Chapitre 1
Note de l'auteur : Je tiens juste à préciser que j'avais le projet de cette histoire AVANT de savoir que j'allais me marier. Il ne s'agit donc pas d'une autobiographie dissimulée
Dans les plaines du Rohan, le 14 mars 3020.
« -Voyez, bien-aimée, dit Aragorn en tendant le bras devant lui. Là-bas se trouve le château d'or de Meduseld, grande salle des rois de Rohan.
-Comme il scintille bellement dans le matin! dit Arwen à côté de lui. Je suis contente de voir enfin le but de notre voyage. J'ai hâte de retrouver Eomer-Roi. »
Elle se tourna vers Lothiriel, qui regardait d'un air émerveillé la vue qui s'étendait devant elle.
« -Je suis sûre qu'il sera également heureux de vous voir, ainsi que votre père et votre frère, dit la grande reine.
-Je me réjouis de son invitation, répondit la jeune fille. D'autant plus que cela nous donne l'occasion d'apporter des vivres en guise de présents: l'on dit que le Rohan a beaucoup souffert de l'hiver, qui commence tout juste à desserrer son étreinte.
-L'on dit vrai, malheureusement, dit Imrahil en les rejoignant. Les Rohirrims sont courageux, et ne quémandent pas aisément de l'aide. Quand j'ai reçu la lettre d'Eomer, nous conviant à cette fête, mais sollicitant aussi notre soutien pour aider son peuple, j'ai compris que la situation était critique.
-J'aurais dû percevoir ces difficultés plus tôt, soupira Aragorn. En tant que suzerain du Rohan, il est de mon devoir de veiller au bonheur de ce peuple.
-Vous aviez déjà nombre de problèmes à régler au Gondor, dit doucement Arwen. Vous ne pouvez prétendre tout savoir dans votre propre royaume. Je suis sûre qu'avec le printemps reviendront des temps meilleurs pour le Rohan, et que ces soucis appartiendront bientôt au passé. »
L'imposant cortège arriva bientôt aux portes d'Edoras. Derrière eux suivait une longue file de chariots couverts, chargés des cadeaux d'Aragorn et d'Imrahil pour le premier anniversaire de la royauté d'Eomer.
En tête chevauchaient Aragorn et Arwen, puis Imrahil, avec Lothiriel à sa droite et son fils Erchirion à sa gauche. Après la fin de la guerre, ce dernier avait déployé d'impressionnantes qualités de diplomate; parlant couramment plusieurs langues, insatiablement curieux de découvrir de nouvelles cultures, il servait au Gondor en qualité d'interprète, très apprécié d'Aragorn, qui le mandait régulièrement à Minas Tirith lors de conseils avec les peuples voisins. Quand il avait su qu'il se rendrait au Rohan, pays qu'il connaissait peu, avec son père et sa soeur, il s'était plongé avec enthousiasme dans les quelques livres de Dol Amroth qui traitaient de cette partie du monde. Il avait aussi profité du voyage pour questionner avidement Aragorn; face à cette curiosité insatiable, le Roi avait paru heureux de partager son savoir, et avait même commencé à apprendre le rohir au jeune homme.
Debout devant les portes grandes ouvertes, Eomer attendait ses invités en compagnie de sa garde en grand arroi. Selon la tradition, il les accueillit par une coupe de vin, à laquelle il but avant de la présenter à chacun à tour de rôle avec une parole de bienvenue.
Puis il monta lui-même à cheval et les mena jusqu'à Meduseld, tandis que l'on déchargeait les chariots de leur contenu: des provisions, mais aussi de la laine finement tissée, diverses semences pour assurer les prochaines récoltes, des herbes médicinales venant des jardins de la Princesse, et de jeunes arbres fruitiers, présents du Prince d'Ithilien et de Legolas l'Elfe.
«-Votre arrivée est la très bienvenue, dit Eomer à Aragorn et Imrahil tandis qu'ils cheminaient au milieu des acclamations des habitants d'Edoras. Au nom du peuple de Rohan, je vous suis profondément reconnaissant. Mais votre amitié est la plus grande des joies pour moi: seriez-vous venus les mains vides, nous serions tout de même dans l'allégresse!
-Cette joie est partagée, Eomer, répondant Aragorn en posant une main sur son épaule. Je vous transmets l'affectueux salut de votre soeur et de son mari. Quelle chance que leur enfant ait attendu le printemps pour venir au monde! Et voici une lettre de Legolas: il souhaitait exprimer par écrit son regret de ne pas avoir pu venir mais les frontières du pays noir demandent encore toute sa vigilance, et il n'ose encore s'éloigner d'Ithilien. »
Erchirion et Lothiriel venaient derrière eux, regardant de part et d'autre les curieuses habitations de bois sculpté, souriant aux cris de bienvenue, et tâchant de comprendre quelques mots de cette langue riche et ondulée.
« -Ils demandent à Bema de nous bénir, je crois, glissa Erchirion à l'oreille de sa soeur. Je ne connais pas du tout la réponse adaptée. Il faudra que je la demande à Eomer-roi, pour éviter tout incident diplomatique.
-Je ne pense pas que ces personnes soient vexées de notre apparente impolitesse, répondit Lothiriel. Ils semblent à la fois bienveillants et reconnaissants. »
Elle n'osa exprimer à voix haute ce qu'elle avait en outre remarqué: beaucoup de Rohirrims paraissaient trop minces pour leur haute taille, et il y avait peu de vieillards et d'enfants parmi eux. Même Eomer, malgré sa joie et son affabilité, semblait pâle et amaigri.
A suivre
