Disclaimer
La plupart des personnages et des lieux sont de J.K.R, les autres sont le produit de mon imagination avec peut-être l'influence fortuite ou inconsciente de quelques auteurs de fan-fic… En tout état de cause, si vous vous reconnaissez ou reconnaissez quelqu'un, dites-le moi, je rendrai à César ce qui est à César…
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Avertissements :
1 : Cette fic N'EST PAS UN SLASH HP/DM. Harry et Draco en sont cependant les personnages principaux.
2 : Rating justifié par la violence de certaines scènes et un langage parfois cru.
3 : Caractère sexuel explicite de certaines scènes
Mineur(e)s et âmes sensibles se tenir à l'écart de cette fic.
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Remerciements : A Mistycal, ma bêta, qui poursuit encore et toujours cette très grande aventure avec moi…
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Résumé : Le destin a cruellement frappé Ron et Nally. Comment Harry et Severus vont-ils réagir ? Trouveront-ils la force de surmonter ce terrible coup du sort ? Ou l'espoir de sauver le Monde est-il anéanti ? Pas de Slash hp/dm
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Il est nécessaire d'avoir lu les quatre premiers volets de l'histoire pour comprendre l'intrigue et l'évolution des évènements et personnages.
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Réponse aux commentaires anonymes sur mon forum : - Aylanta – Lion - Yzeute - Huguette -
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Je renouvelle mes profonds remerciements à toutes celles et tous ceux qui m'ont laissé de chaleureux commentaires et messages d'encouragement ! Ce premier chapitre vous est dédié !
Je vous en souhaite une excellente lecture !
Bisous
Me-Violine
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Samedi 1er Mars 1996
Acte 1 : Enfer
Remus
Charly et son groupe poursuivent les quelques Mangemorts qui emmènent rapidement leur Maître, aussi inconscient que vaincu, hors de la zone Anti-Transplanage, tandis que Sev et moi courons vers Harry. Il s'est effondré à genoux dans la neige, épuisé par le très long et impressionnant Duel, qui vient de s'achever par KO…
Severus serre Harry dans ses bras, visiblement très fier de son fils qui a maîtrisé son terrible Combat de bout en bout. Je suis tout autant fier et je me dirige vers eux, sous les acclamations de joie et applaudissements des nôtres, qui affluent de tous côtés, pour féliciter Harry, quand Ralph me demande dans mes écouteurs, de prendre un appel d'Albus sur une autre fréquence…
« Albus ! Je suppose que vous savez déjà que Voldemort vient d'essuyer une nouvelle défaite ! » m'exclame-je, totalement euphorique, à peine mon réglage effectué…
Mais dans mes écouteurs, un soupir grave et profondément affecté m'alarme aussitôt…
« Que se passe-t-il ? » demande-je avec discrétion, m'éloignant à grands pas, du groupe qui entoure Harry…
Et toute euphorie envolée…
« J'ai une bien terrible nouvelle, Remus… Ronald et Nally sont morts… » répond Albus dans un souffle à demi étranglé…
Je me fige tout aussitôt, mon sang se retirant de mes membres pour aller former une boule douloureuse dans mon ventre. Je suis abasourdi, mes entrailles sont glacées et je tremble de la tête aux pieds…
« Je… Non, c'est impossible… Je… Jamais je ne pourrai leur dire ça…» murmure-je, mon regard fixé sur le Commando International joyeux, qui se presse autour de Harry et Sev…
« Vous n'aurez pas à le faire, Remus, j'arrive dans un instant. Tenez-vous seulement prêt à les soutenir l'un et l'autre… » répond Albus, sur un profond soupir…
« Et Charly ?… » demande-je avec précipitation, en réalisant que lui aussi est ici…
Et mon regard court partout, à la recherche de Charly, que j'ai perdu de vue depuis qu'il s'est engouffré dans la ruelle à la poursuite des Mangemorts et Voldemort…
« Ses amis Kenneth et Evan viennent de le raccompagner au Terrier. Et j'arrive tout de suite Remus… » répond Albus, avant de couper la communication…
J'acquiesce de la tête dans un automatisme. Je n'ose imaginer les réactions de Harry et Severus quand ils vont apprendre la mort de Ron et Nally…
Comment se fait-il qu'ils ne sachent pas déjà ? me demande-je soudainement. Ils auraient dû sentir le départ de leur Âme Sœur…
L'intensité de la Bataille, l'euphorie de la victoire peut-être ?
Ron, Nally… Il n'était pas pourtant pas question que Nally participe à un quelconque Combat. Que s'est-il donc passé ? Comment sont-ils morts ? me demande-je encore, le cœur terriblement serré et frissonnant longuement.
Mais je n'ai pas le temps de me questionner davantage, car Albus arrive déjà, sur un Balai. Et Sev, qui l'a vu venir se poser à mes côtés, vient aussitôt vers nous, entraînant Harry avec lui.
« Albus ! Harry a été magistral ! Prodigieux! Voldemort ne se relèvera pas de sitôt de ce cuisant échec ! Et désormais il redoutera Harry, autant qu'il vous redoute ! » s'exclame Sev, grand sourire et fierté paternelle accrochés sur son visage…
Mais l'air grave d'Albus l'alerte et aussitôt son sourire s'éteint, laissant place à une très vive inquiétude, tandis qu'il s'arrête à trois pas de nous…
« Qu'y a-t-il Albus ? » demande-t-il, le souffle suspendu …
Albus ferme un bref instant les yeux, tandis que je m'approche de Harry et de mon ami, m'apprêtant à retenir le premier des deux qui va s'effondrer.
« Ronald et Nally sont morts… » souffle Albus, d'un ton infiniment triste
Sev vacille douloureusement et sa main s'accroche dans une poigne désespérée, au bras que j'ai vivement avancé vers lui. Harry, quant à lui, ne réagit absolument pas. On dirait qu'il n'a tout simplement pas entendu ce qu'Albus vient d'annoncer…
« Non… Non… C'est impossible… » murmure Sev, hochant négativement la tête et s'accrochant maintenant autant à Harry, qu'il s'accroche à moi…
« Je suis terriblement désolé, Severus… » souffle Albus, tandis que la rumeur de cette terrible nouvelle se répand autour de nous, plombant considérablement l'atmosphère...
Ron et Nally sont connus et appréciés de tous. Nombreux sont consternés et toute la joie de notre victoire s'est envolée…
« Quand ? Où ? Comment ? » demande Severus, d'une voix blanche et étranglée, murmurant à peine, une larme glissant sur sa joue, tandis que tous les autres s'éloignent discrètement de nous…
J'imagine qu'ils vont commenter cette consternante nouvelle, par petits groupes…
A nos côtés, Harry fronce à peine les sourcils et, alors qu'Albus allait répondre, il prend Severus dans ses bras, le serrant très fort contre lui…
« Je n'y crois pas. Ce n'est pas vrai. C'est absolument impossible, Papa. Ron et Maman vont très bien. J'en suis sûr. Ron est toujours avec moi. Je le sens. Il est très calme, il se repose et il va bien… » murmure-t-il, avec fermeté, tandis que je frissonne de la tête au pied…
Severus le fixe et il hoche la tête négativement…
« Je ne sens plus Nally. Cela fait un moment déjà que je ne la sens plus… Je pensais… Je pensais qu'elle s'était retirée pour se concentrer sur le Chemin de Traverse, mais… Je ne la sens plus, Harry… Elle est partie… » souffle-t-il d'un ton étranglé, terriblement noué par sa souffrance, ses mains crispées sur les manches du blouson de Harry, auquel il s'accroche avec fermeté…
« Non… Ils ne sont pas morts ! Je te dis que c'est impossible, Papa ! » s'exclame Harry dans un chuchotement, avant de se tourner vers Albus pour ajouter : « La personne qui vous a affirmé cela, se trompe ou a menti, Albus… »
Son ton est ferme, presque dur. Désapprobateur en tout cas, comme son regard…
« Je suis désolé, Harry. Mais il n'y a aucune erreur possible, ni mensonge. Hermione les a vus mourir il y a une demi-heure maintenant, dans la Salle de la Mort au Ministère. » répond Albus, avec une infinie précaution et le regard profondément douloureux...
