Note de l'auteur : Cela a lieu avant le début de la série, peu après que Lee ne devienne Genin. Pas de shounen ai (puisque Lee a douze ans dans cette histoire), mais ça traite de son lien avec Gai.

Note du traducteur : Il s'agit de la première de 9 histoires Gai/Lee qu'a écrit Roving Otter, qui se suivent même si elles peuvent toutes être lues indépendamment. Je tenterai de toutes les traduire, mais je ne promets rien. Evidemment, rien de tout cela ne m'appartient.

Je vous prie de m'excuser s'il y a des fautes quelles qu'elles soient, et je vous assure qu'elles sont entièrement miennes, car la fiction en anglais est un modèle d'écriture.


« Mille trois cent soixante quatre… mille trois cent soixante cinq… » Maito Gai s'arrêta au milieu d'une pompe pour reprendre son souffle. Des gouttes de sueur ne cessaient de tomber de son visage, imbibant sa combinaison sale. « Mille trois cent soix… »

Une branche se rompit dans la forêt voisine.

Il cessa tout mouvement, releva les yeux et aperçut Lee, qui se tenait près de l'entrée de a clairière, à moitié caché derrière un arbre.

Gai se remit sur ses pieds, essuya son front avec sa manche, et fit face à son élève, les mains sur les hanches. « Qu'y a-t-il, Lee ? »

Lee fit un pas en avant. Le Genin de douze ans portait son habituelle tunique blanche et son pantalon noir, et avait les mains derrière le dos. « Je suis désolé, Gai-sensei. Je ne voulais pas interrompre votre entraînement. »

« Aucun problème. Tu sais que j'ai toujours du temps à consacrer à mes élèves. » Il sourit et prit la pose, le pouce levé. « Tu as besoin de quelque chose ? »

« Rien, vraiment. Je me demandais juste si je pouvais m'entraîner avec vous un moment. »

« Tu sais que c'est la pause de printemps, n'est-ce pas ? Tous les Genin sont dispensés d'entraînement la semaine prochaine. »

« Je sais. Mais… » Il se balança nerveusement sur ses pieds. « Je ne sais pas quoi faire quand je ne m'entraîne pas. »

Gai eut un léger rire. Tu me ressembles vraiment beaucoup. « Et bien, tu es le bienvenu pour finir ma séance du matin, mais je ne serai là que pour une heure. Après ça, je quitte Konoha. »

« Vous partez ? » Les yeux de Lee s'écarquillèrent. « Pourquoi ? »

« C'est juste pour quelques jours. Je vais camper dans les montagnes.»

« Oh. Comme des vacances ? »

« Je ne considère pas tant ça comme des vacances que comme une forme d'entraînement. Survivre dans la nature sauvage est un excellent test des capacités d'un homme. C'est pourquoi je n'ai pas l'intention d'emporter des provisions. Je mangerai seulement ce que je pourrai trouver. »

Les yeux de Lee se mirent à briller. « Ça l'air excitant. »

Gai acquiesça. « Je le fais tous les ans. Cela me rend plus fort. »

« Je vais m'entraîner très dur, comme ça quand vous reviendrez, je serai aussi plus fort. »

« Excellent ! Euh… mais ne passe pas toute la semaine à t'entraîner tout seul, d'accord ? Forger des liens avec tes camarades ninja est important. Tu devrais saisir cette occasion de passer du temps avec tes coéquipiers. »

« Tous ceux que je connais ont d'autres plans, on dirait. Tenten s'en va pour rendre visite à sa famille, et Neji… et bien, il a juste dit qu'il était occupé. » Lee inclina la tête, en haussant les épaules. Puis il reporta son regard vers son maître, et donna à Gai un sourire crispé. « Mais je suis sûr que je vais trouver des moyens de passer le temps. Je suppose que je vous reverrai dans quelques jours. »

Gai s'éclaircit la gorge. « Bien sûr… si tu le voulais vraiment, je pense que tu pourrais venir avec moi… »

« Vraiment ? Vous me laisseriez ? »

« Pourquoi pas ? A un moment ou un autre, tu devras apprendre la survie dans la nature. Ce serait un bon départ. » Il fit pivoter son bras, étirant les tensions dans ses muscles. « Laisse moi juste finir mon entraînement, et nous irons nous préparer. »


Une heure plus tard, ils quittèrent Konoha et partirent en direction des montagnes, leurs paquetages sur le dos. Tous les deux avaient apporté une tenue de rechange, un sac de couchage, une couverture, une gamelle, une demi-douzaine de kunai et rien de plus. Ils marchaient depuis quelques heures quand l'estomac de Lee gronda.

