Tous les personnages appartiennent à Choderlos de Laclos. Fic écrite pour so_yuyu, sur le couple Merteuil/Valmont et le thème "roleplay, travestissement" pour le mème à kinks de livejournal.
La fic n'est pas sous forme épistolaire, et je trouve ça un peu dommage, mais je n'ai trouvé personne à qui ils auraient eu envie de le raconter, et j'espère que cela vous plaira quand même.
"Ma chère," murmure Valmont, "je devrais admirer chacune de vos idées à en battre des mains, pour la seule raison qu'elles viennent de vous. Mais je confesse ici avoir besoin d'une explication."
La Marquise de Merteuil lui lance un regard en coin, un peu aguicheur, un peu condescendant, tellement séduisant qu'il a envie de l'embrasser tout de suite, malgré les vêtements d'homme, les bandages et rembourrages qui font un gâchis lamentable de ses formes magnifiques. Malgré le maquillage qui n'a plus rien de féminin, imite une dureté imaginaire en même temps qu'il évoque le jeune homme à la mode.
"Prenez cela comme un compliment," explique-t-elle. "Avant de vous connaître, je n'avais que peu d'intérêt pour les amusements des hommes en meute. Mais puisque cela en a pour vous, j'irais voir à quoi ressemble cette soirée libertine à laquelle vous êtes convié. Les femmes qui y sont invitées, dit-on, sont faciles et méprisées. Ca, plus l'ennui que j'aurais à être reconnue, et ce déguisement vous semblera naturel."
L'idée est folle, séduisante, et souverainement inconfortable. "Nous sommes supposés venir en charmante compagnie."
"Je le sais. Heureusement que je ne suis jalouse que de votre coeur, et pas de vos dons d'amant... Faites ce qu'on attend de vous, et je vous fais confiance aussi pour dénicher une charmante fille pour mon bras. Exactement comme vous auriez fait si j'étais réellement un nobliau de campagne que vous vouliez initier à la débauche. Ne vous inquiétez pas ; je vous promets de jouer l'oison et d'être presque respectueuse avec elle. Avez-vous d'autres objections ? S'il est nécessaire d'en passer par des rituels où les attributs virils sont nécessaires à poursuivre, je comprendrai l'argument, et me retirerai. Ceci dit, je perdrais aussi une certaine mesure de l'estime que j'ai pour votre goût."
Et non, Valmont ne peut arguer ceci ; il arrive, bien sûr, que des couples se retirent dans des alcoves privées, mais l'objectif de la soirée est surtout de jouer avec les tentations non réalisées, tout en égratignant quelque peu Dieu et la société prude dans des conversations brillantes et des spectacles interdits.
Il se retrouve ainsi sans aucun argument, ou du moins, sans argument avouable.
"Peut-être," suggère la marquise, "ce qui vous retient est la crainte de ne pas réussir assez bien à détourner vos yeux de moi pendant la soirée, et de passer auprès de vos amis pour un inverti ?" Elle sourit encore. "Trouvez une compagne vraiment jolie, vicomte, ou apprenez à dissimuler encore mieux qu'à vos capacités actuelles. Je le fais bien, moi."
Elle a touché juste, et c'est un défi, maintenant. Il n'est plus permis de refuser.
"He bien, venez, mon cher cousin." dit-il. "Arriver en retard est une obligation, mais point n'est nécessaire de forcer."
Elle met un sourire angélique sur ses lèvres tentatrices. Il reste imperturbable.
Mais il est certain qu'elle a d'autres tactiques pour cette soirée, qui ne lui feront pas la tâche facile.
