Salutations lectrices, lecteurs,

Ci-dessous vous trouverez ma toute première participation aux Défis d'Aventures. Pour cette description, je vous présente l'extrait d'un traité historico-scientifique rédigé anonymement, certainement par un mage, intitulé De l'Éther et la naissance de la magie. Je pense qu'il est inutile de préciser de quel lieu il s'agit, bien qu'il constitue sûrement bien plus qu'un simple lieu.

Sur ce, je vous souhaite une agréable lecture ! Oh, et faîtes attention à ne pas changer le cours du temps.

- Draco Nocte


L'Éther. La divine source de toute magie en ce monde, et un véritable monument de questionnement. Son existence est connue de tous, mais tous n'en connaissent pas les secrets. En réalité, si personne ne peut le définir véritablement, la raison en est qu'il est impossible, même de nos jours, d'en déterminer l'essence propre.

S'il y a bien une chose, cependant, sur laquelle tout le monde est d'accord, c'est que l'Éther est situé hors de notre système spatio-temporel. Ce serait, pour ainsi dire, une dimension à part entière. Il est possible d'y accéder sous forme physique, ou sous forme éthérée via différents points de notre monde. C'est également par ces points que l'Éther alimente notre monde en magie. Les plus notables d'entre eux, historiquement parlant, sont le Portail du Vide de la Cité des Merveilles et le Puits de Magie de la Tour des Mages. C'est ce dernier qui retiendra ici notre attention mais si d'aventure vous vous intéresseriez davantage au Portail, libre à vous d'aller consulter les grimoires d'Histoire rigoureusement rédigés par Maître Sirayar.

Le Puits de Magie a été créé, il y a longtemps de cela, par le grand et magnifique Archimagus Protemus ; nul ne sait comment un tel prodige fut possible, mais là n'est pas la question. Depuis la création de cette ouverture, de cette brèche entre les mondes, de nombreux curieux – ou malheureux – voulurent savoir de quoi il retournait. Le Puits était, à l'instar de son homologue rempli d'eau, débordant de magie. Sa densité était telle, qu'elle formait souvent au-dessus de son ouverture des filaments lumineux dansant doucement à l'unisson avec de fins nuages vaporeux de couleur octarine. Aucun élément ici n'était prédominant, les mages puisaient instinctivement dans ce calme tourbillon chaotique les forces correspondant à leur magie de prédilection.

Après maintes recherches souvent futiles et études théoriques trop alambiquées, la pratique s'avérait chose nécessaire à une meilleure compréhension de l'aubaine qu'était cette anomalie. Ainsi, des missions d'explorations virent le jour, qu'elles aient été individuelles ou groupées, préparées ou improvisées. De cette manière, quelques témoignages purent être recueillis quelques, car de tous les mages qui y étaient entrés, seuls onze d'entre eux étaient revenus – du moins, en un seul morceau. Tous décrivaient un espace infini aux mêmes couleurs que les volutes magiques s'échappant du Puits, traversé par des courants et autres turbulences magiques, parsemé à la fois par de minuscules et titanesques blocs de pierre effrités, qui seraient plutôt apparentés à des gemmes de pouvoir à la pureté sans égal. Bien entendu, la question de direction dans un tel environnement était totalement abstraite de quoi donner un mal de crâne sans précédent à quiconque avait cherché à retrouver ses repères.

Les effets psychologiques de l'Éther sont une chose, mais ceux dus à l'omniprésence de magie en sont une autre. En premier lieu, il a été rapporté par les mages une exacerbation de leur affinité à la magie. Ils se sentaient comme surchargés d'un pouvoir quasi-infini. Mais à partir d'ici, leurs propos divergeaient. Certains prétendaient ne s'être jamais senti aussi bien dans toute leur vie, d'autres faisaient part d'une inconfortabilité, voire d'un violent malaise. On retrouvait un tel contraste dans la forme des familiers qui accompagnaient parfois les mages, qui pouvaient alors très bien prendre d'impressionnantes apparences, ou plus dramatiquement, se transformer en flaque d'eau. Le reste du discours tenu par les mages revenus entiers était d'une incohérence déconcertante, et notre erreur fut de ne pas y prêter attention. C'est pourquoi il fut longtemps difficile d'appréhender un tel phénomène, qui se trouvait incomparable en terme d'instabilité magique. « Longtemps » et « instabilité », des mots dépourvus de signification réelle aux yeux des membres de l'école du temps.

Si les écrits du grand et magnifique Archimagus Protemus furent perdus, tel ne fut pas le cas du parchemin de Fu Su Lu. Cet archimage temporel légendaire permit, grâce à son immense savoir, des avancées drastiques sur la perception globale de ce qu'est l'Éther. Jusqu'alors, on le voyait comme une poche dimensionnelle infinie, dans laquelle se seraient perdus les mages n'étant pas revenus c'est ce qu'affirment toujours certains, comme la grande archimage Tesla. Fu Su Lu, quant à lui, pris le temps d'étudier chacun des dires de ceux revenus de l'Éther. Il en formula une théorie : la Théorie des Couloirs du Temps. Selon celle-ci, l'Éther serait une dimension créée par l'entremêlement d'une infinité de lignes temporelles, elle serait donc en réalité reliée à tout point de l'espace et du temps de notre monde. Si les attaches physico-temporelles que constituent le Puits de Magie et le Portail du Vide permettent de passer du monde physique tel que nous le connaissons au monde éthéré, il est a contrario possible de passer du monde éthéré au monde physique par d'autres chemins. Fu Su Lu affirme que les mages qui ne sont pas de retour de l'Éther aujourd'hui sont peut-être déjà revenu, seront de retour ou ne reviendront peut-être jamais. En effet, comme évoqué précédemment, la dimension relierait tout point du temps et de l'espace. Il a donc été possible pour les mages d'emprunter d'autres Couloirs Temporels que celui duquel ils sont origine. Pour les plus sots d'entre nous, cela signifie simplement que ces mages se sont soit retrouvés à n'importe quelle époque d'une réalité parallèle à la notre, soit bloqués à une époque antérieure ou postérieure de notre monde. Une explication logique à cela serait qu'ils ont, volontairement ou non, altéré le cours du temps – ce qui, contrairement aux croyances populaires, n'a pas forcément d'effet catastrophique. Quoiqu'il en soit, rien ne dit qu'un mage – ou tout autre être d'ailleurs – passant d'un monde à l'autre reviendra à son point de départ.

Si cette théorie a de nombreux admirateurs, elle possède de même, comme toutes les autres, ses détracteurs. Une autre théorie d'ailleurs assez intéressante serait de considérer l'Éther en tant que [PASSAGE CENSURÉ par l'Église de la Lumière].

Souvenez-vous, en toute circonstance, que l'étude de l'Éther demande une large ouverture d'esprit et de cœur. Tout cela ne reste que démonstrations et observations subjectives, il n'y a aucune définition rigoureuse et correcte à ce sujet. Il ne tient qu'à vous de vous faire votre opinion propre sur ce qu'est ce mystère millénaire qu'a constitué, que constitue et que constituera toujours l'Éther.

- Extrait de De l'Éther et la naissance de la magie, Anonyme