Liverpool, décembre 1958

Cynthia Powell et son amie Phyllis McKenzie déambulaient des les corridors de l'école des Beaux-Arts. Il ne restait plus qu'une semaine de cours avant les vacances de Noël et les murs étaient ornés de guirlandes colorées.

Cynthia et Phyllis avaient toutes les deux dix-neuf ans. La première avait les cheveux bruns mi-longs et était plutôt grande, tandis que la seconde avait une chevelure noire et était de petite taille.

-Est-ce que tu vas à la fête étudiante la semaine prochaine ? demanda Phyllis.

- Peut-être, répondit Cynthia. Et toi ?

- Non, ce n'est pas mon truc ce genre de choses, tu le sais bien.

Cynthia voulut rétorquer, mais lorsqu'elle vit John Lennon apparaître devant elle, elle perdit tous ses moyens.

John était le leader d'un groupe de rock et c'était un vrai rebelle. D'ailleurs sa veste de cuir et ses cheveux bruns gominés à la Elvis en témoignaient.

Bien qu'elle ait eue un petit ami depuis près de trois ans, Cynthia était amoureuse de John depuis quelques temps. Pendant une période, il l'embêtait sans cesse, puis au cours des dernières semaines, il s'était mis à la saluer gentiment.

- Salut Cynthia, lança t'il, sans même s'arrêter.

- Sa... sa... lut, bredouilla bêtement la jeune fille.

- Eh ben, il t'en fais de l'effet ! s'exclama Phyllis à la blague, une fois que John fut suffisamment éloigné.

« Elle ne pourrait pas si bien dire », songea Cynthia.

Elle ouvrit la bouche pour répliquer, mais fut arrêtée par la cloche annonçant le début des cours.

- Bon, je dois y aller, dit-elle ravie de pouvoir s'échapper. À tout à l'heure !

Sur ces mots, elle partit dans la direction opposée à celle de Phyllis.

Cynthia avait eue un cours de graphisme et elle avait eue tout le mal du monde à ne pas tourner son regard vers John qui était placé à quelques mètres de là.

Elle essaya de se raisonner en se disant que John n'était pas du tout son genre, mais rien n'y fit.

À la fin des cours, elle alla rejoindre Phyllis pour lui proposer de la reconduire chez elle en voiture. Pendant qu'elles prenaient place dans la Thunderbird rouge de Cynthia, celle-ci lâcha :

- Je vais rompre avec James.

- Quoi ? s'étonna Phyllis. Mais Cyn, pourquoi ? Ça fait trois ans que vous êtes ensemble, vous êtes sur le point de vous fiancer et toi tu veux rompre ?

- Oui, répondit Cynthia avec aplomb.

- Est-ce qu'il y a une raison particulière ?

- Mes sentiments pour James ont changés, tu peux comprendre ça ?

Phyllis secoua la tête éberluée.

- James et moi on a fait un bout de chemin ensemble, mais ça doit se terminer, continua Cynthia.

- Oh, Cyn, il va être complètement bouleversé si tu le quittes !

Cynthia soupira.

- Peut-être, mais moi je veux être honnête avec lui. Je ne veux pas rester avec lui tout en ne l'aimant plus ! se justifia t'elle.

Elle arrêta la voiture devant la demeure des McKenzie. Phyllis débarqua de la T-Bird.

- Ne sois quand même pas trop dure avec James, l'avertit-elle.

Cynthia hocha la tête.

- Ok. Bye.

- Bye.

« Quelle opinion aurait-elle de moi, si elle savait que je rompt avec James parce que je suis amoureuse de quelqu'un d'autre » ? pensa Cynthia.

Le soir, Cynthia se rendit chez James avec la ferme intention de rompre.

Lorsqu'il vint lui ouvrir la porte, il avait l'air fatigué et avait des cernes sous les yeux.

Cynthia se demanda tout à coup ce qu'elle avait bien pu lui trouver.

- Salut Cinny, fit James, d'un ton morne.

- On dirait que tu n'as pas beaucoup dormi la nuit dernière, remarqua t'elle, sans même le saluer.

- J'ai étudié une partie de la nuit.

Il étudiait en comptabilité, ce que Cynthia qui était une artiste accomplie trouvait mortellement ennuyeux. John, lui était un vrai artiste. Et il était tellement séduisant... Cynthia s'en voulut de penser à lui dans un moment pareil.

Elle prit place sur le canapé et James vint la rejoindre. Il passa un bras autour de ses épaules. Elle se raidit et tenta de s'éloigner.

- Qu'est-ce que tu as ? questionna son petit ami.

- Rien, mentit Cynthia.

Elle prit une profonde inspiration et continua.

- Écoute James, il faut qu'on parlent... Je voulais te dire...

