Cette fanfiction est inspirée de la chanson Nitroglycérine de RoBERT

Vous trouverez les paroles de la chanson à l'adresse suivante : www(point)musikiwi(point)com/paroles/robert-nitroglycerine,34084(point)html


Année 514 AC


Les cinq yakuzas, hommes japonais musclés entièrement recouverts de tatouages, un sabre dans le dos, se précipitent dans les rues de Tokyo. Un énorme chien-démon cracheur de feu les précède, reniflant l'air.
- Elle ne doit plus être bien loin !
Le chef des yakuzas encourage le démolosse à grands cris. À ses côtés, son lieutenant tient fermement une lourde chaîne.
- Vous êtes sûr que c'est la meilleure chose à faire ? interroge le lieutenant.
Il contemple la chaîne que son chef lui a confiée, dubitatif. Il aurait largement préféré en finir à coups de sabre, comme d'habitude.
- Je suis absolument certain, grogne le chef des yakuzas. J'ai failli mourir étranglé par cette chaîne. Ça sera l'instrument de ma vengeance.
Les trois autres bandits ont un rire gras. Blousons de cuir, crêtes colorées, anneaux à l'oreille : les cinq hommes n'inspirent pas confiance. Certains sont armés de coups-de-poings américains, l'un a un pied-de-biche, le lieutenant, une chaîne, et le chef, un démolosse au moins aussi fou que lui. Tous les cinq sont à la poursuite d'une jeune femme aux cheveux courts, à la peau dorée, aux grands yeux noirs. Une femme essoufflée qui ne leur échappera plus longtemps.


Elle court de toutes ses forces, les cinq yakuzas à ses trousses. Elle se maudit intérieurement de n'avoir que des pokémons de type poison : l'alakazam du garde les a presque tous mis en déroute d'une seule psyko. Seul, le drascore est encore debout ; voyant le nombre d'adversaires rameutés par le combat, elle a préféré la voie de la sagesse et s'est enfuie. Papinox, Nostenfer, Tentacruel, Nidoqueen, même la fidèle Roserade, ne lui seront plus d'aucune utilité à présent.

Elle oblique sur sa gauche et se précipite vers le parc de Chiyoda. Les environs sont absolument calmes. Elle se jette dans les buissons et, rapidement, fait sortir tous ses pokémons de leurs balls. Même Drascore le terrible, même la fidèle Roserade. Elle jette un œil au-dessus du feuillage et tend l'oreille. Les yakuzas se rapprochent. Elle reconnaît le hurlement de plusieurs démolosses, les cris d'un colossinge, le feulement d'un persian ou d'un chaffreux. Elle sent l'aura de l'alakazam. Elle a un sourire mélancolique. Elle s'était préparée à mourir, mais pas de cette façon. Pas sans emporter avec elle le terrible chef des yakuzas. Et elle a échoué.

Avec des gestes précis et méthodiques, elle brise les fermetures des six pokéballs. Le regard vide, ses pokémons la contemplent. Elle ferme les yeux, espérant se faire tailler en pièces par eux plutôt que de tomber entre les mains des yakuzas. Elle est prête. Tous ses sens sont endormis.
Au bout d'une ou deux minutes, comme il ne se passe rien, elle rouvre les yeux. Ses pokémons ont disparu dans la nuit, même Roserade la fidèle. Elle n'a pas la moindre égratignure. Derrière elle, une haleine brûlante souffle dans sa nuque.
- Démolosse l'a retrouvée ! C'est bien Démolosse ! Bon chien !
Elle se relève, trébuche, et part en courant, le démolosse sur ses talons, le souffle court.
Elle émerge de sous les arbres et se retrouve dans un jardin zen, avec petite mare à magicarpes, petit îlot central, autels aux cinq Oiseaux et aux trois Fauves, et torii.


Le chef des yakuzas retient ses hommes.
- Je veux qu'elle souffre. Aucune attaque. Contentez-vous de l'attraper. Toi, sors ton florizarre : il la maintiendra immobile avec ses lianes. Ensuite on s'amusera un peu avec elle. Et je l'achèverai personnellement. Avec la chaîne.
Il a un rictus mauvais tout en se massant la gorge où des marques de strangulation sont visibles.
- Elle me le payera. Ensuite, on remontera jusqu'au commanditaire, et on le fera payer lui aussi. Ils vont tous payer. Et Tokyo sera à moi !
Les acolytes éclatent d'un rire gras.


IL avait décidé d'observer de près les humains. IL s'était approché par la voie des airs et, attiré par la verdure du parc de Chiyoda, était allé s'y promener. C'est là qu'IL vit la jeune femme, effondrée de fatigue. Debout sous le torii, IL la regarde sans grand intérêt. Un humain de plus ou de moins...
IL voit qu'elle porte une ceinture de dresseur à la taille, mais pas de pokéballs. Des poches vides, pas de sac, échevelée.
« Une fugueuse » pense-t-IL en haussant les épaules.
Sur les talons de la jeune femme, un démolosse retenu par la voix de son maître.
« Et voici sa famille partie à sa recherche. » conclut-IL.

