Disclaimer: le discours habituel. Stargate SG1 et les personnes ne m'appartiennent pas, blablabla... A part les personnages de Soraya Ambrosia et de Kâli qui sortent totalement de mon imagination.
Notes de moi: Cette fanfic est la plus longue de ma
collection, et c'est une de mes préférées (forcément, quand on passe
plus de 500 heures sur une histoire, ça sélectionne ! lol). Elle a déjà
été publiée sur fanfic-fr sous le même titre. Etant donné que je l'ai
écrite durant plus d'un an, il y a parfois des changements dans
l'écriture, notamment peut-être au niveau de la maîtrise des dialogues
et de la maturité. Bon, passons.
Cette histoire se situe au
commencement de la saison 8, mais elle n'en suit pas le déroulement. Un
conseil, si vous n'aimez pas les longs chapitres et la présence de
dialogues en quantité, évitez cette histoire. Faites de même si vous
n'aimez pas les fanfics à messages (sinon vous pouvez vous amuser à les
chercher).
Au fait, j'ai encore quelques problèmes avec les sauts de ligne, donc il y a des dialogues qui apparaissent légèrement coupés par un espace, à ne pas confondre avec des passages qui eux étaient séparés dès le départ. Désolée, je vais travailler dessus, promis :)
Bonne lecture !
Toc, toc.
« Qu'est-ce que vous faites Teal'c ? Vous vérifiez la solidité de la vitre ?
Debout dans la salle de réunion, le jaffa arracha son regard à la porte des étoiles et retourna s'asseoir à sa place.
- Il y a encore des traces de la dernière attaque que nous avons subi.
- J'avais dit au service d'entretien de passer, mais ils ne m'écoutent jamais. »
Devant l'air incompréhensif de son ami, Jack se retint de continuer sa blague et porta soudain un grand intérêt à sa montre.
- Encore en retard, marmonna-t-il. Carter, où est passé Daniel ?
- Il ne devrait pas tarder.
- J'espère bien. Son bureau n'est pas si loin que ça.
A ces mots, il entendit le jeune homme monter les marches deux à deux.
- Daniel !
- Je sais. Je suis désolé, dit-il en déposant ses dossiers sur la table.
- Comment savoir quelles missions vous préférez ? C'est simple ! Ce sont celles aux briefings desquelles vous êtes le plus en retard.
Daniel préféra ne pas relever. Il donna ses notes à ses amis et alluma le rétroprojecteur.
« Il y a un mois, SG7 s'est rendu sur P7X-919. Ils ont découvert là-bas des ensembles architecturaux inédits et n'ont pu déterminer quelle race en était à l'origine.
O'Neill avait raison sur un point; il allait adorer cette mission. Il s'était lancé avec enthousiasme dans ses explications. Un instant inattentif, Jack secoua la tête. Maintenant qu'il avait changé de place, il ne pouvait plus faire semblant d'écouter ce qui se disait dans ces réunions. Mais il avait parfois du mal. Bon sang ! Comment se faisait-il qu'il pouvait engranger toutes les connaissances des Anciens dans sa tête, mais qu'il était incapable de suivre les exposés de Daniel ou de Carter ?
Les quelques secondes d'inattention dont il fit preuve ne passèrent pas inaperçues, car l'archéologue fit soudain une pause. Jack sentit peser sur lui le regard lourd de reproches de son ami. Il tenta de reprendre pied.
- Mais pourquoi donc vous paraît-il tellement nécessaire de vous rendre là-bas ?
- Je viens de le dire. SG7 n'a pas réussi à savoir par qui tout ceci a été construit. Si cette race est connue, je pourrais trouver de laquelle il s'agit. Sinon, il serait bon de recueillir des renseignements sur ce peuple inconnu.
O'Neill haussa un sourcil.
- Logique. Bon, allez-y. Vous avez l'air d'un vrai gosse attendant qu'on le laisse sortir en récréation.
- Merci pour la comparaison.
- Carter, cette planète est-elle déserte ? - Oui. Il n'y a là-bas que du sable et des rochers.
- Très bien. Alors prenez votre temps. M'est idée que Daniel a besoin de se changer les idées, lui confia-t-il à voix basse.
Samantha partit se préparer avec Teal'c. Jack s'approcha de Daniel qui rangeait les notes dont il s'était servi durant la réunion.
- Vous vous sentez bien Daniel ?
Le jeune homme tourna vers O'Neill un regard étonné.
- Pourquoi cette question ? Bien sûr !
- Vous vous noyez encore plus dans votre travail que d'habitude, et vous semblez assez mélancolique.
Il poussa un soupir. Après tout, Jack était son ami. Il était en droit de savoir.
- J'ai essayé de revoir Sarah à plusieurs reprises depuis qu'elle est revenue parmi nous. Mais elle n'a jamais voulu répondre à mes appels. Il semble qu'elle a eu beaucoup de mal à se remettre de cette expérience. Puis il y a une semaine, elle m'a déclaré que pour elle, c'était de ma faute si elle avait vécu un tel enfer.
- Laissez-lui du temps. C'est difficile de revenir de si loin. C'est un sacré traumatisme.
- Je crois qu'elle était sincère. Alors parfois, je me demande si j'ai raison de faire ce que je fais. C'est peut-être de ma faute après tout si elle en est là aujourd'hui. Je lui ai fait du mal sans le vouloir, comme j'ai entraîné Sha'ree avec moi, malgré moi. Ai-je raison de faire ce que je fais ? Suis-je si utile que ça ?
Il se tut un instant. Jack respecta son silence. Puis soudain il se releva.
- Ne vous laissez pas abattre Daniel. Profitez de cette mission pour vous changer les idées. Et gardez bien cela en tête: vous ne nous êtes pas utile, vous êtes indispensable ! ». Fit-il d'un ton amical.
Teal'c
fut le dernier à poser le pied sur la planète d'arrivée. Le soleil,
bien que voilé par les nuages, était très chaud et les avait poussé à
mettre leurs lunettes. Daniel détaillait déjà les colonnes en pierres
qui les entouraient. Semblables à des colonnes grecques, elles
formaient un cercle presque complet autour de la porte des étoiles, ne
laissant qu'une petite ouverture en face de cette dernière. Posés à
cheval sur le haut des colonnes, de nombreux blocs taillés de roche
auraient permis à n'importe qui de se tenir debout et de surplomber
ainsi le cercle de Naquada.
« Daniel ? Où les ruines de la cité sont-elles situées ? Demanda Samantha.
- A l'est, répondit celui-ci distraitement.
Il ne cessait d'observer l'architecture des lieux.
- Cet endroit devait être un temple à ciel ouvert. C'est impressionnant.
- Alors, vous avez une idée de l'identité de ceux qui ont vécu ici ?
- Aucune. Mais c'est trop tôt.
La
jeune femme observa le paysage alentour. Les nuages voilant le soleil
avaient disparu. Partout où se portait son regard, il n'y avait que des
étendues de sable et de cailloux. Tout était désert; pas un bruit, pas
un son. Elle se tourna vers ses compagnons.
- Allons-y. »
Ils
marchèrent pendant une quinzaine de minutes avant d'escalader la dune
les séparant encore des ruines dont SG7 avait fait mention. Le soleil
frappait de plus en plus fort, sa chaleur se faisait torride. Tous
trois commencèrent à descendre la pente, lentement, pour ne pas glisser
sur la roche friable. Mais il avaient à peine fait quelques pas que
Teal'c s'arrêta soudainement.
« Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Carter.
Le
jaffa ne répondit pas tout de suite. Les yeux à demi fermés à cause des
rayons de lumière, il observait les abords de la cité abandonnée.
- Nous ne sommes pas seuls, finit-il pas dire. Il faut retourner à la porte.
- Pourquoi ? Fit Daniel d'un air surpris.
Teal'c se tourna vers lui.
- Parce qu'il y a des Goa'ulds ici.
Sam ouvrit de grands yeux. Teal'c désigna l'étendue de sable en contrebas.
- Mais... Il n'y a rien !
-
Si, il y a deux vaisseaux de transport. Mais on les a rendu invisibles.
Regardez comment les rayons du soleil sont interceptés à cet endroit.
Effectivement.
- On dirait qu'il y a une distorsion de la lumière. Vous avez raison Teal'c. Mais comment arrivez-vous à... »
Sam
ne put finir sa phrase. L'on avait profité de leur inattention, et tous
trois sentirent des mains puissantes les pousser en avant. Incapables
de garder leur équilibre, Samantha, Daniel et Teal'c dévalèrent la
pente la tête la première. Ils arrivèrent en bas couverts de poussière
et d'égratignures. Teal'c, qui fut le premier à reprendre ses esprits,
saisit sa lance, mais le grésillement qui provint à ses oreilles le
dissuada de l'utiliser. Lentement, ils se relevèrent et constatèrent
qu'une dizaine de jaffas les tenaient en joue.
« Comment se fait-il qu'on ne se soit pas aperçu de leur présence ?
- La porte n'était pas gardée, alors la caméra ne les a pas filmé. On n'y pouvait rien.
-
Génial ! Personne ne sait qu'ils sont là, et personne ne s'attend à
nous voir revenir avant plusieurs heures. C'est mal parti ! Fit
remarquer Daniel.
- Tal'Bet. Aray kree ! Fit une voix puissante.
- Ça, on ne risque pas de bouger de toute façon ! Dit l'archéologue.
Ils observèrent le jaffa qui s'avançait vers eux.
- Laissez-moi devinez... Un soldat de Baal ?
- Ce n'est pas dur, murmura Sam. Il ne reste quasiment plus que lui comme Goa'uld. Mais qu'est-ce qu'ils font là ?
