Disclaimer : le monde de Final Fantasy ne m'appartient pas, et heureusement, sinon ce serait un joyeux bordel ! (prenez ça dans le sens que vous voulez).

J'ai eu un coup de speed et j'ai décidé d'écrire une fic. Enjoy ! Et n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !


Deux perdus ne font pas un sauvé. Ou quand l'élite de la Shinra rencontre un jeune homme aussi en proie à ses démons intérieurs, et qui cherche désespérément à donner un sens à sa vie. S'en suit l'histoire d'amour la plus chaotique et tordue que Gaia ait jamais connue. YAOI CloudXSeph.

Étrange paradis

Chapitre 1. Des rêves, désillusions, une tasse de café et un chevalier.

Ces derniers temps, il ne comprenait pas ce qui lui arrivait.

Avant, c'était facile, il ne se posait pas de questions. Il partait en guerre quand on lui demandait de jouer au soldat. Il remplissait des dossiers quand on lui demandait d'effectuer les taches administratives nécessaires. Il apparaissait en public et montrait la grandeur de la Shinra à la face du monde quand on le lui demandait. Il ne se posait pas de questions.

Mais ces derniers temps, il commençait à se demander où cela le menait. Quel était exactement le sens de sa vie, à part être le jouet de la plus grande entreprise que le monde ait jamais portée ? Et d'où lui venaient ces questionnements, cette crise existentielle ? Il ne savait pas, mais cela le gênait. Il n'aimait pas que sa vie si bien rangée soit ainsi bouleversée. Ça l'énervait, et ça lui faisait peur. Lui qui affichait un masque de marbre, un contrôle total en toute circonstance commençait à se fissurer et honnêtement, il fallait vite trouver une solution, maintenant, tout de suite.

Sephiroth se laissa aller contre le dossier de son siège, un rapport concernant la dernière campagne de guerre de la Shinra ouvert sur son bureau, à peine annoté. Ces pérégrinations mentales recommençaient, et il savait que pour un moment il ne pourrait pas être complètement opérationnel, ce qui faisait naître en lui un sentiment d'effroi qui allait vite devenir insoutenable. Soupirant intérieurement, il se leva et alla se chercher un café. La journée allait être longue, comme toutes celles qui l'avaient précédée dernièrement.


Le jeune homme était allongé sur l'herbe, le souffle court et le cœur battant la chamade. L'entrainement qu'il venait de terminer n'avait pas été une mince affaire, loin de là : il était plus petit et plus frêle que ses autres camarades et avait du mal à tenir la cadence. Il lui fallait constamment fournir des efforts supplémentaires pour rester dans la moyenne. Il se demandait s'il arriverait un jour à valoir quelque chose en tant que soldat.

En fait, il commençait sérieusement à se demander si il arriverait un jour à valoir quelque chose tout court. Lorsqu'il observait ses compagnons, ceux-ci ne se posaient pas trente-six mille questions : leurs vies semblaient déjà toutes tracées ; ils s'entrainaient du mieux qu'ils pouvaient pour espérer atteindre les rangs d'élite des SOLDATS, et si ce n'était pas le cas, ils s'engageraient dans l'infanterie ou se reconvertiraient pour effectuer des tâches plus administratives. Certains pensaient même à l'éventualité de retourner dans leur ville natale et oublier leur rêve de soldat pour mener une existence rangée au milieu de femme et enfants. Rien que d'y penser, Cloud en avait la nausée. Il s'était fait la promesse de ne jamais retourner à Nibelheim. Cela équivaudrait à un échec total, à une démission de sa vie. Il ne voulait pas retrouver tous les gens avec lesquels il avait passé une enfance médiocre, coincé au milieu des montagnes, avec la sensation constante d'étouffer. Certes, il y avait là bas sa mère et Tifa – il n'y avait toujours eu que sa mère et Tifa ; mais il ne pourrait pas se résoudre à vivre en fonction d'elles, en se reposant uniquement sur le fait de vivre à leurs côtés. Il ne pouvait pas se contenter de ça. Ça n'était simplement pas possible. Il était venu à Midgar pour oublier, pour commencer enfin à vivre pour lui-même ; c'était la ville où tous ses rêves s'étaient cristallisés. Rien que pour ça, il se devait de rester.

