Bonjour à toutes (et à tous, bien entendu n_n) :D Je vous présente ici ma toute première fanfiction sur Supernatural ! L'histoire se déroule vaguement dans la saison 8, sans spoiler particulier pour ceux qui ne l'ont pas vu (ou alors s'il y en a, ils sont vraiment minimes et inconscients).
Ah oui aussi : j'ai lu et relu, mais s'il y a des fautes cachées, faites le moi savoir que je corrige^^ (autant je repère les fautes des autres, mais les miennes c'est une histoire T_T)
Warning : Slash, Destiel.
Rating : T pour l'instant, je ne compte pas faire de lemon (ou alors faudra se montrer trrrrèèèèès persuasive), mais pourquoi pas un peu de lime…Je ne sais pas :D
« Cas, tu ressembles à quoi là-dessous ? »
La question de Sam, rompant subitement le silence à peine troublé par le ronronnement de la radio, prit l'ange au dépourvu. Il se raidit instantanément sur la banquette arrière de l'Impala, redressa le dos et se tint droit comme un piquet.
Dean pianota sur le volant et feignit d'abord l'indifférence. Il leva ensuite un sourcil, témoignant d'un intérêt croissant.
- Alors? reprit le cadet.
Sam s'était retourné et le regardait à présent sur un air franchement intrigué. Les deux frères s'était parfois posé la question de la véritable apparence de l'ange; ils avaient spéculé sur son apparence avec des images plus au moins inventives, la dernière en date étant celle d'un Castiel en slip blanc avec des petites ailes de chérubin et une harpe dorée. Image qui les avait suivi quelques jours et qui s'était imposée à leur cerveau dès qu'ils voyaient leur ange apparaître sous leurs yeux, leur déclenchant immanquablement un échange de sourires.
- Pourquoi vouloir le savoir ? demanda l'ange. Aucun de vous ne pourra jamais me voir.
- Ça s'appelle de la curiosité, Cas.
- L'immense majorité des mortels nous ayant aperçu ont-
- Ouais, les yeux qui fondent blablablah, mais rien ne t'empêche de nous le décrire, non ? coupa Dean, cette fois-ci vraiment intéressé. C'est pas en le visualisant dans notre tête qu'on va brûler vif, non ?...Non ?
- Non, répondit Castiel. Mais je doute que ton encéphale soit suffisamment développé pour ne serait-ce que conceptualiser ma forme véritable, Dean.
Sam pouffa, tandis que l'aîné roulait des yeux outrés.
- Je rêve Cas, ou tu viens de me traiter de débile ? Hé, ça te concerne aussi, ajouta-t-il en direction de son frère.
- J'ai pas été visé personnellement, répliqua le cadet.
- En effet, dit l'ange le plus honnêtement du monde.
Cette fois-ci, Sam éclata ouvertement de rire, rare sur son visage souvent triste. S'il y avait bien une chose que le jeune Winchester appréciait chez leur emplumé, c'était son don inopiné pour détendre la plus austère des atmosphères en ouvrant simplement la bouche.
- Hé Cas, je me demande bien comment on a pu se passer de toi aussi longtemps.
- Merci, Sam.
Dean s'impatienta :
- Alors, Cas… ? Tu te défiles ou quoi ?
- Non, Dean. Je n'ai juste pas de mots pour me décrire. Les superlatifs humains que je connais sont encore trop faibles.
- Par comme ton égo, en tout cas.
- Je ne comprends pas.
- Laisse tomber.
Castiel fronça les sourcils, en proie à une intense réflexion. Il ajouta quelques instants plus tard:
- Je suis grand.
- Comme le Chrysler building, ouais ça on sait, répondit Dean. Mais encore ?
- Je suis lumineux.
- Assez pour faire fondre des yeux humains. Ça, on pouvait le deviner, répliqua Sam.
- Ce n'est pas la lumière à proprement parler qui a cet ef-
- Et les ailes ? coupa l'aîné.
- Elles sont noires.
- Et… ?
- Elles sont noires et grandes.
Les deux frères restèrent circonspects un petit moment.
- Donc, reprit Dean, t'es grand, tu brilles comme une boule à facettes, et t'as des ailes de dinde géante ? T'as que ça à dire ?
- Oui. C'est ce qui s'approche le plus de ma réalité.