Ses yeux fixaient le guerrier.
- Vous êtes de Tauris, des espions Tauris n'est-ce- pas ? Vous êtes avec le shol'va Teal'c.
- On est toujours aussi célèbres à ce que je vois.
Sam se tourna vers son ami.
- Depuis que Jack a été promu, on dirait que vous avez décidé de le remplacer en ce qui concerne les traits d'humour.
- C'est vrai que ça me manque plus que je ne l'aurais cru.
- Ça suffit ! Fit le jaffa.
Ils se turent.
- Emmenez-les ! ». Ordonna-t-il à ses hommes.
Cela
faisait déjà quelques heures qu'ils étaient là, faisant les cent pas
dans l'une des tentes des jaffas solidement gardée par plusieurs
d'entre eux. Teal'c restait silencieux, Sam se mordait les lèvres et
Daniel pensait, les yeux perdus dans le vide.
« A votre avis, qu'est-ce qu'ils vont vouloir faire de nous ? Demanda le jeune homme.
- Aucune idée, fit Sam. Mais ils tardent à se décider.
- Je ne pense pas qu'ils nous tueront. Du moins pas ici, répondit Teal'c.
Ses deux amis eurent une expression révoltée. Daniel leva les yeux aux ciel.
- Ça au moins c'est rassurant !
Teal'c le regarda avec un étonnement poli. Puis il reprit.
- S'ils nous connaissent, c'est que Baal nous recherche.
- Comme les trois quart des Goa'ulds de la galaxie.
-
C'est exact Daniel Jackson. Mais dans ce cas, le jaffa que nous avons
vu tout à l'heure a sans doute contacté son maître pour savoir quoi
faire de nous.
- Je ne vois pas en quoi c'est réjouissant.
Sam, elle, avait compris où voulait en venir le jaffa.
- Cela veut dire qu'il y a des chances pour qu'ils nous envoient à l'endroit où se trouve Baal.
- Exact.
- Mais dans ce cas, comment nous échapper ?
Teal'c répondit avec le même ton posé.
- Aucune idée, colonel Carter. »
Comme pour répondre à la question de la jeune femme, le chef des jaffas de Baal apparut à l'entrée de la tente.
« Tauris, vous êtes les prisonniers du dieu Baal.
- Tu parles d'une nouvelle ! Fit Daniel.
Le Goa'uld lui jeta un regard perçant, puis reprit.
- Mon maître veut que vous lui soyez envoyés. Il dit que vous lui serez utiles.
Deux gardes entrèrent, lances armées.
- Sortez. »
Ils
obtempérèrent. L'après-midi devait toucher à sa fin, car le soleil
commençait lentement à descendre vers l'horizon. Carter ferma les yeux
un instant, éblouie par la lumière. Après les avoir rouvert, elle
constata que huit jaffas allaient les mener à la porte des étoiles.
Elle regarda Teal'c et Daniel d'un air alarmé. Sans armes, entourés de
huit jaffas, il leur serait impossible de s'enfuir avant d'arriver à la
porte.
En silence, sous la menace des armes de leurs ennemis, ils
gravirent la dune les menant à leur point de départ. Leurs cerveaux
tentaient d'échafauder des plans de fuite, d'évasion. Mais chaque idée
qui leur venait à l'esprit se révélait irréalisable. Trop de gardes,
pas assez de temps, pas d'armes. Finalement, lorsque les colonnes de
l'ancien temples leur apparurent, Samantha se résigna. Ce n'était pas
maintenant qu'ils parviendraient à se sortir sains et saufs de ce
mauvais pas.
Elle se sentait démunie. Si seulement O'Neill avait été
là ! Il lui semblait qu'il avait toujours réussi à prendre les bonnes
décisions au bon moment. Sam, elle, ignorait quelle attitude adopter. A
trois contre huit, ce serait du suicide ! Oui, mais une fois de l'autre
côté de la porte, la situation serait bien pire ! Le temps de penser à
tout cela, et ils étaient déjà arrivée au pied de la porte. Quatre des
gardes se placèrent de part et d'autre de cette dernière, comme pour
prévenir toute tentative de fuite de la part de SG1. Sam eut un
haussement d'épaule résigné. Pour l'instant, ils ne pouvaient rien
faire. Elle se retourna et observa avec ses amis, celui qui s'apprêtait
à entrer les coordonnées de leur destination.
Brusquement, un grand bruit les fit se retourner. L'un des jaffas gardant la porte venait de tirer sur sa gauche. La décharge d'énergie n'avait rien touché. Mais une petite tornade noire se précipita sur lui. Sa lance lui fut arrachée des mains avant de venir le frapper violemment derrière la tête. Puis elle suivit la même trajectoire deux fois de suite, terrassant ainsi deux autres soldats. Le troisième se précipita au bas des escaliers menant à la porte.
« Ash'ark !! Cria-t-il à ses compagnons.
- Non, ça c'est pas un Ash'rak. ». Fit Daniel les dents serrées.
Les
trois amis étaient pétrifiés. Tout s'était passé si vite ! Mais
aussitôt, ils virent une forme sombre escalader les colonnes du temple
et sauter sur les dalles qu'elles soutenaient pour enfin s'immobiliser.
Elle
surplombait la porte des étoiles. Juste avant que le soleil descendant
ne les aveugle tous avec ses rayons. Elle ! C'est tout ce qu'ils
avaient put voir avant d'être éblouis. Une forme féminine, cheveux
tombant sur les épaules, debout à contre-jour. Mais lorsqu'ils
rouvrirent les yeux, une fraction de seconde plus tard, elle n'était
plus là. Un cri des jaffas les fit tourner la tête.
« Kree ! (Attention)
- Sha'lokma'kor ! Krenol ! (Tuez-la ! Attaquez )
Les
tirs de lance se firent entendre, visant une forme qui cette fois
courait le long du cercle de pierres, en hauteur, sur les dalles. Mais
elle était trop rapide pour les gardes. Elle s'élança dans les airs
pour retomber sur eux. Daniel, Sam et Teal'c reculèrent
instinctivement. Encore une fois, elle saisit l'une de leur arme pour
la retourner contre eux. Enchaînant les coups, elle mit à terre quatre
des jaffas, luttant telle une véritable guerrière. Ses ennemis
semblaient ne pas faire le poids. Le dernier d'entre eux, plus fort,
lui assena un coup dans les jambes. Elle s'affaissa, mais se releva à
temps pour parer sa seconde attaque. Ils luttaient maintenant lance
contre lance, yeux dans les yeux. Puis, soudain, un sourire éclaira ce
visage inconnu. Elle bascula sur le côté. Privé d'appui, le jaffa
perdit l'équilibre. Vivement, elle se releva et lui envoya un dernier
coup dans la nuque. Les trois amis regardèrent autour d'eux, stupéfaits
! Elle avait mis à terre huit jaffas entraînés ! Elle leva les yeux
vers eux. Elle semblait effarouchée. Mais avant qu'ils ait pu
l'observer davantage, ou même lui parler, vive comme l'éclair, elle
s'esquiva entre les pierres du temple.
Daniel
fut le premier à réagir. « Il faut la retrouver ! » lança-t-il à ses
amis. E tous trois se précipitèrent dans la direction où elle avait
disparu.
Apparut alors à leurs yeux un véritable dédale de
colonnes, toutes semblables les unes aux autres: sans doute les restes
éparpillés de quelque sanctuaire. Ils n'y avaient pas pris garde à leur
arrivée.
Se séparant, ils tentèrent de rattraper cette ombre
fuyante. Mais, furtive, elle se dérobait sans cesse. Plusieurs fois,
Samantha la vit passer entre deux colonnes. Mais elle savait
parfaitement se cacher. Teal'c lui-même n'arrivait pas à la repérer.
Elle passait, s'éclipsait, frôlait l'un d'eux avant de disparaître à
nouveau. Tantôt marchant, tantôt courant, ils parcoururent les lieux,
la manquant à chaque fois de peu.
Essoufflé, Daniel s'arrêta
quelques secondes. Il se frotta les yeux, puis observa un instant
Samantha qui se trouvait un peu plus loin. Tout à coup, il se retourna
brusquement, saisit l'inconnue aux épaules et la plaqua contre la
colonne qui se trouvait derrière eux. Samantha les vit et appela Teal'c.
« Ça y est Teal'c, on l'a trouvée ! »
La
jeune inconnue se laissa glisser le long de la paroi de pierre jusque
sur le sol. Daniel s'agenouilla à son tour et la dévisagea.
Un
silence se fit. Les yeux de l'archéologue ne quittaient pas ceux de la
jeune femme. Le gris intense et pénétrant de ce regard enchantait son
âme et fascinait son être. Il détailla son corps, grand mais frêle, sa
peau, aussi pâle que le cristal en forme d'étoile qui pendait à son
cou. Mais il revenait toujours à ses yeux, pôle d'attraction auquel il
se sentait incapable de résister. Carter observa la jeune inconnue.
Elle remarqua immédiatement son état d'épuisement. Des cheveux auburn,
mi-longs, entouraient un visage fatigué et où apparaissait une certaine
tension nerveuse. Elle était pieds nus. Ses vêtements étaient déchirés
en de nombreux endroits et un grand nombre d'écorchures et de
cicatrices couvraient son corps. Mais lorsqu'elle voulu se baisser pour
l'examiner, la jeune femme eut un mouvement pour fuir.
« Non. Ne craignez rien, fit Daniel d'une voix qu'il voulait rassurante.
Elle tourna les yeux vers lui.
- Nous ne vous voulons aucun mal. Mon nom est Daniel, ajouta-t-il. Et voici Samantha Carter et Teal'c.