« Tu as faim ? » demanda Gai.

Il acquiesça.

Gai le conduit jusqu'à un cours d'eau peu profond et s'accroupit. « Alors attrapons quelque chose pour déjeuner. »

« Mais nous n'avons pas de canne à pêche. »

« Une ninja fabrique ses propres outils, ou improvise avec ce qu'il a. Regarde ça. » Il sortit un kunai de sa poche et le tint au dessus de l'eau.

Durant plusieurs minutes, il ne bougea pas.

« Sensei, qu.. »

« Chut. »

Lee couvrit sa bouche de ses mains et se tut.

Dix autres minutes passèrent. Puis un poisson pâle et tacheté passa dans l'eau juste devant eux. Le kunai se déplaça si vite qu'il sembla flou. Il y eut un bruit d'éclaboussure, puis Gai ressortit la lame du courant. Le poisson se tordit, empalé sur la pointe du kunai. « Et voilà comment on attrape un poisson. » Il récupéra le poisson et le posa près de lui. « Bien sûr, il y a d'autres moyens, mais la plupart d'entre eux consomment du chakra. Si tu n'es pas pressé, c'est la meilleure méthode. Tout ce qu'elle demande est de la patience et de la précision. »

Lee tira un stylo et un petit bloc-notes usé de son sac. Il ouvrit le carnet et commença à écrire alors que Gai continuait : « Cette méthode est aussi utile en tant que méditation, et comme test d'autodiscipline. Tu dois apprendre à garder ton esprit concentré et alerte, libéré de toute pensée distrayante. Tu dois être capable de rester assis des heures s'il le faut, puis de réagir instantanément quand tu vois un poisson. Maintenant, à toi d'essayer. Prêt ? »

Lee hocha la tête et ferma son bloc-notes. « Je suis prêt. » Il saisit le couteau et s'accroupit.

Le temps passa. Ses jambes commencèrent à picoter tandis que l'engourdissement les gagnait. Il changea de position, essayant d'atténuer son inconfort. Un poisson voleta devant lui. Trop tard, le kunai plongea dans l'eau, et le poisson disparut dans une éclaboussure. Lee se mordit la lèvre inférieure.

« Essaie encore »

Lee prit une profonde inspiration et fixa l'eau du regard, déterminé à ne pas laisser sa concentration faillir. Son estomac vide se manifesta à lui dans un grondement. Il sentait le regard de Gai dans son dos. Sensei me regarde. Je n'échouerai pas cette fois. Il respira à nouveau profondément et continua à regarder la rivière sans ciller, souhaitant l'apparition d'un poisson. Ses yeux furent bientôt fatigués. Il cilla rapidement alors que sa vision perdait de sa netteté.

Un poisson nagea devant lui. Splash. La lame s'abaissa, puis remonta vide.

« Encore, » dit Gai.

Lee s'accroupit une troisième fois, regardant le fond du cours d'eau. Ses jambes lui faisaient mal. Son estomac lui faisait mal. Quand ils étaient partis de Konoha, il avait été heureux d'avoir à attraper sa propre nourriture, mais maintenant il commençait vraiment à souhaiter qu'ils aient juste apporté le dîner. Une boulette de riz semblait vraiment la meilleure chose du monde à présent. Depuis combien de temps était-il assis ici, cherchant désespérément un poisson du regard ? Deux heures ? Trois ?

L'éclat d'un rayon de lumière sur des écailles le tira de sa rêverie. Il porta un coup de couteau, mais manqua le poisson de plusieurs centimètres.

Lee se releva et serra les poings, respirant avec force. Il tremblait de frustration.

« Calme-toi, » dit Gai.

« Désolé, » marmonna Lee. Ses épaules s'affaissèrent. « Je ne suis pas doué pour ça. »

« T'attendais-tu à le faire parfaitement à ton premier essai ? »

« Non…mais… »

« Je sais que ce n'est pas facile, » continua Gai d'une voix douce. « Tu es fatigué et tu as mal à force de tenir cette position pendant si longtemps. Tu as de plus en plus faim à chaque seconde qui passe… et tu es gêné parce que je te regarde et que tu n'as eu aucun résultat. Ce n'est pas vrai ? »

Lee baissa les yeux, les joues brûlantes, et acquiesça.