Un lourd silence retomba sur l'Impala. Dean réfléchit un instant, puis lança sur un sourire goguenard qui signifiait «j'ai trouvé quelque chose de pas très intelligent mais rigolo » :
- Cas, on dit que les anges sont asexués, non ?
Un léger tic agita une paupière de l'ange. Il n'aimait pas particulièrement être le sujet de l'interrogatoire de Dean, qui par ailleurs, avait l'air de jubiler du trouble qu'il venait de lui instaurer.
- Plus au moins.
- Plus au moins ? répéta Sam. Ça veut dire quoi, ça ?
Castiel gesticula nerveusement sur la banquette, ne sachant que trop bien vers quel genre de conversation cette question allait les mener tous les trois.
- Caaaastiel… ?
L'interpellé tourna la tête vers la vitre de la portière, observant distraitement le paysage désertique qui défilait à grande vitesse.
- Nous sommes éternels, finit-il par articuler lentement. Nous ne ressentons pas le besoin de procréer.
- Ça ne répond pas tout à fait à sa question, répliqua Sam, visiblement intrigué lui aussi.
Castiel lui adressa un regard légèrement agacé. Le jeune Winchester était plutôt du genre à le laisser en paix – contrairement à son aîné- d'habitude.
- Aller Cas, reprit Dean sur un ton amusé. Fais pas ta prude et donne-nous un cours d'éducation sexuelle angélique.
L'ange se racla la gorge dans un mouvement résolument gêné, les épaules tendues.
- Nous ne sommes qu'énergie pure et pensante, mais quelques dizaines de milliers d'années au contact humain ont développé chez certains d'entre nous des…penchants.
- Des penchants ? répéta Dean, amusé. Des penchants, genre-
- Pas ce genre de penchants, coupa Castiel. Ces anges concernés se sont découverts une ascendance sexuelle particulière. Certains se sentent hommes, d'autres femmes. Le vaisseau est rarement choisi par hasard. Leur dévotion pour le Seigneur reste néanmoins le principal facteur de sélection, ajouta-t-il prudemment.
- Oh, répondit l'aîné, visiblement déçu.
La mine déconfite de Castiel l'avait poussé à imaginer des choses plus au moins croustillantes; son visage s'illumina néanmoins et il dit :
- Wow, tu n'imagines même pas ce que tu loupes, Cas.
Dean se tâta une poitrine imaginaire et ajouta :
- Si j'avais la chance d'investir un corps étranger, je l'aurais pris avec une grosse paire de –
- Hé, arrête tout de suite, l'interrompit son jeune frère.
L'aîné des Winchester leva les yeux vers le rétroviseur et esquissa un sourire face à la frimousse de Castiel, qui l'observait comme s'il venait de proférer le plus impie des blasphèmes.
- Dean, balbutia-t-il, un être humain n'est pas un objet…La personne qui s'offre à son ange lui témoigne la plus pure des confiances, la bafouer serait une terrible infamie…
- Relax Cas, je déconnais.
L'ange cligna des yeux, bascula légèrement la tête sur le côté et dit :
- C'était de l'humour.
- Euh, oui. Enfin je crois.
- Pour ce que je sais de l'humour, ce n'était pas drôle.
- Donc, tu fais partie de ces anges à …penchants, je suppose, objecta soudain Sam, ramenant la conversation au sujet initial.
- Oui. J'ai longtemps observé vos semblables.
- Et donc toi, tu te sens homme, en conclut Dean.
Castiel ne répondit pas immédiatement, se perdant à nouveau dans la contemplation de l'aride paysage texan.
- Oui, souffla-t-il finalement avec douceur.
Les deux frères se jetèrent un regard surpris; si l'ange affichait quasiment tout le temps une expression d'incompréhension assez cocasse, il ne se montrait pour ainsi dire jamais triste.
- Euh Cas, ça va ?
Un bruissement de plumes indiqua à Sam que sa question resterait sans réponse.
Un mois plus tard, Nouveau Mexique :
« Hors de question, j'ai trop la dalle. »
Dean gara l'Impala sur le rebord de la route, faisant crisser ses pneus sur le macadam mal entretenu d'une bourgade lambda perdue au fin fond du Far-West. Sam secoua la tête et regarda son frère avec agacement.
- Arrête de penser avec ton estomac, sérieux. J'ai pas envie de m'éterniser dans ce bled. On va faire des recherches maintenant, ou on se barre.
- Quand je ne pense pas avec mon estomac, c'est autre chose qui s'active, répliqua Dean avec une lueur amusée dans les yeux. Et crois-moi, c'est mieux pour nous tous si je ne suis pas affamé.