Mon cœur est aussitôt étroitement étreint dans un étau impitoyable et j'adresse une prière muette à Merlin. Pourvu que… J'espère que… Non, il ne faut pas que cela se soit passé ainsi… Je vous en prie Merlin… Pas comme Sirius, non. Pas comme Sirius…
« Les avez-vous vus, Albus ? Avez-vous vu leur corps ? Non. Parce qu'il n'y en a pas n'est-ce pas ? Encore une fois ! » s'exclame Harry, tandis que mon inquiétude pour lui grandit…
Je ne m'attendais certainement pas à cette négation si déterminée de la part de Harry. Et je réitère ma prière muette à Merlin. Car une absence de corps, pourrait conforter Harry dans sa négation, dans son refus obstiné de croire à la mort de Ron.
« Non, il n'y a pas de corps. Ils ont été projetés dans l'Arcade de la Mort… » répond Albus, son regard infiniment triste ancré dans celui de Harry, tandis qu'un long frisson me parcourt l'échine…
Merlin non ! Comme Sirius ! Ron et Nally ont été tués comme Sirius ! Cela m'angoisse terriblement… Car Harry est capable de se précipiter au Ministère et se jeter dans l'Arcade de la Mort, dans l'espoir de pouvoir ramener Ron…
Je me tiens donc prêt maintenant à le retenir à toutes forces…
Mais Harry ne bouge pas.
« Où est Hermione ? » demande-t-il, en serrant Severus contre lui, dans un geste protecteur
« Hermione est encore au Ministère.… » répond Albus, qui s'approche de Harry pour lui presser fermement l'épaule, avant d'ajouter d'une voix très douce : « Harry, je suis si terriblement désolé, mon garçon et j'aimerai tant que tu aies raison. Mais nous devons tous accepter cette horrible réalité. Nally et Ronald sont morts et nous ne pouvons rien faire contre cela… »
« Il a raison, Harry… Il faut se résoudre, mon fils… » l'appuie Severus, la voix emplie de larmes et le regard à demi absent, au-delà d'une douleur profonde et torturée…
Mais Harry hoche de nouveau négativement la tête, une détermination farouche dans les yeux…
« Ils ne sont pas morts ! Rien ni personne ne pourra m'en convaincre, Albus ! Pas cette fois, non ! » déclare-t-il avec fermeté, s'écartant de Severus pour ancrer son regard dans le sien, avant d'insister : « Il ne faut pas y croire, Papa. Maman et Ron ne sont pas morts ! Fais-moi confiance, je t'en prie ! Il faut aller les chercher ! Ils ont sûrement besoin d'aide pour revenir ! Mais ils ne sont pas morts, j'en suis certain ! Je peux…»
« Plus tu nieras et plus cela te sera douloureux, Harry… » l'interrompt Severus dans un souffle, des pleurs coulant sur sa joue, les yeux fermés et serrant de nouveau Harry contre lui, le tenant fermement par la nuque…
Harry ferme à son tour les yeux sur un soupir, hochant toujours négativement la tête. Puis il se détache de Sev et capte de nouveau son regard…
« C'est toi qui te fais inutilement du mal, Papa. Je te promets que j'ai raison. Je sais ce que je dis, je t'assure. Et je peux… » insiste-t-il, avec supplique, avant que Sev ne le coupe de nouveau…
« Harry… Je t'en prie, mon fils… Il faut te faire une raison. Ron et Nally nous ont quittés. Ils ne reviendront pas… » souffle-t-il, son front appuyé sur celui de Harry, le regard immensément douloureux…
« Je suis désolé que tu souffres ainsi alors que c'est inutile, Papa. J'en ai la preuve. Elle est là. Et rien, ni personne ne pourra jamais me convaincre du contraire. » répond Harry dans un murmure, en posant une main à plat sur son cœur. Puis il se détache complètement de Sev, reculant de quelques pas avant d'ajouter : « Je vais les retrouver. Où qu'ils soient je vais retrouver Ron et Maman et les ramener. Et cette fois, personne ne pourra m'empêcher de le faire… »
Mon sang se retire de nouveau brusquement et je me précipite vers lui, le cœur battant à tout rompre pour l'empêcher de partir. Mais une espèce de champ magnétique m'en empêche et Harry jette un Sortilège au-dessus de sa tête, Transplanant presque aussitôt, dans le coup de tonnerre de la Barrière Anti-Transplanage qui s'effondre…
J'amorce la manœuvre du Transplanage pour le suivre au Ministère, dans l'espoir de parvenir à l'empêcher de plonger tout droit dans l'Arcade de la Mort, mais Albus me retient fermement par le bras…
« Il ne pourra pas suivre Ronald et Nally dans l'Arcade car elle s'est effondrée… » déclare-t-il, sa voix infiniment triste murmurant à peine…
« Effondrée ? » demande-je, choqué une fois de plus…
« Oui. Elle ne tenait plus debout déjà que par miracle. Les Combats ont eu raison d'elle cette fois… » répond Albus sur un profond soupir…
« A moins qu'elle n'ait fini de remplir son office et avalé son quota de morts… » réagit Severus, sur un ton brusque et douloureux
Il vacille de nouveau. Son visage n'est que souffrance. Le Loup Garou qui brûle de pouvoir sortir bientôt, la sent monter en lui, avec une cruauté implacable. Elle ronge son cœur comme un acide rongeant l'acier.
Je n'ose imaginer ce qu'il peut ressentir. Son Âme Sœur est partie à jamais. Et son fils refuse d'accepter la réalité de la mort de sa mère adoptive et de Ron, son Âme Sœur… Quel coup terrible pour lui et pour Harry…
« Que s'est-il passé, Albus ? Pourquoi Nally et Ron étaient-ils là-bas au Ministère ? Qui les a tués ? » demande Severus, faisant visiblement de terribles efforts pour tenir debout.
Il a l'air complètement perdu, désorienté, anéanti…
« Ne restons pas ici, Severus. Venez dans mon bureau. Je répondrai à toutes vos questions là-bas… » répond Albus avec douceur, en le prenant par le bras.
Il tient dans la main gauche un rouleau de Parchemin qu'il lève devant nous. C'est un Portoloin bien sûr. Sev et moi posons un doigt dessus et un crochet nous tire aussitôt par le nombril, nous emmenant vivement dans le bureau d'Albus…
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Hermione
Pourquoi, Merlin ?
M'avoir enlevé Viktor n'était donc suffisant, pour que la Mort soit repue de ma douleur ?
Pourquoi est-elle aussi cruelle et impitoyable avec nous ?
Qu'avons-nous fait pour mériter ça ?
N'avez-vous donc pas pitié de tout ce que nous avons souffert déjà ? Ne sommes-nous donc que les pièces insignifiantes d'un jeu d'échec à vos yeux, pour que vous estimiez pouvoir nous laisser souffrir ainsi ? Peu vous importe-t-il que notre cœur soit mis en miette ? Que nous soyons irrémédiablement brisés, disloqués, broyés par les pièces adverses ?
Nous ne serions donc que des jouets placés entre des mains cruelles et sanguinaires, qui s'affrontent dans une ultime partie dont aucune pièce ne se relèvera ? Qui nous font inexorablement avancer vers la fin de notre Monde ?
Ai-je vu juste ?