C'était une bien maigre consolation : il avait toujours l'impression désespérante d'être au point mort. Et il sentait que son manque de capacités le conduisait doucement à l'échec. C'était pas faute d'essayer, pourtant : là où ses camarades prenaient du repos et se détendaient entre eux, il partait courir et se renforcer avec tous les moyens mis à disposition par la Shinra. Malgré ça, son rêve d'entrer au SOLDAT lui apparaissait bien utopique. Misère. Qu'est ce qu'il faisait là, au juste ?


Sephiroth regarda par la fenêtre qui donnait sur le terrain où les premières années s'entrainaient. Ce qu'il vit là le laissa étrangement indifférent : une trentaine de jeunes hommes à peine sortis de l'enfance, répétant des exercices qu'il avait lui-même maintes fois répétés, concentrés sur l'unique but d'atteindre le saint Graal que la Shinra avait à leur offrir : les rangs du SOLDAT. Leurs visages se renvoyaient la même expression de détermination un peu idiote, la même lueur d'espoir qu'il n'avait jamais eue et qui le laissait perplexe. Beaucoup d'entre eux allaient finir dans l'infanterie et se feraient tuer dans les années à venir, sans gloire ni honneur, au cour d'une mission mineure qui nécessiterait des pertes « indispensables mais secondaires ». Sephiroth bu une gorgée de café.

Quelque chose de jaune en mouvement attira son regard. Il avait d'abord cru qu'il s'agissait d'un chocobo qui courrait au loin mais, en focalisant son attention sur cette petite tache de lumière, il s'était vite rendu compte qu'il s'agissait d'un jeune homme en proie à un exercice d'équilibre particulièrement grotesque : le jeu consistait à poser sa tête à l'extrémité d'un bâton planté au sol, puis de tourner rapidement autour dudit bâton en gardant la tête posée dessus. La position était absolument ridicule, et Sephiroth se demanda brièvement si certaines épreuves n'étaient pas mises en place dans le seul but d'humilier les candidats, sous couvert dans ce cas précis « d'apprendre à résister à de violentes secousses et à ne pas perdre l'équilibre ». Il vit le pauvre bougre relever la tête, le teint un peu verdâtre, puis lentement se mettre à trottiner d'une façon pathétique, tanguant dangereusement. Le jeune homme se baissa quelques pas plus loin, les mains crispées sur son estomac, et rendit l'intégralité de son petit déjeuner au milieu du terrain. Des esclaffements se firent entendre et certains eurent même l'indécence de pointer le malheureux du doigt. Un instructeur approchait déjà à grands pas de la scène.

- DISPERSION !

Le calme retomba et chacun fit mine de retourner à ses occupations, tout en prenant grand soin de ne pas louper une miette de l'échange qui allait suivre.

L'instructeur se planta devant la créature recroquevillée, en bombant le torse. Il affichait un tel regard de mépris et de dégoût que Sephiroth se demanda s'il n'allait pas renvoyer l'aspirant soldat sur le champ, sans autre forme de procès.

- Ton nom, cadet.

La voix qui lui répondit fut si faible que Sephiroth, même avec ses sens ultra développés, ne put saisir la réponse.

- PLUS FORT CADET !

- Strife, monsieur.

L'instructeur frappa le jeune homme au visage si soudainement que ce dernier en resta bouche bée, les yeux ronds comme des soucoupes. Sephiroth prit une autre gorgée de café.

- GARDE A VOUS !

Le soldat obtempéra. Un autre coup vint compléter le premier, sur l'autre joue cette fois. Quelques ricanements fusèrent.

- ET C'EST SERGENT, CADET !

- Pardonnez-moi, sergent, balbutia le jeune homme.

L'instructeur détailla les traits du malheureux pendant quelques secondes, une expression méchante sur le visage. Le cadet gardait les yeux baissés, les joues rouges, et Sephiroth pouvait pratiquement entendre sa supplication muette de s'enfoncer six pieds sous terre à cet instant précis.

- Écoute moi bien, cadet. Je sais pas qui a eu la connerie de penser que tu pourrais devenir troufion, mais laisse moi te dire une chose, c'est que moi vivant, il n'y a aucune chance que ça arrive. Tu pourrais éventuellement avoir l'honneur de servir la Shinra en tant que femme de réconfort, parce qu'avec ta dégaine, il suffirait qu'on te foute une robe pour que tu sois confondu avec une bonne femme.