- Personne ne pense avec son estomac, intervint Castiel. Et Dean, tu ne possèdes pas non plus deux cerveaux.
- Dean, reprit Sam en ignorant l'ange, tu viens et tu ne discutes pas.
- Non.
L'aîné jeta un coup d'œil circulaire, quand son regard croisa la devanture d'un dinner plutôt miteux :
- Vous avez qu'à aller à la bibliothèque tous les deux, moi j'vais me faire un burger. Et peut-être une part de tarte là-dessus.
Sam prit une profonde respiration et ferma les yeux quelques secondes.
- Aller viens Cas, finit-il par dire, on va bosser un peu.
- Non, je vais rester avec Dean.
Les deux frères coulèrent un regard surpris vers l'ange. Castiel devenait décidément de plus en plus étrange, si cela était encore possible…
- Tu n'as pas besoin de moi pour faire quelques recherches, Sam, se justifia-t-il. Je pense que côtoyer les autochtones et écouter les rumeurs sont aussi une bonne approche.
- Euh, d'accord…
Sam baissa les épaules, sortit de la voiture et claqua fortement la portière derrière lui.
« Hé, calmos avec mon bébé ! »
Le cadet esquissa un mouvement de retour, se ravisa bien vite et s'éloigna à grandes enjambées dans la rue écrasée de soleil. Dean émergea à son tour de l'Impala, l'ange du jeudi sur les talons. Ils traversèrent la rue, et nullement rebuté par les fenêtres crasseuses du lieu, poussèrent la porte du dinner.
Le chasseur fronça un instant le nez face à l'odeur de graillon qui l'assaillit soudain. Sans grande surprise, l'endroit ne se révéla pas moins miteux qu'en extérieur : ils traversèrent une pièce plutôt sombre, bordée de quelques tables jaunies en formica qui avaient connu des jours meilleurs. Ce genre de coin, fréquenté principalement par les routiers, pouvait cependant se révéler être une bonne surprise; on pouvait y manger pour pas grand-chose, et c'était justement ce que recherchait l'aîné des Winchester.
Ils traversèrent la salle - d'où flottaient dans l'atmosphère un vieil air de rock mêlé à quelque chose ressemblant vaguement à une odeur de transpiration-, et s'installèrent en silence à une table près d'une fenêtre. Une jeune femme d'une trentaine d'année, vêtue d'un tablier rose, traîna le pas jusqu'à eux. Dean parcourut rapidement le menu, visiblement déçu. Il finit par commander les deux seules choses encore disponibles, et reposa le papier devant lui.
- Deux fourchettes pour la tarte tatin et une deuxième paille pour le coca ? proposa la serveuse sur un clin d'œil.
- Non merci, je ne m'alimente pas, répondit Castiel le plus naturellement du monde.
Dean glissa d'abord de gros yeux vers l'ange, avant d'adresser un sourire embarrassé à la jeune femme. Celle-ci se contenta d'hausser les épaules, avant de se détourner d'un pas mou.
- Putain c'est juste incroyable ça, dit Dean en regardant la serveuse s'éloigner sur un œil mauvais. Pourquoi la terre entière s'obstine à penser qu'on est gay ? Deux mecs seuls à une même table et direct…Oh tient, tu te souviens du motel à la périphérie de Milwaukee ? Cette bande de skinheads à la con qui nous est tombée dessus en pleine nuit.
- Je n'ai pas compris pourquoi ils nous ont attaqués. Je les avais à peine regardés.
- Tu m'as vachement impressionné en tout cas, tu sais, continua Dean sur un ton amusé. A mon avis, plus jamais ils ne s'en prendront à un comptable en trench-coat.
Les lèvres de Castiel s'étirèrent en un sourire flatté. Si l'ange aimait peu de choses, il devait s'avouer que les compliments de Dean en faisaient partie.
- Merci, Dean. Mais techniquement parlant, c'est un cover-coat.
La serveuse, maquillée comme un camion volé, revint et déposa la commande sur la table. Le jeune homme la remercia brièvement, attendit qu'elle s'éloigne suffisamment et lança :
- Qu'est ce qu'on a ?
Castiel étendit devant lui le journal local, et s'entreprit de relire une énième fois les gros titres : « Une quatrième jeune fille retrouvée exsangue : Le Grants High School en deuil. Tueur en série ? Meurtres sataniques ? La police piétine.»
