Tout d'abord je tiens à préciser que j'ai écris cette fanfic lorsque j'avais 14 ans (j'en ai 17) donc c'est possible que y'a des fois ça soit un peu nunuche. Mais aussi que "un long dimanche de fiançaille" n'était pas encore sorti au cinéma donc si y'a ressemblance: je n'y peut rien! Et cette fic est un peu dure mais réaliste mais je l'ai écrite car les guerres mondiales me passionaient et que j'ai gagné un concours qui m'avait fait partir en voyage dans le nord de la France visiter les lieux en lien avec ces guerres ainsi que des musées. Et c'est lors de ce voyage que cette fanfic m'est venu à l'esprit.

Une étoile dans l'obscurité

Nous sommes en 1917, en pleine guerre mondiale. La moitié de la population avait été mobilisée pour attaquer l'ennemi, peu d'hommes revenaient vivants des fronts.

Notre histoire commence dans un camp où étaient rassemblés les blessés. Là-bas, on les soignait du mieux qu'on pouvait puis on les renvoyait sur les champs de bataille, certains mourraient, d'autre non… Ce qui est sûr c'est que les infirmières bénévoles ne s'attardaient jamais sur un cas, pour elles, c'était juste un soldat de plus ou de moins à soigner. Elles ne s'arrêtaient jamais sur une même personne : elles avaient trop à faire. Nombreux étaient les patients qui recherchaient à chaque fois un peu de réconfort au près de cette compagnie féminine. Ils leur disaient des mots doux, ils prenaient leurs mains fines pour les caresser et ainsi trouver un minimum de douceur. Mais celles-ci les rejetaient poliment pour passer deux minutes plus tard à un autre soldat.

C'est là que fut envoyer Charles, un jeune homme d'à peine 18 ans contraint de se battre. Mais blessé par une balle dans la cuisse il fut envoyé dans cette « infirmerie ». Il était maigre, mal en point. Ses cheveux habituellement châtains étaient sales et gris, son visage couvert de boue et son uniforme déchiré et taché de sang. Il attendait patiemment qu'on s'occupe de lui, couché sur un lit de fortune. Il était quand même chanceux d'un côté… Sa blessure ne nécessitait pas une amputation il pourrait alors regagner très bientôt le front.

Après plusieurs heures d'attente, on vint enfin s'occuper de lui. Ce fut une infirmière jeune et jolie qui arriva. Rien que cette vision lui redonna un peu de baume au cœur et il se sentit un peu mieux. Elle était petite mais très belle, ses cheveux longs retenus par un chignon encadraient un visage fin et délicat. Ses yeux bleus rappelaient à Charles les longues promenades le long de l'océan et il pouvait même sentir l'odeur de l'iode et entendre le cri des mouettes. Elle portait la même tenue que les autres infirmières avec un bandeau orné d'une croix rouge au tour du bras. Mais malgré cela elle lui semblait très différente.

Elle s'entreprit alors à déchirer légèrement le pantalon à Charles pour pouvoir soigner correctement sa blessure. Quand elle appliqua le désinfectant, le jeune homme ne put retenir un gémissement :

- Ne vous inquiétez pas, vous aurez moins mal après, dit-elle.

Charles n'avait jamais entendu un son aussi beau que cette voix mélodieuse, aussi chargée de nuances et de douceur que le plus beau des couchés de soleil. Ses mains étaient douces et fines et accomplissaient les gestes avec précision et légèreté. Le temps que dura les soins fut un de ses moments les plus agréables de sa vie.

Quand l'infirmière eut terminé, il retint sa main et lui dit :

- S'il vous plaît, restez encore un instant au près de moi. Je ne veux pas retourner là-bas…

- Je suis désolée mais d'autres soldats comme vous m'attendent, répondit-elle d'une voix apaisante.

-Tout n'est que misère et douleur là-bas, n'accepteriez-vous pas de me donner le réconfort que j'ai tant besoin ?

