Cette fanfiction est inspirée d'un jeu de rôle appelé Vampire la Mascarade de Withe Wolf.

Bonne lecture à tous ;)


Paris, février 2013, 18h46

J'ouvre les yeux et la seule chose visible est le noir ambiant. D'une main lasse, j'attrape mon téléphone et regarde l'heure. Rien ne me presse, mais je décide de me lever pour aller prendre une douche. C'est une habitude depuis quelques années, un long recommencement éternel de mouvement d'une banalité affligeante. J'ouvre mes draps et disparais dans la salle de bain pour me glisser sous le jet d'eau en pensant à ce que je vais faire de ma soirée. Je lève la tête pour laisser l'eau couler sur mes yeux, appréciant la morsure sourde de l'eau brûlante. Comme il est bon de sentir l'eau me réchauffer, même si ça ne durera pas. Sur un ricanement bref, je sors pour m'habiller rapidement et descendre de chez moi. En bas de l'immeuble, je m'allume une cigarette et commence à marcher, l'esprit alerte. Je n'ai pas vraiment de cible particulière, même si j'avoue avoir un faible pour les femmes, elles sont plus simples à embobiner. Je déambule dans le 14e arrondissement, sans trouver ce que je cherche, je consulte ma montre pour me rendre compte qu'une demi-heure vient de s'écouler. Un soupir m'échappe, mon souffle embu l'air autour de moi, je vais devoir refaire un tour, ce que je ne tarde pas à faire.

Je rentre mes mains dans mes poches et je décide de rentrer dans un des bars du coin. Une jeune femme s'approche, un plateau en équilibre précaire posé sur sa main. Elle me demande ce que je veux tout en empilant les verres vides sur le plateau. Je regarde celui-ci pendant que je réfléchis, il tangue dangereusement et cela m'amuse. Je commande une bière et attends que la jeune femme revienne. J'ai légèrement décalé la chaise pour qu'elle renverse son plateau en arrivant, ce qui ne manque pas. Je vois ses yeux horrifier se poser sur moi alors qu'elle part en avant, prête à s'étaler de tout son long. Je tends une main pour lui attraper le bras et la maintenir debout, la bière se renverse sur moi. Parfait !
Une rougeur s'étale sur le pâle visage de la demoiselle et intérieurement je jubile. Elle se confond en excuses et je me le lève pour prendre connaissance des dégâts sur ma personne. J'affiche un air un peu ennuyé et la rougeur s'intensifie, elle me plaît bien celle-là. Elle me propose de m'aider à nettoyer mon t-shirt et je la suis, toujours aussi ravie de constater à quel point elle est coopérative.

Elle m'emmène dans les toilettes où elle prend plusieurs feuilles de papier qu'elle humidifie. Elle s'approche de moi et frotte pendant que j'en fais de même de mon côté. Je constate que nous sommes seuls, cela ne pouvait être plus parfait. Ses cheveux ont une odeur de menthe, c'est frais et pourtant légèrement sucré. Je penche la tête, attiré par cette fragrance de sucre qui, je viens de le comprendre, se dégage de sa gorge. Je prends une inspiration légère et profonde, elle ne semble pas très attentive à ce que je fais et j'en profite. Mon visage s'incline un peu plus vers sa gorge et mes lèvres se retroussent sur mes crocs qui ne tardent pas à percer la peau de sa gorge. Son sang est doux dans ma gorge et j'apprécie la sensation qu'il me procure. Un gémissement m'apprend qu'elle aussi apprécie, elle vient de succomber au Baiser et mon esprit s'en amuse. Je sens ses mains agripper mon t-shirt et je referme mes bras sur elle. Si jamais quelqu'un nous surprenait, il penserait certainement que son attitude et la mienne sont le fruit d'un désir et d'un plaisir bien plus conventionnel. Une fois satisfait, je relâche la mâchoire et referme la plaie que je viens de lui infliger en passant ma langue dessus, comme c'est grisant. Je la sens s'affaisser un peu et je contrôle mon expression pour adopter un masque d'inquiétude. Je me recule légèrement, fixant ses yeux vitreux.

"Mademoiselle ? Vous allez bien ?"

Pas de réponse et toujours le même regard, elle ne doit pas comprendre ce qu'il vient de se passer, qui le comprendrait ? Elle rougit à nouveau, elle doit penser qu'elle vient de faire un malaise, ce qui n'est pas vraiment faux. Elle reste accrochée à moi, ce qui me donne la confirmation que, comme à l'accoutumé, ma victime ne se souvient pas de ce qu'il vient de se passer. Je me suis souvent posé la question, comment est-ce possible ? Comment un tel acte peut-il passer inaperçu ? Malgré ces questions, je n'ai jamais eu de réponses, en même temps, à qui pourrais-je les poser pour en avoir ?

"Je... je suis vraiment navré..."

Je vois des larmes se former dans le coin de ses yeux et si je me laissais aller, cela me ferait rire. Je souris pour l'encourager et la repousse légèrement en continuant de la fixer. Elle est mignonne, pas franchement jolie, mais agréable à regarder.

"Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas bien grave, juste un peu de bière et un étourdissement. Ce n'est pas la peine de vous mettre dans des états pareils !"

Ses yeux s'agrandissent un peu, puis son regard devient plus vif avant de se mettre à pétiller légèrement. Elle a repris du poil de la bête. Elle secoue légèrement la tête et se met à sourire.

"Vous avez raison... merci..."

Encore ce rougissement, décidément, elle veut m'appâter pour de bon ? Je lui fais un léger clin d'œil avant de détourner le regard vers la tache toujours présente sur mon t-shirt. Je hausse les épaules et jette la boule d'essuie-tout (qui donc n'est pas capable de tout essuyer) dans la poubelle. Elle hausse un sourcil et sourit à nouveau avant de retourner vers la salle de bar. Je la suis après quelques secondes et pose un billet sur la table avant de remettre ma veste pour sortir. Une autre cigarette à la main, je déambule à nouveau dans les rues de Paris. Une partie de moi est apaisée, enfin, pour le moment en tout cas.