- Vampirisme ? questionna le chasseur, après avoir avalé une gorgée de soda. Ça serait surprenant, ils ne sont pas idiots au point de faire plusieurs victimes dans un bled aussi petit. D'ici quelques jours, les gens du coin vont défiler dans les rues avec des torches et des fourches et brûleront une sorcière.
- Nous n'avons jamais approuvé l'Inquisition, rétorqua l'ange, brusquement sur la défensive.
- T'as l'air sur les nerfs en ce moment, répondit Dean en haussant un sourcil. Remets-toi à l'apiculture, je te préférais en hippie.
Castiel, un instant décontenancé, relança à voix basse :
- Les victimes ont toutes entre quinze et dix-sept ans, et issues de familles catholiques pratiquantes. Ces filles étaient elles-mêmes des modèles de vertu.
- Comment tu sais ça ?
- Je suis venu ici plus tôt dans la matinée, quand nous étions encore sur la route.
- On ne t'a pas vu partir, répliqua le chasseur d'un air perplexe.
- J'ai été rapide.
Un sourire étira les lèvres du jeune homme au veston en cuir.
- Pourquoi s'enfermer dans une bibliothèque quand j'ai mon Cas personnel ?
- Je ne…
- T'appartiens pas, coupa Dean. Oui, je sais. Donc on a plutôt affaire à du meurtre rituel. Quelqu'un ici a besoin de sang de vierge… Le problème dans ce genre de cas, c'est que ça pourrait aussi bien être une bande de trouducs satanistes accros à Marylin Manson.
- Possible, oui. Qui est Marylin Manson ? Je n'ai jamais entendu parler de cette femme.
- Crois-moi, tu ne perds rien.
Dean reporta son attention à sa part de tarte aux pommes caramélisées, couronnée d'une boule de glace vanille qui commençait déjà à fondre sur le dessert chaud.
« Dean, puis-je te poser une question ? »
Le chasseur piqua de sa fourchette un morceau de tatin, qu'il enfourna en hésitant. Il n'avait jamais été particulièrement fan de bizarreries étrangères, surtout quand il s'agissait de tartes…Mais à la guerre comme à la guerre, comme on dit.
Il mastiqua plus lentement, prenant le temps d'apprécier ce qu'il avalait.
- Pas mauvaise, cette connerie française.
- Dean… ?
L'interpellé leva à nouveau les yeux.
- Quoi ?
- Je peux te poser une question ? réitéra l'ange sur un ton soudain plus hésitant.
- Euh, oui vas-y, je t'écoute.
Castiel croisa les jambes sous la table, et tourna la tête vers la fenêtre qui donnait sur la rue.
- Cas… ?
Dean observa un instant le manège de l'ange et ajouta :
- T'es vraiment pas en forme en ce moment, toi. C'est un complot avec Sam ? Vous avez tous les deux décidé de me cacher des trucs ? Rassure moi, t'es pas mourant quand même.
- Non, je ne suis pas mourant.
- Ben alors crache le morceau, qu'on en finisse.
- Je n'ai rien dans la bou- Oh, c'était une métaphore.
Le chasseur mastiqua une nouvelle bouchée et se planta dans le regard clair de son vis-à-vis.
- Alors… ?
- C'est gênant.
- Je crois que je suis plutôt blasé de ce côté-là.
- Dean, reprit Castiel sur un ton sérieux. Aurais-tu ressenti du désir pour moi si mon vaisseau avait été féminin ?
L'aîné des Winchester manqua de s'étouffer de sa bouchée. Il crachota un instant - envoyant par ailleurs quelques postillons sur l'ange imperturbable qui ne bougea pas d'un poil-, se frappa la poitrine du poing avant de le regarder d'un air étrange, hésitant sans doute entre l'envie de rire ou de pousser une gueulante.
- Putain Cas, t'as vraiment de drôles d'idées.
Castiel ne se découragea pas pour autant et trouva rapidement un exemple pour appuyer ses dires :
- As-tu ressenti du désir pour Rachel ?
- Rachel…Attends, tu parles bien de la blonde que t'as ouverte en deux ?
Castiel tiqua légèrement à ce souvenir.
- Oui, Dean.
Le chasseur avala une longue lampée de soda et réfléchit un instant.
- Euh, oui je suppose. Enfin non, pas vraiment du désir…Mais elle était canon, ça c'est certain. Un petit côté milf sévère pas désagréable…
- Milf… ?
