Une petite fanfic sur Black Butler, sans prétention :)

Ici, Sebastian n'est pas le Majordome de Ciel Phantomhive...


Pour fêter le passage à la nouvelle année, le Vicomte Druitt donne un bal masqué dans sa demeure et a invité les personnes les plus influentes et les plus riches de tout Londres.

Sebastian Michaelis passe au milieu des convives, un loup noir devant les yeux, distribuant des sourires à ceux qui croisent son regard. Les masques ne dissimulent pas toujours correctement l'identité de chacun et l'on peut reconnaitre qui se cache derrière les déguisements. Le Vicomte parade au milieu de sa salle de réception, un attroupement formé autour de lui l'écoute parler, trop occupé à l'admirer pour réellement écouter ses paroles. Ainsi sont les humains. Prétentieux, hautains, aimant le luxe, faignant d'ignorer la pauvreté - sauf lorsqu'il s'agit de montrer à tous les autres qu'ils viennent de donner de l'argent à un pauvre – et croyant qu'un déguisement et un masque leur donne une autre personnalité. Du coin de l'œil, il remarque un enfant d'une dizaine d'années, accompagné par un adulte qui semble être son père. Un sourire se dessine sur les lèvres de Sebastian tandis qu'il observe ceux que l'on surnomme « les nobles du Mal ». L'enfant tourne la tête, collé à son père, et regarde le monde qui les entoure, loin d'être rassuré. Un rire retentit alors, le tirant de ses rêveries et il remarque qu'un autre homme, tout de blanc vêtu, a rejoint le père et le fils. Un contact certainement, les nobles du mal ont toujours besoin d'avoir des informations. L'homme en blanc ébouriffe la chevelure de l'enfant, fait un petit signe de la main à l'adulte et s'éloigne sous le regard approbateur de Sebastian. S'il doit reconnaitre une chose, c'est que certains humains sont réellement élégants, pour ne pas dire sacrément beau. D'un coup d'œil, il vérifie si ses amis à lui sont bien en place et emboite mine de rien le pas à l'homme en blanc qui s'est rendu sur le balcon pour fumer. Il s'accoude à côté de l'homme qui a posé son masque sur la rambarde.

- Bonsoir.

L'homme en blanc tourne la tête vers lui, le sourire aux lèvres :

- Bonsoir.

Sebastian désigne la cigarette :

- Auriez-vous l'amabilité de m'en offrir une ? J'ai oublié les miennes.

Galamment, l'homme en blanc sort un briquet et une nouvelle cigarette qu'il allume avant de la lui tendre. Sebastian porte le cylindre de papier à ses lèvres et souffle la fumée en regardant l'autre du coin de l'œil : un beau visage aux traits fins. Des yeux d'un vert émeraude pétillant sous des mèches de cheveux d'un noir soyeux élégamment ramenées en catogan sur la nuque.

- Je ne crois pas vous connaître ? lance l'homme en blanc. Pourtant, je peux me vanter de connaître une grande partie de Londres.

- Je suis arrivé en ville il y a quelques mois, j'ai été trop occupé pour prendre le temps d'accepter les invitations que l'on m'envoyait.

Il tend sa main :

- Sebastian Michaelis. Je viens d'ouvrir un magasin d'argenterie et d'horlogerie.

Une lueur s'allume dans le regard vert, appréciatrice.

- Adrian Crevan, directeur des Pompes Funèbres, répond l'autre en lui serrant la main. J'ai entendu parler de votre magasin, sans avoir encore pris le temps d'aller voir.

- Des Pompes Funèbres ? Pardonnez-moi, je trouve étrange qu'un Croque-Mort soit invité à une telle fête.

Adrian rit, loin d'être vexé par la remarque :

- Je suis avant tout un noble, Monsieur Michaelis, sauf que je travaille. Et je soupçonne notre hôte de m'inviter surtout dans l'espoir d'avoir un ou deux cercueils gratuits.

Sebastian sourit. L'extrémité de sa cigarette rougeoie sous son inspiration. Adrian le regarde plus franchement : finesse, élégance, les cheveux noirs et un regard d'ambre à tomber.

