A/N : écrit en réponse au thème Dehors il pleut de la communauté LJ 6 Variations.


Un éclair illumina le ciel d'un noir d'encre et le tonnerre déchira le silence de la nuit mais Mulan ne s'en rendit même pas compte. La seule chose qui semblait réelle, c'était le déshonneur qu'elle avait jeté sur sa famille et même la pluie qui cascadait sur elle ne la dérangeait pas plus que la larme et la honte qui avaient pris leur source dans les yeux de son père.

Elle avait tout gâché, tout. Comme toujours. Jamais elle ne serait autre chose qu'un échec, qu'un poids autour du cou de ses parents, qu'une tâche dans l'arbre de la famille Fa. Les ancêtres devaient la maudire, et elle était presque sûre que ses parents avaient fini par en arriver à la haïr. Et cela, plus que toute autre chose, brisait son cœur en des millions de petits morceaux.

Mais ce n'était pas de sa faute, pas entièrement. Elle voulait simplement empêcher à son père de souffrir en allant à la guerre. N'importe qui se serait interposé entre lui et l'envoyé de l'Empereur, non ? Il avait juste fallu que le message arrive alors qu'elle venait de briser toutes ses chances de se marier un jour (ce qui avait été entièrement de sa faute), alors la goutte d'eau avait fait déborder le vase.

Son père ne s'en sortirait pas vivant, s'il faisait cette guerre. Et Mulan était sûre qu'il n'aurait pas besoin de voir le champ de bataille pour ça : sa santé était de plus en plus mauvaise, et une simple séance d'entrainement suffirait à le tuer, c'était évident. Et c'était quelque chose qu'elle ne pouvait tolérer. Son père avait assez souffert durant toute sa vie, et il était hors de question que cela continue alors qu'il était si âgé.

Malheureusement, elle ne savait que faire pour remédier à cette situation. Un homme de chaque famille devait se battre c'était la loi. Et Mulan était la seule enfant de ses parents : en tant que femme, elle n'aurait pas le droit de se présenter comme soldat, et elle n'avait pas de frère qui aurait pu prendre la place de leur père. Soit elle se faisait passer pour un homme, soit son père partait à la mort.

Un nouvel éclair illumina le ciel et les idées de Mulan : elle était là, la solution. Bien sûr, cela serait dangereux, pour elle qui risquerait sa vie, et pour sa famille qui serait déshonorée si quelqu'un venait à découvrir la vérité. Mais en voyant son père et sa mère, se coucher, Mulan se rendit compte qu'elle n'avait pas le choix. Quel genre de fille serait-elle, si elle laissait mourir l'homme qui l'avait élevée ?

Alors elle se précipita au temple, pria ses ancêtres de lui donner la force et le courage des hommes, et elle en prit elle-même l'apparence. Elle partit vite, non sans un dernier regard pour la maison ruisselante de pluie et une pensée pour les joues de ses parents noyées sous leurs larmes. Elle espérait qu'ils la pardonneraient, parce que cette décision n'avait jamais vraiment été la sienne.