- Castiel, explique-moi où tu veux en venir, marmonna le jeune homme en reposant lentement son verre sur la table.
Dean l'appelait rarement par son nom complet; cela signifiait le plus souvent qu'il était 1) en colère, 2) sur les rotules, 3) blessé. En tout cas, jamais rien de bon.
- Rachel était faite de la même essence que moi, seul son vaisseau était différent. Si mon vaisseau avait été semblable au sien, cela aurait-il changé notre relation ?
Le chasseur cligna des yeux, tourna la tête vers la fenêtre et observa à son tour la rue déserte. Castiel venait d'être on ne peut plus clair sur ses intentions…Malgré tout, connaissant le personnage, Dean pouvait tout aussi bien se fourvoyer sans le savoir. L'ange était capable de déblatérer la plus étonnante des absurdités possibles sans s'en rendre compte.
- Euh, je veux être sûr de bien comprendre. En gros, tu veux savoir si j'aurais été tenté de te peloter si t'avais une paire de seins ?
Castiel hocha la tête; il n'aurait pas formulé cela de cette façon, mais il devait s'avouer que ça représentait correctement ce qu'il cherchait à découvrir.
« Merde, murmura le chasseur pour lui-même, heureusement que Sam est en train de jouer le rat de bibliothèque… »
Dean fronça brusquement les sourcils et reporta son attention à l'ange :
- Attends, pourquoi tu n'as pas dit à Sam ce que tu savais sur l'affaire ? Ça lui aurait évité de…Oh, je vois.
- Dean, répond à ma question, s'il te plait.
Le jeune chasseur prit le temps de digérer ce qu'il venait de découvrir. Castiel s'était débrouillé pour avoir un…tête à tête avec lui. Il ne perdit néanmoins pas contenance et répondit sur un ton amusé :
- Ouais, peut-être… Rien que pour voir ta tête de pucelle effarouchée qui doit valoir le détour. Avant que tu me plantes avec ton machin argenté, là.
- Je ne t'aurais pas planté, Dean.
Bruissement d'ailes.
« Sam, faut qu'on parle. »
Dean avait employé un ton impérieux, lui signifiant qu'il avait quelque chose de grave à lui confier. Le cadet releva les yeux par-dessus l'écran de son ordinateur portable. Cela faisait maintenant presque trois semaines qu'ils étaient revenus de leur dernière chasse, et les deux frères devaient s'avouer que l'ancien QG des Hommes de Lettres n'était pas un endroit particulièrement folichon quand il n'y avait rien à faire.
- Je suis occupé là, Dean. J'essaye de trouver quelque chose avant que tu ne prennes trente kilos à t'empiffrer ici sans bouger.
Dean baissa les yeux vers l'amoncèlement d'emballages de barres chocolatées qui s'étalait devant lui.
- C'est sympa de prendre ma santé à cœur, mais c'est pas moi qui crache du sang quand je me lave les dents.
Sam ne préféra visiblement pas répondre à cela; il rabaissa l'écran du pc et se tourna vers son frère.
- Alors ? Qu'est-ce qu'il y a ?
Dean jeta un coup d'œil inquiet autour de lui sur un air passablement paranoïaque, comme s'il craignait d'être écouté par la CIA elle-même.
- Euh, Dean… ?
- On sait jamais, il pourrait nous entendre.
- Qui ? demanda Sam, perplexe.
- Lui, quoi. Il est peut-être juste à côté de moi en mode « homme invisible ».
- Tu parles de Castiel… ?
Dean sera légèrement les poings.
- Bravo Sammy. Si ça tombe, maintenant il nous écoute vraiment.
- Ça t'emmerderait tant que ça ? répliqua le cadet sur un ton amusé.
- Disons que ça le concerne. De très près, si j'ose dire.
Dean, d'habitude si beau parleur, chercha avec peine ses mots. Il prit une grande inspiration et articula difficilement la phrase qui lui brûlait les lèvres depuis de longues heures :
- Je crois que Cas ressent beaucoup plus que de l'amitié pour moi.
Sam retint une furieuse envie de rire. Après toutes ces années, il était temps que Dean comprenne qu'il y avait anguille sous roche.
- Oui et… ?
L'aîné se redressa sur le canapé, l'air manifestement choqué.
- Quoi ? C'est tout ce que ça te fait ?