L'homme se rapprocha du visage du cadet, l'air menaçant.

- T'as rien à faire ici. T'as même pas l'ombre d'une chance de réussir. Laisse moi deviner, tu t'es monté la tête tout seul avec ces histoires de SOLDAT, hmm ? Je suis sûr que tu t'astiquais le jonc en reluquant des photos du Général dans ton petit bled pourri.

Une lueur d'idolâtrie passa dans les yeux des autres soldats (et au grand dam de Sephiroth, dans ceux de l'instructeur) à l'évocation du mot « Général », et ce dernier soupira intérieurement pour la cinquième fois de la matinée. En bas, le cadet passa d'un teint verdâtre au cramoisi en l'espace d'une demie seconde. Sephiroth vit son menton trembler dangereusement et se fit la promesse que si ce nigaud se mettait à pleurer, il descendrait lui-même lui dire de retourner dans les jupons de sa mère.

- Tu viens de salir une des propriétés de la Shinra en nous versant ton dégueuli. Corvée de ménage pour les deux semaines à venir. Mais d'ici là, j'espère que tu auras l'intelligence de présenter toi-même ta démission au Général, avec pour motif, je cite : « je suis trop stupide et trop faible pour être sous les ordres de quelqu'un d'aussi prestigieux ».

Ce fut à Sephiroth d'avoir la nausée. Le cadet pâlit. Était-ce humainement possible de passer par autant de teintes différentes en si peu de temps ?

- Hors de ma vue, dégage.

- Mais…mais qu'est ce que je vais faire, sergent ? Balbutia craintivement le jeune homme.

- Tu te démerdes, mais pour aujourd'hui, je veux plus te voir !

La mine déconfite et complètement sonné, le petit blond se retourna et se dirigea vers les vestiaires, l'air vraiment abruti. L'excitation retomba sur le terrain et les autres apprentis soldats recommencèrent à s'entrainer sérieusement, sous l'œil scrutant de l'instructeur.

Sephiroth s'éloigna de la fenêtre en finissant son café.


Voilà, ça recommençait. Se faire descendre par l'instructeur avec le menton qui tremble et confirmer auprès de tous son statut de victime, se rediriger la queue entre les jambes vers les vestiaires avec la brulante envie de pleurer et la gorge nouée, se recroqueviller encore dans son coin pour lâcher les digues et souffrir en silence en attendant que les autres reviennent se changer, en se chargeant au passage d'en rajouter une couche niveau moqueries et brimades...C'était une malédiction. C'était une putain de malédiction. A Nibelheim, ça se passait déjà à peu de choses près comme ça. Oh, regardez, c'est petit Cloud qui ressemble à une fille. Oh, regardez, c'est le larbin de Tifa ! Oh, attention, petit Cloud sort les griffes, il faut le calmer !

Qu'est ce qu'il avait bien pu faire pour mériter ça, au juste ? Gaia en soit témoin, il essayait juste de se fondre dans la masse, de se convaincre lui-même qu'il était parfaitement adapté et capable de faire quelque chose de sa vie. Le plus rageant était que l'instructeur avait raison : si il voulait faire partie de la crème de la crème, c'était grâce à Sephiroth. Ou plutôt à cause de lui.

Il avait suivi les exploits de l'homme depuis le début, avec une passion infaillible et une admiration sans cesse renouvelée. Petit, il découpait les nombreuses photos du général dans la gazette locale pour les garder précieusement dans une boite rangée sous son lit, et il vénérait chacune d'elle comme s'il s'était agi d'un trésor inestimable. Cet homme était son rêve vivant : la concrétisation de tout ce qu'il voulait être, de tout ce qu'il voulait accomplir. A ses incroyables compétences techniques s'ajoutait une beauté irréelle, troublante, qui faisait se courber même les plus hauts dirigeants de ce monde ; toute chose et tout être paraissait écœurant et terne en comparaison. Oh comme il rêvait d'atteindre ne serait-ce qu'un dixième de cette perfection ! Oh comme il s'était euphorisé à l'idée de marcher dans ses pas, d'avoir l'espoir qu'un jour il pourrait graviter sur la même orbite ! Oh comme il rendrait sa mère fière, et quelle douce vengeance cela serait auprès de tous ceux qui l'avaient moqué !