Son regard se posa sur le jaffa. Elle observa un instant le signe sur son front, puis revint vers l'archéologue.
- Comment vous appelez-vous ? Demanda-t-il alors.
Elle hésita. Elle semblait vouloir répondre, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle paraissait muette.
- Vous devez bien avoir un nom, insista-t-il.
La jeune inconnue ferma un instant les yeux, comme pour se rappeler quelque chose. Elle semblait perdue.
- On dirait qu'elle souffre. Peut-être un choc post-traumatique, ou une amnésie, observa Samantha.
- Une amnésie ? Fit Daniel.
- Ça arrive parfois.
Il
se retourna vers la jeune femme, touché par l'innocence qui émanait
d'elle. A nouveau il fut saisi par la beauté de ses grands yeux qu'il
distinguait maintenant bleu-gris. Et ses amis qui le regardaient,
furent frappé. Ils étaient si calmes ! L'on aurait dit qu'ils se
parlaient. Leur regard était comme un échange silencieux, un dialogue
muet. Si à cet instant précis le monde s'était écroulé, ils n'en
auraient rien su.
- Qui êtes-vous ? Dites-le nous. Aidez-nous à savoir ! ». Fit soudain le jeune homme.
Un instant, elle sembla réfléchir. Puis un sourire éclaira son visage. Elle ferma alors les yeux et respira profondément.
Puis,
délicatement, elle commença à fredonner un air très doux. Quelques
notes lentes, lancées dans l'air. Une mélodie qui semblait venir d'un
autre monde... Puis quelques mots... Jetés aux quatre vents.
This song join us
Once upon a november.
Alors une autre voix s'éleva en même temps que la sienne. Elle rouvrit les yeux et lui sourit.
I love you, forever
Once upon a december.
Leurs deux voix s'éteignirent en même temps. Le jeune homme
était troublé. Par ces quelques mots qu'eux seuls connaissaient, il lui
semblait que la vie les liait. C'était un sentiment inextinguible,
quelque chose chez cette jeune femme qui l'appelait. Là, perdus au
milieu de l'univers, ils partageaient quelque chose de précieux pour
eux... Un tout petit air de musique... « Il faut rentrer ! Fit soudain
Teal'c. Si jamais d'autres gardes viennent ici.
Il
se releva et lui tendit la main pour l'aider. Sam se précipita vers la
console pour entrer les coordonnées de la Terre. Daniel se tourna vers
la jeune femme.
- Est-ce que vous voulez bien nous accompagner ?
Elle acquiesça.
- Allez Daniel, on y va ! ». Fit Carter depuis la porte.
L'archéologue
suivit ses amis et traversa le vortex. Une fois arrivé de l'autre côté,
il se retourna pour voir si elle les avait suivi.
Quelques secondes passèrent.
« Daniel, on peut savoir ce que vous attendez ? Demanda O'Neill depuis la salle de contrôle.
- Ne fermez pas.
- Daniel !
- Un instant Jack.
Il ferma les yeux, priant pour qu'elle soit passée. La voix de son ami le ramena à la réalité.
- Daniel ! »
Elle
était là, devant eux. Les yeux grands ouverts, comme saisie par le
spectacle qui s'offrait à elle, elle s'avança sur la passerelle sans
rien dire. Jack descendit dans la salle d'embarquement pour savoir de
quoi il retournait. Mais à l'instant même où il pénétrait dans la
pièce, la jeune femme, dans un signe manifeste d'éreintement, tomba à
genoux. Son premier geste, avant de poser une seule question, fut alors
de saisir le téléphone pour avoir des infirmiers.
Ce ne fut que
lorsque ces derniers eurent emmenés avec douceur leur invitée à
l'infirmerie, que Jack se tourna vers son équipe d'un air mécontent.
« Bon ! Est-ce que quelqu'un peut me dire ce que c'est que ça ! ».
o0o0o0o0o0o
« Nous l'avons trouvé sur P7X-919. Nous ignorons tout d'elle, jusqu'à son identité.
- Nous ne l'avons pas trouvé ! C'est plutôt elle qui nous a trouvé ! Argua Daniel
- Il faut reconnaître que son intervention a été providentielle, fit remarquer Teal'c.
- Ça m'en a tout l'air, fit Jack.
Il restait quelque peu sceptique devant le récit de ses amis.
-
Elle a terrassé huit jaffas surentraînés sans aucune arme et dans une
condition physique très mauvaise. Très peu de personnes seraient
capables de faire une telle chose.
Le général regarda Sam qui venait de prononcer ces mots.
- Et est-ce que quelqu'un a une idée de l'endroit d'où elle vient ?
Le silence dura quelques longues secondes. Puis Carter reprit la parole.
- Je crois... Qu'elle vient d'ici.
- Pardon ?
-
De la Terre, je veux dire. ». Devant le regard des autres, elle fut
obligée d'argumenter. « C'est la façon dont elle est vêtue qui me fait
dire ça.
- Mais comment se serait-elle retrouvée là-bas ? Elle ne
peut pas avoir utilisé de porte des étoiles. Ça me paraît pas très
logique.
Dans le silence qui suivit, la remarque de Daniel prit toute son importance.
- Je ne crois pas qu'elle soit humaine.
O'Neill se tourna vers lui.
- Qu'est-ce qui vous fait dire ça ? Ce n'est pas un Goa'uld au moins ? Demanda-t-il, soudain alarmé, à Samantha.
Celle-ci eut un signe de dénégation.
- Non.
- Rassurez-vous O'Neill, fit Teal'c. Je m'en serais rendu compte.
Daniel secoua la tête, comme il en avait coutume lorsqu'il lui semblait qu'on ne le comprenait pas.
- Non, ça n'a rien à voir. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a quelque chose de différent chez elle. Elle n'est pas comme nous.
Tous trois le regardèrent d'un air incrédule. Il se leva et s'approcha de la baie vitrée, les mains dans les poches.
-
C'est difficile à expliquer. Elle vient de la Terre, ça c'est sûr, mais
je ne crois pas que ce soit sa véritable origine. Je n'aime pas parler
d'aura, mais il émane d'elle un sentiment très étrange de force,
d'universalité.
- On peut difficilement faire plus embrouillé comme explication. Quelqu'un peut être plus clair ? Carter ?
- Eh bien.
Daniel se retourna brusquement vers son ami.
-
Écoutez, j'ai croisé le regard de cette fille. Je lui ai parlé. Et en
réponse, elle a chanté un air. Un air que seul quelqu'un ayant vécu sur
Terre peut connaître. Pour moi il n'y a aucun mystère là-dessus.
Jack
le regarda un instant. Même dubitatif, il sentait le doute s'insinuer
en lui. Ce n'était pas la première fois que Daniel prenait la défense
de quelqu'un d'étranger, mais cette fois-ci, il était extrêmement
véhément. Le fait que lui, Jack, doute de cette inconnue, semblait le
blesser. Aussi ce dernier décida de lui accorder le bénéfice du doute.
-
Okay. Je me rends. Mais j'aimerais tout de même parler à notre «
invitée ». Il y a encore trop de mystères autour d'elle à mon goût.
- Elle est encore à l'infirmerie, dit Sam. Mais elle est réveillée à ce qu'on m'a dit.
O'Neill prit appui sur les bras de son fauteuil et se leva.
- D'accord. Allons-y.
- Nous aussi ?
-
Bien sûr. Vous n'avez pas envie de lui demander pourquoi elle vous a
aidé ? Bon, vous venez monsieur le défenseur des droits de l'Homme ? »
Fit-il à Daniel.
Ce dernier le fusilla du regard.
« Elle
souffrait de peu de choses. Nous n'avons pas encore fait d'analyses. A
part de légères carences alimentaires, rien de grave.
- Et ses blessures ? Demanda Carter.
- Quelques cicatrices récentes. Mais aucun traumatisme. A part celui de la mémoire.
- Pardon ?
- Mon général, cette jeune femme souffre d'amnésie post-traumatique, sans doute due à des chocs violents.
- Vu la façon dont elle se bat, ce n'est guère étonnant, remarqua Teal'c.
- La mémoire lui reviendra ? Interrogea l'archéologue.
- Oui je pense. Mais cela mettra peut-être du temps. Tout dépend de l'importance des lésions de son cerveau.
- Merci docteur. ». Fit Sam tandis que Daniel et Jack se rendaient vers le lit de la jeune inconnue.
Elle était sur son séant, le dos calé par des oreillers, la tête penchée, pensive. Daniel prit un siège et s'assit près d'elle.
« Bonjour. Vous me reconnaissez ?
Elle releva la tête et le regarda.
- Bien sûr.
Un
joli sourire éclaira son visage tandis que ses yeux gris semblaient
s'illuminer. Jack qui l'examinait, fut soudain saisit par la douceur de
ses traits et de sa voix. A coup sûr, la jeune femme n'était pas
ordinaire. Il commençait à comprendre ce qu'avait voulu dire son ami.
Derrière lui, Samantha et Teal'c s'étaient approchés.
Ils restèrent
tous, quelques instants, sans mot dire. Les yeux de la jeune inconnue
croisaient les leurs à tour de rôle pour leur parler. Une concertation
muette semblait s'être installée entre eux cinq. Nul besoin de palabrer
lorsque vous pouvez lire dans les yeux de l'autre.
Mais ce fut elle qui rompit la première ce silence.
- Merci de m'avoir emmené avec vous. Je ne sais pas comment j'aurais fait pour partir sans cela.
- Vous n'étiez pas de cette planète ? Demanda Sam.