- Sincèrement… ? Oui. Je crois que tu es le seul à n'avoir jamais rien remarqué. Même Charlie qui n'a jamais vu Cas le sait.
- Comment elle pourrait le savoir ?
- Les livres, Dean. Les livres. Et puis il faut voir tes expressions quand tu parles de lui…
- Mes…quoi ?
- Non rien, se ravisa soudain Sam.
- Et puis pour ce qui est des livres, ça fait un bail que Chuck n'écrit plus.
- Ça fait un bail que Cas ne voit que par toi.
- Tu parles, ça fait combien de temps qu'on ne l'a pas vu, de toute façon ?
- T'as pas l'air de comprendre, Dean. Tu lui as brisé le cœur. Il ne reviendra pas tant que tu n'auras pas accepté et assumé la réalité.
- Je lui ai…quoi ?
Dean fronça les sourcils, réalisant soudain que sa dernière entrevue avec l'ange datait du fameux dinner au Nouveau Mexique, soit plus d'un mois. Ce n'était pas la première absence de Castiel, ni la plus longue, mais aucune n'avait eu cet étrange goût aussi indéfinissable que surprenant.
- Il t'a envoyé pleins de signes, et t'as jamais callé. C'était parfois gênant… Il y avait des moments où j'avais vraiment l'impression de tenir la chandelle.
Dean, abasourdi, se laissa mollement retomber sur les coussins du canapé. Il baissa les yeux au sol, murmura un vague « merde, Cas… » et se décapsula une bière.
- Je dois faire quoi, à ton avis ?
Sam s'installa sur un fauteuil face à son frère, les mains jointes sur ses genoux.
- On a un ange dépressif sur les bras et tu dois lui remonter le moral. C'est de ta faute, je te rappelle.
Dean se redressa brusquement, les mains relevées devant lui.
- Ah non ! Je vois où tu veux en venir, et c'est absolument hors de question.
Il se tut un moment puis ajouta :
- Et de quoi tu te permets de dire que c'est de ma faute ? J'y suis pour rien moi, si un emplumé a décidé de goûter les joies de l'humanité avec moi.
- C'est pas n'importe quel emplumé, Dean. C'est Castiel. Celui qui a toujours été là pour toi – bien plus que pour moi, mais ça aussi, tu ne l'as jamais remarqué.
- Mais je dois faire quoi alors ? répliqua son grand frère avec sarcasme. Un rencard au ciné ? Ou alors on va manger des pommes d'amour dans un parc d'attractions ?
- Tu te débrouilles, c'est à toi de régler cette histoire. T'as déjà été dans ce genre de situation non ? Une fille qui s'accroche à toi et que tu remballes gentiment ?
L'aîné réfléchit un instant et en vint rapidement à la conclusion que non, il ne connaissait pas ce genre de situation. S'il lâchait fréquemment ses conquêtes le lendemain matin, elles faisaient souvent de même de leur côté.
- Je sais pas, reprit Sam, essaye par exemple de passer un peu de temps avec lui...Montre lui que tu tiens à lui, en tant qu'ami -ajouta-t-il devant les gros yeux que venait de lui adresser Dean – que pour rien au monde tu voudrais le voir s'éloigner de toi, que tu as besoin de lui, que tu ne voudrais pas voir votre relation échouer à cause de ses sentiments blablabla…Le parfait discours de la friendzone, quoi.
- Je vais friendzoner Cas, répéta lentement Dean. Friendzoner Cas.
Sam se releva et s'installa à nouveau derrière son ordinateur. Il ajouta quelques instants plus tard, sur un air entendu :
- Au fait : Cas n'est pas une petite chose fragile, c'est un guerrier, rappelle-toi. Un soldat de Dieu. Évite quand même de trop le froisser.
- Merci de me rassurer.
- Mais de rien.
Dean reposa sa bouteille vide sur le sol et s'en décapsula une autre. Son sang s'approchant dangereusement du taux zéro d'alcoolémie, il en avait bien besoin pour se remettre les idées en place.
- Je m'occuperai de ça dès que l'affaire en cours sera résolue. Des indices ?
- On n'a aucune affaire en cours.
- Je fouille dans le journal cinq minutes et je t'en trouve une direct.
- Dean…
L'aîné soupira; demain matin, il prierait pour Castiel et lui proposerait une petite balade de santé en campagne pour mettre les points sur les i. Et cela ne risquait pas d'être aussi simple que ça en avait l'air.
