Notes de l'auteur : Bonjour Mesdames et Messieurs, et bienvenue dans notre compagnie... J'espère de tout mon coeur que vous apprécierez ma toute première fanfic, sur un pairing inédit - je crois. C'est un cadeau parti d'un délire pour ma meilleure amie, bon le résultat... existe.
La fic est finie mais je posterai un chapitre le jeudi et un le lundi à partir de maintenant. Soyez cléments envers votre pauvre serviteur et n'hésitez pas à laisser une p'tite review, je me doute bien que le fandom des crossovers DNxFT doit être assez réduit mais bon faut se serrer les coudes!
« Aaaaaaaaarggghhhh ! »
Un cri perçant retentit dans le QG de Fairy Tail, quasiment désert à cette heure-ci. Accoudée au comptoir, Lucy caressait gentiment le dos d'une Erza sur le point de se noyer dans ses larmes.
« Ça va aller, ça va aller... murmura Lucy.
- Mais non ça va pas aller ! mugit son amie en retour. Comment je vais payer mon loyer maintenant ?
- Mais qu'est-ce qui s'est passé ? C'est la première fois que ça t'arrive ! »
A ces mots, la tête d'Erza replongea vers la table et ses marmonnements se perdirent entre le bois et la bave qui le recouvrait.
« Quoi ? Qu'est-ce que tu dis ?
- Grm bllmm gblr brlg grlgmb.
- Hein?
- Grmblm blrm lbrgm gâtembrl a bl fraimblmbl.
- Erza ! S'écria Lucy en la redressant de force. Arrête de parler dans ta barbe, je comprends rien ! Qu'est-ce qui s'est passé ? »
Erza lança un regard de chiot battu à Lucy et murmura en reniflant :
« J'ai dépensé toute ma paie dans des gâteaux à la fraise...
- Quoi ?! Mais... Mais t'en as acheté combien ?
- Huit-cent quatre-vingt-neuf... »
Lucy en tomba à la renverse.
« Mais pourquoi je suis là moi ? Protesta Lucy. La prime de cette mission est à peine assez élevée pour ton propre loyer ! »
A ces mots, Erza lui lança un tel regard que la pauvre constellationiste crut sa dernière heure arrivée. Mais sa coéquipière se contenta de poser ses mains sur ses épaules et la regarda d'un air grave et sérieux.
« Lucy. J'ai besoin de toi pour cette mission. Je n'y arriverai jamais seule.
- Quoi ? Mais c'est un simple travail de patrouille, c'est juste un truc bizarre qui rode...
- Je ne parle pas du travail Lucy, je m'en occuperai seule.
- Mais je dois faire quoi alors ?
- Ta mission... déclara la mage en fronçant les sourcils, est... de m'empêcher de dépenser tout l'argent en fraisiers sur le chemin du retour ! »
Lucy en retomba à la renverse.
« Oui, déclara le maire de la petite commune. Nous l'avons vu tourner autour du village à de nombreuses reprises. Je n'avais jamais vu de créature pareille auparavant.
- Moi il me fait peur ! S'écria une petite fille en se cachant dans les jupons de sa mère.
- Ne t'inquiète pas, affirma Erza avec un sourire confiant. Nous allons vite renvoyer cette créature dans son trou, quelle qu'elle soit ! »
Lucy commençait sérieusement à en avoir marre. Voilà bientôt deux heures qu'Erza et elle, blotties dans un trou à peine assez large pour leur permettre de respirer, attendaient patiemment que l'intrus veuille bien se montrer. Pourtant, à côté d'elle, Erza semblait bien plus mal en point qu'elle. A vrai dire, elle s'était mise à transpirer à grosses gouttes à peine un quart d'heure après l'installation de leur piège.
Leur « piège ». La constellationiste soupira et lança un énième coup d'œil à leur grossier manège. Était-t-il possible de faire plus enfantin ? Lucy avait suivi les directions d'Erza sans broncher, espérant terminer au plus vite cette mission, mais elle regrettait maintenant de ne pas avoir exprimé plus tôt son incertitude quant à l'efficacité d'un tel mécanisme.