Cloud eut un hoquet amer. Les rêves n'étaient rien. Ils étaient le poison de l'existence, en faisant miroiter inlassablement des fantasmes qui rendaient fous une fois qu'on avait retrouvé un peu de lucidité. Le paradoxe de la chose était risible et tragique.

Il se prit la tête entre les mains, et laissa les larmes rouler contre ses joues.


Cloud entendit le bruit lointain d'un loquet de porte qu'on ouvre, et il s'éveilla brusquement, un peu à l'ouest. De la bave finissait de sécher sur son menton, et ses articulations lui faisaient mal ; nul doute qu'il s'était endormi après avoir broyé du noir suite aux critiques du sergent. Un vent de panique s'empara de lui à l'idée de voir bientôt surgir les autres aspirants soldats, venus se doucher et se changer suite à l'entrainement, et tous ses sens se mirent instinctivement en alerte. Cependant, après quelques secondes qui lui parurent durer une éternité, et pendant lesquelles seul le bruit de quelques pas tranquilles se fit entendre, Cloud comprit que l'entrainement n'était pas terminé et qu'une seule et unique personne venait de pénétrer dans la pièce.

Il resta immobile et tenta d'analyser ce qu'il entendait. La personne à qui appartenait cette démarche allait d'un pas confiant, et Cloud l'imaginait aisément les mains dans les poches. Les arrêts qu'elle effectuait et le bruissement caractéristique de vêtements qu'on déplace lui indiquèrent qu'elle était certainement en train de chercher quelque chose. Il se donna une grande inspiration et se leva pour aller à sa rencontre. Les mouvements cessèrent.

- Ohé, ya quelqu'un ?

La voix était jeune et portait une sonorité…enjouée. Oui, c'était ça. Cet homme demandait si il y avait quelqu'un d'une voix enjouée. Cloud ne comprit pas trop pourquoi, mais cela le mit en confiance et il décida de se dévoiler à l'homme mystère.

La personne qui se trouvait maintenant face à lui portait une coiffure pour le moins étrange. Ce fut la première chose que remarqua Cloud et il pensa « on dirait mes cheveux version dark». Une multitude de pics partaient dans toutes les directions en défiant les lois de la gravité, et seules quelques mèches restaient sagement en place et encadraient un visage flatteur et juvénile. Le regard de Cloud se posa sur deux grands yeux rieurs et pétillants, d'un bleu foncé qu'il n'avait jamais vu chez personne, et qu'il ne pensait pas possible de voir chez quelqu'un. Assurément, cette personne avait gagné au jeu de la loterie génétique. La seconde position plus précisément, étant donné que la première revenait à Sephiroth…Mais Sephiroth était-il seulement humain ? Si ce n'était pas le cas, cela l'évinçait d'office de la compétition, ce n'était pas…

Un petit pouffement étouffé le coupa dans ses pérégrinations mentales. Il fronça légèrement les sourcils.

- Excuse moi, mais tu me regardes depuis trente secondes avec une expression entre l'abrutissement et la pâmoison. Ceci dit, c'est souvent l'effet que je fais auprès de mes interlocuteurs !

Cette voix avait quelque chose de chaleureux, pensa Cloud. Puis il assimila ce que l'homme venait de dire et il fronça un peu plus les sourcils.

- Ça va, ça va, pas la peine de me faire les gros yeux, continua ce dernier d'un air rieur.

Il s'avança vers Cloud et lui tendit une main que le cadet prit assez timidement. La poignée fut amicale. Cloud commençait à se sentir un peu mieux.

- J'm'appelle Zack ! Je viens de passer au deuxième grade du programme SOLDAT et laisse moi te dire que si tu comptes un jour rejoindre l'élite, t'es pas sorti de l'auberge, mon pote !, se présenta « Zack » en rigolant avec un clin d'œil et un sourire colgate.