La jeune femme se retourne, aperçoit ses poursuivants et se précipite vers LUI avec des yeux suppliants. Froidement IL la contemple, son attention à peine retenue par le spectacle qui se déroule sous ses yeux. En la regardant plus attentivement, IL se rend compte que son visage a pour LUI comme une impression de déjà-vu qu'IL ne parvient pas bien à cerner.
« Étrange » pense-t-IL. « C'est bien la première fois que l'un de mes souvenirs est flou. Commencerais-je à vieillir ? »
Calmement IL regarde la jeune femme se faire bondir dessus par le démolosse. Elle tend les bras vers LUI en l'appelant.
- Kami ! Kami ! À l'aide !
Les yakuzas la rattrapent. Ils ne L'ont pas remarqué, sous le torii. Tant mieux. IL va pouvoir continuer à observer tranquillement.


- C'est bien Démolosse ! Gentil chien !
Le chef des yakuzas flatte l'énorme bête avec un sourire mauvais.
- Alors ma jolie, on a tenté de s'enfuir ? On n'aime plus se retrouver au lit avec le grand méchant obayun ?
Le premier lieutenant, ou wakagashira, ricane.
- Allez Florizarre, immobilise-la !
Les lianes s'enroulent autour des membres de la jeune femme. Son visage apeuré devint résigné, puis haineux. Elle lève la tête vers l'obayun des yakuzas et lui crache au visage.

- Salope ! hurle-t-il en la giflant du revers de la main. Tu ne perds rien pour attendre !
Il sort un cran d'arrêt de sa poche et avec, il met en pièces les vêtements de sa victime.
- Alors ? Tu fais moins la fière maintenant !
En effet, elle fait moins la fière. Comprenant ce qui va lui arriver, elle perd le contrôle de ses nerfs. Elle se met à sangloter.
- Shateigashira ! hurle l'obayun au second lieutenant. Il me semble que ça fait longtemps que ton colossinge n'a pas touché de femme...
La prisonnière pousse un hurlement de terreur et se débat dans les lianes du florizarre. En vain.
- Colossinge ! Elle est à toi ! beugle le shateigashira.
La jeune femme sanglote de plus belle.


Sous le torii, IL observe les humains en haussant un sourcil. IL abandonne sa conclusion trop hâtive de membres de la famille à la recherche d'une fugueuse et opte pour une vengeance personnelle. IL secoue la tête alors que le colossinge s'acharne sur l'humaine sans défense.
« Les humains sont vraiment des barbares » soupire-t-IL. Il ne LUI vient pas à l'esprit de prêter assistance à la jeune femme. Sa haine des humains est trop forte pour cela. Pourtant, IL ne parvient pas à approuver le comportement des yakuzas.


Trois démolosses aux pattes brûlantes succèdent au colossinge, et quelques autres créatures encore. Une demi-heure s'écoule ; la volonté de la jeune femme est totalement brisée. Son seul désir est de mourir, de mourir vite.
L'un après l'autre, les yakuzas lui passent sur le corps. Ils l'insultent, lui crachent au visage, la frappent, la brûlent avec des mégots de cigarette. Elle ne réagit même plus. Elle ferme son esprit aux stimuli extérieurs et attend la mort avec résignation.


IL commence à ne plus supporter le spectacle qu'il a sous les yeux. IL se souvient à présent pourquoi la jeune femme lui semble familière. La colère monte en LUI. Tout son visage noble est retroussé par un rictus de haine.


Les yakuzas, au bout d'une heure et demie, se lassent. Leur victime semble évanouie.
- Donne-moi la chaîne ! ordonne l'obayun.
Il saisit l'arme et la fait tournoyer au-dessus de lui.
- C'est l'heure de PAYER ! meugle-t-il.
La chaîne s'abat sur la tempe de la prisonnière. Le yakuza, les yeux fous, lève son arme pour frapper à nouveau.
- La police ! La police ! prévient celui de ses hommes qui s'était placé en sentinelle.
- Tirons-nous ! s'exclame le shateigashira.
Les pokémons sont rappelés et la victime, abandonnée. Prestement, les yakuzas disparaissent dans le parc.


IL les regarde s'enfuir avec désintérêt. Puis IL porte son regard sur le corps étendu au sol.
« À mon tour de m'amuser... » murmure-t-IL en s'avançant, un rictus sadique sur les lèvres.
Quelque chose bouge dans les buissons. Un caninos apparaît et aboie. IL tourne la tête et scanne les environs. Des humains s'approchent, cherchant l'origine des bruits qui dérangent le voisinage depuis quelques temps.
Alors IL la saisit dans ses bras et s'envole. IL sera bien plus tranquille dans son propre repère.


