PROLOGUE

La peur du noir n'est que le reflet de la crainte de l'inconnu. Une appréhension si simple qu'elle peut s'effacer à la moindre lumière. Pure ignorance, esprit fermé ou trop peu ouvert, l'œil a plus peur de ce qu'il ne voit pas que de ce qu'il voit. Les bruits d'une course s'épousant aux pavés d'une rue, tard dans la nuit, n'offrent pas le même reflet qu'à la clarté du jour.

Mon sac de classe brin balle à mon épaule. Il est tard. Cette fois la nuit est sombre, on voit à peine plus loin que le lampadaire, même pour une grande ville. J'ai vraiment fini l'entrainement tard. Si je ne me dépêche pas plus, je vais vraiment passer un sale quart d'heure… Qu'elle est interminable cette rue ! Encore un peu de course et je serais rendu. Un énorme bruit se fait entendre, hurlement sourd propre à la douleur d'un passé refoulé. J'ai peur. La lumière de l'enseigne de la supérette clignote, comme une mise en garde. Il faut de je me hâte. Je tourne au croisement. De la rue, on aperçoit la lampe du salon toujours en service. Maman est encore debout. Elle attend. Voilà seize ans qu'elle attend.