- Non. Je m'y suis retrouvée perdue, amnésique, et la façon d'en partir m'était inconnue.
- A quand remonte votre dernier souvenir ?
- A environ un an.
- Un an ? Ça fait un an que vous étiez coincée là-bas ?
- Un an ou plus. Je ne sais pas dans quelles circonstances je suis devenue amnésique.
Un an passé, perdue, sur une planète inconnue ! L'information avait de quoi impressionner.
- Mais... Et les Goa'ulds ?
-
Il sont arrivés il y a seulement deux semaines. Au début j'ignorais qui
ils étaient. Je l'ai appris à force de les écouter parler.
Il y eu un nouveau silence. Puis Daniel posa la question qui les obsédait tous.
- Qui êtes-vous ?
Elle eut un haussement d'épaule résigné.
- Je ne sais pas. Je n'ai découvert que peu de choses sur moi durant cette année, selon les circonstances.
Daniel reprit immédiatement.
- Et cet air que vous avez chanté ?
Elle plongea son regard dans le sien.
- Je ne sais pas d'où me vient ce souvenir. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est en vous voyant qu'il m'est revenu à l'esprit.
- Je le connais aussi. Cette musique vient d'ici, de la Terre. Et plus précisément de notre pays.
- Alors... Moi aussi ?
-
Vous venez sûrement d'ici, des États-Unis. Elle resta quelques secondes
sans rien dire, comme étourdie par cette nouvelle. Il y avait quelque
chose de très émouvant chez elle, et tous respectèrent son silence.
Daniel prit alors sa main dans la sienne un instant.
-
Vous vous souvenez de quelque chose d'autre ? Quelque chose lié à cette
chanson ? La jeune fille se tut, comme si elle écoutait ou essayait de
se remémorer un détail, une idée, un mot. Un infirmier profita de ce
moment pour donner quelque chose à Jack qui le fit passer à
l'archéologue. C'était l'étoile de cristal qu'ils avaient enlevé du cou
de l'inconnue.
Doucement, il le lui glissa dans la main.
- Est-ce que cela vous dit quelque chose ?
Elle contempla le bijou qui brillait dans la lumière.
- C'est à moi.
- Oui. Une étoile en cristal taillé. Du travail d'orfèvre.
A ces mots, elle ferma les yeux et le poing. Son visage se crispa légèrement sous l'effet de la concentration.
- Une étoile, murmurait-elle. Étoile.
Seul Daniel, resté à côté, put saisir ses paroles. Il ne put s'empêcher de lui demander.
- Vous vous souvenez ?
Elle ne répondit pas tout de suite. Puis elle rouvrit les yeux et se tourna vers eux.
- La beauté des étoiles, fit-elle. Je me souviens.
Sa main serra celle de Daniel. Elle les regarda un instant.
- Mon nom est Soraya. Soraya Ambrosia.
Jack fut étonné.
- Comment vous en rappelez-vous ?
Elle voulut répondre, mais Daniel avait compris. Il la devança.
- En arabe, Soraya signifie beauté des étoiles. Et Ambrosia veut dire « immortelle » en grec ancien.
- Ah !
- D'autres choses vous reviennent à l'esprit ? Demanda Samantha.
Elle fit non de la tête.
-
C'est déjà pas mal, fit Jack avec un sourire. Reposez-vous, je pense
que vous en avez besoin. Le médecin voudra sans doute faire aussi
quelques analyses. »
Les quatre amis s'éloignèrent. Ils tinrent un rapide conciliabule à l'entrée de l'infirmerie.
« Alors selon vous, elle aurait vécu dans notre pays ?
-
Les paroles qu'elles a chanté sont celles de la musique d'un film
américain. Et elle les a chanté en anglais. Pour moi c'est évident.
- Carter, est-ce vous pouvez chercher s'il y a traces d'une Soraya Ambrosia dans les dossiers administratifs du pays ?
- Oui, mais il y a sans doute beaucoup de femmes qui s'appellent ainsi.
- Je ne pense pas, fit Daniel en souriant.
- Je vais le faire, promit-elle.
-
Très bien. Je pense que ça peut être important. ». Il se tut un
instant, puis ajouta. « Je crois que vous avez raison Daniel. Il y a
quelque chose de différent chez cette fille.
- Ah ! Vous voyez. Je crois que.
Un cri l'interrompit, qui venait de l'infirmerie.
- Qu'est-ce qui se passe ? S'alarma O'Neill en se précipitant dans la pièce.
Une infirmière se tenait à côté du lit de la jeune femme, l'air effrayé. A ses pieds, les débris de verres d'une seringue.
- Je.
- Calmez-vous ! Fit le médecin qui était accouru. Qu'est-il arrivé ?
-
Je... Faisais une prise de sang comme vous me l'aviez demandé. Tout
paraissait normal. Et puis tout à coup, la seringue a explosé
violemment dans ma main.
- Elle est tombée ?
- Non, elle a explosé. Je ne l'avais pas lâché.
- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Fit Jack.
- C'est de ma faute, intervint Soraya.
Tous les regards se tournèrent vers elle.
- J'avais oublié le fait que la seringue allait exploser. J'aurais dû la prévenir d'une chose.
- Quoi ?
Sans
mot dire, elle saisit un scalpel sur une tablette d'instrument. Elle
vérifia que l'instrument était aiguisé, puis, brusquement, elle
l'enfonça dans sa chair et s'entailla l'avant-bras gauche sur toute sa
longueur. Elle avait fait ça si vite que personne ne put réagir avant
quelques secondes. Puis Jack, qui était le plus proche, se précipita
pour lui prendre la lame.
- Arrêtez ! Regardez.
La jeune femme
tendit son bras ensanglanté pour qu'ils voient. D'abord, rien ne se
passa. Puis au bout de quelques secondes, le sang commença à refluer
dans la plaie, comme aspiré, avant que cette dernière ne se referme et
cicatrice immédiatement.
Le silence qui suivit dura un bon moment.
- Il n'y avait pourtant rien de bizarre dans mon café ce matin, dit Jack.
Daniel avait toujours les yeux écarquillés de surprise.
- Et... Vous faites ça comment ?
-
Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que quand je me blessais,
sur cette planète, mes blessures se soignaient d'elle-mêmes,
instantanément.
- Mais... Et vos cicatrices ? Questionna Carter.
-
J'ai remarqué aussi que lorsque j'étais exténuée ou que je manquais de
nourriture depuis très longtemps, la guérison était plus lente et
incomplète.
- Alors là c'est sûr. Vous n'êtes vraiment pas comme nous ! Conclut Jack.
Soraya observa son bras quelques instants.
- Je sais. Mais j'ignore pourquoi.
- Beaucoup de questions sans réponse, n'est-ce pas ? ». Fit O'Neill d'un ton qu'il voulait léger.
Tous hochèrent la tête d'un commun accord.
Toc, toc.
« Bonjour.
Daniel releva les yeux du livre où il était plongé.
- Soraya ? Quelle bonne surprise. Vous êtes sortie de l'infirmerie ?
- Oui, je crois qu'ils en avaient assez de me voir guérir toute seule. Ils devaient être un peu vexés.
La plaisanterie le fit sourire.
- Entrez. Ne restez pas sur le pas de la porte.
Elle s'avança, les mains dans le dos, l'air curieuse.
- Votre bureau n'est pas comme les autres. Sur quoi travaillez-vous ?
- A la base, j'étais archéologue. Mais depuis huit ans, je travaille ici, sur l'exploration des mondes que nous découvrons.
-
Le général... Jack... M'a expliqué en qui consistait ce programme. Je
ne suis pas sûre, mais je crois que j'en connaissais l'existence.
- Vous auriez travaillé ici ?
- Je ne pense pas. Cet endroit ne me dit absolument rien.
Elle naviguait entre les livres et les papiers, examinant quelques couvertures, lisant des titres d'ouvrages.
- J'espère que je ne vous aie pas dérangé au moins, professeur.
Il eut un petit rire.
- C'est trop pompeux. Appelez-moi Daniel, Daniel Jackson. Tout le monde le fait.
- Tout le monde ?
- Disons, les gens que je connais.
- C'est étrange; votre ami, Jack m'a dit la même chose. Pourtant vous ne me connaissez pas.
- Vous nous avez sauvé la vie. Ça nous en dit plus long sur vous que vous ne croyez.
Elle se tut et feuilleta machinalement un livre resté ouvert.
- Il y a tant de choses que l'on ignore sur l'histoire du monde, lança-t-elle tout à coup, d'une voix douce.
- Comment ça ?
-
Eh bien... Dans cet ouvrage, il est marqué que la Première Période
Intermédiaire de l'Égypte antique fut due au règne interminable du
pharaon Pépi II et à la prise d'indépendance des nomarques.
- Ce qui est exact.
- Mais dans aucun récit vous ne lirez qu'en fait, Pépi II était
un Goa'uld chargé par Sekhmet de surveiller les territoires d'Égypte.
Daniel s'approcha, intéressé.- Continuez.
- Sekhmet était un
Goa'uld aux ordres de Râ. Ce dernier l'avait soumis après avoir gagné
la guerre qui les opposait. Il était chargé de réprimer les révoltes et
de punir les hommes qui se dressaient contre son maître.
- Sekhmet était une déesse. Une déesse à tête de lion.
-
C'est vrai. Son hôte était une femme. Quand à la tête de lion, c'était
le symbole de son armée de jaffas. - Nous savons tout ça. Nous l'avons
« rencontrée » l'année dernière. Certains la considéraient comme étant
l'épouse de Râ dans la mythologie.
Elle secoua la tête.