Si c'est cela, alors nous arrivons au terme de la partie. Parce que tous nos espoirs de sauver notre Monde viennent de s'effondrer. En sacrifiant Ron et Nally, c'est Harry qui a été tué. Jamais il ne pourra surmonter ces morts horribles…
Jamais il ne pourra s'en relever…
Et notre Monde va basculer dans les Ténèbres et s'effondrer à jamais, comme cette Arcade maudite, qui vient de dévorer Ron et Nally…
Qui va dévorer le cœur et la raison de Harry…
Ceux de Severus aussi…
De tous les Weasley…
Et les miens…
« Hermione, venez, mon petit, ne restez pas ici… » murmure Amos Diggory, pour la quatrième fois au moins ces dernières dix minutes
« Non… Non je ne partirai pas d'ici… Laissez-moi seule, s'il vous plait. Emmenez les prisonniers et les cadavres si vous le voulez, mais moi je reste ici… » réponds-je, mon regard douloureux de larmes fixé sur les pierres de l'Arcade effondrée…
Elle est brisée. Désormais inactive et privé de toute Magie. Et c'est pour moi, le signe de notre fin à tous…
Nous allons tous mourir et notre Monde aussi…
Alors autant que je reste ici…
Et que j'y meurs de chagrin…
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Remus
J'incite Sev à s'assoir sur un fauteuil, tandis qu'Albus nous sert immédiatement un thé, mettant lui-même une tasse entre les mains de mon ami, qui la prend d'un geste mécanique…
Il ne boit pas cependant. Il garde la tasse entre ses mains glacées, son regard hagard de chagrin fixé sur le thé ambré.
« Dites-moi tout ce que vous savez, maintenant, Albus. Pourquoi sont-ils allés là-bas ?… » demande-t-il, avant de relever les yeux sur Albus, qui vient de prendre place face à lui…
Ses yeux sont creusés, cernés. Ses joues sont haves. Il commence déjà à dépérir sur son amour perdu à jamais…
« Ronald a fini par établir le lien entre tous les éléments de réponses dont nous disposions et il a conclu que la Mission de Dolohov était de voler l'Arcade de la Mort. Dolohov n'étant pas encore parvenu au Ministère, il a été décidé de contrecarrer ce projet, en allant la déplacer. Et comme seuls Hermione et Ronald étaient disponibles à ce moment-là et qu'il fallait faire très vite, Nally a décidé de les accompagner. Ils ne sont cependant pas arrivés à temps, pour prendre les devants et ils ont dû faire face, à plus d'une vingtaine de Mangemorts, avant qu'Amos et son groupe n'aient eu le temps de les rejoindre. » explique Albus, sur un profond soupir, tandis que je me sens blêmir autant que Severus…
« C'était de la folie… Pourquoi n'ont-ils pas laissé Dolohov emporter l'Arcade ? » murmure-je, dans l'incompréhension totale de cette décision…
« Ils ont craint ce que pourrait faire Voldemort avec cette Arcade. Qu'il finisse par envoyer dedans des innocents, des enfants, dans l'espoir d'obtenir le puissant Artefact qu'il pense trouver derrière le voile… » soupire encore Albus
Oui… Bien sûr… Ils ont eu raison…
Voldemort aurait d'abord envoyé des Mangemorts. Mais ne les voyant pas revenir, sa folie l'aurait amené à conclure que seuls des innocents, des enfants purs et vierges pourraient parcourir le Chemin des Âmes et revenir en vie, pour lui remettre l'Artefact qu'ils seraient allés chercher pour lui…
Ou peut-être les aurait-il offerts en sacrifice, dans des rituels horribles…
« C'est ce qui aurait fini par se passer, oui… » murmure Severus, après quelques secondes de silence, avant de lever de nouveau son regard si profondément douloureux sur Albus, pour lui demander de rapporter ce qu'il sait encore de la mort de Nally et Ron…
« Nally, Ronald et Hermione se sont battus avec courage, en usant de toutes leurs ressources Magiques et Moldues. Et alors qu'Amos allait bientôt arriver avec son groupe, Nally a annoncé que tout était terminé et qu'il n'était plus besoin qu'ils courent. Moins d'une minute plus tard cependant, elle-même et Ronald ont été projetés dans l'Arcade de la Mort par un Expulsio… » explique Albus, avec douceur…
Encore une fois tous mes poils se redressent.
C'était la pire chose qui pouvait arriver. Une Bataille que l'on pense gagnée et pourtant le destin en décide autrement et vous ôte la vie…
« Comment est-ce possible ? Si Nally avait annoncé à Amos que c'était terminé, c'est que ça l'était ! Un fuyard serait-il revenu sur ses pas ? » demande-je, dans un souffle…
« Je l'ignore, Remus. Hermione n'était pas en état de répondre très clairement à Amos… » révèle Albus, tandis que je frissonne…
Hermione… Merlin, ce doit être terrible pour elle aussi. Elle doit s'en vouloir horriblement de n'avoir pu empêcher la mort de Ron et Nally…
« Qui a fait ça ? Le sait-on ? » questionne Severus, une larme glissant de nouveau sur sa joue…
Mais son ton et la lueur dans ses yeux ne trompent pas. Qui que soit celui ou celle qui a fait ça, va le payer de sa vie. Il va s'en charger personnellement, avant de se laisser aller à son chagrin et vers la mort…
Car il va mourir. Il ne survivra pas à son profond amour. Une Âme Sœur ne survit jamais longtemps à son amour défunt…
Et je vais encore perdre un ami. Et Harry aussi assurément. Malgré sa négation, il ne pourra survivre à Ron bien longtemps. Ils sont trop profondément liés…
« Pansy Parkinson. Hermione l'a tuée… » répond Albus, son regard fixé sur Severus, dont la bouche se crispe…
Il ne fait aucun commentaire. Mais je devine qu'il regrette profondément de ne plus pouvoir tuer lui-même celle qui lui a enlevé sa raison de vivre. Son regard se perd dans le vide, durant quelques minutes, ne réagissant même pas, quand le Miroir d'Albus vibre sur le bureau…
C'est Amos. Il nous signale que Harry vient de passer au Ministère mais qu'il est presque aussitôt reparti, il ne sait où. Il hésite un bref instant, avant de préciser qu'il est très inquiet, par la réaction de Harry, qui ne veut pas croire à la mort de Ron et Nally. Et qu'Hermione ne veut toujours pas quitter la Salle de la Mort…
« Laissez-là pleurer encore sur les pierres de l'Arcade effondrée, Amos. J'enverrai quelqu'un la chercher tout à l'heure… » répond Albus, avant de couper la communication…
« Je dois retrouver Harry. Il faut qu'il entende raison. Et je ne veux pas qu'il soit seul lorsqu'il réalisera que Ron ne reviendra jamais… » déclare alors Severus, avant de se lever avec lenteur, mal assuré sur ses jambes…
Albus propose d'appeler le Terrier pour demander s'il est là-bas et je me charge moi-même de le faire aussitôt. C'est Arthur qui s'approche de l'âtre. Il est lui aussi d'une pâleur exsangue et son regard est si douloureux qu'il me bouleverse profondément…
Molly et lui pourront-ils se remettre de la mort de Ron, qui intervient si peu de temps après celle de Percy ? Molly risque fort d'en mourir de chagrin ou de devenir folle, me souffle mon cœur, tandis qu'Arthur répond que Harry n'est pas au Terrier. Il explique cependant qu'il est passé il y a quelques minutes, affirmant qu'il ne fallait pas s'inquiéter, que Ron et Nally ne sont pas morts, qu'ils vont bientôt revenir, qu'il va les retrouver et les ramener à la maison. Et il est parti tout aussitôt, sans que personne ne puisse le retenir…
Et une nouvelle fois, l'angoisse m'étreint lourdement. Elle me serre impitoyablement le cœur et les poumons…
Mes cheveux sont hérissés sur ma tête. Harry refuse toujours la vérité. C'est beaucoup trop dur pour lui d'accepter que son Âme Sœur ne soit plus. Et j'espère de tout cœur qu'il ne va pas s'enfoncer plus loin dans cette négation qui pourrait l'anéantir plus sûrement encore que la vérité…
Harry va devenir fou, me dis-je. Sa raison va le quitter…
Et presque au même moment, le Miroir vibre encore…
C'est Draco. Il nous apprend que Harry l'a appelé il y a un instant. Il lui a dit que tout allait bien et qu'il ne fallait pas s'inquiéter pour lui. Il lui dit de demander à Albus de confier au Ministre Clovignac, la responsabilité de mener la Réunion prévue cet après-midi afin d'améliorer les délais de déplacement des Commandos Internationaux. Draco n'a pas eu le temps de parler à Harry, de lui demander où il est. Et bien sûr cela l'alarme terriblement.
