Note de l'auteure : Je sais que ça fait déjà bien longtemps que je n'ai plus rien publié ici. Remarquez que je n'avais plus rien écrit non plus, ça n'aidait pas :-) Jusqu'au jour où, devant la main stage du festival Rock Werchter, je restai sans voix et la bouche grande ouverte devant Danny O'Donoghue (quand je pense qu'on avait hésité entre The Script et Christine and the queen !)
Le monsieur m'obsédant quelque peu, l'idée d'écrire une fic le mettant en scène est devenue de plus en plus évidente. ( et ça me permettrait de l'imaginer tout nu ^^)
J'espère que cette petite histoire vous plaira, que celles qui me suivaient déjà il y a une éternité seront toujours là et que de nouveaux pseudos feront leur apparition dans ma boîte mail ;-)
Là dessus : ENJOY !

Ah, oui, dernière chose : Disclaimer : Danny O'Donoghue et les autres membres du groupe The Script (Glen Power et Mark Seehan) s'appartiennent. (malheureusement ! :-) )


Chapitre 1. If you could see me now

If you could see me now would you recognize me
Would you pat me on the back or would you criticize me
Would you follow every line on my tear stained face
Put your hand on a heart that was cold

- « Nina, dis ouiiii, s'il te plaît ! »
Je levais les yeux au ciel en entendant mon colocataire hurler depuis sa chambre. Cela faisait déjà trois semaines qu'il me cassait les oreilles pour que je vienne avec lui à ce show case privé qui aurait lieu le lendemain soir. Il avait remporté deux places grâce à un concours radio et avait décidé que je serais celle qui l'accompagnerais.

Depuis, quand il ne hurlait pas à travers tout l'appartement, il me harcelait par mail, par sms et m'appelait même au boulot. Selon lui, prétendre être de ma famille et devoir me joindre absolument suite à une urgence familiale ne relevait pas du harcèlement pur mais, je cite « le seul moyen de te joindre vu que te ne répondais pas à mes appels sur ton smartphone. »
Inutile de préciser que je ne partageais pas son avis.

- « Tu sais que tu vas venir avec moi demain soir n'est ce pas ? »

Ha, tiens, fini de hurler !

Je fis pivoter ma chaise pour me retrouver face à lui. Thomas était appuyé contre le chambranle de la porte de ma chambre et me regardait avec un grand sourire. Il n'était pas beau au sens classique du terme. Pas parfait quoi. Mais il avait du charme. Beaucoup. Ses cheveux blonds partaient dans tous les sens parce qu'il ne cessait de passer ses mains dedans. Ses yeux, d'un bleu profond, vous donnaient l'impression d'être la personne la plus importante de son monde quand il vous regardait fixement. Il était d'un gabarit moyen mais savait s'habiller pour créer l'illusion que les fringues qu'il portait avaient été faites pour lui. De plus, il était gentil, avait un sens de l'humour un peu particulier mais qui faisait mouche presque chaque fois et était fidèle en amitié. Le seul gros défaut qu'une femme aurait pu lui trouver, c'est qu'il aurait peut être eu les même goûts qu'elle en matière d'homme.

- « Est ce que j'ai vraiment le choix ? » soupirais-je. Il y a des moments dans la vie où résister ne sert à rien. Surtout quand on sait que le pire reste à venir si on ne cède pas.
- « Absolument pas ! Demain soir, tu viens avec moi, on passe un bon moment, on boit quelques verres et qui sait, si tout va bien, on ne rentrera pas seuls ! »

- « Si tu rentre accompagné, n'oublie pas de me prévenir ! » dis-je me souvenant du nombre de fois où j'avais trouvé un autre que Tom dans la cuisine. Et surprendre un homme tout nu dans notre cuisine avant ma première tasse de café ne me mettait pas vraiment de bonne humeur.
- « Moi ou toi, tu sais que rien ne t'empêche de... »