Elle serra sa main dans la sienne et lui dit les yeux aux bords des larmes, causées par le tourment que lui demandait son travail :

- Je le voudrais bien, comme je voudrais pouvoir en faire de même avec tous les blessés. Vous représentez chacun une vie différente que je vous dois de faire continuer.

- Donnez-moi un baiser, juste un… Rien qu'une fois.

Elle secoua lentement la tête et dégagea doucement sa main de celle du soldat. Son visage brillait à cause du sillon laissé par les larmes. Puis elle partit s'occuper d'un nouvel arrivant. Charles la regarda s'éloigner avec tristesse, mais il n'eut pas le temps de dire un mot qu'on lui ordonna de se lever pour voir s'il était en état de marcher et ainsi regagner le front. Evidemment il l'était…

Assis dans sa tranchée, Charles pensait à son désespoir d'avoir du quitter cette douce compagnie pour des Poilus (comme ils étaient appelés à l'époque).

Il était le soldat le plus jeune de son régiment et c'est pour cela qu'on l'appelait « le Moufiot », surnom qui ne voulait rien dire donné par ses compagnons d'armes. Ils le prenaient parfois trop pour un gamin mais il ne s'en plaignait pas, après tout, ils étaient tous une grande famille non ?

La vie dans ces tranchées n'était pas terrible, même carrément atroce. Le sol était de la boue, l'hygiène était déplorable. Des morceaux de nourriture et même souvent de cadavre jonchaient le sol. Des insectes comme des mouches ou des cafards grouillaient les lieux. Et de plus, cette tranchée était fréquemment attaquée par l'ennemi. Beaucoup d'hommes mourraient de faim, de soif ou de maladie dans cet endroit. Régulièrement une charrette venait apporter des vivres et de quoi survivre, mais ces derniers temps il n'y avait plus aucune venue. Alors la plupart des soldats étaient devenus fous, d'autre buvaient de l'eau sale ce qui leur valait d'atroces maladies. Et ne parlons pas de l'odeur… Avec tous ces morts il régnait une constante atmosphère de puanteur chaude et étouffante, mélangée de poudre et de chair pourrie. C'était là que vivait Charles. Cela faisait maintenant une semaine qu'il avait été blessé à la cuisse et envoyé pour des soins au près des infirmières. Et il pensait toujours à elle… C'était sa lumière dans ce monde où tout était noir. Elle l'empêchait de sombrer dans la folie.

- Oublie-la gamin, fit Ern un Poilu massif mais ayant néanmoins beaucoup de cœur. Elle en a vu passer d'autre des soldats comme toi.

Il eut un petit rire amusé devant l'acharnement de Charles à s'accrocher à l'espoir de la revoir.

- Ah vous les jeunes il y'a des choses que vous ne pouvez pas encore comprendre… soupira-t-il avant de repartir guetter l'arrivée d'un quelconque ennemi.

Charles ferma les yeux en se refusant d'écouter ce qu'avait dit son compagnon d'arme. Il la reverrait quoi qu'il puisse arriver, et quand tout sera fini, il pourra enfin avoir toute l'affection dont il avait tellement besoin.

- Eh ! L'Moufiot ! cria un soldat répondant au nom de Jean. Tu es de corvée de nettoyage !

Charles resta encore une minute allongé contre le bord de la tranchée à penser à sa douce infirmière puis il se releva pour aller faire ce qu'on lui demandait. Les autres profitaient souvent de son jeune âge pour lui faire accomplir les corvées les plus écœurantes. Nettoyer ces lieux étaient la pire des choses que l'on pouvait faire, il fallait sans arrêt retirer les restes de nourritures, de chair et de pourriture ancrés dans la boue. Et en principe après ces longues heures de nettoyage acharnées, Charles passait le reste du temps à vomir dans le petit fossé de terre servant de sanitaires en ces lieux déplorables. Il en oubliait même sa chère infirmière qui lui avait tant apporté dans sa solitude !

A suivre...