Un simple nœud coulant autour d'un appât. Moins discret, tu meurs. Et moins efficace aussi apparemment. Soudain, alors que Lucy sentait ses yeux se fermer, Erza se mit à s'agiter à côté d'elle. Tirée de son semi-sommeil, elle lui lança un regard interrogateur.
« Erza ? Tout va bien ?
- Lu- Lucy...
- Tu ne te sens pas bien ?
- Non... Je veux... je veux...
- Quoi ? Lucy commençait à s'inquiéter pour son amie. Cette dernière, rouge comme une tomate, ouvrait grand des yeux vitreux injectés de sang.
- Je veux manger le gâteau. »
Lucy comprit soudainement la raison de l'inconfort d'Erza. Au centre du piège, majestueux et provocateur, se dressait fièrement le gâteau à la fraise qu'elle emportait toujours en mission. Devoir le fixer pendant de longues minutes sans pouvoir y toucher semblait avoir brisé quelque chose en elle. Lucy se contorsionna afin que sa main atteigne l'épaule de sa coéquipière et la lui tapota gentiment.
« Aller, c'est pas si grave ! De toute façon il t'en reste toujours huit cent quatre-vingt-huit à la guilde ! Avança Lucy. Elle comprit qu'elle avait fait une erreur en rencontrant le regard de la mage. Il était brillant de larmes.
- En fait, avoua-t-elle d'une toute petite voix, c'était mon dernier... »
Lucy se sentit prise d'une soudaine envie de se frapper la tête contre un rocher, mais avant qu'elle n'ait pu mettre son plan à exécution, quelque chose se mit à bouger dans les fourrés. Reprenant leurs esprits, les deux mages se tendirent, prêtes à agir.
« Ici non plus... »
Une voix traînante se fit entendre à travers les feuillages. Lucy porta la main à son trousseau de clés et Erza raffermit sa main sur le déclencheur du piège tandis qu'une silhouette humanoïde se dessinait peu à peu.
Lorsque la créature émergea à la lisière du bois, elles durent bien admettre qu'elles n'avaient jamais rien vu de tel. Balançant du bout de ses doigts un objet pas plus grand qu'une boîte d'allumette, la forme se mit à errer en marmonnant.
« Impossible d'avoir du réseau, et les autochtones semblent clairement hostiles... Il apparaît que... oh ? »
Lucy et Erza se blottirent l'une contre l'autre. La chose avait remarqué le cheesecake.
« Huuum... Il y a 99% de chances qu'il s'agisse d'un piège... déclara-t-elle en faisant un pas en avant, soupçonneuse.
- Je le savais que ton piège était foireux ! murmura hargneusement Lucy.
- Bien sûr que non ! Personne ne peut résister à l'attrait d'un cheesecake à la fraise préparé avec amour ! Rétorqua Erza.
- Bah apparemment si parce qu…" Commença la constellationiste avant d'être coupée par un hurlement victorieux.
Erza bondit sur ses pieds et Lucy n'eut que le temps de voir la créature accroupie au milieu du nœud, la bouche barbouillée de chantilly, avant que le piège ne se referme sur ses chevilles et ne la fasse basculer cul par dessus tête.
"Tu vois, je te l'avais dit ! Un piège infaillible ! "
Lucy sortit à son tour de leur inconfortable cachette pour contempler le surprenant spectacle qui s'offrait à ses yeux. La corde de leur piège s'était refermée sur la peau blanche d'une paire de chevilles surmontant un lot de pieds nus assorti. Les deux jambes s'étendant dans la continuité menaient à une vision bien plus curieuse puisque le t-shirt blanc de leur captif, apparemment trop grand sur lui, lui était passé par-dessus la tête, donnant l'illusion d'une grosse méduse immaculée échouée sur le sol.
Pourtant, ce dernier ne semblait pas le moins du monde se préoccuper de sa situation puisqu'il continuait à se barbouiller méthodiquement le visage de coulis à la fraise et de crème, les lois de la gravité envoyant les gouttes les plus téméraires se perdre dans une épaisse toison noire.