Je le coupais avant qu'il ne se lance dans une conversation qui ne serait agréable pour aucun de nous deux.
- « Rien ne m'empêche, peut être mais non, merci, je passe mon tour. »
- « Nina...Ça ne peux pas être ça te vie ? Enfin, c'est derrière toi tout ça et je crois... »
- « Dehors ! »
Je me levai et le poussai en dehors de ma chambre, éprouvant un plaisir sadique quand j'entendis la porte cogner sa tête. Mais Tom n'en avait fini que s'il l'avait décidé
- « Vieille folle aux chats...Vieille folle aux chats...Vieille folle aux chats... » chantonnât-il

Je ne pus m'empêcher de sourire en regardant la porte. La première fois qu'il avait utilisé cette expression,il y a quatre ans, cela faisait deux ans que Damien était parti. Deux années pendant lesquelles je m'étais complètement renfermée sur moi. Thomas et moi étions déjà colocataires à ce moment et il avait totalement assuré. Il avait supporté mes crises de larmes, il m'avait souvent accompagné pendant mes insomnies et n'avait pas hésité à m'engueuler quand il estimait que je mangeais pas assez.

A ce moment, je ne pouvais pas envisager un seul instant profiter de la vie. Je ne voulais pas. S'il n'avait pas été là, je ne sais pas si j'aurais pu surmonter la perte de Damien. Comment pouvais je m'amuser, voyager, faire quelque chose si Damien n'était pas avec moi ?

Pour Thomas, par contre, il était temps que je commence à faire mon deuil.

Thomas entra dans ma chambre et me trouva roulée en boule dans mon lit.

- « Nina, il est 18heures, tu peux déjà te coucher maintenant ! »

- « Si je veux, je peux. » marmonnais-je dans mon oreiller. Rien à faire de l'heure ou du jour que nous étions. Je m'étais douchée, habillée, j'avais été bosser, tout ça en pilotage automatique, certes mais je l'avais fait. Si je voulais me mettre au lit, c'était mon droit le plus strict !

- « Bon...Ok...Ça suffit là ! Tu te lèves et tu viens avec moi ! Et je ne veux pas de discussions ! »

Sachant qu'effectivement, ça ne servait à rien de discuter, je le rejoignis au salon.
- « Je ne voulais pas en arriver là mais c'est toi qui m'y obliges ! »

- « Et je peux savoir à quoi je t'obliges ? » demandai-je en m'asseyant dans notre canapé.

- « Écoute...Et je veux que tu me laisses aller jusqu'au bout ! » dit-il alors que j'ouvrais déjà la bouche pour lui répondre. « Je sais que ce que tu vis, c'est loin d'être il ne reviendra pas. Tu donnes l'impression d'être en stan by, tu ne fais plus rien, tu ne sors plus, tu as laissé tomber tes amis au fur et à mesure, tu ne manges presque plus, tu t'habille avec les premiers trucs qui te tombes dans les mains le matin, tu ne fais que dormir et regarder fixement devant toi. C'est comme ça que tu envisage ta vie ? Tu dois faire ton deuil, Nina. Damien n'est pas « parti » il est mort ! Je sais qu'il ne voudrait pas te voir comme ça. Ça fait deux ans ! Tu dois accepter le fait qu'il ne reviendra pas ! »

- « Arrête...Arrête...ARRÊTE! Qu'est ce que tu crois ? Je sais qu'il ne reviendra pas ! Et c'est ça qui me déchire ! Je n'en peux plus de sortir et de croire qu'il est derrière moi parce qu'un type porte le même parfum que lui ! J'en peux plus de voir un truc marrant et de ne pas réaliser tout de suite que je ne pourrais pas lui raconter ! Peu importe ce que je fasse, où et avec qui je le fasse, je pense à lui. Tout le temps ! Alors, si le seul truc pour que je ne doive pas me lever en plein milieu de la nuit chercher une de ces chemises pour pouvoir dormir, c'est de ne rien faire, tant pis ! »