« Il doit être dans sa chambre… » souffle Severus, se dirigeant aussitôt vers les Passages Internes, refusant fermement que je l'accompagne.
Cependant, trois-quarts d'heure plus tard, durant lesquels Albus et moi restons quasiment silencieux, Sev revient pour nous apprendre qu'il ne trouve pas Harry. Qu'il n'est pas à Poudlard…
Albus fronce les sourcils…
« Avez-vous demandé à Dobby de le chercher ? » demande-t-il, visiblement tout aussi inquiet que Severus et moi-même…
« Non. Je n'y ai pas pensé… » répond Sev, avant d'appeler le petit Roi des Elfes…
« Non, professeur Severus, Monsieur. Dobby ne peut pas dire où se trouve son Ami, Harry Potter Monsieur. Dobby ne peut pas vous aider à le trouver. Son Ami Harry Potter a demandé à Dobby de ne pas le faire. Et Dobby ne le trahira pas. » affirme le petit Roi des Elfes, avec fermeté, avant de partir tout aussitôt…
Je tique vivement, très alarmé. Et mon regard inquiet croise celui d'Albus et Severus. Il semble que Harry ait décidé de disparaitre sans laisser de trace. Et ce n'est pas bon du tout. C'est horriblement inquiétant…
Le Miroir vibre pour la troisième fois. C'est King. Il doit boucler le Département des Mystères et Hermione s'y trouve toujours. Elle refuse de partir et il demande s'il doit l'endormir et où l'emmener…
« Je vais y aller, elle saura peut-être où Harry avait l'intention de se rendre. Et si elle ne sait pas, elle aura peut-être une idée de l'endroit où il s'est réfugié… » réagit tout aussitôt Severus…
Il se dirige vers la Cheminée, refusant une fois de plus que j'aille avec lui au Ministère, mais Albus le retient, en posant sa main sur son épaule…
« Avant que vous ne partiez là-bas, Severus, autant que vous sachiez que Lucius a été libéré. Greyback a dû sentir l'odeur de Nally, Ron et Hermione. Il a bondi en avant et Dolohov comprenant que sa Mission était sans doute compromise, a détaché cinq des Mangemorts de son groupe, afin qu'ils aillent libérer les prisonniers. Les quatre Aurors en faction, des jeunes novices, ont rapidement été tués et tous les prisonniers étaient déjà partis, quand leur collègues alertés par l'alarme, sont arrivés sur place… »
Le visage douloureux de Severus se durcit brièvement…
« Je vais chercher Hermione. Je l'amènerai au Terrier. Elle ne doit pas rester seule cette nuit et sa place est parmi les Weasley. Moi, je dois trouver Harry… » déclare-t-il, avant de sauter dans la Cheminée…
Je n'ose encore une fois imaginer sa douleur. Son terrible chagrin. Ce qu'il doit ressentir à l'idée que l'un des deux plus monstrueux salopards de ce monde est libre, alors que Nally est morte. Et que la raison de son fils est en train de sérieusement vaciller…
Merlin…
C'est une telle injustice…
Et ce doit être l'Enfer pour lui…
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Hermione
Je sanglote toujours, à genou sur le sol, ma gorge déchirée, mes mains serrées sur ma poitrine brûlante…
Elle est trop étroite, pour contenir toute ma douleur. Et ma tête va exploser de larmes…
Je ne peux cesser de pleurer. Je n'arrive pas à partir d'ici. J'y suis depuis des heures et des heures me semble-t-il. Me sentant si seule, horriblement glacée. Mais je ne peux pas partir. Il faut que je reste dans cette salle maudite, parmi les décombres de cette Arcade qui m'a arraché le cœur. Qui a pris mon frère et Nally…
Une main chaude sur mon épaule. Quelqu'un s'agenouille auprès de moi. Je lève mes yeux troublés de larmes vers cette personne et je m'effondre contre sa poitrine, la serrant très fort contre moi…
« Pardon. Je n'ai rien pu faire. Pardon, s'il te plait, pardon, Severus… » murmure-je dans mes larmes et mes sanglots…
« Hermione… » souffle-t-il dans mes cheveux, la voix nouée, me caressant le dos…
Il me berce. Me caresse doucement les cheveux.
Il me console, quand c'est moi qui devrais le consoler…
« J'ai essayé de les retenir. J'ai tendu le bras. Mais ils étaient partis déjà. Pardonne-moi, s'il te plait, pardonne-moi…» hoquète-je, le ventre tordu, mes mains crispées sur sa cape, à déchirer le tissu…
Il me détache de lui, me prend les deux bras et les serre avec chaleur. Il me demande de le regarder.
Il est si pâle que sa peau est translucide. Le chagrin creuse ses traits. Noircit des cernes sous ses yeux infiniment tristes. Son Âme Sœur est partie. Elle l'a quitté pour toujours. Et sa douleur dévore déjà ses chairs…
« Hermione. Où est Harry ? Sais-tu où il est allé ? Où il peut se cacher ? » demande-t-il, dans un souffle douloureux…
Je hoche négativement la tête en reniflant…
« Non… Il a… Il a juste dit que ce n'est pas vrai… Que Ron n'est pas mort. Nally non plus. Qu'ils vont bientôt revenir. Et il est parti… » explique-je, en essuyant mon visage de ma manche…
Et je sanglote à nouveau. Le souvenir de Harry, refusant de toutes ses forces et de tout son amour, de croire à la mort de Ron et de Nally tournant en boucle dans mon cerveau.
« Non, Hermione. Tu te trompes, ma Douce. Ron n'est pas mort. Ni Maman non plus. Ils vont revenir. Ils vont trouver le moyen de le faire, ou c'est nous qui irons les chercher où qu'ils soient. Nous finirons par trouver le moyen de savoir où c'est et de les ramener, je te l'assure. Ils vont revenir très bientôt. Aie confiance, Hermione, je sais ce que je dis. Alors ne pleure pas, ma Douce. Tout va bien… » souffle Harry devant mes yeux, ses mains chaudes sur mes joues..
Son regard est si confiant, sur son visage marqué par le dur Combat qu'il a mené contre Voldemort. Il ne veut pas croire, il ne veut pas entendre la vérité. Il insiste. Je ne dois pas pleurer. Je dois lui faire confiance. Ron est avec lui, il le sent dans son cœur. Sa présence est vivace. Tout va bien se passer. Ils vont revenir bientôt…
C'est trop dur pour lui d'accepter que son Âme Sœur n'est plus. Il se réfugie dans un espoir vain. Ce qu'il ressent, c'est son propre amour. Et le souvenir de celui de Ron…
Combien de fois ai-je imaginé moi aussi, que je sentais le souffle de Viktor sur ma peau, la chaleur de ses mains sur moi ? Combien de fois ai-je sursauté en croyant l'entendre m'appeler alors que je m'enfonçais doucement dans le sommeil ?
Je croyais le voir respirer, tandis que je veillais son corps privé de vie…
Harry refuse tellement de croire à la mort de Ron, que je suis sûr qu'il sent encore sa chaleur en lui. Et je redoute le moment où il prendra conscience de la réalité. Il va ressentir si cruellement sa perte !