« Mais tu dois mettre tout ça de côté, car plus tu seras agité, plus tu seras conscient de tes sensations et de tes pensées, plus dure sera ta tâche. »

« Mais il commence à être tard, et… »

« Ne t'inquiète pas à propos de l'heure qu'il est. Cela prendra le temps que ça prendra. Ce qui importe n'est pas le temps qui passe ou le nombre de fois où tu rates. Ce qui importe, c'est que tu continues d'essayer. »

Lee prit une grande inspiration et approuva d'un mouvement de tête. S'accroupissant, il focalisa son attention sur le cours d'eau une fois de plus. Tout le reste lui parut soudain dérisoire alors qu'il apaisait son esprit. Tandis qu'il respirait lentement, toutes les fibres de son être se concentrèrent sur ce qu'il avait à faire.

Il aperçut un bref mouvement dans l'eau, et réagit comme une machine : dès que la forme du poisson entra dans son champ de vision, sa main s'abattit. Quand il ressortit le kunai de l'eau, il vit un poisson argenté se tortillant, empalé sur sa pointe.

Lee rit joyeusement, bondit sur ses pieds et commença à sautiller. « J'ai réussi ! »

Gai le rejoignit dans son rire. « Oui, tu as réussi. »

Il frappa affectueusement l'épaule de Lee. « Beau travail, Lee »

Lee rougit. « Merci, Sensei. »


Plus tard, après avoir cuisiné et mangé le poisson, ils reprirent leur randonnée à travers la forêt. Les montagnes apparaissaient maintenant indistinctement, grises, solides et assez grandes pour emplir le ciel. Derrière, le rougeoiement ardent du coucher de soleil traversait les arbres, inaccessible.

« J'espère que ma présence ne vous dérange pas, » dit Lee. « Je ne veux pas être une gêne. »

« Absurde. Tu ne me déranges jamais. »

« Je suis heureux que vous m'ayez laissé venir avec vous. En fait, je redoutais un peu ces vacances de printemps. »

« Pourquoi ça ? »

« Et bien, je n'ai pas de famille. Je n'ai pas beaucoup d'amis non plus. Quand l'entraînement s'arrête, je finis toujours par rester seul chez moi pendant que tous les autres passent le temps avec les gens qu'ils aiment. C'est un peu déprimant. Je ne veux pas me plaindre, » ajouta-t-il rapidement. « Je suis juste heureux de ne pas être seul cette fois. »

« Et je suis heureux de t'avoir avec moi, » répondit son maître. Il se rapprocha de Lee et lui ébouriffa gentiment les cheveux.

Et en effet, c'était vraiment bon d'avoir de la compagnie, pensa Gai. Communier avec la nature dans la solitude était très agréable, mais après un moment, il avait besoin d'entendre une autre voix que la sienne… et il n'avait jamais pu convaincre Kakashi de venir avec lui.

Ils marchèrent quelques minutes en silence. Il sentit le regard de Lee sur lui, et tourna la tête pour voir son élève le scruter avec une étrange expression.

« Tu as l'air de vouloir dire quelque chose, » dit Gai. « Qu'y a-t-il ? »

« Pourquoi êtes vous si gentil avec moi ? »

« Pourquoi ne le serais-je pas ? Tu es mon élève, après tout. »

« Aucun des professeurs de l'Académie ne m'a jamais accordé de temps. Tout le monde me disait que m'entraîner pour être ninja ne me servirait jamais à rien. Personne n'a jamais cru en moi, jusqu'à vous. Pourquoi êtes-vous différent ? »

« Une flamme brûle en toi. Je l'ai vu dans tes yeux quant tu as parlé de ton rêve. Cette flamme –cette volonté de réussir– est la qualité la plus importante d'un ninja, bien plus importante que le talent. Si les autres ne peuvent pas voir ce potentiel en toi, c'est leur problème. N'en tiens pas compte. Tu as un potentiel remarquable. »

« Vous le pensez ? »

« Bien sûr. »

« Vraiment ? »

« Absolument ? »

« Vous le pensez vraiment pour de vrai, Gai-sensei ? »

Gai rit. Puis il regarda le visage sérieux de Lee, et son rire s'effaça. « Je te le jure sur ma Voie de Ninja et tout ce qui m'est cher. Je ne dirais pas quelque chose comme ça si je ne le croyais pas. »

Les yeux de Lee s'écarquillèrent, puis se remplirent de larmes. Il battit rapidement des paupières pour les faire disparaître. « Je ne vous décevrai pas, Sensei ! Je vous le promets ! Je ferai en sorte que votre foi en moi soit justifiée, peu importe ce que cela me coûtera. Je travaillerai plus dur chaque jour. Je travaillerai plus dur que quiconque dans le monde entier ! »