- « Nina, tu as 27 ans. Tu ne crois pas que c'est un peu tôt pour déclarer que ta vie est finie ? Je ne remet pas en cause ta peine. Je te dis juste que tu dois vivre avec. Vivre ! Si tu ne fais rien, tu n'avanceras jamais ! Tu resteras avec cette douleur, tu vas devenir aigrie, te mettre à adopter des chats parce que, eux, ne te feront jamais de remarques et puis, tu deviendras « La Vieille folle Aux Chats » et moi, je suis allergique au poils de chats et je devrais déménager et je n'ai pas envie de partir putain ! »

- « La Vieille Folle Aux Chats ? Vraiment ? » reniflai-je en essuyant mes yeux avec mon bras.

- « Si tu continue comme ça, oui ! Écoute, n'oublie pas que c'est moi qui t'ai présenté Damien. C'était mon ami. Tu n'es pas la seule à qui il manque ! »
Je me rendais à peine compte des larmes qui coulaient sur mon visage. Tom avait raison. Il était temps pour moi de faire mon deuil.

Je retournai m'asseoir à mon bureau, ressassant cette conversation dont je me souvenais comme si elle avait eu lieu la veille. Je me rappelais sans soucis avoir été au bord de la crise de nerfs ce soir là, passant de la rage à la détresse en deux secondes. Insultant Thomas pour m'excuser immédiatement. J'avais du dormir avec une chemise ayant appartenu à Damien la nuit qui avait suivi, tentant tant bien que mal de faire resurgir son odeur pour réussir à m'endormir. Quand je m'étais réveillée, je m'étais trouvée si pathétique que je m'étais jurée que ça ne recommencerais plus. Tom avait raison. Je ne faisais pas honneur à la mémoire de Damien en me comportant de cette manière.

Quatre années pourtant s'étaient écoulées et, dieu merci, j'avais réussi à remonter la pente. Cela n'avait pas été facile et Tom avait du insister plus d'une fois pour que je le suive, que ce soit au cinéma ou pour prendre l'apéro dans un bar. Quand je refusais, au mieux il se mettait à chanter « La vieille folle aux chats » au pire, je voyais s'abattre sur moi une campagne de harcèlement accompagnée du tirage de tronche de Thomas. Je peux assurer que vivre avec quelqu'un de si exubérant rend les choses encore plus difficile quand cette personne décide de s'enfermer dans un mutisme total.
Après quelques expériences de silence forcé, je m'étais fait une raison. J'avais recommencé à sortir, à aller au cinéma ou au restaurant, à revoir mes amis. J'avais de nouveau une vie sociale en clair.

J'avais rangé les vêtements de Damien à la cave et fais un tri dans ses affaires. Je n'avais gardé de lui qu'une photo sous cadre le représentant lors de nos dernières vacances ensemble et son bracelet de force en cuir que j'avais du faire adapter pour qu'il ne pende pas à mon poignet.

Deux ans plus tard, j'avais ressenti le besoin de marquer le fait que j'avais réussi à m'en sortir. J'avais donc choisi de ma faire tatouer un phœnix dans le dos. Les plumes de sa queue arrivaient juste au dessus de mes reins et les pointes de ses ailes se terminaient sur mes épaules. Il m'avait fallut plusieurs séances pour le terminer et je crois que j'ai pleuré à chaque fois. Plus de soulagement qu'à cause de la douleur. Il n'était pourtant pas réellement terminé. J'envisagerais de le faire quand j'aurais rencontré quelqu'un. Parce que je devais avouer que, autant ma vie sociale était bien remplie, autant ma vie affective était au point mort.