Severus me serre à nouveau contre lui. Sa douleur me transperce le cœur. Elle m'étouffe…
« Pardon… » souffle-je encore contre son cou…
« Je n'ai rien à te pardonner Hermione. Tu ne pouvais rien faire contre ça… Rien… » assure-t-il, dans un murmure, avant d'ajouter : « Viens. Il faut retrouver Harry… »
Il se trompe. J'aurais pu faire quelque chose que je n'ai pas fait. Et je me sens si coupable. Malade de remords. Plombée de regrets qui me hanteront à jamais…
J'ai oublié d'endormir Parkinson. Son corps avait valsé quelque part dans les gradins et je l'ai perdue de vue. Je l'ai oubliée, à la fin de notre Combat, quand nous avons endormi les quelques autres Mangemorts encore vivants. J'aurai dû la tuer au lieu de me contenter de la Stupefixer. Je ne l'ai pas fait. Et je vivrai le reste de ma vie avec ce regret si profond, si amer… Si douloureux…
« Je… Non… Je dois rester ici… » refuse-je, mon regard glissant sur les pierres de l'Arcade brisée
Elles ont enlevé pour toujours mon frère de cœur et Nally…
« Hermione, non. Viens avec moi… » insiste Severus, en essayant de me mettre debout…
Mais je résiste, je ne veux pas…
« Il faut que je reste… Je… » commence-je, m'interrompant car je ne sais expliquer mon obstination…
Je ne sais pas réellement pourquoi je le veux, mais je veux rester ici. Mes yeux glissent encore une fois sur les pierres. Elles ont l'air aussi glacées et mortes que des tombes. Elles sont la tombe de Ron et de Nally, que nous ne pourrons jamais enterrer, me souffle une petite voix dans ma tête. Jamais nous ne pourrons nous recueillir sur leur dernière demeure.…
Une angoisse m'étreint sourdement. Je sais maintenant ce qui me retient ici…
Et je relève les yeux vers Severus…
« Je dois les garder. Je dois empêcher qu'on les jette, maintenant qu'elles sont inutiles et qu'on ne peut plus étudier le mécanisme de l'Arcade. Elle est brisée. Les Langues-de-plomb vont s'en débarrasser et ce sera… Ce sera comme s'ils jetaient Ron et Nally… » explique-je, les larmes coulant de nouveau à flot sur mes joues…
« Ils ne les jetteront pas. Elles vont rester ici, Hermione. Le Département des Mystères va être fermé durant quelques jours. Et Arthur ne laissera personne toucher à ces pierres, je te le promets. Nous reviendrons les chercher et nous les mettrons chez Nally… » répond Severus, d'une voix douce…
Comment peut-il être aussi patient et prendre ainsi soin de moi, quand son cœur n'est que peine et douleur…
Il m'aide à me lever et je m'appuie sur lui. Je suis à genoux sur le sol depuis si longtemps que mes articulations douloureuses, ne répondent pas. Severus me laisse le temps nécessaire pour les dérouiller, avant de m'entraîner doucement vers la sortie la plus proche. Mais je m'arrête devant les gradins. Le souvenir de Pansy Parkinson qui s'écrase contre eux envahit ma mémoire. Elle se fracasse encore et encore dessus…
La culpabilité m'étouffe…
« C'est ma faute, Severus. C'est ma faute s'ils sont morts… » avoue-je, en serrant très fort son bras, tournant mon visage vers lui avant d'ajouter : « J'aurais dû la tuer tout de suite. J'aurais dû obéir à Nally. Elle nous avait dit de ne pas faire de quartier. Ils seraient vivants si je l'avais tuée tout de suite… »
Et j'éclate une fois de plus en sanglot…
Severus m'entoure de son bras, m'étreint avec douceur et chaleur…
« Non, Hermione. Ne dis pas cela. Tu ne dois rien te reprocher. Vous n'étiez que trois. Ils étaient plus de vingt. Tu as fait ce que tu as pu. Et tu l'as bien fait. Tu n'as aucun reproche à te faire tu m'entends. Aucun. Si toi tu te fais des reproches, alors nous devons tous nous en faire. Moi le premier. J'ai décidé d'aller à Godric's Hollow avec Remus, sans passer par la Base d'abord, comme j'aurais dû le faire. Sûrement alors aurions-nous décidé tous les deux de rester avec vous, en apprenant que le groupe de Ron avait dû partir en renfort sur le Chemin de Traverse. Alors non, Hermione, non. Pas de reproches, s'il te plait. Nous éprouvons bien assez de chagrin et de souffrance comme ça… » murmure Severus, en m'entraînant doucement vers la sortie
J'hésite encore avant de partir, jetant un coup d'œil par-dessus mon épaule.
Et dans ma tête, j'entends la voix de Nally…
Et j'étouffe un sanglot…
Pourrais-je un jour révéler à qui que ce soit ce qu'elle a dit et que je redoute tellement avoir compris ?
Ce que je sais être maintenant avec une horrible certitude…
Non….
Jamais…
Jamais je ne pourrai faire autant de mal à Harry, à Severus et aux Weasley…
Jamais je ne pourrai leur dire que Ron et Nally ont sûrement été expulsés en Enfer…
Je garderai ce chagrin pour moi…
Et il m'étouffera à jamais…
OoOoOoO
Draco
Le silence de l'annexe m'écrase.
Il m'oppresse la poitrine autant que le chagrin que j'éprouve dans mon cœur…
Ron et Tatie morts…
Je n'arrive pas à y croire…
Je ne veux pas y penser…
Je ne peux penser qu'à ça…
A mon frère et à Pa aussi…
Je n'ose imaginer leur souffrance…
Je l'imagine trop bien…Et je souffre pour eux. De tout mon cœur. De toute mon Âme.
Pourront-ils survivre à ça ? Pourront-ils vivre sans leur amour, sans leur Âme Sœur ?
J'ai bien peur que non. Leurs cœurs étaient bien trop étroitement liés. Ils respiraient dans un même souffle.
Je frissonne et je me serre davantage contre Théo.
Nous nous sommes étreints dès le départ de Ginny et nous ne nous sommes pas séparés depuis. Assis sur l'un des lits de l'annexe…
Nev et Blaise nous font face. La nouvelle est aussi tombée sur eux comme une chape de plomb d'au moins cent kilos et ils ne bougent pas d'un poil.
Harry, où es-tu ?
Je voudrais pouvoir te serrer dans mes bras, mon frère. Je voudrais pouvoir te dire toute la peine que j'éprouve pour toi. Toute mon inquiétude…
Te soutenir dans cette épouvantable épreuve…
Te dire que je serai toujours là si tu as besoin d'exprimer ta douleur. De parler de Ron. Ou tout simplement que je te prenne dans mes bras pour que tu puisses pleurer sur mon épaule…
Je voudrais pouvoir te supplier de ne pas te laisser mourir pour le rejoindre. De ne pas te laisser dépérir.
Mais pour que je puisse te dire tout ça, il faudrait que je sache où tu es mon frère.
Alors dis-moi, où es-tu Harry ?
Où es-tu, mon frère ?
OoOoOoO
Severus
Hermione tremble et pleure toujours contre moi, tandis que nous sortons du Département des Mystères. Je sens sa peine se mêler à la mienne…
Elle souffre presque autant que moi…
Nally…
Je n'arrive pas à réaliser qu'elle est partie. Qu'elle m'a cette fois quitté à jamais et que je ne pourrai la rejoindre que dans la mort…
Je l'ai à peine sentie partir. Cela ne m'a rien fait de plus que lorsqu'elle s'en allait sans moi dans le Temps Ralenti ou qu'elle se centrait totalement sur elle-même, dans ses réflexions. Alors je ne me suis pas inquiété. Je n'avais aucune raison de m'en faire. Nally était dans la Base, au Village des Elfes. C'était normal que je ne la sente pas. Elle était concentrée sur les Stratégies de Défense…
Alors j'ai gardé ma concentration sur le Duel de Harry et Voldemort, sur mon Combat contre ce chien galeux de Bojan Xepa…
Mais maintenant, je ressens de plus en plus le vide immense de son absence. Si large et profond que rien ne pourra jamais le combler. Il m'aspire si fort vers lui, que je me demande comment je fais pour rester debout encore, pour ne pas tomber dedans et glisser vers la mort qui m'attend au fond. Qui me tend les bras et m'invite à la rejoindre dès maintenant…
Je ne pourrai pas survivre à Nally. Je l'ai toujours su. Sans elle, je vais dépérir et disparaître petit à petit. Lentement. Dans une douleur insoutenable. Intolérable. Infernale.