-
Pures légendes ! En réalité Sekhmet était une servante de Râ. Elle
devait veiller sur ses territoires. Pépi II était un homme de paille,
installé là pour maintenir le calme dans les esprits. Mais il a échoué.
Et c'est à partir de là, de son assassinat, que les Égyptiens ont
enterré la porte et fait disparaître tout ce qui se rapportait à cette
période sombre de leur histoire. Ne décrit-on pas la Première Période
Intermédiaire comme une ère sombre, troublée, où tous les fondements de
la société et de l'Empire ont disparus? C'est à cause de cela. L'Égypte
a dû se reconstruire, se reconstruire en secret.
Ébahi, Daniel la regarda.
- Comment savez-vous ça ?
- Ça m'est revenu en lisant ces lignes. C'est un souvenir confus.
- Etonnant. C'est.
A cet instant précis, Samantha apparut à l'entrée du bureau.
- Daniel ?
Puis elle aperçu la jeune femme.
- Soraya ? C'est très bien que vous soyez là. Venez ! Nous sortons.
- Moi aussi ? Demanda-t-elle. Pour aller où ?
- Je crois avoir trouvé l'endroit où vous habitiez. Le général O'Neill et Teal'c sont en train de se préparer. On y va.
Elle repartit rapidement. Soraya regarda Daniel pendant un instant.
- Elle a vraiment réussi cela ?
- La connaissant, sûrement. Vous venez ? »
o0o0o0o0o0o
Le
temps était gris et terne. Le vent, pourtant rare dans cette région,
faisait virevolter les cheveux de Sam et de Soraya, transies de froid.
L'hiver, même dans le Colorado, restait toujours l'hiver, maussade et
froid. Voilà dix minutes, ils s'étaient enfin arrêtés près d'une
maison, perdue, loin de la ville, à l'orée d'un bois comme il y en
avait tant dans cet État. La bâtisse, moderne, n'éveillait encore aucun
souvenir pour la jeune femme. Quant aux quatre amis, elle leur était
totalement inconnue. C'était Samantha qui, en recoupant les
informations qu'elle leur avait donnée, avait découvert cette endroit.
Personne
n'ayant trouvé de clé, Jack essayait de forcer la serrure. Mais
celle-ci résistait à tous ses efforts. Il se releva, agacé.
« La barbe ! J'en ai assez de cette porte. Il n'y a rien à faire.
Il regarda Soraya.
- Vous n'avez aucune idée de la façon dont nous pourrions entrer ?
- ...
- Soraya !
- Un instant.
Elle s'approcha de la sonnette et d'un geste innocent, appuya dessus avec son index. Jack eut un petit rire.
- Et si quelqu'un ouvre, vous faites quoi ?
La
jeune femme sourit sans rien dire. Au bout de quelques secondes, on
entendit un déclic dans la serrure, et la porte s'ouvrit sans
difficultés. Le général la regarda avec des yeux ronds.
- Lecteur d'empreintes digitales intégré à la sonnette d'entrée, fit-elle.
- Comment se fait-il que vous ayez un tel système de sécurité ?
- Aucune idée.
- Heureusement que vous vous en êtes rappelé ! Allons-y.
Toute
la maison était plongée dans l'obscurité. Soraya, à peine entrée,
actionna quelques interrupteurs qui firent se relever les volets
coulissants d'une baie vitrée, pour laisser entrer la lumière du jour.
- Très jolie vue. Alors, cet endroit vous dit-il quelque chose ?
- Oui...
Ils la regardèrent.
- Mais il n'y a rien qui me dise qui je suis exactement.
Daniel
comprit ce qu'elle voulait dire. Voir ses propres blessures cicatriser
sans savoir pourquoi devait engendrer un tas de questions dans son
esprit. Elle ne devait pas chercher que son identité, mais également la
raison qui faisait sa différence, le pourquoi de son unicité. Sans rien
dire, ils examinèrent les lieux. Mais au bout de quelques minutes,
Carter les appela.
- Soraya, j'ai trouvé votre ordinateur. Mais il y a un mot de passe, et je n'arrive pas à casser les sécurités.
- C'est forcément quelque chose de facile à se rappeler, fit Jack.
- Ce n'est pas parce que vous oubliez tout le temps votre mot de passe que c'est la même chose pour tout le monde.
O'Neill se retourna vers l'auteur de ce brillant trait d'esprit.
- Merci Daniel.
- De rien.
- Messieurs, vous n'avez rien de mieux à faire ? Demanda Sam. En attendant je suis toujours bloquée.
Soraya
s'approcha. Elle observa le salon où ils se trouvaient, cherchant
désespérément le code dans sa mémoire. Jack regardait la contenu de sa
discothèque. Teal'c était en train d'examiner les armes blanches ornant
les murs. Daniel, lui, feuilletait un livre prit dans la
bibliothèque...
- Daniel ? Quel est l'ouvrage que vous tenez ? Demanda-t-elle soudain.
Il chercha le titre.
- Mythes et magie.
Sam la regarda.
- Vous avez une idée ?
Elle ne répondit pas tout de suite.
- Entrez « Ouranos », dit-elle soudain.
Sam tapa le nom.
- Ce n'est pas ça.
- Alors essayez avec « Gaïa .
Elle tapa de nouveau le code. Intéressé, Daniel s'était approché.
- C'est ça ! Ça fonctionne ! S'exclama-t-elle.
L'archéologue se tourna vers Soraya.
- Gaïa ? La Terre Mère ?
- Ce nom me trottait dans la tête.
Pendant ce temps, Samantha continuait d'explorer le contenu du disque dur.
- Etonnant.
- Quoi ? Fit Jack qui les avait rejoint.
-
Apparemment, vous êtes absente depuis un an moins quatre jours, date de
la dernière utilisation de l'ordinateur. Mais vos fichiers sont
étranges. C'est un format que je ne connais pas. Les titres aussi sont
bizarres.
La jeune femme s'approcha.
- C'est moi qui ai créé ce format pour éviter tout piratage.
- Et ces noms ? Regardez ! « Inventaire armes », « Notes ennemis », j'en passe et des meilleurs.
- Je crois que je me rappelle. Quel est le dernier fichier que j'ai consulté ?
La recherche ne prit que quelques secondes à Carter.
- Il y en a deux; « La Noire .
- Drôle de nom, fit Daniel.
- ... Et « Prométhée .
Si la mention du premier nom fit sourire la jeune femme, le second sembla la déstabiliser.
- Prométhée ? Murmura-t-elle. Et elle s'éloigna en marchant dans le salon.
Jack et Daniel la suivirent, intrigués. A ce moment-là, Teal'c s'approcha du général, un cadre de photo à la main.
- Regardez cette photo O'Neill. Elle est étrange.
Jack s'apprêtait à se moquer de lui, mais l'image qu'il lui mit sous les yeux l'arrêta.
- Effectivement. Soraya ?
Elle revint vers eux, toujours troublée.
- Oui ?
- Qu'est-ce que c'est que ça ? Demanda-t-il en lui tendant le cliché. L'image a été retravaillée numériquement ? »
Intriguée,
Carter les avait rejoint. Soraya prit la photographie. L'on y voyait
deux personnes, elle et une autre jeune femme, brune. Toutes deux
riaient devant l'objectif. Rien d'anormal... Ou presque.
L'expression
du visage de leur compagne passa de la curiosité à la crainte et au
doute. Les yeux soudain perdus dans le vide, elle semblait ne rien
voir. Ses mains lâchèrent le cadre tandis qu'elle reculait; Daniel
n'eut que le temps de le rattraper avant qu'il ne se brise sur le sol.
Personne
ne dit mot pendant quelques minutes. Puis elle releva la tête et
rouvrit les paupières. Ses yeux gris étaient emplis de larmes qui ne
coulaient pas. Un sourire triste éclairait son visage.
« Je vais vous raconter une histoire. » Dit-elle.
Alors,
sans mot dire, ils s'assirent tous les quatre sur les marches en bois,
au milieu de la pièce. Soraya, elle, se laissa glisser sur le sol, le
long de la baie vitrée. Le dos calé contre le mur, elle regardait
dehors. Le vent froid faisait danser et vibrer les branches des arbres
de la forêt que l'on apercevait à travers le verre. C'était l'hiver.
«
Il y a dix mille ans, quelqu'un naquit, sur une planète lointaine, très
lointaine de celle-ci. Cette personne n'avait ni père, ni mère. Elle
avait été engendrée par une entité supérieure, une forme de vie
intelligente et sage, à partir de la matière et de l'énergie.
Il y a
dix mille ans, les menteurs, les tortionnaires, les faux-dieux, et un
tas d'autres menaces, tout cela existait déjà. Et peu luttaient contre
eux. Alors, dans un coin d'univers, fut créé un être qui serait capable
de combattre tous ceux qui faisaient le mal autour d'eux. Cet être
serait le reflet de tous les sentiments nécessaires à la protection de
la vie; l'amour, l'humanité... Mais aussi parfois la colère et la rage.
Pour
lui permettre de faire ce pour quoi on l'avait créé, défendre la vie à
tout prix, il lui fut donné des facultés hors du commun. Cette personne
reçu la capacité de manipuler, selon sa volonté, toute matière et toute
énergie. Elle devint également une guerrière accomplie, en mesure de
guérir toutes ses blessures seule, ou encore de se téléporter dans
n'importe quel endroit de l'univers.
Elle se tut un instant. Par un
curieux caprice météorologique, la neige s'était mise à tomber
au-dehors, recouvrant peu à peu la forêt d'un pâle manteau d'ivoire.
Sans même en prendre conscience, Daniel, Teal'c, Jack et Samantha
s'étaient rapprochés les uns des autres, pris au jeu de cette histoire
pas comme les autres. Tous l'observaient sans un mot, déconcertés.