Aucun homme ne supportait la comparaison malsaine que je faisais entre lui et Damien. Je savais que ce n'était pas comme ça que j'arriverais à « retrouver l'amour » pour reprendre l'expression de Tom mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Quand ce n'était pas un détail physique, c'était un trait de caractère. Même un tic de comportement suffisait. Comme ce pauvre garçon que j'avais lâchement abandonné devant le restaurant où nous venions de dîner parce qu'il avait passé le repas à sucer ses dents.

Le lendemain, j'arrivais au boulot légèrement en retard et saluai rapidement de la main mon chef qui tapotait sa montre dans ma direction.

- « Où est ce que tu as encore passé la nuit, espèce de dépravée ? » me lançât Solenne de derrière son pc.
- « Dans mon lit et seule ! La seule raison pour laquelle je suis à la bourre, c'est Jean Claude figure toi ! »
- « Oh non ! Il recommence ? J'avais un dossier en retard et je suis arrivée avant lui. » Elle se leva et me tendit une tasse de thé. Solenne apportait toujours son thermo de thé au travail. Se risquer à prendre un thé ou un café du distributeur du couloir équivalait à choper un ulcère en moins de vingt minutes.
- « Oui, il recommence. » Jean Claude était l'un des gardiens de la sécurité de notre immeuble et avait trois gros défauts : un besoin apparemment irrépressible de peloter n'importe quel membre du personnel pourvu que ce soit une femme sous le prétexte de « la sécurité avant tout », une haleine aussi chargée qu'un poids lourd et une calvitie qu'il essayait de dissimuler en ramenant ses cheveux sur le dessus de son crâne.
- « C'est vraiment affreux, tout le monde le sait et personne ne dis rien ! »
- « Parce qu'il sait où s'arrêter ! Il est pas con. Il sait très bien que s'il se permet de nous toucher d'un peu trop près, il sera viré directement ! » répondis-je tout en me mettant au travail. Je travaillais actuellement comme assistante de direction, tout comme Solenne, dans une maison d'édition. Un titre qui voulait à la fois dire tout et son contraire. Autrement dit, notre job était super varié et pouvait être aussi intéressant que chiant selon ce qu'on faisait. Mais j'aimais les livres et savoir que je participais de près ou de loin à la création d'un bouquin me suffisait amplement.

Au bout d'une demie heure à taper comme une sourde sur mon clavier, je relevai la tête en sentant le regard de Solenne fixé sur moi.
- « Dis donc...C'est pas ce soir le grand soir ? »
- « Grand soir, c'est vite dit ! Je vais juste boire un verre avec... »
- « Le seul, l'unique, le sexy et ténébreux Charles-de-la-compta-d'en-face ! » S'exclamât Solenne en reculant sa chaise d'un bon mètre. « Je suis certaine que c'est un bon coup ! »
- « La seule raison pour laquelle j'ai accepté, c'est parce qu'il avait renversé son café sur moi en sortant de chez Starbucks. Il m'a juste invité pour s'excuser. Ce n'est pas un rendez vous amoureux. »
- « Pour toi, peut être pas mais je suis certaine que pour lui...Chevauchée fantastique ma belle ! »
- « Je vais juste boire un verre ! »
- « On prend les paris ? »
- « Non ! » Je fus sauvée par la sonnerie de mon téléphone.
Thomas.