Elle fut interrompue par des coups frappés à la porte. James se leva.

- Ce doit être mon frère. Il devait passer.

Cynthia soupira, se demandant quand elle pourrait annoncer à son copain qu'elle le quittait.

L'occasion ne se présenta pas durant une semaine entière, puisque James étudiait jour et nuit.

- Alors est-ce que tu lui as enfin annoncé ? demanda Phyllis à son amie, la semaine suivante.

- Non. Le bon moment ne s'est pas encore présenté. Mais demain, je vais chez lui et je vais le lui dire.

- Il vient avec toi à la fête ce soir ?

- Non, j'y vais seule. Je lui ait dit que j'avais des plans pour ce soir, mais je n'ai pas précisé de quoi il s'agissait...

- Hé Cyn ! Phyl ! appela une voix féminine.

Les deux filles se retournèrent. C'était Emma Taylor, une amie.

- Alors, vous irez à la fête ? questionna la petit blonde enjouée.

- Oui, moi j'y vais, répondit Cynthia. Mais Phyl ne veut pas m'y accompagner.

- Allez viens ! l'encouragea Emma. Ça va être super !

- Je ne sais pas...

- Oui, viens avec nous. On va s'amuser ! renchérit Cynthia.

- Hum... Bon d'accord, céda finalement Phyllis en souriant.

Le soir venu, Cynthia resta de longues minutes devant son placard bien rempli avant de décider de ce qu'elle porterait. Elle opta finalement pour une jolie robe noire plutôt courte et des bottes hautes.

Lorsqu'elle arriva à la soirée, elle repéra facilement Phyllis et Emma. Elle vit aussi plus loin John avec son meilleur ami Stuart Sutcliffe. Son cœur fit un bond. Essayant de dissimuler son émoi, elle alla rejoindre ses amies.

- Wow Cyn ! La super classe ! la complimenta Emma.

Phyllis jeta un coup d'œil à la tenue de sa copine.

- Tu veux déjà séduire avant même d'avoir rompue avec James ?

- Non, dit Cynthia en rougissant.

Cette robe elle l'avait mise dans l'espoir de faire craquer John, mais elle n'allait quand même pas le lui dire...

Emma lança un regard étonné à Cynthia.

- Tu veux rompre avec James ?

- Oui, soupira Cynthia.

- Le couple parfait n'existe plus ?

- Oh, ça va, l'arrêta Cynthia qui ne voulait surtout pas parler de James ce soir.

Pendant toute la soirée, Cynthia se fit inviter à danser par plusieurs garçons. John quant à lui, n'avait pas bougé et était en grande conversation avec Stu et Pete Shotton, un autre de ses amis.

Il commençait à se faire tard et plusieurs personnes avaient quittés la fête. Cynthia jeta un coup d'œil discret vers John, Stu et Pete. Elle aurait donné cher pour savoir de quoi ils discutaient...

- Allex Johnny, va l'inviter à danser ! s'impatienta Pete. Je suis sûr que Cynthia Powell est folle de toi. Puis avoue qu'elle ne te laisse pas indifférent, ajouta t'il avec un sourire en coin.

- Tu ne devrais pas hésiter à l'inviter, continua Stu. Et puis tu trouves pas qu'elle est hyper-canon ? En tout cas, si tu n'y vas pas, c'est moi qui y vais.

- Très bien, j'y vais, j'y vais ! s'écria John en se dirigeant vers Cynthia le cœur battant.

Juste au moment où il arriva devant elle, les premières note de I want you I need you I love you d'Elvis se firent entendrent. John prit son courage à deux mains et regarda Cynthia.

- Tu veux danser ?

Phyllis et Emma lancèrent un regard courroucé à leur amie et s'éloignèrent rapidement.

- Désolée, mais je suis fiancée, répondit-elle stupidement.

« Idiote » ! pensa t'elle immédiatement.

- Je ne t'ai pas demandé de m'épouser, fit John en lui tendant la main.

Elle la prit et le suivit sur la piste de danse. Ils se serrèrent l'un contre l'autre, mal à l'aise au début, mais ravis d'être enlacés. John se rapprocha davantage de Cynthia. Tous les gens présents, purent constater qu'il se passait quelque chose de très fort entre eux.

Lorsque la chanson se termina, ils se séparèrent à regrets, ne se quittant pas des yeux.

- C'était bien non ? lança John.

- Ouais, répondit Cynthia en souriant.

John entraîna la jeune fille hors de la piste de danse.

- Tu voudrais venir pendre un pot avec moi ?

- Ben...

- Je sais, je sais, tu es fiancée, dit-il en riant. Mais moi j'ai vraiment envie d'en savoir plus sur toi... Alors tu veux venir ?

Finalement, succombant à la tentation, elle accepta.