-
Difficile de raconter tous les chemins empruntés durant ces dix mille
années. J'ai parcouru des centaines de mondes, croisé des millions de
gens. J'ai vécu toutes les époques, assisté à toutes les évolutions du
monde.
J'ai toujours tout entrepris pour faire ce pour quoi
j'existais; préserver la vie, lutter contre ceux qui l'opprimaient. Je
ne suis pas innocente, pas plus que n'importe quel soldat. Et au fil
des siècles, au fil des horreurs, des guerres, des meurtres, j'ai
appris à aimer et à haïr, pour savoir qui attaquer et qui sauver.
Nouveau silence. Cette fois, elle fut plus longue à reprendre.
-
Il y a parfois des soirs, des nuits, où lourde est la solitude de
l'empathie. On voudrait sauver le monde, on fait tout ce qu'on peut,
mais l'on a pas assez de bras. Je suis sûre que vous avez déjà connu
ça. La tristesse devant les disputes aberrantes, la rage devant une
mort inutile, l'abattement des batailles perdues, la lassitude des
vaines palabres.
Jack repensait à ces mots. Il se souvenait de
telles circonstances. Les querelles stériles entre Kelowna et ses
voisins, les pertes d'hommes de valeur durant tant de combats, la mort
de Daniel, puis de Skaraa... Ces paroles le faisait replonger au fond
de lui-même.
- Vous quatre, mieux que personne, devez connaître ces
sentiments. L'impression parfois douloureuse d'être seul, seul à
comprendre ce que l'autre ressent, seul à porter le poids du monde.
Vous vous arrêtez parfois, et regardez dehors, le coeur vide, les yeux
perdus dans le vague, dans le lointain. Quelle contradiction !
Accomplir votre mission fait souvent mal, alors pour oublier, vous vous
y replongez à corps perdu, ignorant toute prudence. Parfois, tout vous
semble futile en comparaison de ce qui s'accomplit sous vos yeux. Avoir
connaissance des secrets du monde est un lourd cadeau, surtout
lorsqu'on les a vécu. J'ai vu tellement de choses paradoxales, dénuées
de sens, que j'en viens parfois à m'étonner de la longévité du flocon
de neige qui tombe sur la terre avec une infinie douceur. Nous
regrettons le passé mais devons nous préparer à l'avenir.
Elle se tourna vers les quatre amis et les regarda.
- Voilà qui je suis, ainsi que mon histoire. Mon nom ? Soraya Ambrosia, pour vous servir. »
o0o0o0o0o0o
Ils
étaient rentrés à la base. Depuis quelques heures déjà. Aussitôt, Sam
était allée s'enfermer dans son laboratoire, Teal'c dans sa chambre et
O'Neill dans son bureau. Seul Daniel était resté avec la jeune femme.
Assis
dans le fauteuil de cuir des généraux, Jack regardait fixement le
téléphone rouge posé sur la table. Téléphone qui n'était en fait qu'un
prétexte: en réalité, ses yeux étaient perdus bien au-delà de l'objet.
Il y avait eu quelque chose de touchant dans les paroles de cette
inconnue, quelque chose qui l'avait ébranlé jusqu'au plus profond de
son âme. Bien sûr, elle avait peut-être menti; c'est d'ailleurs la
première chose qui lui serait venu à l'esprit s'il ne l'avait vu
lui-même guérir de ses blessures. Mais non. Il croyait en son histoire,
en l'accent de sincérité de sa voix. C'est vrai qu'il s'en posait des
questions, qu'il en ressentait des émotions. Il les cachait toujours, à
tout le monde. Mais combien de fois avait-il regardé une goutte d'eau
couler sur la vitre de sa fenêtre, simplement parce qu'il trouvait ça
beau et paisible ? Parfois, un pan du voile se déchirait, et l'on
voyait se dessiner son amour pour Samantha, ou l'affection fraternelle
portée à Daniel et Teal'c. Bien sûr, il avait parfois le sentiment de
porter le monde sur ses épaules, mais il se disait toujours que cette
échelle de comparaison était trop grande pour son petit cerveau. Jamais
personne, pas même lui, n'avait mis de mots sur ces sentiments.
« Aïe ! Ouh ça fait mal ! Quelle maladroite je fais. »
Sam
se mordit les lèvres en voyant une gouttelette rouge perler sur son
doigt. Par inattention, elle s'était blessée avec la pointe de son
cutter. Elle essuya le sang avec un mouchoir. « Ça doit être pratique
de cicatriser immédiatement. » pensa-t-elle. « Mais il doit y avoir de
lourdes contreparties ». Sans savoir pourquoi, elle se sentait proche
de leur nouvelle amie. Peut-être était-ce parce qu'elle leur avait
sauvé la vie, peut-être était-ce dû à autre chose. Mais Sam commençait
à prendre conscience, sans savoir pourquoi, du fait qu'il y avait entre
elle et ses amis, Jack, Daniel, Teal'c, un lien unique, au-delà même de
leurs sentiments. Ils faisaient partie des gens qui sauvaient le monde.
Jamais, avant d'avoir entendu les mots de Soraya, elle n'aurait osé
dire une telle chose. Cela lui aurait paru vaniteux, prétentieux.
Mais
soudain, il apparaissait à Samantha qu'ils n'étaient pas seuls à faire
ça, que d'autres pouvaient comprendre quels sentiments étreignaient
parfois sa poitrine. Bien sûr, les Tok'ra, les Asgards, beaucoup
d'autres cherchaient à libérer et sauver des vies. Mais Sam avait
quelquefois l'impression qu'ils faisaient ça machinalement, sans
passion. Des années passées à combattre ensemble n'avaient cependant
pas réussi à les rapprocher, tandis qu'en un regard, une seule jeune
femme avait réussi à tout comprendre de son coeur. Ses mots se
rapprochaient tant de ce qu'elle avait ressenti au cours de tout ce
temps passé. Sam se souvenait de tout. Ses pleurs de rage devant
l'abandon de Cassandra dans le bunker. Son chagrin, sa douleur face à
la mort de Daniel, puis de Janet. Sa sensation de solitude sans Jack.
Tout se montrait sous un jour nouveau. Elle se croyait faible et se
découvrait humaine.
« Vous êtes extraordinaire.
- Je vous demande pardon ?
Soraya
regarda l'archéologue avec des yeux ronds. Daniel fit pivoter son
tabouret pour l'observer. - J'en ai croisé des gens au cours de ces
huit années. Mais jamais personne ne nous a parlé ainsi. Je crois que
vous êtes vraiment une femme hors du commun.
- Pourquoi ça ?
-
Nous, nous avons vécu toutes ces aventures ensemble, tous les quatre.
Nous avons partagé chaque moment, bon ou amer. Mais nos sentiments,
nous y faisons face seuls. Et voilà que vous arrivez, semblant
connaître chaque douleur, chaque émotion de notre coeur. Vous
surgissez, vous mettez des mots sur ce que nous pensons tout bas, et
tout ça avec une absolue sincérité.
- Je n'ai aucun mérite. Vous, plus que personne, savez ce que cela fait de lutter seul contre tous les méchants de ce monde.
- Vous faites allusion à l'ascension ?
-
Oui. Je connais les Anciens. Je sais qu'en faisant ce choix, vous
essayiez de trouver votre place dans l'univers, dans la lutte contre
tout ce qu'il y a de mal ici-bas.
- Mais je n'ai pas réussi. Je n'ai pas réussi à faire ce qu'on me demandait, à rester neutre.
-
C'est peut-être cela qui fait votre plus grande force, Daniel. Je n'ai
rien d'humain, à part mon apparence. Mais je sais depuis longtemps
qu'il faut de la passion pour mener un combat. Et c'est cela qui fait
votre force. J'ai suivi l'histoire de la race humaine depuis des
millénaires, et je sais qu'à défaut de la sagesse, vous avez le feu,
l'ardeur et le courage.
- Vous croyez ?
- Votre place,
finalement, vous l'avez trouvé. Elle est à l'endroit exact où vous
étiez avant, mais cette fois vous l'avez choisi. Là est toute la
différence.
Elle s'était assise sur le rebord de la table, près de lui. Daniel resta silencieux quelques minutes, puis demanda soudain.
- C'est vrai ce que vous nous avez dit ? Vous pouvez réellement manipuler la matière ?
Pour
toute réponse, Soraya ouvrit sa paume. Au bout de quelques secondes,
elle fit apparaître une petite sphère d'énergie bleutée, comparable au
rayon d'un Zat'n'kitel.
- Que voulez-vous ?
- Heu... Je ne sais pas... Un livre ?
Elle
sourit, puis se concentra. En un clin d'œil, cette boule de matière
changea de forme, se tordit pour finalement laisser place à un épais
ouvrage. Daniel se frotta les yeux pour s'assurer qu'il ne rêvait pas.
- Il y a son contenu ?
- Allez-y, ouvrez-le.
Elle lui tendit le volume.
- Incroyable. Je rêve ? C'est un exemplaire du second tome de La Poétique d'Aristote ? Je croyais qu'il n'en existait qu'un seul au monde ?
- C''est vrai, mais je l'ai lu, alors je peux le recréer.
Daniel feuilletait le livre avec passion.
- Je n'en crois pas mes yeux.
- Ça viendra, dit-elle. Je vous laisse Daniel, bonne nuit.
- Hein, quoi ? Quelle heure est-il ?
- Bien assez tard pour moi. Il est onze heures. A demain.