- « Tu viens toujours avec moi après demain ? »
- « Tu sais que tu peux être lourd quand tu t'y mets? »
- « T'as qu'à me dire oui, ce sera réglé ! »
- « Oui ! Ok ! D'accord ! Si ! Je viens ! »
- « Génial ! A ce soir alors ! »
Il ne se gêna pas pour me raccrocher au nez vu qu'il venait d'obtenir ce qu'il voulait et je rangeais mon sac en soupirant.
- « Laisse moi deviner, ton coloc' ? »
- « Tout juste ! Il a gagné des places pour un show case et il veut absolument que je vienne avec lui. »
- « Et ? C'est plutôt sympa non ? »
Comment lui expliquer que tous les concerts auxquels j'avais assisté, Damien était à mes côtés. Que ce soit dans des stades ou dans de minuscules arrières salles de bars, nous étions ensemble. J'avais l'impression de le trahir. La partie rationnelle en moi savait que c'était complètement absurde mais je ne pouvais m'empêcher de culpabiliser. Une autre étape à franchir.
- « Mouais...Je ne connais même pas le groupe ! Si ça se trouve, c'est nul ! » Dis-je, espérant faire diversion.
- « C'est qui ? » Les connaissances musicales de Solenne étaient quasiment infinies et nous avions généralement les même goûts.
- « The Strip ? The Script un truc dans le genre... »
- « The Script ! C'est pas mal, c'est pas Muse mais c'est pas mal. Le chanteur aussi est pas mal tiens ! Danny O' quelque chose. »
- « Danny O' quelque chose ? »
- « Ouais, ils sont irlandais. »
- « J'ai connu un Daniel O' quelque chose, c'est marrant ! On avait fait un échange scolaire et on avait passé 10 jours à Dublin. Avec mes copines, on avait flashé sur lui. »
- « Et ? Y'en a une qui a réussi à l'avoir ? »
- « So' ! On devait à peine 13 ans ! On se contentait de glousser bêtement quand il passait devant nous ! »
- « Hum, hum... » Notre petite conversation s'arrêta net quand nous constatâmes que notre chef se tenait à l'entrée de notre bureau. « Désolé de vous interrompre mesdemoiselles mais je crains fort que vous ne soyez pas payées pour piailler mais pour travailler. Je vous serais donc gré de vous y remettre, même si la narration de l'adolescence de Nina à l'air de vous passionner, Solenne. »
A chaque fois qu'il parlait, on avait l'impression qu'il rédigeait une lettre. Nous nous excusâmes et on attendit qu'il soit parti pour pouffer de rire.
- « Tu sais que je m'attend presque qu'il me demande « d'agréer ses salutations distinguées » au lieu de me dire bonjour ? »
- « Oui. Ou « bien à vous » au lieu d' « au revoir ! » »
- « N'importe quoi ! Bon, plus le choix, va falloir s'y mettre ! »
Nous décidâmes de déjeuner au bureau, ce qui me permit d'abattre pas mal de boulot. J'étais tellement dedans que je ne pris conscience de l'heure qu'il était quand je vis Solenne se lever et enfiler sa veste. Regardant ma montre pour la première fois de l'après midi, je vis qu'il était déjà 18 heures.
- « Et meeeerde ! »
- « Quoi ? »
- « Je dois y être dans vingt minutes ! Je vais être en retard ! » Je reculai ma chaise en me levant et enfilai ma veste.

- « Oublie pas : Chevauchée fantastique ! » me lançât Solenne en montant dans sa voiture alors que je me dirigeais vers le métro.
Le bar où nous nous étions donné rendez vous ne se trouvait qu'à trois arrêts du boulot mais « un problème technique indépendant de notre volonté » suffit à me faire arriver en retard.
A croire que c'était la journée.
Quand j'arrivais enfin devant le bar, je n'avais qu'une petite demie heure de retard. J'entrai précipitamment et me dirigeai vers la table où Charles étais assis.
- « Désolée, problème de métro ! » Dis-je pour m'excuser tout en m'asseyant.
- « Tu aurais pu prévenir ! »
- « Sans ton numéro de téléphone, j'aurais eu du mal ! »
- « Quand on est attendu quelque part, on se débrouille pour arriver à l'heure ! » Super, un maniaque de la ponctualité. La soirée promettait d'être longue !