Nous passons devant King. Son regard chavire sur sa peine. Il attendait que nous sortions pour faire boucler le secteur et placer des Aurors en garde.
Ils sont en deuil eux aussi.
Quatre des leurs sont morts au Ministère ce soir. Des novices encore, que King avait laissés ici où il les pensait en sûreté. Et ils ont été tués par les Mangemorts qui ont libéré les prisonniers, pendant que Nally se faisait assassiner…
Lucius est libre...
Il respire, alors que ma Nally est morte. Et Ron aussi…
King m'a dit lorsque je suis arrivé, que le Passage Secret a été trouvé. Et condamné. Chamber ne sera pas inquiété. Il était sous Impérium et sa volonté avait été brisée. Soumise. Il passera néanmoins sa nuit dans une cellule du Quartier des Aurors et dans la journée son cerveau sera passé au peigne fin...
Albus le fouillera…
Nous prenons l'ascenseur jusqu'au dernier étage. Nous allons passer par l'entrée privée du Ministre. Direction le Terrier…
Le rez-de-chaussée de la maison est seul illuminé d'une lumière tamisée. Le Terrier est en deuil, une fois de plus. J'ai un instant d'hésitation au moment de passer la barrière. Je redoute de croiser les regards des Weasley…
De Molly surtout…
Nous n'avons pas su protéger son fils, alors que Luna avait vu sa mort venir…
Je me secoue. Je m'admoneste intérieurement. Je ne dois pas être lâche. Ce n'est pas le moment. Ce ne serait faire honneur ni à Ron, ni à Nally…
Nally. Ma douce moitié. Mon Âme Sœur.
Ma vie…
Elle est morte et mon cœur aspire à la rejoindre…
J'ouvre la porte. Hermione tremble davantage contre moi. L'atmosphère est lourde. Plombée de silence et de chagrin. La porte du salon est ouverte et je la franchis, embrassant du regard la pièce…
Ils sont tous là, tous les Weasley, encore en tenue de Combat, sales et échevelés, tout comme je le suis aussi. Même Ginny est là. On est bien sûr allé la chercher à Poudlard. La douleur est épaisse, silencieuse et déchirante. Molly, assise sur le sofa, aux côtés d'Arthur, se lève et se précipite vers nous…
Hermione lui tombe dans les bras. Sanglotant de nouveau.
Molly relève ses yeux vers elle, plonge profondément dedans.
« Harry est passé tout à l'heure, Hermione. Il m'a dit que Ron n'est pas mort et je le crois. Et tu dois le croire aussi. » déclare-t-elle, d'un ton ferme…
Arthur ferme les yeux et secoue doucement la tête de droite à gauche. Bill, appuyé contre le mur se détourne, les larmes aux yeux, il refugie ses pleurs dans le cou de Fleur qui l'étreint doucement de son amour. Charly quitte au contraire le réconfort des bras de Nadya pour aller s'appuyer sur le manteau de la Cheminée, le regard perdu dans les flammes du feu. Ginny éclate en sanglot dans les bras des jumeaux, qui ne cachent pas leur immense détresse…
« Je le crois, tu m'entends, Hermione ? Si Harry le dit, c'est que c'est vrai ! » insiste Molly, en regardant à la ronde d'un air réprobateur.
Et je comprends alors que les Weasley ne pleurent pas seulement Ron. Ils pleurent aussi la douleur de Molly et son refus d'accepter la réalité de la mort de son plus jeune fils…
Elle pourrait en devenir folle. Elle a tellement souffert déjà, de toutes les épreuves infligées à ses enfants, à son époux et de la mort de Percy…
Arthur se lève en silence. Il s'approche de son épouse et pose ses mains sur ses épaules…
« Molly… » dit-il, d'un ton doux, empli de sa douleur…
Molly se dégage, d'un mouvement brusque, lâchant Hermione que je ramène vers moi dans un réflexe, puis elle se tourne sur son mari, le regard déterminé.
« Non, Arthur ! Je ne t'écouterai pas ! Je ne veux pas que tu me persuades, tu m'entends ! Je crois Harry ! Et je veux continuer à le croire ! Il a dit que Ron est en vie ! Il ne sait pas où il se trouve mais il a dit que nous devons avoir confiance ! Que Ron et Nally vont trouver le moyen de revenir, où qu'ils soient ! Et que s'ils ne le font pas, nous, nous le ferons ! Et je ne veux pas que tu m'enlèves cette parcelle d'espoir ! Jamais, tu m'entends ! Jamais ! » s'écrie-t-elle, avant de quitter le salon, pour partir dans la cuisine…
Hermione se blottit contre moi. Ses larmes ne tarissent pas et elle pleure doucement. Arthur reste un instant bras ballants, tête basse, figé et l'air perdu. Puis il secoue une nouvelle fois la tête sur un soupir, lève son regard vers Hermione et moi. Il avance d'un pas et invite Hermione à venir contre lui.
Elle me lâche, se coule dans ses bras et il l'entraine doucement vers le sofa, où Ginny vient les rejoindre…
Des sueurs froides dégoulinent dans mon dos…
J'ai besoin de retrouver mon fils. Je dois le retrouver à tout prix. Mais j'ai peur aussi de le voir. De l'entendre. Qu'il exprime encore une fois les mêmes certitudes avec moi. Qu'il m'affirme que Ron et Nally ne sont pas morts…
Ils le sont. Il n'y aurait pas ce gouffre qui m'avale de l'intérieur si Nally était encore en vie…
Je m'approche du sofa…
« Hermione, as-tu la moindre idée d'où Harry peut-être allé ? Je l'ai cherché partout et je ne le trouve nulle part… » demande-je, dans un souffle…
Hermione effectue aussitôt un signe négatif de la tête…
De la détresse traverse son regard. Elle réfléchit…
« As-tu essayé la Salle sur Demande ? Il y allait parfois avec Ron, pour passer un moment tranquille, avant qu'ils n'emménagent dans la Salle Secrète de Godric Gryffondor… » dit-elle, dans un souffle, haché de hoquets douloureux…
« Oui. Draco m'a déjà suggéré de le faire. Il n'y est pas. Personne ne l'a vu à Poudlard. Ni au QG de Londres. Ni même au Village des Elfes. Et il a désactivé son Micro et ses Ecouteurs. Il a seulement appelé Draco avec son Miroir, pour lui dire qu'il ne fallait pas s'inquiéter pour lui. Que tout allait bien. Il a même pensé à dire qu'il fallait maintenir la Réunion de cet après-midi et de déléguer au Ministre Clovignac la responsabilité de l'animer. Puis il a disparu sans laisser de trace, demandant à Dobby de ne pas nous aider à le retrouver. Et il ne répond pas aux appels de Draco... » explique-je, mon regard s'évadant par la fenêtre du salon dans un pincement…
La nuit est toujours aussi claire dehors. Et je peux voir la Lune quasiment pleine me sourire…
La Lune…
Luna…
Elle a vu Ron se battre contre des Créatures affamées qui ressemblaient à des Gargouilles et contre lesquelles la Magie de Ron ne pouvait rien…
Nouvelles sueurs froides dans mon dos.
Je sais que Ron et Nally ont tué plusieurs de leurs ennemis avec une épée et que le Grizzly en a aussi tué quelques-uns. J'ai vu les corps alignés sur des Brancards, que King n'avait pas encore faits enlevés du Département des Mystères, pour les emmener à la morgue de Ste Mangouste.
Mais les hommes qu'ils ont tués n'étaient pas des Gargouilles. C'était pour la moitié d'entre eux des Loups Garous excités par l'approche de la pleine Lune. Et même si leurs visages portaient des cicatrices, qu'ils étaient dévorés par des rictus de rage et de haine, jamais Luna ne les auraient décrits comme des Gargouilles…
J'ai peur, terriblement peur de comprendre ce que cela signifie maintenant. Ce serait l'horreur absolue…
Et à ça je ne veux pas y croire. Ce serait trop ignoble. Trop insoutenable.
Mon regard revient sur Hermione. Elle a tué la meurtrière de Nally et de Ron.