Ce fut lui qui ouvrit le dialogue.
« J'avais tout misé sur les 1% de chances de pouvoir déguster ce gâteau tranquillement. »
Seuls les sanglots étouffés d'Erza qui pleurait la perte de son ultime gâteau troublaient l'ambiance pesante qui régnait dans le bureau de Makarof. Devant lui, l'étrange jeune homme, le dos courbé au-dessus des genoux, le fixait de son regard vitreux en léchant consciencieusement les résidus de crème qui parsemaient encore ses longs doigts pâles. Mavis, à sa gauche, s'amusait à faire des grimaces à son vis-à-vis.
« Tu me dis que tu es mort dans ton monde et que tu t'es retrouvé ici ?
- C'est en tout cas la conclusion à laquelle je suis parvenu étant donné les circonstances.
- Hmmpf, soupira Makarof. Qu'en pensez-vous, premier Maître ? »
Mavis ouvrit la bouche pour répondre, mais le jeune homme se retourna brusquement et demanda d'un air sévère :
« Il y a quelqu'un d'invisible ici ?
- Oui, déclara Makarof. C'est la fondatrice de notre guilde, Mavis Vermillion. Elle est euh... décédée depuis un bout de temps, mais sa projection astrale est visible pour nous, membres de la guilde.
- Permettez-moi de vous dire que je n'apprécie pas vraiment ce genre de créatures visibles seulement sous certaines conditions.
- Je suppose que nous ne pouvons pas y faire grand-chose, soupira Mavis. Mais nous pouvons au moins éclaircir l'affaire. Maître, demandez-lui comment il est mort. Ah oui ! Son visage s'éclaira. Dites-lui aussi que j'aime beaucoup ses cheveux ! »
Makarof devint rouge comme une pivoine et dévisagea la jeune fille :
« Maître Mavis ! Ce n'est pas sérieux ! s'indigna-t-il. Reprenant contenance, son regard se fit sérieux. Comment t'appelles-tu, jeune homme ?"
"Et bien…" L'expression de son vis-à-vis ne changea pas, mais Makarof sentit la tension qui s'en dégageait. "Je dois dire que mes récentes expériences ne m'ont pas encouragé à donner mon véritable nom en présence d'une entité invisible. Même dans mon monde, peu de gens le connaissaient."
Un imperceptible sourire se dessina sur ses lèvres fines et le maître de Fairy Tail se sentit soudain mal à l'aise. Quelle que soit la personne assise devant lui, elle avait été extrêmement influente dans le passé. Et manipulatrice.
« Vous n'avez qu'à m'appeler L. »
Le silence qui ponctua ces mots s'éternisa. Il fallut près d'une minute à Makarof pour reprendre ses esprits.
« Peu importe, grogna-t-il finalement. »
Sous les injonctions de Mavis qui le harcelait en gesticulant, il reprit l'interrogatoire.
« Bien... est-ce que, si tu t'en sens le courage, tu pourrais nous raconter comment tu es mort ? Ça nous permettra peut-être de mieux comprendre comment... comment tu t'es retrouvé ici.
- Oh, c'est une longue histoire, et je suis assez mauvais pour raconter les histoires. Peut-être qu'avec le ventre plein j'y arriverai mieux. »
« J'ai encore faim. Est-ce qu'il y a autre chose ? Déclara L en raclant son assiette avec sa cuillère.
- Heu, avança Mirajane, je crois qu'il y a du rôti de porc...
- Je parlais en termes de dessert, lança le jeune homme d'un air agacé.
- D- désolée, s'excusa la barman. Il ne reste plus rien...
- Et ça ? Demanda-t-il en tendant la main vers un petit pot en céramique posé sur le comptoir.
- Ce n'est que du sucre pour le café...
- Parfait. »
Les membres de la guilde qui rentraient de mission eurent donc la surprise de découvrir un énergumène accroupi sur une chaise au milieu de la guilde, mangeant du sucre en poudre à la petite cuillère.