Quand je rentrais chez moi une heure plus tard, Thomas parut surpris.
- « Je pensais pas te voir si tôt ! »
- « Tom...Ce mec est un con ! » m'exclamais-je en me laissant tomber sur le canapé.
- « Comme les autres quoi ? »
- « Non, vraiment un gros con. Je suis arrivée en retard, ça ne lui a pas plu malgré mes excuses et le fait que je n'y étais pour rien. Après, il ne m'a pas laissé choisir ce que je voulais boire. Ce mec est un pur macho qui pense que la place de la femme est à la maison. »
- « T'abuses Nina, il voulait peut être juste te faire partager ses goûts ! »
- « Il m'a clairement demandé si je pensais continuer à bosser une fois mariée ! Premier verre et ce type parle déjà mariage ? »
- « Bon d'accord mais t'es pas obligée de passer ta vie avec. Une nuit, ce serait déjà pas mal. »
- « Tom, tu sais que je n'ai rien contre le fait de boire un verre mais lui, c'était plusieurs et en plus, il tient pas l'alcool ! J'ai même pas eu le temps de finir le premier qu'il en avait déjà recommandé deux ! »
- « Peut être qu'il était stressé et que... »
- « Il a mis une main aux fesses d'une serveuse ! »
- « Ah ! »
- « Exactement ! Bref, c'était horrible. Par contre, t'aurais du voir sa tête quand je lui ait balancé que je vivais en colocation avec un homo ! »
Thomas s'autorisa un sourire et me demanda si je voulais une bière.
- « Je vais d'abord prendre une douche. Mais avec plaisir après ! »
- « Ok, ça roule ! »

Je me glissai dans la douche, pensant sans joie à ce nouvel échec. Depuis quelques mois, j'avais de nouveau envie d'être prise dans les bras d'un homme, d'être embrassée, caressée. D'une chevauchée fantastique pour reprendre l'expression de Solenne. Mais les quelques hommes que j'avais rencontré depuis ne dépassaient que très rarement le premier rendez vous et jamais le deuxième.
Quand je sortis enfin de la salle de bain, ce fût pour constater que Tom s'était endormi dans le canapé. Je mis le plaid sur lui et allait à mon tour me coucher.
Malheureusement, je ne trouvai pas le sommeil et je me tournai encore et encore.
Damien.
Arriverais-je vraiment un jour à ne pas culpabiliser de ne pas avoir été avec lui dans cette voiture ? Arriverais-je un jour à trouver quelqu'un qui tienne la comparaison ?
Arriverais-je un jour à être vraiment heureuse ?
Je sentis que les larmes étaient proches et fît mon possible pour lutter mais je me laissais submerger par cette vague d'abattement et c'est d'épuisement que je fini par m'endormir.
Évidemment, le lendemain matin, avec les yeux gonflés et les cheveux qui vivaient leur vie indépendamment les uns des autres, je pouvais postuler sans problèmes au casting de The Walking Dead. Et pas pour faire partie du cast principal.

Je filai dans la salle de bain, tout en croisant les doigts pour qu'une douche chaude et mon anti cernes effacent les traces de cette nuit. Pendant que je me lavai les cheveux, j'essayais de me convaincre qu'il me serait possible de vivre normalement à nouveau. De pouvoir m'amuser sans avoir honte. Et, pourquoi pas, de rencontrer quelqu'un.

Ah. Ah. Ah.

Quand je sortis de la salle de bains, je constatai que Tom s'était lui aussi levé et qu'il avait eu, lui, la présence d'esprit de faire du café. Je m'en servis une tasse et marmonnai un bonjour en réponse au grognement de Tom. Aucun de nous deux n'était du matin et nous ne nous parlions presque pas tant que nous n'avions pas bu nos deux mugs de café respectifs.
Tom ressortit de la salle de bain alors que je terminai de me coiffer devant le miroir de l'entrée.