Cette déclaration eut deux effets pour le moins antagonistes chez le cadet blond : le premier, c'est qu'il resta complètement interdit et émerveillé à l'idée qu'il était actuellement en train de parler de façon aussi naturelle et détachée à un soldat aussi gradé, chose qu'il n'aurait jamais cru possible durant toute sa misérable existence. Une palette d'émotions euphoriques le traversèrent successivement (ou en même temps, il n'aurait pas su dire) : il se sentait flatté, mais aussi timide, mais aussi spécial, et évidemment, cela lui donnait d'autant plus envie de lier connaissance avec ce fort sympathique dénommé Zack, si bien qu'il devait se contenir pour ne pas afficher un sourire complètement niais et tenir son bras des deux mains pour ne pas le laisser partir. Le deuxième effet, l'effet « kiss cool » ou ascenseur émotionnel, fut qu'il se rendit compte que lui-même n'arriverait certainement jamais à un tel niveau, et tout ce qu'on avait pu lui dire jusqu'à présent, les moqueries dans l'enfance, les brimades de ses compagnons d'armée, les critiques acerbes des instructeurs, tout ceci lui revint d'un coup en plein visage, et il eut littéralement l'impression de se prendre une claque monstrueuse. Et cette claque fit très mal. A la vitesse de l'éclair, il sentit les larmes lui remonter aux yeux, et menacer à tout instant de se déverser le long de ses joues.

Zack sentit immédiatement le malaise puisque son expression changea du tout au tout : la mine réjouie et avenante se transforma en un mélange de terreur et de sensibilité non feinte, et il demanda affolé :

- Mon dieu, qu'est ce que j'ai dit ? Je suis désolé, je ne voulais pas te mettre dans cet état ! Tu vas pas pleurer, dis ?!

…Et là, ce fut vraiment la goutte de trop, l'élément déclencheur. Cloud éclata en sanglot et ne se préoccupa plus de savoir si les autres apprentis soldats allaient le voir, si Zack, aussi sympathique fut-il, allait reporter son craquage à ses supérieurs, si cela le faisait passer pour quelqu'un de faible et d'inadapté, non, tout ce qui importait, c'était qu'il se laisse complètement aller à ce déversement de frustration, d'espérances vaines et de solitude, parce que vraiment, si il n'avait vraiment aucune chance de finir un jour comme Zack, et bien il n'en avait strictement plus rien à taper.


Zack était en panique. Jamais auparavant il n'avait été confronté à ce genre de situation. Ah, il était beau le programme SOLDAT de la Shinra, qui ne vous expliquait même pas comment réagir face à une personne complètement au bout du rouleau, et fragile au point de laisser éclater sa tristesse aux yeux d'un parfait inconnu ! La pauvre chose qui était en train de se tarir en face de lui ne semblait pas être sur le point de vouloir s'arrêter, et Zack poussa un soupir intérieurement, de compassion ou de lassitude, il n'aurait pas trop su dire. Après tout, rien ne l'obligeait à s'occuper de cet apprenti troufion en plein burn out, rien ne l'obligeait à lui demander ce qui n'allait pas, à lui proposer une oreille attentive, une épaule et des tapotements dans le dos pour qu'il se sente mieux, il y avait surement des personnes plus qualifiées et plus impliquées que lui pour effectuer ce genre de choses, et puis merde, Seph lui avait demandé de rapporter un document, alors pourquoi il restait planté là comme un idiot à pas savoir quoi faire, hein ? Et d'ailleurs, c'était quoi le problème de Sephiroth, aussi ? Il paraissait encore plus lugubre et renfermé qu'à l'accoutumée, si c'était possible. Zack mon pote, recentre toi, tu pars en vrille là !

Zack compta jusqu'à trois dans sa tête et sans réfléchir davantage, saisit le jeune homme par le bras.

- Écoute, je peux pas te laisser comme ça. Tu vas venir avec moi, boire un bon chocolat chaud et me raconter ce qui ne va pas au point de te faire pleurer comme une madeleine. Ok ?

Le blond sembla reprendre un peu ses esprits et acquiesça misérablement, plus par dépit et parce qu'il ne savait apparemment pas quoi faire d'autre, pensa Zack, que par réelle envie, et rien que de voir ces pauvres petits yeux bleus de chien battu embués de larmes le regarder comme si il était le messie suffit au jeune homme pour lui confirmer qu'il avait pris la bonne décision en décidant de s'occuper de lui. Le gosse était plutôt adorable et avait définitivement besoin de parler à quelqu'un.

Et tant pis si Seph va attendre avant de pouvoir récupérer son dossier. Il a qu'à venir le chercher lui-même, cette feignasse !