Pansy Parkinson. Rien que la pensée de son nom soulève mon cœur si vide et déchiré par ma douleur, jusqu'au bord de mes lèvres…
J'aurais voulu la faire longuement souffrir avant de la tuer de mes propres mains, pour me l'avoir arraché…
J'aurais voulu voir la dernière lueur de vie s'éteindre dans ses yeux.
Je sais que cela ne m'aurait pas consolé. Ni ne m'aurait ramené mon amour, ma vie, ma tendre et douce Nally.
J'aurais eu besoin de la voir partir elle aussi, de la voir mourir pour réaliser pleinement sa mort. Car même si je la ressens profondément, je sais bien que quelque part au fond de moi, je la refuse, tout comme Harry refuse celle de Ron. C'est trop douloureux. Insoutenable. Insurmontable. Abominable…
Et c'est pour cela, que j'ai cette peur de voir Harry, d'entendre ses certitudes. Je serai trop tenté d'y croire moi aussi et de me réfugier tout comme Molly et lui, dans un espoir vain qui ne pourrait que me consumer jusqu'à la folie…
Et même si je sais que voir la mort de Nally et celle de sa meurtrière, ne pourra que renforcer ma douleur encore, c'est plus fort que moi. Je dois les voir mourir. Je dois voir Nally mourir…
« Il faut que je la vois, Hermione. S'il te plait, ne me refuse pas cela… » souffle-je, en prenant son visage entre mes mains, m'agenouillant devant elle pour mieux plonger mon regard dans le sien…
Des larmes brillent aussitôt dans ses yeux. Elle a compris ce que je veux. Elle ne veut pas. Tout cela est trop, beaucoup trop douloureux pour elle. Trop insupportable. Elle ouvre la bouche pour protester. Mais j'insiste. Elle ne veut pas. J'insiste encore et encore, la suppliant et elle finit par acquiescer, posant ses mains sur les miennes et fixant son regard dans le mien.
Elle m'ouvre son esprit, en toute confiance.
Les souvenirs défilent sans résistance…
La fin du cCmbat dans la Salle de la Mort. Des cadavres sur le sol et du sang. Nally, Ron et Hermione devant l'Arcade. Nally chuchote et mon sang se glace dans mes veines. Il se retire de toute ma personne. Mon cœur n'est plus qu'une coquille de noix vide et cruellement douloureuse. Nally est projetée en avant, elle entraine Ron qui s'est saisi de son bras dans un réflexe vif. Hermione hurle et tend le bras aussi pour les agripper, les retenir. Mais c'est trop tard. Sa main se referme sur le vide. Ils ont déjà disparu. L'Arcade les a avalés.
Indéniablement.
Irrémédiablement.
La voix de Pansy Parkinson. Son regard jubilatoire et cruel. Puis sa surprise et sa mort. Tuée à l'arme blanche…
Et l'Arcade qui s'effondre dans le hurlement douloureux d'Hermione…
Je me retire. Glacé et tremblant. Posant mon front sur celui d'Hermione…
J'ai vu Nally passer derrière le voile. J'ai vu l'Arcade s'effondrer. La certitude de sa mort et son horrible destin éternel me crucifient plus sûrement que mille tortures.
Ma douleur est trop immense. Mon cœur est mort déjà.
Nally et moi allons être séparés pour l'éternité. Mon amour, mon Âme Sœur est destinée à être torturée pour l'éternité en Enfer et je ne pourrai la rejoindre en empruntant le même chemin qu'elle…
C'est intolérable. Atroce. Inconcevable. Ignoble…
Je ne peux accepter ça…
Je veux nier cela de toutes mes forces, même si cela doit me consumer jusqu'à la folie…
Je veux conserver une étincelle d'espoir, aussi microscopique soit-elle, que je ne serai pas séparé pour l'éternité, de ma Nally, mon Âme Sœur, mon amour pour toujours et à jamais…
OoOoOoO
Neville
Depuis que la nouvelle de la mort de Ron et Nally nous a été annoncée par Arthur, venu chercher Ginny tout à l'heure, je n'arrête pas de penser à ce qu'Hermione a dit, il y a quelques temps, alors que nous étions dans le Temps Ralenti et qu'elle nous a exposé sa nouvelle philosophie…
Et ce qu'elle pensait des enjeux de cette guerre…
Si elle a raison, alors notre Monde est appelé à disparaitre. Car je ne vois pas comment Harry pourra se relever de la mort de Ron…
Et s'il ne se relève pas, Voldemort aura les coudées franches, pour nous faire à jamais sombrer dans les Ténèbres…
Je ne veux pas le croire…
Je refuse ça de toutes mes forces…
Je ne veux pas assister, impuissant, à l'effondrement de notre Monde…
Voir mourir un à un ceux que j'aime…
Je ne veux pas croire que nous avons surmonté tout ce que nous avons traversé pour en arriver là.
Nous n'avons rien fait pour mériter de vivre de telles souffrances, de telles douleurs, d'avoir tant sacrifié, sans obtenir la récompense des efforts et des sacrifices que nous avons faits, que nous sommes prêts à faire encore, pour que cela n'arrive pas…
Draco, Blaise, Théo, Ginny, Hermione, Ron et Harry ont affronté tellement d'épreuves déjà !
Harry, torturé, martyrisé dans les geôles de Voldemort. Il a déjà perdu ses parents, son Parrain et maintenant Ron son Âme Sœur et Tatie Nally, sa Maman de cœur…
Ron, horriblement blessé en allant l'aider, le soutenir de son amour, lors de Communions Magiques. Et il est mort aujourd'hui, comme son frère Percy…
Hermione, qui a perdu Viktor…
Ginny et Théo, torturés par Parkinson, blessés par Brandburgy…
Blaise, martyrisé par Marsden qui lui a aussi pris la vie d'Ursula. Puis terriblement blessés par les Ânes Bâtés ce dernier jeudi…
Draco, horriblement torturé également par Parkinson, puis par Lucius et qui aurait pu mourir de l'Internum Frigore Perniciosa …
Je n'ai pas souffert autant qu'eux encore, même si j'ai eu mon lot, moi aussi. La douleur de croiser le regard perdu, égaré, privé de raison et qui ne me reconnait pas, de mes parents. Chaque semaine durant toute mon enfance et à chaque période de vacances…
Qu'arrivera-t-il, lorsque ce sera mon tour de sacrifier ma chair et mon cœur ?
Et ma Luna ? Qu'aura-t-elle à souffrir de plus elle aussi, que ces horribles Visions qui lui annoncent des massacres ? Qui lui ont annoncé la mort de son père…
Que Ron allait avoir à se battre contre des Créatures ressemblant à des Gargouilles et que sa Magie ne pourrait rien contre elles…
Un frisson subit me secoue l'échine…
Des Gargouilles…
Dolohov et ses hommes n'ont certainement pas emmené avec eux des statues de Gargouilles auxquelles ils ont donné vie…
Je serre ma Luna, qui vient de me rejoindre, contre mon flanc…
Nous n'avons pas examiné les souvenirs de sa Vision. Nous n'en avons pas eu le temps…
Cela ne semblait pas utile, puisque Tatie Nally a décidé que Ron resterait avec elle dans la Base hier soir. Alors nous nous sommes dit que nous ferions cela quand tout serait fini…
Mes cheveux se dressent soudainement sur ma tête…
Je revois l'Arcade dans mes souvenirs, telle que je l'ai vue, lorsque nous sommes allés au Ministère en juin dernier. Je revois Sirius Black tomber dernière ce Voile ondulant sous l'air glacé qui environnait cette Arcade…
L'Arcade de la Mort…
C'était donc cela, qui attendait Ron …
C'est terrible.