« Et juste avant que je ne meure, j'ai compris que Light-kun était bien Kira depuis le début.
- Incroyable ! S'écria Roméo. On dirait une histoire de film !
- Attendez, déclara Makarof d'un air sévère alors que les membres de Fairy Tail assaillaient leur invité de questions. J'aimerais avoir plus de précisions, et certains points me taraudent. »
L mordit son pouce d'un air ennuyé. Toujours accroupi étrangement sur sa chaise, cette effervescence le mettait mal à l'aise. Lui qui était plutôt solitaire, il n'était pas habitué à être entourés d'autant de gens à la fois.
« C'est moi qui pose les questions d'habitude.
- Je suis sûr que tu perdras cette habitude rapidement, répliqua Makarof. »
Mais alors qu'il s'apprêtait à saisir le jeune homme par la manche pour le traîner dans son bureau, une main se posa sur son épaule pour l'en dissuader. Erza, ayant visiblement achevé le deuil de son gâteau, se tenait derrière lui.
« Maître, proposa-t-elle. Peut-être pourriez-vous lui laisser un peu de repos, non ? Il vient d'être assassiné et de se réincarner dans un univers parallèle, c'est beaucoup à digérer. »
Makarof ferma les yeux, à la fois outré qu'Erza aie contesté son autorité et soulagé qu'elle l'aide dans sa gestion de cet énergumène dont il ne savait trop que faire. Même si sa proposition était légitime, il ne pouvait prendre le risque de laisser errer l'étrange individu dans Magnolia sans surveillance. Si le Conseil apprenait que Fairy Tail abritait un être venu une fois de plus d'un univers parallèle, les conséquences seraient lourdes, il le savait bien.
« Très bien, acquiesça-t-il finalement. On reprendra l'enquête demain. Mais pas question que je le retrouve en vadrouille je ne sais où ! Débrouillez-vous entre vous, mais je veux que quelqu'un le prenne sous son toit durant son séjour à la guilde. »
Puis, accompagné de Mavis, il retourna dans son bureau, laissant le groupe de mages estomaqué. Aussitôt, tous ceux qui déclaraient n'avoir rien à faire avec cette histoire s'éclipsèrent, et il ne resta bientôt plus que Lucy et Erza autour de la table.
Elle se lancèrent de longs regards inquisiteurs, et Lucy se dit que sa dernière heure approchait quand elle ouvrit la bouche.
« Ha ha... ricana-t-elle nerveusement. Quel dommage que je n'aie qu'un lit, pas vrai ? On ne peut pas dormir avec un inconnu comme ça... Et puis tu as deux chambres toi, ça sera plus confortable pour tout le monde... »
Remarquant le tressautement de sourcil d'Erza, qui n'augurait rien de bon, Lucy comprit qu'il était temps de tirer sa révérence.
« Bon ben je file, vous allez devoir vous organiser, et tout... balbutia-t-elle. Il est encore tôt je vais aller faire une mission avec Natsu ! Allez, à plus, ha ha... »
Et elle disparut à la vitesse de l'éclair.
Erza referma sans un mot la porte de son appartement derrière son invité. A peine le cliquetis de la poignée eut-il retentit qu'elle se mit à hurler en le secouant comme un prunier.
« Non mais tu vas m'emmerder encore longtemps toi ? Explosa-t-elle en l'agrippant par le col de son T-Shirt. D'abord tu manges mon dernier cheesecake à la fraise puis tu t'incrustes chez moi ? Sur mon honneur, je jure que je me vengerai et... »
La mage se sentit soudain perdre l'équilibre et se retrouva face contre terre. L, d'une balayette bien placée, l'avait envoyée rencontrer le parquet. Elle se releva, rouge de rage et de honte de s'être laissée surprendre ainsi. Son regard rencontra celui, froid et inexpressif, de son assaillant.