- A demain. »
Elle
sortit et ferma la porte avec un sourire. Là-bas, au fond du bureau, le
jeune homme s'était déjà replongé dans la lecture du bouquin.
Jack
se frotta les yeux en attendant que la file du personnel se pressant
devant le self ne se décide à avancer. Il avait mal dormi, comme
presque toutes les nuits. Le seul moyen pour lui de se réveiller
consistant en une tasse de café serré et une grosse part de gâteau au
chocolat, il s'était décidé à se traîner jusqu'au mess de la base tôt
dans la matinée. Prestement, il avança et saisit l'assiette contenant
la pâtisserie salvatrice, avant de se diriger dans un coin tranquille
de la salle.
Quelques minutes plus tard, il fut rejoint par
Samantha, dont les cernes indiquaient qu'elle avait eu un sommeil au
moins aussi agité que le sien.
« Bonjour mon général. Mal dormi ?
- Ça se voit tant que ça ?
- Vous n'êtes jamais là aussi tôt.
- Je vous retourne le compliment.
Elle s'assit en face de lui.
- C'est vrai. Mais le pire.
- C'est que vous ne savez pas pourquoi.
- Exact. Vous croyez que ça a un rapport avec.
- Soraya ? A vous de me le dire.
Elle se tut quelques secondes avant de répondre.
- C'est idiot, personne ne peut avoir de telles capacités.
- Toujours votre côté scientifique ! Mais ce qu'elle a dit, ça ne vous a donc pas touché ?
Elle baissa les yeux.
- Si.
- Et je crois qu'elle a bien d'autres secrets à nous révéler.
- Qu'est-ce qui vous faire dire ça ?
- Mon intuition, ou appelez ça comme vous voulez.
Entre-temps, Daniel les avait rejoint.
- Bonjour Jack, Sam.
- Bonjour... Houlà ! Vous aussi vous avez bien dormi à ce que je vois.
- J'ai passé la moitié de la nuit à lire.
- Qu'est-ce qui pouvait valoir autant de sacrifices ?
L'archéologue but une gorgée de café avant de répondre.
- Elle est effectivement capable de manipuler la matière.
- Qui ?
- La reine d'Angleterre, voyons. Mais non ! Soraya, tiens ! Question idiote.
Sam releva la tête.
- Vous l'avez vu ?
-
Et comment ! Elle a fait apparaître un livre devant mes yeux. Le second
tome de La Poétique d'Aristote, un ouvrage qui n'existait qu'en un seul
et unique exemplaire.
- C'est impossible !
- Non, pas tant que ça.
Leurs yeux se tournèrent vers leur invitée. Soraya s'avança et les salua.
- Il y a des choses bien plus complexes encore dans l'univers.
-
C'est impossible, parce que personne ne peut naturellement manipuler
les molécules à sa guise. C'est physiquement irréalisable, soutint
Samantha.
La jeune femme sourit.
- Apparemment si. Même si ne je ne sais pas comment.
- Ça ne vous gêne pas de savoir que vous avez été créée ? Demanda Daniel.
-
Non, plus maintenant. Au début, les premiers siècles, cela me
dérangeait de savoir que quelque chose avait décidé de ce que devrait
être le travail de ma vie. Mais au fil du temps, j'ai compris pourquoi
il fallait que quelqu'un le fasse. Personne ne me dit contre qui je
dois lutter, qui je dois éliminer ni qui je dois sauver. Je ne suis pas
l'instrument d'une puissance supérieure, je suis ma propre puissance.
- Et vous connaissez les Anciens ? Vous me l'avez dit hier soir.
- Les Anciens ? Ce sont de vieux schnocks.
Daniel eut une expression indignée. Jack, lui, étaient aux anges.
- Enfin quelqu'un qui pense comme moi.
- C'est pas forcément une qualité, fit Daniel.
O'Neill se retint de lui tirer la langue, et se contenta de le fusiller du regard.
- Vous devriez pourtant être le premier à les critiquer après ce qu'ils vous ont fait.
- Peut-être qu'ils ont des raisons de rester neutres, des raisons qui nous échappent ?
-
C'est plus compliqué que ça, intervint Soraya. Les membres de
l'Alliance considèrent qu'avoir des pouvoirs tels que les leurs
entraînent obligatoirement leur neutralité dans chaque conflit de ce
bas monde.
- Je comprends pas, dit Jack. Ça ne leur demanderait pourtant pas beaucoup d'efforts de nous aider.
-
Ce n'est pas ça. Ils préfèrent jouer les arbitres. Des quatre races,
les Asgards sont de loin les plus impliqués. Les autres sont d'avis que
participer à la lutte contre nos ennemis déstabiliserait trop
l'équilibre des forces en présence. Regardez ce qui s'est passé avec
Orlin, Oma, ou vous, Daniel. A chaque fois que l'un d'eux décide de
donner un coup de pouce à un peuple contre les Goa'uld, il est
immédiatement mis au ban.
- Et vous n'êtes pas d'accord avec ça ?
- Non. Et vous non plus je crois.
- Effectivement.
-
Les Anciens ne m'aiment pas beaucoup en général. Ils ignorent
totalement quelle entité m'a créé, et ça les énerve. Ils considèrent
qu'avec la puissance que je possède, je devrais être au moins aussi
neutre qu'eux. »
Ils restèrent silencieux quelques secondes. Jack s'étira sur sa chaise, puis se leva.
« C'est bien gentil tout ça, mais il faut que je bosse moi.
- Moi aussi, ajouta Sam. Surtout que j'ai pris un sacré retard.
Soraya se mit debout.
- A ce propos, il y a quelque chose dont il faut que je vous parle, à tous. C'est extrêmement important. »
o0o0o0o0o0o
« Bonjour Sam. Jack.
- Bonjour papa. Comment vas-tu ?
- Plutôt bien vu la situation. Mais pourquoi m'as-tu demandé de venir en urgence ?
- Je vais t'expliquer. Viens. »
Jacob venait d'arriver par la porte des étoiles. Il suivit sa fille jusque dans la salle de briefing.
« Quelqu'un a réclamé ta présence, fit-elle en lui présentant Soraya.
- Soraya ? Qu'est-ce que tu fais ici ? S'exclama-t-il.
- Vous vous connaissez ? Fit Jack, abasourdi.
Jacob serra la main de la jeune femme.
-
Oui. Elle a souvent aidé les Tok'ra lors de recherche de renseignements
ou de combats. C'était une précieuse alliée. Mais nous n'avions plus de
nouvelles de toi depuis un an !
- Je sais. Il semble qu'il y ait eu
un problème sur la planète où j'espionnais Kâli, et je suis devenue
amnésique. ». Elle se tourna vers Jack. « C'est SG1 qui m'a trouvé, par
le plus grand des hasards.
- Alors, pourquoi m'as-tu demandé de venir ?
- Il y a du nouveau. »
Ils prirent tous un siège, et la jeune femme commença.
« Depuis quelques temps, je surveillais un Goa'uld du nom de Kâli.
- Comment ça se fait que nous ne le connaissions pas celui-là ? Demanda O'Neill.
-
Kâli a toujours été très discrète. La raison à cela est que son
territoire actuel s'étend sur l'amas de Pégase, un important groupe
d'étoiles situé à plus de quarante mille années-lumières d'ici. De
plus, elle a été bannie par les grands maîtres il y a de cela cinq
mille ans.
- Pourquoi ça ?
- Kâli et Sekhmet avaient fait une
alliance contre Râ. Mais le conflit a tourné en leur défaveur. Après sa
victoire, Râ a obligé Sekhmet à le servir, et a banni Kâli de cette
région de la galaxie.
- Dans la mythologie hindouiste, Kâli était la
déesse de la mort et de la destruction, un mélange indien de Sekhmet,
Anubis et Seth. Son nom même signifie « La Noire » en sanskrit. C'était une entité très violente, précisa Daniel.
- Charmant. Et alors ? Demanda Jack.
-
Alors, reprit Soraya, depuis que Râ est mort, plus rien ne l'empêche de
revenir par ici. Il semblerait qu'au moment où elle a perdu la guerre,
Kâli était en quête d'une arme qui leur aurait permis à toutes deux de
vaincre les grands maîtres. Et maintenant, avec la disparition de son
ennemi, elle a pu reprendre ses recherches. Depuis quelques années, on
observe une recrudescence de gardes Noirs aux quatre coins de la
galaxie. Mais curieusement, ils sont extrêmement discrets. Aucun grand
maître, pas même Baal, ne sait que Kâli prépare son retour. Ses troupes
parcourent les planètes, mais évitent tout conflit.
- Les
déplacements de Kâli sont étranges. Elle semble craindre de se révéler,
alors que nous savons que sa flotte peut aisément rivaliser avec celle
de Baal, signala Jacob.
- Et selon toi, c'est dû à quoi ? Demanda Sam
Il désigna Soraya de la tête.
- C'était son boulot à elle de le découvrir.
- Et je l'ai découvert ! C'est pire que ce que je croyais.
- Un instant ! Objecta O'Neill.
Toutes les têtes se tournèrent vers lui.
- Vous êtes au courant de ce problème depuis combien de temps ?
- Environ quatre ans et demi, dit Jacob.
- Et vous n'avez pas jugé bon de nous en informer ?
- Anubis était notre souci principal. A cette époque, la menace
que représentait Kâli était négligeable. On ne peut pas lutter sur tous
les fronts à la fois. Il baissa la tête un instant, puis Selmak reprit
la parole.
- Nous devions nous occuper d'abord d'Anubis. Soraya, elle, se chargeait de l'autre Goa'uld.
- Tout de même, vous auriez pu prévenir.