Mais pourquoi dans ce cas, Luna a-t-elle vue des Gargouilles l'attaquer ?…
Je me souviens maintenant que selon les légendes, elles seraient les Gardiennes du Bien. Alors pourquoi des Gargouilles s'en prendraient-elle à Ron ? Il fait partie du Bien…
« Tu étais dans un endroit très sombre ! Des flammes dansaient autour de toi et des Créatures immondes te menaçaient ! Elles étaient une douzaine et avaient des épées ! Elles voulaient te découper en morceau et te dévorer ! » résonne dans ma tête, la voix étranglée de sanglots de ma Luna…
Je frissonne… Longuement, terriblement…
Mon sang se glace.
Je redoute soudainement que l'Arcade ne soit pas seulement une Porte qui mène vers la Mort.
Je redoute soudainement que les Créatures vues par Luna dans sa Vision, ne soient pas des Gargouilles mais des Démons et que l'Arcade soit en réalité une Porte qui accède directement en Enfer…
Mon cœur se gonfle d'une douleur épouvantable, d'un effroyable sentiment d'injustice…
Merlin !
Comment avez-vous pu laisser faire ça ?
Ron et Nally étaient bons ! Ils se battaient pour préserver le Monde, des Ténèbres !
Alors pourquoi avoir permis qu'ils basculent en Enfer ?
Comment avez-vous pu permettre une telle injustice ? C'est Voldemort qui aurait dû finir là-bas et y passer l'éternité !
Comment avez-vous pu laisser faire ça, immonde salaud !
Une bouffée de colère épouvantable me monte à la gorge et je me lève brusquement.
Il faut que je parte d'ici…
Il faut que j'aille exploser dehors, où je pourrais sans le vouloir tuer ma Luna et mes amis…
OoOoOoO
Blaise
Nev se lève brusquement et il sort en courant de l'annexe, ses Ondes Magiques tourbillonnant autour de lui et claquant la porte à peine l'a-t-il passée…
Je me rue aussitôt à sa suite, avec Luna, Draco et Théo…
Nev court comme un dératé dans le couloir et les armures tombent à son passage, les tableaux se soulèvent. Les plus lourds retombent en claquant violemment contre le mur, les plus légers s'envolent et vont se fracasser sur le sol et des statues. Certaines vitres se brisent…
Putain…
Qu'est-ce qui lui prend ?
Pourquoi tant de rage et de douleur soudaine ?
Nous aimions tous Tatie et Ron. Très fort. Et nous sommes effondrés par leur mort. En colère aussi, mais pourquoi cette réaction si violente soudainement ?
Nev dégringole maintenant les escaliers, descendant les marches quatre à quatre, au risque de se tuer dans une chute…
Les Grandes-Portes s'ouvrent avant même qu'il arrive en bas et il se rue dehors, sautant depuis le perron dans la neige, dans un bond prodigieux…
Il court encore durant quelques pas, puis il s'arrête, la tête renversée vers le ciel.
« POURQUOI, MERLIN ? POURQUOI IMMONDE SALAUD ! POURQUOI AVOIR LAISSÉ FAIRE ÇA ! S'IL FAUT QU'ON CRÈVE TOUS, ALORS QU'ON NOUS TUE TOUT DE SUITE ! MAIS PAS COMME ÇA ! TU N'AVAIS PAS LE DROIT DE LAISSER FAIRE ÇA BORDEL ! » s'écrie-t-il, balançant brusquement son poing gauche en l'air, pour libérer sa colère, dans un Sortilège qui fuse à pleine vitesse, explosant très loin au-dessus de nos têtes…
Puis il se laisse aller à genoux dans la neige, pleurant dans ses mains…
« Neville ! Mon Neville ! » s'exclame Luna, en se précipitant vers lui…
Et nous nous jetons à sa suite.
Nev sanglote. Il est éperdu de chagrin. Il s'accroche désespérément à Luna, la serrant si fort contre lui, que je crains qu'il finisse par la casser…
Nous le laissons pleurer. L'entourant nous aussi, en silence. Que pourrions-nous dire de toute façon, pour essayer de calmer sa peine ? Je me sens impuissant à le faire …
Nev s'accroche à Luna, mais aussi à nous maintenant. Son visage ruissèle de larmes. Les nôtres avec le sien. Je ne sais pas dire combien de temps nous restons comme ça, agenouillés dans la neige, pleurant sous le regard de la Lune souriante et des étoiles…
Je sais seulement que notre douleur est terrible et que nous la partageons tous.
Je crois que nous ne pleurons pas seulement la mort de Ron et de Tatie Nally. Je crois que nous pleurons sur tous nos morts. Que nous pleurons aussi la souffrance de Harry, qui a disparu purement et simplement depuis plusieurs heures déjà et pour lequel nous nous rongeons d'inquiétude.
J'ai terriblement peur pour ma part qu'il fasse une connerie. Qu'il finisse par aller tout seul défier Voldemort au Manoir Malfoy, quand le chagrin l'aura consumé et qu'il y laisse sa vie…
« Merlin n'avait pas le droit de laisser faire ça… Ce n'est pas juste, pas juste… » pleure encore Nev, dans le cou de Luna…
« Je sais, mon pote. C'est vrai que ce n'est pas juste, Ron et Tatie n'auraient pas dû mourir. Mais c'est comme ça. Nous ne pouvons rien faire que l'accepter. Allons, faut y aller mon pote. On ne peut pas rester comme ça, le cul assis dans la neige… » souffle Draco, le front posé sur l'épaule de Nev, avant d'amorcer un mouvement pour se relever…
Mais Nev le retient…
Il hoche négativement la tête, le visage brouillé de larmes…
« Si mon pote, il faut y aller. Nous sommes restés trop longtemps à ne rien faire, déjà. Il faut tâcher de trouver Harry… » insiste Draco et je me dis qu'il a raison, qu'on ne doit pas rester là, qu'il faut trouver Harry et je me décide à l'aider à relever Neville…
Mais Nev s'accroche à la main de Draco…
« Tu ne comprends pas. Ce qui n'est pas juste, Draco, au-delà de leur mort, c'est que Ron et Tatie sont en Enfer ! En Enfer, tu m'entends ! L'Arcade ! Ce n'est pas une Arcade de la Mort ! C'est une Porte de l'Enfer ! Et Ron doit maintenant se battre tout seul contre d'horribles Démons qui vont le faire souffrir des millions de tortures durant toute l'éternité ! Et Tatie aussi ! » s'exclame-t-il, tandis que tout mon sang se retire subitement de mon visage et de mes membres, pour aller se loger au creux de mon ventre, dans une bouffée d'angoisse qui m'étouffe…
« Qu'est-ce que tu racontes mon pote ? C'est quoi ce délire ? » demande Draco dans un chuchotement…
Il est exsangue lui aussi. Et son regard aussi angoissé que je le suis…
« Je ne délire pas Draco ! Les Créatures que Luna a vues dans sa Vision, ce n'était pas des Gargouilles ! Ce sont des Gardiennes du Bien ! Elles ne s'attaqueraient pas à Ron ! C'était des Démons ! » s'exclame encore Nev, tandis que cette fois, je me sens pétrifié, hébété d'horreur pure…
Non…
Non, c'est impossible… me dis-je…
Et pourtant tout prend sens dans ma tête …
Neville a raison. Les Gargouilles sont des Protectrices du Bien. Elles n'auraient donc aucune raison de menacer Ron. De vouloir le dévorer. Et je comprends la rage soudaine de mon ami, son sentiment exacerbé d'injustice…
Et putain de Bordel !
Il n'y a aucune Porte, qui permette même à un esprit de s'échapper de l'Enfer. Tatie nous l'a bien affirmé, lorsque nous avons découvert que Miho est une Médium…
Alors même si nous avions été tentés d'espérer que Harry avait raison de penser que Ron et Tatie sont encore en vie et qu'ils nous reviendront bientôt, ce que nous venons de réaliser, suffit à anéantir cet espoir à jamais…
Ron et Tatie Nally sont bel et bien morts…
Ils ne reviendront pas…
Nous ne les verrons plus jamais, pas même au Paradis…
Et si Harry vient à apprendre ça, il cessera de se battre et se laissera immédiatement mourir…
Alors ce sera la fin de notre Monde…
OoOoOoO
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