« J'avais beaucoup d'ennemis dans mon monde. Rien ne m'empêche d'en avoir dans celui-ci aussi. Bien qu'il me semble, ajouta-t-il avec une moue étrange, qu'il n'y ait personne ici à la hauteur de Light Yagami. »
Les deux colocataires forcés s'affrontèrent brièvement du regard jusqu'à ce qu'Erza se relève et lui désigne une porte sur la gauche. Entrouverte, celle-ci laissait apercevoir une douillette chambre à coucher aux murs couleur prune.
« T'as qu'à dormir là. C'est la chambre d'amis. Tu peux ranger tes... commença-t-elle avant de s'interrompre, prenant conscience du dépouillement de son invité. »
Sa gêne ne passa pas inaperçue. Semblant déjà prendre un malin plaisir à la tourmenter, L planta son regard dans le sien, son attitude inchangée.
« Je n'ai pas l'habitude d'emporter beaucoup d'affaires avec moi quand je me fais assassiner." Déclara-t-il en refermant le battant de la porte derrière lui d'un coup sec.
Erza resta bouche bée devant la porte close, sentant la honte s'insinuer dans ses entrailles. Elle avait été exécrable et maintenant elle ne savait plus que faire. Ne pouvant retourner à la guilde en laissant le jeune homme seul, elle était coincée chez elle pour le restant de la journée.
Vers dix-huit heures, Erza commença à s'inquiéter. Son invité n'avait pas donné signe de vie depuis son arrivée et, trop fière pour faire le premier pas, elle n'avait pas voulu lui rendre visite pour présenter ses excuses. Mais devant cet étrange mutisme, sa curiosité prit le dessus. Toujours passablement énervée, elle pénétra dans la pièce sans préavis.
L était accroupi sur le fauteuil qui trônait dans un angle, tenant un livre du bout des doigts à hauteur du visage. Le lit, visiblement boudé, était toujours parfaitement bordé, mais les rideaux avaient été tirés, instaurant une atmosphère feutrée. Le jeune homme, ne manifestant pas le moindre signe de surprise, ne daigna même pas lever les yeux vers la silhouette qui ne découpait dans l'encadrement de la porte.
« Étant donné le caractère d'Erza-chan, il y avait 86% de chances qu'elle soit réticente à faire le premier pas pour venir me voir. Mais il y avait également une probabilité de 77% qu'elle s'inquiète et vienne me voir pour présenter des excuses bien méritées. Mais je dois avouer que je suis relativement surpris. J'attendais un peu plus de résistance et pensais devoir patienter au moins jusqu'à vingt heures. »
Erza sentit de nouveau le sang lui monter à la tête.
« Tiens, déclara-t-elle froidement en envoyant un énorme sac s'écraser violemment contre le mur d'en face. Ce sont des affaires pour éviter que tu ne traînes tout le temps dans le même t-shirt. Il y a intérêt à ce qu'elles soient à ta taille. »
Sur ces mots, elle tourna les talons, s'apprêtant à quitter la pièce, mais une main posée sur son épaule la retint. Ses pieds nus ne faisant aucun bruit sur la moquette, elle n'avait pas entendu L se lever. Elle tourna la tête et gratifia son hôte d'un regard meurtrier. Ne semblant en avoir cure, il brandit de l'autre main le livre qu'il était en train de lire.
« Pourquoi ne pas m'avoir informé de l'existence de la magie dans ce monde ?
- Quoi ?
- C'est un livre d'histoire, l'informa-t-il en désignant l'ouvrage. C'est pourtant plutôt crucial comme information. »
Erza lança un regard à sa bibliothèque qui, bien que normalement verrouillée, était désormais grande ouverte.
« Peut-être qu'on t'aurait expliqué si tu avais demandé, mais on dirait que tu sais obtenir les informations par toi-même.
- Je m'ennuyais et j'attendais les excuses de Erza-chan. Cependant, ajouta-t-il, je suis prêt à te pardonner si tu m'apportes un gâteau.
- Enfoiré, grogna Erza. Tu peux toujours courir. »
Et elle claqua finalement la porte, laissant L, un petit sourire aux lèvres, seul dans la pièce.
