Rencontre du 3ème type

Punaise !! Il fallait vraiment que ça lui arrive à elle, dans un aéroport où ils ne comprennent pas sa langue. Pourtant, elle n'était pas du genre à laisser traîner ses affaires, elle avait plutôt tendance à être une maniaque. Peu importe que cela concerne son bureau, ou son appartement. Tout est bien rangé, en place, en ordre. Mais alors que faisait-elle à genoux, fouillant dans ce maudit sac, à la recherche de son billet d'avion ? Quelle idée d'avoir été à Rome pour se rendre à un congrès sur « Les nouvelles technologies et l'édition » ? En fait, elle n'avait pas eu le choix. Elle voyait bien que l'hôtesse attendait avec impatience qu'elle retrouve son billet. Mais qu'est-ce qu'elle croyait ?? Qu'elle voulait rester dans ce pays mangeur de pâtes, ne connaissant rien à la signalisation routière et qui plus est, dont aucun des habitants ne parlait un mot de sa chère langue maternelle : l'Anglais. Pfffff !! Elle se releva, pour poser son sac sur le guichet. Le visage rougi, par la position accroupie inconfortable, mais également par l'agacement.

" Écoutez, je sais que je l'ai, il est dans mon sac. Je l'avais dans les mains il n'y a même pas deux secondes " dit-elle tout en vidant le contenu de son sac sur le comptoir, gesticulant comme une damnée.

Tout ce qu'il contenait, y passait, de la brosse à cheveux jusqu'à divers papiers. Elle sentait des regards désapprobateurs, entendait des souffles derrière. Elle releva les yeux sur l'hôtesse, dont le visage contrit d'impatience et d'excuse se posait sur la personne suivante. Elle se retourna vivement et lança un regard de haine et de mépris à la personne en question. Un grand type roux. (Roux quelle idée ! Il en existe encore sur cette planète ??) Il va attendre, comme tout le monde! Ce n'est tout de même pas de sa faute, si son billet se faisait la malle au moment de l'embarcation. La loi de Murphy, vous connaissez ?? Non ?? Toujours là au moment où on ne l'attend pas. Son sac vidé, toujours pas de billet en vue.

" Bon, écoutez mademoiselle, je vais faire passer les autres personnes avant vous, pendant que vous cherchez votre billet ", murmura l'hôtesse.

" Pardon ? Vous pouvez bien attendre quelques secondes, non ?! Ce n'est pas croyable ça !! "

Elle se retourna en entendant le type derrière elle grogner, les sourcils froncés.

" C'est quoi votre problème à vous ? "

" Euh… Elle va se calmer la petite dame. Mademoiselle a raison. Laissez-nous passer, on ne va pas patienter jusqu'à la Saint-Glinglin que vous ayez retrouvé votre billet " dit-il d'un ton irrité.

Sauf que pendant toute sa tirade, elle ne l'avait pas écouté un seul instant. Elle continuait tranquillement à fouiller dans son sac, parmi ses papiers divers et variés, pouffant et soufflant. Et là, contre toute attente, elle entrevit enfin l'objet désiré. Il était coincé entre deux pages du manuscrit qu'elle venait de consulter quelques minutes auparavant.

" Ben voilà, je l'ai trouvé, il suffisait d'être un tantinet patient, Monsieur ! " proclame-t-elle, affichant un sourire triomphant, lui agitant sous le nez le billet tant attendu.

" Vous allez enfin pouvoir arrêter de râler ! "

" Je rêve… " murmure-t-il en la regardant se diriger vers la salle d'embarcation.

C'était enfin à son tour de donner son billet. Il sut, à l'instant où la jeune femme avait posé les yeux sur lui, qu'elle l'avait reconnu. Elle lui fit son plus beau sourire, et lui demanda timidement un autographe. Le genre d'exercices, dont il avait une pratique quotidienne, ce qui ne lui déplaisait guère. Il trouvait cela amusant, appréciable, voire même glorifiant. Un bon moyen de draguer, comme diraient si bien ses coéquipiers. Ronald Weasley quittait l'Italie, après un match amical dont son équipe sortait triomphante. Le fait d'être un joueur de rugby international ne laissait pas indifférentes certaines demoiselles. Il faut avouer qu'il était plutôt bel homme. Très grand (environ 1m90), les épaules larges, un visage avenant, une grande bouche, un sourire à se damner, des yeux bleu azur, des cheveux roux flamboyants. Bref, ce qu'on nommerait un "beau gosse″. Ronald finit de signer l'autographe et se dirigea vers la porte d'embarquement.

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Hermione parcourait l'allée de l'avion, cherchant son numéro de siège. Elle le trouva enfin. Il se situait au milieu d'une rangée de trois sièges dans l'allée centrale. Elle s'installa confortablement, et commença à parcourir le manuscrit devant ses yeux. Quelques minutes plus tard, Ronald s'engageait dans ladite allée, regardant le numéro de siège sur son billet. Il stoppa au niveau de la rangée où se trouvait Hermione. Satisfait d'avoir repéré celui-ci, il baissa son regard sur la personne qui demeurerait assise à côté de lui pendant le voyage. Son sourire se figea, ses bras et ses épaules s'affaissèrent. Hermione leva son visage pour voir également son voisin, retira ses lunettes, une expression d'incrédulité s'y lisait. Ils dirent de concert :

" Ah non!! C'est pas vrai!! Mais Murphy me poursuit, j'en ai pour la journée! C'est pas possible!! " s'exclama Hermione.

