Disclamer : Tous les personnages de One Piece appartiennent à Eiichiro Oda, les autres sont issus de mon imagination...
« - Au fait, tu ne m'as jamais racontée...
- Quoi donc ?
- ...comment vous vous êtes rencontrés tous les deux ?
- Humm... »
Je connais Sabo depuis longtemps. Enfin, « connais » c'est une façon de parler, parce qu'à l'époque on faisait davantage se croiser que de bavarder. Il faut dire que trop de choses nous tenaient alors à distance.
1/ D'abord notre sexe. Ben oui ! Si aujourd'hui, c'est l'une des composantes qui nous a permis de nous...rapprocher, à l'époque – et à cet âge – les garçons jouaient de leur côté et les filles du leur.
2/ L'âge justement. Lui : 11 ans, et moi : 14 ! Autant dire que je n'étais pas hormonalement disposée à m'intéresser à un gamin, et à personne d'autre d'ailleurs - ayant conservée mon style « garçon manqué » un bon moment. Gamin certes, mais déjà très populaire et à l'évidence très prometteur niveau « gueule d'ange tombeur de tout ce qui bouge ». Cependant bien trop jeune pour une fille de mon âge...enfin, ça, c'est mon avis. Parce qu'Andrea, elle, malgré d'être née la même année que moi, ne voyait pas du tout, mais alors pas du tout, les choses de la même façon.
- Franchement, il est trop mignon ! s'extasiait-elle à longueur de temps dès que ses yeux embués se posaient sur le petit prodige. Ooooh ! Je mettrais bien une option sur lui !
- T'es indécente, lui rétorquais-je – à la longue – machinalement, mais amusée. Et puis franchement, non-seulement ça m'étonnerait qu'un garçon comme lui s'intéresse un jour à des filles comme nous, et ce, encore moins à son âge où il n'a que le basket et papa et maman dans sa vie.
C'est vrai que Sabo, malgré les innombrables opportunités qui s'offraient à lui, n'était pas du genre à frimer (en tout cas, pas encore). Son genre ? Passer plus de temps à jouer avec son ballon de Basket qu'à s'intéresser à ses devoirs, et à rester en famille au moindre temps libre plutôt que de traîner dans les rues (mais à 11 ans, ça se comprend un peu).
3/ Notre statut respectif aussi. Lui, fils d'ancien basketteur star reconverti en entraîneur avec plus ou moins de succès, moi, fille de l'intendant. Je traduis, mon père était à l'époque « l'homme à tout faire » pour tout ce qui touchait à la salle de sport où s'entrainer l'équipe dans laquelle Sabo jouait. Il m'arrivait donc fréquemment de me rendre dans ce sanctuaire pour y retrouver mon père (et davantage encore depuis la mort de ma mère) où j'en profitais pour lui donner un coup de main en installant les plots, ballons et autre attirail nécessaire aux entraînements...et faire occasionnellement mes devoirs. C'est là que je croisais le plus souvent Sabo, et qu'il me croisait également. Avait-il à l'époque la même perception de moi que moi de lui ? Je n'en sais rien. Parce qu'on ne se parlait pas vraiment, et n'était de toute façon pas assez intime pour me faire une idée là-dessus. Je l'aimais bien, c'est tout. Il était...attachant à sa façon.
Les années sont passées et les automatismes de nos quotidiens ont perduré. Comme je m'en étais doutée – et comme toutes les filles des alentours l'avaient volubilement remarqué – Sabo est devenu aussi beau que fort. Et tandis que ma vie d'étudiante démarrait, lui, s'apprêtait à quitter le club de Kyoto pour poursuivre son aventure extraordinaire dans l'un des prestigieux club de Tokyo...
Mon attachement pour ce gamin qui n'avait, à mes yeux, fait que grandir en taille – alors qu'à l'évidence, sa maturation avait toûché bien d'autres domaines chez lui que les centimètres - et j'en veux pour preuve tous ces magazines...people (pas sportifs hein !) que mes collègues de cours (au féminin pluriel s'il vous plaît) lisaient avec avidité afin de découvrir qui était la dernière starlette à la mode à avoir été « croquée » par le champion – heu...où j'en étais moi...? Ah oui ! donc, mon attachement pour ce gamin m'avait néanmoins incitée à aller le saluer une dernière fois au stade avant qu'il ne décolle pour Tokyo.
Nos au revoir n'eurent rien de déchirant, de toûchant ou quoi que ce soit. Pas de fioriture, pas de coup de foudre incongru. Juste un : « Hé! Sabo ! », qui fit se retourner le garçon, suivi d'un : « Bonne chance pour ta carrière. » très sobre, auquel il m'a répondue : « Merci beaucoup » avec un joli sourire.
Point barre. Il s'en est allé poursuivre sa carrière sous d'autres cieux et moi, sous les toles de ma fac...