Erza, confortablement installée dans son lit deux places, lisait tranquillement à la lumière de sa lampe de chevet. Il pleuvait dehors, et les ombres des arbres se projetaient dans la pièce à travers les volets ouverts. Le grondement du tonnerre se fit entendre et les cloches de la cathédrale de Magnolia se mirent à tintinnabuler, leur son clair faisant écho aux mugissements du ciel. Erza s'étonna de l'heure déjà tardive et, quelques minutes plus tard, se pencha pour éteindre la lumière. L'obscurité envahit la chambre et elle se blottit dans les draps.
Erza était sur le point de sombrer dans un profond sommeil quand un violent éclair illumina la pièce. La jeune femme se mit à hurler en apercevant une silhouette voûtée se découper dans l'encadrement de la porte.
« Je ne pense pas qu'il y ait besoin de faire autant de bruit, déclara la créature d'une voix traînante.
- Qu'est-ce que tu fous dans ma chambre ? S'indigna Erza en regroupant les couvertures autour d'elle. Pervers !
- Erza-chan n'est pas la première personne à me traiter de pervers. Je vais finir par me poser des questions. »
La mage lança un nouveau regard interrogateur et furibond envers l'intrus. A sa grande surprise, il semblait avoir quelque peu perdu de sa superbe et son air arrogant avait laissé place à une moue ennuyée.
« C'est fort peu digne de ma part, reprit-t-il en évitant son regard, mais il semblerait que ma mort m'ait plus affecté que je ne le pensais. Je me sens assez mal à l'aise vis-à-vis de la pluie. Et du son des cloches. Je n'avais pas remarqué que la maison d'Erza-chan était si près de la cathédrale. Et le ton de ces cloches... murmura-t-il, le regard fuyant. On dirait un peu un glas. »
Erza fut un instant prise d'une irrésistible envie de rire. Voir son vis-à-vis perdre la face ainsi était aussi étrange qu'inattendu, et elle eut l'intuition que ça ne devait pas arriver souvent. Elle réussit cependant à conserver un visage plus ou moins stoïque.
« T'as peur de l'orage, c'est ça ? Demanda-t-elle d'un ton un peu trop abrupt.
- Non, ce serait ridicule.
- Je vois, ricana Erza en regardant l'heure sur son réveil. Alors... Ce serait aussi ridicule d'avoir peur de ça, n'est-ce-pas ? »
A ce moment, les cloches de Magnolia sonnèrent la demie, et la mage comprit qu'elle avait vu juste. L fixait la fenêtre de ses yeux de merlan frit et se mit à mordre compulsivement son pouce. Voyant une goutte de sang couler le long de son doigt grêle, elle se sentit coupable de se moquer ainsi.
« Qu'est-ce que tu veux du coup ? Intima la mage. Je ne peux pas empêcher les cloches de sonner.
- Oh, dit L d'un ton nonchalant, je n'ai pas encore pu admirer la puissance d'Erza-chan, mais je suis sûr que tu pourrais détruire les cloches si tu le voulais. Mais pour ce soir, je vais me contenter de rester dans ta chambre. »
Sur ces mots, il vint s'asseoir sur le côté inoccupé du matelas. A peine ses pieds eurent-ils touché les couvertures qu'il s'en fit éjecter par un violent coup de poing. Sans en faire cas, il se releva pour faire face à une Erza en furie.
« Je suppose que ce n'est pas une option pour Erza-chan. Dans ce cas, je vais me contenter du fauteuil, déclara-t-il en s'installant sur le siège en tissu qui, faisant écho à sa propre chambre, emplissait un coin de la pièce. Plutôt confortable, je dois dire. »
Erza, se pinçant l'arête du nez, finit par se résigner. A travers ses paupières mi-closes, L la vit tirer les couvertures puis se figer un instant. Après quelques secondes, elle contourna de nouveau le lit et vint fermer les volets et tirer les rideaux de la fenêtre, étouffant ainsi les bruits de l'extérieur.
« Au moins, je n'entendrai plus le son des cloches, songea L en sentant ses paupières se fermer. »