Lorsque John et Cynthia se dirigèrent vers la porte, vêtus de leurs manteaux, Phyllis et Emma se précipitèrent vers eux.

- Cyn, on peut te parler ? demanda brusquement Phyllis.

- Oui bien sûr. Je n'en ai pas pour longtemps, dit-elle en se tournant vers John.

Ses amies l'entraînèrent plus loin.

- Mais ça va pas ! explosa Phyllis.

- De quoi tu parles ?

- Cynthia, tu sais très bien de quoi je parle. Tu as vue la façon dont vous dansiez ?

- Et alors ?

- John Lennon n'est pas pour toi ! continua Emma.

- Laissez-moi tranquille ! Je n'ai pas besoin de votre avis ! s'écria Cynthia des éclairs dans les yeux.

Sur ces mots, elle se dirigea vers John, sans même un regard en arrière.

John et elle sortirent dans l'air frais du soir. Comme John n'avait pas de voiture, il monta dans celle de Cynthia. Il lui indiqua le chemin d'un pub qu'il connaissait La Jacaranda. Ils commandèrent à boire, puis John dit ironiquement :

- Ton fiancé ne va pas se demander où tu es ?

- En fait, ce n'est pas vraiment mon fiancé, avoua t'elle.

- Non ? Alors j'ai encore une chance de te conquérir ?

Cynthia rougit.

- Oui, je crois que tu as encore une chance.

Ils échangèrent un regard pleins de sous-entendus.

Ils restèrent là une heure à parler. La conversation était tellement facile entre eux. En quelques heures, ils étaient devenus très complices.

John proposa à Cynthia d'aller acheter des Fish 'n' Chips et d'aller les manger à l'appart de Stu.

Cynthia accepta, heureuse que John veuille encore passer quelques instants en sa compagnie.

Ils allèrent d'abord chercher la nourriture, puis se rendirent à l'appart de Stu qui était absent.

John qui avait une clé, déverrouilla la porte, puis laissa d'abord entrer Cynthia.

L'appartement était loin d'être luxueux. C'était un 1 ½ qui ne contenait qu'un vieux sofa et un lit à même le sol.

- C'est pas le Ritz, s'excusa John, mais c'est mieux que rien.

- C'est pas grave, le rassura Cynthia.

Ils prirent place sur le divan et commencèrent à manger. Tout en mangeant, Cynthia admira les murs qui étaient couverts de toiles.

- C'est Stuart qui les as peintes ? questionna t'elle.

John hocha la tête.

- Stu es très doué.

- Ça oui, approuva Cynthia.

John prit les dernières frites qui restaient dans le contenant, puis se tourna vers Cynthia.

- Alors, qu'est-ce que tu veux faire ? demanda t'il malicieusement.

Elle ne rougit pas cette fois.

- Et toi, qu'est-ce que tu as envie de faire ?

Pour toute réponse, John s'approcha d'elle et l'embrassa passionnément. Cynthia ne se fit pas prier pour lui rendre son baiser.

Ils s'arrêtèrent d'un moment et John dit d'une voix douce, que Cynthia ne lui connaissait pas :

- Je crois que vous ne me laissez pas indifférent, Mlle Powell...

Cynthia sentit son cœur chavirer.

- Ça tombe bien, parce que c'est réciproque.

John l'embrassa tendrement. Ils échangèrent des baisers de plus en plus fiévreux, puis John entraîna doucement Cynthia vers le lit. Ils continuèrent à échanger des baisers langoureux, puis le jeune homme, dirigea sa main vers la fermeture éclair de la robe de Cynthia, qui ne fit rien pour l'en empêcher. De son côté, elle enleva le t-shirt de John et tendit ses mains vers son pantalon. En un rien de temps, ils se retrouvèrent nus l'un contre l'autre. Ils firent l'amour tout en douceur pendant longtemps.

Lorsqu'ils s'arrêtèrent enfin, épuisés, ils se blottirent l'un contre l'autre. John prit la parole.

- Je me sens... étrange.

- Pourquoi ? s'étonna Cynthia.

- Parce que...

Il hésita tout à coup.

- Oui ? l'encouragea Cynthia.

- Je crois que tu me plais énormément. Plus que n'importe quelle fille jusqu'ici...

Cynthia sourit.

- Est-ce que ça veut dire qu'on est ensemble maintenant ?

- Tu sais bien que c'est ce que je veux... Mais ton petit ami ?

- Je voulais rompre avec lui de tout façon.

- Alors on est vraiment ensemble ? demanda John en esquissant un sourire.

- Oui, fit Cynthia en lui rendant son sourire.

Ils parlèrent jusqu'aux petites heures du matin, dans les bras l'un de l'autre, jusqu'à ce que leurs yeux se ferment d'eux-mêmes.