Gai posa une main sur l'épaule de Lee. « Je sais que tu le feras, » dit-il doucement. Il regarda le ciel. « Nous devrions installer le camp rapidement. Il se fait tard. »


Après encore quelques minutes de marche, Gai s'arrêta et regarda autour de lui. « Ça me semble un bon endroit. » Il enleva son sac de ses épaules, et Lee suivit son exemple. « Maintenant, nous allons allumer un feu. Tu regardais quand j'en ai fait un plus tôt, n'est-ce pas ? »

« Oui, Sensei. Je pense que je me souviens comment vous avez fait. »

« Bien. Cette fois, je veux que tu essaies. »

Lee hésita. S'il avait su que Gai lui demanderait de le faire plus tard, il aurait pris des notes. Trop tard maintenant, il ferait juste de son mieux.

Il dégagea l'emplacement pour le feu et rassembla de quoi l'allumer –de l'herbe sèche, des feuilles mortes, des choses qui brûleraient facilement. Avec son kunai, il coupa un bout de bois plat dans un arbre voisin, et incisa le bois, avant de frotter un autre bout de bois dans le creux, comme il avait vu Gai le faire auparavant. Cependant, peu importe à quel point il frottait vite ou fort, il ne semblait pas réussir à obtenir ne serait-ce qu'une étincelle.

Le soleil était désormais bas dans le ciel, et la température baissait rapidement. Le froid s'infiltrait à travers les vêtements de Lee et dans ses os, et il commençait à frissonner. Il cessa un instant de frotter pour souffler sur ses doigts gelés, les réchauffant un peu.

Puis il serra la mâchoire et frotta avec plus de force encore, résolu à y parvenir sans aide. Il se concentra sur la pensée d'un feu gai, rayonnant, au-dessus duquel il réchaufferait ses mains.

Une étincelle finit par apparaître, et atterrit sur le tas de branchages. A peine quelques minutes plus tard, un feu de camp ronflait.

Gai hocha la tête avec satisfaction. « Bon travail. »

Ils mangèrent quelques baies et champignons sauvages qu'ils avaient ramassé en marchant, tandis que Gai expliquait les propriétés de chaque plantes, ainsi que comment les reconnaître et les différencier des variétés vénéneuses. Après, ils s'assirent côte à côte devant le chaud rougeoiement du feu.

Gai étira ses bras et soupira de contentement. « C'est ça la vie, tu ne trouves pas ? Juste nous et le monde sauvage, et le grand ciel ouvert. C'est tout ce dont un homme a besoin. »

Lee observa son maître du coin de l'œil. Il était si beau, si confiant et si fort. Cela stupéfiait toujours Lee que quelqu'un comme Gai-sensei soit intéressé par quelqu'un comme lui. Encore plus que Gai croit en lui. Il disait que Lee avait du potentiel. Peut-être que cela signifiait qu'il était digne de quelque chose, après tout. Peut-être que cela signifiait qu'il pourrait vraiment devenir un ninja splendide s'il essayait assez fort.

Une brise froide ébouriffa les cheveux de Lee. Il frissonna et frictionna ses bras nus, souhaitant avoir mis des manches longues.

« Tu as froid ? »

« Un peu. »

Gai sortit une couverture de son paquetage et le drap autour des épaules de Lee.

Le jeune homme n'aurait pas pu dire pourquoi, mais quelque chose dans ce simple geste le rendit si heureux qu'il eut envie de pleurer. Une boule se forma dans sa gorge, et des larmes perlèrent aux coins de ses yeux.

« Lee ? Quelque chose ne va pas ? »

Il regarda ailleurs, essuya ses yeux du revers de la main, et secoua la tête. « Je vais bien. »

Ils dormirent sous les étoiles cette nuit là, blottis dans leurs sacs de couchage. Lee se réveilla avant l'aube, la vessie pleine et douloureuse, et se rendit dans la forêt voisine pour se soulager.

Quand il eut fini, il remonta son pantalon et reboutonna sa veste… puis sentit une douleur aigue sur une main, et baissa les yeux pour voir une grosse araignée courir sur son poignée après l'avoir mordu. Grimaçant, il la fit partir d'un léger coup, la regardant s'éloigner dans les sous-bois.

Lee retourna au campement et scruta sa main à la lueur du feu. La morsure elle-même ne semblait pas sérieuse, mais la peau autour d'elle le démangeait et brûlait. Il soupira. Il en parlerait peut-être à Gai-sensei au matin, mais ce n'était probablement pas la peine de le réveiller pour ça.

Lee rampa dans son sac de couchage et ferma les yeux.

-A suivre