- « Tu sais que tu as des cheveux magnifiques ? » Je tirais sur mes longs cheveux noirs qui auraient eu besoin d'un bon brushing pour ressembler à quelque chose.
- « J'ai pas l'humour facile le matin, je te rappelle ! »
- « Je suis sérieux, tu te rends pas compte je pense. Tu es jolie, Nina. Même si je trouve que pleurer toute la nuit ne soit pas le meilleur moyen de mettre tes yeux en valeurs. Rouge et vert, c'est pas terrible ! »
- « La nuit n'a pas été facile... » soupirais-je en rajoutant une couche d'anti cernes.
- « Et puis, évidemment, il te manque environ 10 centimètres pour avoir la taille minimum des anges de Victoria's Secret et tu devrais probablement perdre deux ou trois kilos mais... »
- « Tu sais comment parler aux femmes pour leur remonter le moral, toi ! »
- « Voilà pourquoi je suis gay ma chérie ! »
Qu'est ce que je pouvais répondre à ça ? En plus, comme il était heureux d'avoir eu le dernier mot, il me resservit une tasse de café.
Je jetai un œil sur ma montre et m'autorisai à m'asseoir 10 minutes avant de partir travailler.
- « Qu'est ce que tu comptes faire ce soir ? » demandais-je le plus aimablement possible.
- « Oh... Non ! Ne me dis que tu as oublié ? Nina ! »
- « Quoi ? Qu'est ce que j'avais encore fait ? » Ou pas fait vu sa tête.
- « Ce soir...Le show case...Tu viens avec moi je te rappelle ! » Et merde !
- « Ah ! Mais...Oui, évidemment, enfin, non, je n'ai pas oublié mais... »

- « Écoute, ne cherche pas d'excuses, tu n'as pas envie de venir, c'est bon, j'ai compris. »

- « Bon, d'accord, c'est vrai : j'ai oublié. Mais ça ne veut pas dire que je n'ai pas envie de venir ! »
- « Sûre ? » Vu sa tête, je n'étais pas la seule à ne pas croire à ce que je venais de dire !
- « Certaine ! » Un grand sourire et ça passe comme une lettre à la poste.
- « Nina, ne te lance jamais dans le cinéma, tu es la pire comédienne que je connaisse ! » Comme une lettre à la poste un jour de grève en fait.

La journée se passa sans incidents notables, à part la franche déception de Solenne quand je lui racontai le véritable visage de Charles-de-la-compta-d'en-face.
Une fois rentrée à la maison, je pris une douche rapide et enfilai la tenue que j'avais préparée au matin. Jeans, débardeur et gilet, des bottes pour compléter le tout et j'étais prête.
- « Tu es parfaite ! » s'exclamât Tom en me voyant.
- « T'as vu ? J'ai même mis des talons, histoire de compenser mes dix centimètres manquants ! »
- « Je déconnais Nina, tu le sais ! »
- « Prête à y aller alors ? » Dit-il en me tendant le bras.
- « Allons- y ! »

Une fois installés dans la salle, je fus presque étonnée de me sentir aussi bien. Toute cette ambiance pré concert, la salle pas encore surchauffée, l'excitation des gens présents, les conversations qui partaient dans tous les sens...Oui, tout ça m'avait manqué, même si je ressentais un petit pincement au coeur en repensant à notre dernier concert Damien et moi. C'était il y à une éternité et...
- « Arrêtes de cogiter! » m'interrompit Tom en me prenant la main. « Nous sommes là, on est bien placés, tu vas adorer ! »
- « Je ne les connais même pas ! »
- « Ouais, ben, trop tard, ça va bientôt commencer, c'est un peu tard pour que je te fasse écouter ! »

Les lumières dans la salle s'éteignirent, provoquant pas mal de hurlements.

Je levai les yeux et, pour la première fois de la soirée, je croisai son regard.


Les notes (presque) utiles de l'auteure : Je vous rappelle qu'une review fait toujours plaisir et je vous annonce déjà que le prochain chapitre sera posté lundi prochain.
Merci d'avoir pris le temps de me lire et j'espère que vous avez aimé ce que vous avez lu ^^

Lulu