- Général, Jacob et
moi sommes aujourd'hui mis au ban du Conseil Tok'ra parce que nous vous
avons trop aidé à son goût. Ne croyez-vous pas que nous faisons tout
notre possible ?
- ... Oui. Désolé.
Jacob continua à la place de Selmak.
- Alors Soraya ?
Cette dernière observait la porte des étoiles à travers la baie vitrée. Elle se retourna.
- Alors, on a un problème.
Ils la regardèrent.
- Kâli cherche la boîte de Pandore. »
Un lourd silence pesa sur la pièce.
« La boîte de Pandore ? Qu'est-ce que c'est encore que ça ? Interrogea O'Neill.
- Dans les mythes grecs... Commença l'archéologue.
- Merci, je connais cette version. Mais ce n'est qu'un mythe justement.
-
C'est ce que je pensais, au début, fit Soraya. Mais Kâli y croit dur
comme fer. Elle a consacré ces cinq dernières années à la rechercher à
travers toute la galaxie, s'aidant de textes anciens et de références à
la légende.
- Si je me souviens bien, la boîte de Pandore contenait tous les maux existants, c'est ça ? Questionna Samantha.
-
Oui, acquiesça Daniel. Pour être exact, selon les textes grecs, c'était
un vase qui une fois ouvert, laissa s'échapper maladies et misères
humaines. Seule l'Espérance reste au fond de la boîte. Mais qu'en
est-il en réalité, ça.
- Je ne sais pas grand-chose sur la boîte
elle-même. Mais d'après mes informations, elle doit contenir une arme
capable d'anéantir les autres Goa'ulds, ainsi que tous ceux qui se
mettront en travers de sa route.
- Mais vos informations datent d'il y a un an !
- Non. J'ai
mis cette nuit à profit pour retrouvé tous les contacts qui
travaillaient auparavant contre Kâli avec moi. Elle a beaucoup avancé
dans ses recherches. Actuellement, elle sonde les planètes de la
constellation Taurus.
- La constellation du Taureau ? Mais si elle
explore chaque planète, elle en a pour des années ! S'exclama Carter.
Son étendue est de presque huit cents degrés carrés.
- Oui, mais
apparemment elle touche au but. ». Soraya regarda Jacob et Jack. « Il
faut à tout prix l'empêcher de mettre la main sur cette arme, quelle
qu'elle soit.
- Comment veux-tu que je fasse réagir les Tok'ra ? Ils ne m'écoutent plus depuis quelques temps.
- Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire ?
-
L'alliance entre les jaffas, les Tok'ra et les Tauris a prit fin
l'année dernière, expliqua Teal'c qui était resté silencieux
jusqu'alors.
Soraya eut un geste de lassitude.
- C'est pas vrai ! Qui a eu la brillante idée de tout mettre par terre ?
- C'est pas nous ! Se défendit Jack.
- En fait, tout le monde a lâché l'affaire, précisa le père de Sam.
- Il y a vraiment de quoi s'arracher les cheveux, fit la jeune
femme. Il faut que j'aille parler au Conseil. Désolé de vous affoler,
mais il faut que tout le monde s'y mette, sur ce coup. Elle se retourna
vers la baie vitrée.
- Ce qui m'angoisse le plus, c'est d'ignorer ce qu'il y aura dans cette boîte.
- Je peux chercher s'il y a quelque chose dans d'anciens textes, proposa Daniel.
-
Il y aura peut-être une information intéressante, mais rien n'est moins
sûr. Peu de personnes connaissaient l'existence de la véritable boîte.
En fait, personne ne la connaissait avant que Kâli ne se mette à courir
après.
D'une main distraite, Soraya dessina quelques lignes sur la buée couvrant le verre.
-
J'ai eu vent du projet de Kâli il y a plusieurs années, en interrogeant
un garde Noir, son ancien prima pour être exact. Seul quelqu'un d'aussi
haut placé que lui pouvait me renseigner sur son maître, bien que je ne
m'attendis pas à recueillir une telle information.
- Et alors ?
-
Alors, je me souviens de la lueur de peur qu'il y avait dans ses yeux
lorsqu'il parlait de cette boîte et de la quête de celle qu'il servait.
Kâli est vraiment prête à tout pour obtenir ce qu'elle veut. Il faut se
méfier.
Ils restèrent silencieux quelques minutes, puis Jacob se leva.
- Soraya, il faut que tu viennes avec moi si tu veux convaincre les Tok'ra. Seul, je ne pourrai pas faire grand chose.
- Jack ? Je peux ?
- Vous n'avez pas à me demander la permission.
Il se tourna vers Sam, Teal'c et Daniel.
-
Teal'c, allez voir l'union des jaffas. L'un d'entre eux a peut-être des
informations intéressantes sur cette Kâli et sur la situation qui nous
intéresse. Daniel, consultez vos bouquins, et pour une fois je vous
autorise à me faire un rapport de deux cents pages sur cette histoire
de boîte si ça vous plaît. Carter, essayez de répertorier toutes les
planètes de cette constellation de... Taurus machin chose, qui peuvent
avoir une porte des étoiles. On ne sait jamais, peut-être que l'une
d'elle sera la planète qui nous intéresse.
- Il y a peu de chances, mais on peut toujours essayer, fit-elle en se levant. Papa, tu repars immédiatement ?
- Oui. Il le faut. Soraya, tu m'accompagnes ?
- J'ai pas le choix ! Mais je reviendrai rapidement ! » Ajouta-t-elle en voyant le regard de Daniel.
Sam raccompagna son père jusqu'à la porte, dont le vortex était déjà ouvert. Songeant au travail qui l'attendait, elle murmura:
« Il va encore falloir que je téléphone à Pete pour le prévenir.
- Pete ? Qui est-ce ?
Samantha
se retourna vers Soraya, qui venait de prononcer ces mots. Venant d'un
autre, une telle question l'aurait irrité, mais curieusement, elle n'en
voulut pas à la jeune femme.
- Mon ami.
- Votre ami ? Votre petit ami ?
- Oui.
- Ah, bon.
- Pourquoi ? Cela vous paraît étrange ? Demanda-telle d'un ton qui conseillait à son amie de prendre garde.
- Non. Je croyais simplement que c'était quelqu'un d'autre, quelqu'un d'ici. Simple erreur de jugement, autant pour moi. »
Et elle partit en avant, laissant derrière elle une Sam interloquée.
Jacob finit de composer l'adresse de la Terre sur le DHD des Tok'ra, puis se tourna vers Soraya.
« Tu crois que tu arriveras à les convaincre ? Demanda cette dernière.
- Je ne sais pas. Je l'espère ! Mais en ces temps tourmentés, aucun soutien n'est infaillible.
-
Nous avons besoin de vous, mais si jamais ils parlent encore de
t'exclure, tu sais où venir avec Selmak. J'apprécie le sacrifice que
vous faites tous les deux, même si c'est une maigre consolation pour
vous.
- Je sais. Allez, file ! »
Le vortex se referma sur son
passage. Jacob regarda les derniers lambeaux de lumière s'effacer au
centre de l'anneau, puis fit demi-tour pour rejoindre les tunnels
Tok'ra.
Chemin faisant vers la salle du conseil, il croisait nombre
des siens. Mais les regards autrefois amicaux et chaleureux étaient
devenus inquiets ou empreints de doute. Pourtant, Selmak et lui
n'avaient rien fait de mal ! Mais ils cherchaient toujours à aider
leurs alliés, sans distinction de races ou de peuples, ce qui ne
plaisait pas à tout le monde ici. Ils avaient payé cher pour le savoir.
Il
entra dans la salle où étaient restés les responsables Tok'ra. Aucun
d'entre eux n'avait bougé, tout occupés qu'ils étaient à discuter du
problème présent.
« Selmak, que penses-tu des informations apportées par Soraya ?
Qu'on lui demande son avis l'étonna. Aussi Jacob laissa-t-il son symbiote répondre à la question.
-
Soraya nous fournit des renseignements exacts et précieux depuis des
décennies. Je ne crois pas que ceux-ci soient erronés. Nos propres
espions nous ont rapporté des informations semblables sur Kâli.
- Mais a-t-elle raison de s'alarmer ainsi ?
-
Soraya a dix mille ans d'expérience. Lorsqu'elle s'inquiète, c'est
toujours pour de bons motifs. N'oublions pas qu'elle a perdu un an de
sa vie à cause de sa traque de Kâli. Les choses se sont précipitées en
son absence.
- Il est donc normal qu'elle nous revienne plus préoccupée qu'auparavant. Rien ne justifie donc notre intervention.
Jacob reprit la parole.
-
Mais nos propres agents nous signalent que Kâli se trouve effectivement
dans la constellation Taurus. Peut-être savent-ils où se trouve la
boîte ?
- Nous ne pouvons pas nous permettre de jouer leurs vies sur de simples spéculations.
Jacob
fut sur le point de baisser les bras, mais une idée lui vint à
l'esprit, idée qui en elle-même n'avait rien de réjouissant.
- Qui nous dit que nous ne serons pas ses premières cibles ? Fit-il à voix basse.
- Pardon ?
-
Qui nous dit que nous ne serons pas les premiers sur qui Kâli utilisera
cette arme ? Elle pourrait ainsi la tester, et si les grands maîtres
s'aperçoivent de cela, aucun d'entre eux ne regrettera notre
disparition, ce qui permettra à Kâli de se faire sa place parmi eux. »
C'était
un coup de bluff. Jacob savait que sa prédiction ne se réaliserait
sûrement jamais, mais il voulait jeter le doute dans l'esprit des
membres du Conseil. C'était sa seule chance... Il ne devait pas
échouer... Il ne pouvait pas échouer...!