- Il est difficile de s'installer et de faire prospérer un commerce lorsque l'on est un inconnu. Le nom de Michaelis ne m'est pas familier.

- D'où ma présence à cette soirée, j'espérai rencontrer du monde pour parler de mes affaires.

- Difficile, les clans sont déjà formés et les inconnus peu acceptés. Pour vous faire connaître, il faut que l'on parle de vous en bien.

Sebastian acquiesce en silence. Adrian sourit :

- Je peux vous aider. Apportez-moi un échantillon de votre argenterie et si j'estime qu'elle vaut le détour, je ferai en sorte de répandre votre nom parmi la bourgeoisie.

Le commerçant hausse un sourcil :

- Vous êtes si influent ?

- Ne sous-estimez jamais un Croque-Mort, s'amuse Adrian. Personne ne prête attention à moi, mais je connais les secrets des morts et des vivants, il n'est donc pas conseillé de me contrarier, sous peine de voir quelques squelettes sortir du placard.

Sebastian lève le nez vers le ciel étoilé, la voix légèrement provocatrice :

- N'est-ce pas plutôt que personne n'ose contrarier l'ami des nobles du mal ?

Le Croque-Mort éclate d'un rire franc :

- Peut-être. Je vois que vous avez des informations.

- Les Phantomhive ont une réputation qui les précèdent dans toute l'Angleterre.

Adrian écrase son mégot sur le balcon en pierre et regarde par-dessus son épaule, en direction du père et de l'enfant. Une certaine douceur brille dans ses prunelles :

- Vous l'avez dit : ce sont mes amis, Monsieur Michaelis. Le Comte me protège à sa façon et je le protège à la mienne. Si vous connaissez la réputation de cette famille, je vous conseille de ne pas leur chercher d'ennuis.

Les yeux verts rencontrent les yeux d'ambre lorsque le Croque-Mort bouge la tête. Sebastian tressaille, étonné de trouver son interlocuteur si fascinant. La plupart des humains l'ennuient, l'agacent ou l'amusent, dans le meilleur des cas. Celui-là l'intéresse, il a envie de l'entendre encore parler.

Les portes donnant sur le jardin s'ouvrent, libérant un flot d'invités qui sortent pour admirer le feu d'artifice qui sera bientôt lancé dans le ciel, à minuit pile. Adrian observe la masse humaine puis rit doucement :

- Je n'ai pas l'habitude de voir autant de monde, les Pompes Funèbres ne sont pas aussi vivantes, si vous voyez ce que je veux dire, achève-t-il avec un clin d'œil complice.

Sebastian écrase son mégot à son tour, clairement amusé par la remarque de son interlocuteur.

C'est alors qu'une formidable explosion retentit. Les invités crient de joie avant de réaliser qu'aucune couleur ne s'allume dans le ciel, par contre les écuries sont en flammes. Adrian s'écarte de la rambarde par instinct :

- Je vais voir ce qu'il se passe !

Il s'en va précipitamment. Sebastian le soupçonne de vouloir rejoindre les Phantomhive pour s'assurer qu'ils vont bien. Il quitte à son tour le balcon.

Tout en courant, Sebastian sourit, il accélère, devient presque une ombre. Ses cheveux noirs s'allongent, l'ambre de ses yeux devient un rouge éclatant. Il retire ses gants et laisse ses ongles pousser. Il a promis un festin à ses semblables et sent les présences des autres Démons qui profitent de la cohue et de la peur des humains.

