. Il était heureux pour son frère qui, semblait-il, avait retrouvé une joie de vivre toute particulière, mais il craignait par la même occasion que leur propre relation ne se complique.

« Bah, se dit-il. De toute façon, d'ici quelques jours, Sophie nous quittera, et tout redeviendra comme avant ».

Le lendemain, cependant, Alphonse fut épris d'un étrange sentiment de peine qui lui gâcha une bonne partie de la journée ; partout où Edward allait, Sophie le suivait, et ils ne cessaient de se taquiner gentiment. Il commença à devenir envieux. Mais, malgré y avoir plus réfléchi, il ignorait lui-même s'il était jaloux de son frère ou de Sophie. Cela le troubla énormément. Il aurait voulu repartir en forêt, faire le vide en coupant des centaines de bûches, mais il en avait déjà taillé bien assez la vieille, et cela ne put donc lui servir de prétexte.
Le soir, alors qu'il revenait du puit, Alphonse entendit des pleurs dans la grange. Il posa ses seaux et s'approcha à pas de loup. Caché derrière la palissade, il écouta attentivement. Une brèche entre deux planches de bois lui permit d'apercevoir Edward et Sophie, assis sur la même botte de foin. La jeune fille pleurait :

« Ma mère… Ma mère me manque tellement… »

Le garçon, à côté d'elle, affichait une mine un peu crispée. Il tenta de la réconfortée maladroitement en lui caressant le dos.

« Tu sais, moi aussi je suis orphelin. Ca a été très dur au début, mais j'ai surmonté ça.

- Ca… ça me fait tellement mal. Avoua la jeune fille en appuyant sa main contre sa poitrine.

- Je sais, dit doucement Edward en lui caressant les cheveux. Perdre toute sa famille est quelque chose d'abominable.»

Alphonse en avait assez entendu.
Alors comme ça, Edward avait "perdu toute ça famille?".
Il quitta rageusement sa position, abandonnant ses deux sceaux, et il marcha vers le bois d'un pas précipité, les joues en feu. Milles pensées s'entrechoquèrent dans sa tête : "Et si Edward tombait vraiment amoureux de Sophie ? Et si il décidait de rester en Suisse avec elle ? Après tout, il allait bientôt avoir 19 ans. Il avait parfaitement le droit de se marier et de fonder une famille s'il le désirait. Et lui, Alphonse ? Comptait-il si peu pour son frère ?"

C'est en se tourmentant par des centaines de questions inutiles qu'Alphonse marcha, passant au travers des collines, traversant des bosquets, contournant des ruisseaux, et filant vers l'horizon. Il alla ainsi longtemps, sans vraie direction, comme si ses jambes avaient décidés de le porter le plus loin possible de sa colère.
Ce ne fut que quand le ciel s'assombrit et que de gros nuages s'amoncelèrent dans le ciel qu'il prit conscience de la longueur de sa marche:

- Funérailles ! J'ai bien marché une dizaine de kilomètres…

Jugeant le ciel d'un coup d'œil, il s'aperçut que l'orage n'allait pas tarder à gronder. Désireux de ne pas se faire mouiller, il décida d'emprunter le chemin des bois, là où les arbres allaient pouvoir le protéger de la pluie...

Noah s'inquiéta subitement de ne plus voir Alphonse revenir du puit. Comme elle avait absolument besoin d'eau pour commencer à cuisiner, elle sortit de la maison et, entendant des bruits provenant de la grange, elle s'en approcha. Soudain, juste devant l'entrée de l'étable, elle trébucha sur un seau d'eau qui se reversa à ses pieds, inondant le sol de terre battue.

- Aï ! Cria t'elle en massant son pied douloureux.

Edward et Sophie, alertés par le bruit, se précipitèrent à l'extérieur de la grange et tombèrent sur la jeune bohémienne.

- Noah ? Fit l'aîné Elric. Qu'est ce que tu fais ?

Puis, contemplant le seau déversé qui gisait au pied de son amie, il comprit. Celle-ci se redressa, légèrement en colère, et demanda sur un ton irrité:

- Mais pourquoi Al a-t-il abandonné ces seaux ici ? Je l'attends depuis un quart d'heure à l'intérieure de la maison, moi!

Elle regarda ensuite par la porte de la grange, comme si elle s'attendait à voir Alphonse débarquer de là et lui présenter ses excuses. Mais personne ne vint.

- Hé bien ? Fit Noah. Alphonse n'est pas avec vous ?

Sophie répondit par un signe de tête négatif.

A cet instant, un éclair fendit le ciel accompagné d'un grondement terrifiant. Noah se saisit.
Edward, lui, s'inquiéta de l'absence de son frère. Il regarda les deux seaux abandonnés, dont l'un était encore rempli d'eau, puis son regard se dirigea vers la botte de foin, là où lui et Sophie s'étaient assis un peu plus tôt, et avaient discutés de tout et de rien. Comprenant soudain ce que cette mise en scène signifiait, il murmura :

- Al… Mais où t'es-tu enfui, petit frère ?


suite...

Voilà, voilà!
Je sais que ça se termine sur un moment critique; c'est une odieuse technique de ma part pour vous faire revenir, hahaha! XD

Une ptit review chvouplè?
merci! ...↓