Fin du chapitre


Chapitre inspiré de la chanson Quand on arrive en ville de Michel Berger. Vous trouverez les paroles à l'adresse suivante : www(point)elyrics(point)net/read/m/michel-berger-lyrics/quand-on-arrive-en-ville-lyrics(point)html


À propos des noms - note pour la fic complète


Étant donné que cette fic se déroule au Japon, tous mes personnages portent des noms et prénoms japonais, à l'exception des nom/prénoms les plus populaires (j'ai gardé « Chen Sammy » au lieu des noms et prénoms japonais du professeur, par exemple). Et à l'exception du personnage principal, pour éviter que son nom soit le même que celui de son pokémon.

Notez qu'au Japon, les gens s'adressent les uns aux autres en utilisant le nom de famille. Le prénom est réservé à un usage plus intime (amis proches, etc.) ou pour s'adresser à des enfants (le professeur qui s'adresse à ses thésards...). Donc par défaut, mes personnages sont désignés par leur nom de famille.

Néanmoins j'ai conservé le prénom pour : les enfants ; les réflexions d'une personne à l'adresse d'un(e) ami(e) intime ; les personnages dont le prénom est un nom de code (exemple : Jessie et James de la Team Rocket) ; le personnage principal ; les pokémons.

Les pokémons sont désignés par leur surnom. Lorsque leur dresseur ne leur en a pas donné, ils sont désignés par leur espèce avec une majuscule. L'espèce avec minuscule indique n'importe quel pokémon de l'espèce en question. (exemple : un psykokwak se promène au bord du lac ; Ondine ordonne à Psykokwak d'utiliser son choc mental).


Divers éléments de culture japonaise - note pour la fic complète


J'ai basé la culture de base de ma fic moitié sur celle du Japon du dix-huitième siècle, moitié sur celle du Japon actuel. Le « monde flottant », le monde des plaisirs qui servait à occuper les samouraïs une fois la paix rétablie dans le pays, est l'un des éléments culturels qui marquent le plus cette fic. Kimonos, théâtre, mais surtout bordels (dans lesquels les filles parfois rentraient dès l'âge de dix ans) et maisons de thé se mêlent à la mafia locale, les yakuzas (et la Team Rocket bien sûr).

Ci-dessous un petit dictionnaire des termes japonais utilisés dans ma fic et qui ne sont pas expliqués dans le texte.

Yakuza : les yakuzas sont les membres de la plus grande organisation criminelle au monde ; ils ne vivent pas cachés mais sous le couvert d'une structure légale associative. Le nom « yakuza » signifie « bons à rien ».

Torii : portail japonais séparant le monde profane du monde sacré. Chaque torii traversé dans un sens doit être retraversé dans l'autre sens afin de revenir au monde réel.

Obayun : chef d'un clan de yakuzas.

O-hanami : fête de la contemplation des fleurs de cerisier.

Miso : pâte fermentée très salée à base de soja et de riz ou d'orge, utilisé comme assaisonnement ou base pour les bouillons, les soupes...

Kimono : robe traditionnelle japonaise en forme de T. La longueur des manches, les couleurs et les motifs varient suivant les occasions.

Obi : large ceinture, nouée dans le dos (devant pour les prostituées), qui sert à fermer le kimono. L'obi des hommes est plus étroit que celui des femmes.

Bain japonais : le bain japonais se prend après s'être lavé. L'eau très chaude du bain est parfois conservée pour plusieurs personnes, pour plusieurs jours, et est alors gardée à température par un système de baignoire chauffante.

Oiran : prostituée de haut rang, pas forcément versée dans le chant et la danse (spécialité des prostituées « tayu » et des geishas). Elles sont reconnaissables à leur coiffure, leur obi noué devant, et leurs getas noires à trois dents.

Geta : chaussure traditionnelle japonaise, constituée d'une plaque de bois sur laquelle repose le pied, et de deux lames verticales (ou dents) en guise de semelle. Les deux lames sont situées à l'arrière et aux deux-tiers de la longueur, permettant une marche plus aisée que les chaussures des courtisanes.

Yayoi matsuri : défilé de chars décorés dans la ville de Nikko.

Shamisen : sorte de banjo japonais à trois cordes et à manche sans frette.

Tatami : tapis de sol en paille de riz d'environs 5 cm d'épaisseur. La longueur est le double de la largeur (182x91 cm). Le tatami sert d'unité de surface. Il faut enlever ses chaussures pour marcher sur un tatami.

Golden Week : série de quatre jours fériés concentrés sur sept jours. Son nom vient de l'augmentation du chiffre d'affaire des entreprises du secteur des loisirs.

Sept Sœurs : les sept plus grandes entreprises en négoce du Japon.

Onsen : source chaude naturelle ; bains chauds alimentés avec de l'eau chaude naturelle. Il faut se laver avant d'aller se baigner, et aucun vêtement n'est toléré à l'intérieur de l'onsen. Ceux qui par pudeur emportent une serviette avec eux, doivent la poser sur leur tête ou au bord du bassin lorsqu'ils entrent dans l'eau.

Loose socks : chaussette plissée sans pied, accessoire à la mode chez les adolescentes. Leur longueur peut atteindre 2 m et elles sont maintenues sous le genou à l'aide de colle.

Furisode : kimono porté lors des occasions les plus officielles. Ses manches sont très longues.