Des cris d'horreur retentissent. Les flammes provenant des écuries se répandent. Les chevaux ne sont pas là, ils profitent de la douceur de la nuit pour pâturer dans un pré voisin, par contre le personnel du Vicomte travaillent aux écuries. Quand le Démon arrive sur les lieux, les siens ont déjà avalé l'âme des palefreniers. Un rire fier franchit ses lèvres. D'un geste sec, il déchire ses vêtements, optant pour une tenue plus confortable dans laquelle il se sent moins coincé : un ample pantalon noir bouffant savamment déchiré au niveau des cuisses. Son torse est barré par deux bandes de cuir qui se transforment en une longue cape lacérée dont les douze pans claquent dans le vent. Dans la précipitation, certains invités se sont précipités n'importe où. Ceux qui ont le malheur de se perdre loin du reste du groupe se font happer par les Démons qui dévorent l'âme sans cérémonie. Sur la centaine d'invités du Vicomte Druitt, il espère récupérer une trentaine d'âmes. Un vrai massacre que les humains auront du mal à expliquer. L'image d'Adrian lui traverse l'esprit tandis qu'il attrape un invité perdu, le plaque contre un mur et se dévore de son âme. Il abandonne le cadavre sans vie avec une moue écœurée. Décidément, les âmes quelconques n'ont plus le moindre goût. Le Croque Mort doit être délicieux par contre. Part-il à sa recherche maintenant avant qu'un autre se régale de lui à se place ? Ou le garde-t-il en vie pour plus tard ? Il tressaille soudain. L'un des siens vient de tomber. Puis une deuxième. Et un troisième. Les humains ne sont pas capables d'affronter les Démons ! Furieux, il se dirige vers la zone où il sent ses semblables perdent la vie. Ses pas le conduisent dans la salle de réception, un grondement de fureur retentit dans sa gorge tandis qu'il observe la dizaine de cadavres devant lui. Pas des humains. Ses semblables.

Qui a osé ?

Un corps tombe sur le balcon. Le treizième et dernier. Il se précipite à l'endroit de la chute et tourne la tête en direction du toit immédiatement. Seuls les Shinigamis peuvent se permettre un tel affront, il est bien décidé à en découdre. Pourtant, il se fige immédiatement en voyant la silhouette perchée sur le toit qui se découpe en ombre chinoise devant la lune. De longs cheveux gris et une tunique battant dans le vent qui laisse voir des jambes chaussées de bottes aux attaches d'argent. Des yeux phosphorescents derrière des lunettes dont il devine les verres rectangulaires grâce aux reflets de l'astre blanc. Et une énorme Faux dont le manche se termine par un crâne à couronne de ronces et dont la lame est recourbée. Le Démon retient son souffle avant d'expirer dans un murmure :

- Ankou.

Ankou, le tout premier Shinigami. Le Shinigami de Légende qui a inspiré les histoires humaines sur la Faucheuse. Ankou, le Pourfendeur des Démons.

Le Shinigami ne l'a pas quitté du regard également et un rictus se dessine sur ses lèvres :

- Samaël. Le Diable est donc sorti de sa tanière, comme c'est intéressant.

Posément, il extirpe un carnet de sa poche et l'ouvre avant de faire claquer sa langue en le déchiffrant :

- Dommage, je n'ai pas de temps à t'accorder, j'ai perdu assez de temps avec tes petits diablotins.

Ankou referme le carnet entre deux doigts et lève sa Faux pour poser le manche sur son épaule. Le Démon regarde le sang qui goutte de la lame et bondit sur le toit…vide. Il entend un éclat de rire et baisse les yeux en voyant que le Shinigami est sur le balcon à présent et le nargue :

- Maintenant que je sais que tu es sorti de ton trou, j'ai hâte de t'affronter, Samaël.

Il saute du balcon et disparait dans la nuit, laissant le Démon sans voix. Ankou ne faisait plus parler de lui depuis des années, peut-être même des siècles. Et le Shinigami ne fait pas de vaine promesse, s'il souhaite ajouter Samaël à sa liste de Démons à tuer, il le fera. Le Prince des Anges Déchus fulmine en constatant que sa petite fête est devenue celle du Shinigami et qu'il va devoir se méfier à présent. Préférant jouer la carte de la prudence, il quitte ses vêtements et son apparence démoniaque pour redevenir Sebastian Michaelis, le nouveau marchand et rejoint le groupe des invités qui se sont regroupé devant la demeure du Vicomte Druitt. Machinalement, il cherche Adrian du regard et remarque que les nobles du Mal sont toujours en vie. L'adulte est accroupi devant son fils et semble le rassurer. Adrian, reconnaissable avec sa tenue blanche sort de la foule pour les rejoindre. Le Comte se redresse. Le Croque Mort demande clairement des nouvelles, l'autre le rassure. Sebastian soupire en se demandant pourquoi il est vaguement soulagé d'avoir constaté qu'il a été épargné par ses Démons.