" Oh non!! Pincez-moi!! Je rêve!! " Dit Ron en hésitant entre s'asseoir ou fuir en courant de cet avion.

Il ne croyait pas ce qu'il voyait. Cette fichue harpie était à côté de lui. Combien de temps durait le vol déjà?? 2h45 environ. Il allait soit mourir d'ennui, soit devenir un meurtrier. Cette fille n'avait pas l'air commode du tout. Il s'assit à contre cœur, en soupirant de désespoir. L'ignorant, Hermione se remit à sa lecture. S'étant bien installé et ayant sorti un magazine de sport, il se mit à le feuilleter. Son regard se posait sur le manuscrit que lisait Hermione. Elle s'acharnait à y imposer sa marque de son stylo rose. Elle semblait corriger, remettre en forme le texte, en assénant des coups de traits vifs. Ron se demanda si elle n'était pas éditrice ou un truc dans le genre. Il n'y connaissait rien à la littérature, et encore moins à l'édition. Tout ça lui paraissait barbant au plus au point. Il arrêta ses coups d'œil au moment où Hermione, qui ne supportait pas qu'on puisse lire par-dessus son épaule, lui jeta un regard torve, les lèvres retroussées, émettant un grognement sonore. Ron, surpris par cette réaction, haussa les sourcils d'étonnement, eut un mouvement de recul, et cessa de la regarder. "Mon Dieu, mais c'est qu'elle pourrait mordre ! " pensa Ron.

Plus tard, alors que l'avion commençait à se remplir avec les autres passagers. Un homme blond, d'une trentaine d'années, s'immobilisa devant le fauteuil resté vacant près d'Hermione. Un sourire "émail diamant″ collé sur son visage. Il regarda simultanément Hermione et Ronald, les salua joyeusement, ils y répondirent de manière brève. Hermione replongea dans son récit.

Cependant le nouveau passager ne semblait pas l'entendre de cette oreille. Hermione ne paraissait pas le laisser indifférent et il commença à lui poser des questions. Comment elle s'appelait, ce qu'elle faisait dans la vie, la raison pour laquelle elle se rendait à Londres. Le flux des questions commençait sérieusement à l'agacer. D'un coup, elle releva sa main pour faire stopper cette logorrhée épuisante et dit :

" Hun! Hun! " ne le regardant même pas.

Le jeune homme blond, stupéfait, voulut reprendre la conversation mais elle répéta de nouveau ce qu'elle lui avait dit. Il finit par se taire, voyant bien que la jeune femme ne répondrait à aucune de ses questions. Ron, quant à lui, observait l'échange avec délectation. Il se dit qu'il n'était donc pas le seul avec qui elle avait ce comportement là. Il la trouvait ahurissante. Elle ne devait pas être mariée, ce n'était pas possible, comment un homme sensé pourrait vouloir se marier avec une personne aussi hargneuse, un vrai petit roquet.

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Le vol avait entamé son avancée depuis un certain temps, quand un stewart arriva devant les passagers en classe éco. Il débuta son speech, énonçant les règles de sécurité. Il observait Ron sans arrêt, lui souriant à pleine dent, essayant d'attirer son attention. Ron rougit, gêné de cette insistance. Cela lui arrivait souvent de se faire draguer par des hommes. Il comprenait parfaitement que son physique y était pour quelque chose, mais bon, lui qui était purement hétérosexuel, cela le mettait à chaque fois dans l'embarras.

Hermione, exaspérée d'entendre cette interminable décompte, grommela fortement :

" Non mais c'est bon! Pffffffffff! Il suffit pas d'avoir fait math sup' pour savoir ça. On a compris. On n'est pas complètement débile! " Elle tourna sa tête vers le blond qui écoutait le speech avec attention, les sourcils froncés en concentration intense. " En fin de compte, peut être que si… ". Le blond la regarda, lui fit un sourire. Elle détourna la tête. Ron était effaré de son audace. Elle parlait de cet homme avec un tel mépris que cela en était déconcertant.

Plus tard, l'homme réitéra ses questions mais sans succès. Elle l'envoya balader systématiquement. Il échangea un regard avec Ron, qui lui fit comprendre de ne pas insister, que cela serait vain de vouloir continuer. Ron lui mima le geste de la folie, en lui montrant Hermione et en disant sans qu'un son ne sorte de sa bouche "Laissez tomber! Elle est folle!″. Les deux hommes se sourirent.

Le vol continua, chacun ayant repris une activité solitaire. L'atterrissage arriva enfin signalant la fin du cauchemar.

En sortant de l'aéroport, Ron s'avança vers un taxi, ouvrit la portière. Sans qu'il ne comprenne quoi que ce soit, Hermione se précipita sur le taxi, s'y engouffra et claqua la portière tellement violemment qu'elle emporta dans son geste… Ron, qui s'étala contre la voiture. Il eut juste le temps d'enlever sa main, au moment où le chauffeur démarra. Hermione dans la voiture, le sourire aux lèvres, donna son adresse au conducteur. Il était éberlué. Cette peste l'aura saoulé jusqu'au bout. De rage, il sautait sur place, en hurlant des jurons de toute sorte. La maudissant jusqu'à la 13ème génération.

" Bloody Hell!!! La prochaine fois, envoyez moi des sauterelles, au moins ça je pourrais gérer!! " hurla-t-il.

Il trouva enfin un taxi qui le ramena chez lui.