Cette fanfiction m'a été inspirée par "Jimmy" du groupe Moriarty. (Qui est entre parenthèse une chanson magnifique).

Disclaimer : Le grand Moriarty n'est pas encore à moi mais je travaille dur pour régler ce problème.

Bonne lecture.


Chapitre 1 : Cher Jim…

Qu'est-ce que j'ai fait ? Jimmy, tu es couché devant moi, te vidant peu à peu de ton sang. Pourquoi ? Tu ne respires pratiquement plus et ton pouls est de plus en plus lent. Alors je me lève, me met à courir, et me débarrasse de l'arme à feu encore chaude que je tiens dans ma main. Je la cache efficacement. J'attrape une paire de chaussures quelconques dans le placard, vais sur le pas de la porte pour les salir et m'en sert pour faire diverses empruntes menant à toi avant de les mettre dans un sac plastique et de les cacher au même endroit que le pistolet. A partir de maintenant je n'ai rien fait. Ce n'est pas moi, je t'ai trouvé ici en te rendant visite. Quelqu'un est entré chez toi et t'a tiré une balle dans la poitrine. Je n'ai fait qu'appeler les urgences.

« Jimmy… reviens… les secours seront bientôt là… Jimmy… tiens bon ! »

Comment est-ce qu'on en est arrivés là Jimmy… laisse moi me rappeler comment tout ça est arrivé. Pourquoi ? A quel moment est-ce que ça a commencé à dégénérer ?

Je me souviens encore de toi petit mon Jimmy, l'enfant le plus intelligent que je n'avais jamais vu, tu as cloué le bec à plus d'un spécialiste, tu faisais tout à la perfection. Tu ne subissais pas ta vie. Tu la contrôlais déjà.

Quand tu avais six ans tu aimais te coucher dans le gazon du jardin que papa entretenait. Tu t'en souviens ? Il était toujours un peu humide à cause de l'arrosage automatique régulier, mais ça ne te dérangeais pas. Tu respirais juste l'air frais de la campagne en écoutant les taureaux courir dans le champ des paysans du coin. Dans ces moments je me penchais à la fenêtre de ma chambre et te regardais sourire. On aurait dit un ange… mais c'était bien plus que cela. C'était toi Jimmy… mon petit frère.

Dis-moi Jim, tu te souviens ? Une fois tu étais venu me voir dans ma chambre en pleine nuit parce que tu avais entendu des bruits étranges à l'étage du dessous. Tu étais très jeune et pourtant tu avais déjà compris ce qu'il se passait. Tu avais quoi… neuf ans ? Cette nuit là tu as pleuré. Parce que tu venais de briser la dernière barrière te menant à la vérité. Cette nuit là, le peu de naïveté infantile qu'il te restait t'a quitté. Il s'est effrité en quelques minutes et tu l'as regretté. Cette nuit là tu t'es endormi en larmes, dans mes bras, car envers papa tu es passé d'amour à haine. Il n'a pas suffit d'un pas. Les coups, il t'était déjà arrivé de les entendre, et pour une fois dans ta vie tu avais décidé d'ignorer ce que tes sens te rapportaient. Cette nuit là tu m'as confié que les sentiments étaient la plus grande plaie de l'être humain, sa plus grande tare, et que tu voudrais ne plus jamais en avoir.

Tu n'y es pas parvenu tout de suite n'est-ce pas ? Sinon… tout le reste n'aurait jamais eu lieu.

Jimmy, sais-tu que quand j'y pense mon cœur saigne ? Le lendemain matin tu avais les yeux chargés d'une émotion que personne n'a pu identifier… sauf moi. Alors je t'ai serré dans mes bras aussi fort que j'ai pu, et tu t'es raccroché à moi. A partir de là je n'ai plus seulement été ta grande sœur mais ta meilleure amie, ta confidente. Nous sommes descendus à la cuisine pour prendre notre petit déjeuner, maman et papa étaient tous les deux là. Notre géniteur était comme toujours, sans expression de visage. Notre mère, elle, souriait. Elle souriait presque trop sous ses larmes invisibles.

Rien ne t'échappe jamais n'est-ce pas ? Et cette fois là non plus n'a pas dérogé à cette particularité que tu as toujours eu. Tu m'as fait signe et exagérer une respiration en me montrant maman du menton. Tu as regardé sa cage thoracique. Je n'avais pas compris au début, puis j'ai regardé plus attentivement et j'ai vu qu'elle respirait très peu, comme si elle cherchait à prendre les plus petites inspirations possibles. Je m'étais cassé des côtes quelques mois auparavant et je respirais exactement de cette manière. Tu m'as regardé, puis tu as regardé papa. Lui n'a pas réagit, puis d'un coup de main tu as balayé tout ce qu'il se trouvait devant toi sur la table en sa direction avant de sortir d'un pas presque hystérique.

Nous sommes tous trois restés sous le choc. J'ai vu les yeux de maman s'inonder et ceux de papa s'emplir de colère. Notre pauvre mère a échappé un sanglot, lui déclenchant une douleur vive dans les côtes. Papa l'a relevée d'un coup alors qu'elle s'était penchée sur la table, puis l'a regardé méchamment parce qu'elle avait laissé voir qu'elle avait mal. Il lui a tiré les cheveux et a regardé en ta direction, le visage tordu en une expression de rage. J'ai alors eu peur. Je me suis levée et t'ai rejoint. Je savais où tu étais. Tu savais très bien qu'il allait mal réagir et que je ne resterai pas. Je t'ai donc retrouvé dans ma chambre.

Quand je suis entré tu m'as sauté dans les bras et m'a dit que tu détestais maintenant cet homme que tu avais admiré. Que de père, il était passé à géniteur. Moi non plus je ne l'aimais pas. Toujours distant, secret, jamais il ne nous avait pris dans ses bras.

Jimmy, pourquoi est-ce qu'il a fallu que tout ça arrive ?

On a entendu des pas dans l'escalier. Tu te souviens ? On a eu la même réaction. Les pas étaient trop légers pour être ceux de notre père. C'étai t maman. On est allé s'asseoir sur mon lit, puis c'est là qu'elle est entrée. Elle était en larmes. Elle s'est approchée et nous a pris dans ses bras en s'excusant. Toi aussi à ce moment là tu as trouvé ça incongru, ça n'était pas de sa faute et elle n'avait rien eu à se reprocher. Malgré ça, elle s'excusait.

Cette fois là elle nous a parlé, elle s'est ouverte à nous. Maintenant que tu savais, il n'était plus là peine qu'elle le cache. Notre père était d'une violence peu commune avec elle. Elle était sa chienne depuis longtemps, et surtout, elle en était prisonnière par les menaces incessantes qu'elle recevait.

Jimmy, quelques minutes plus tard j'ai vu pour la première fois dans tes yeux et dans ceux de maman la vraie nature de la peur. Sa férocité et la torture qu'elle pouvait causer par sa simple présence. La peur d'une pureté insoutenable, c'est elle que j'ai vu cette fois là, et je l'ai ressentie aussi. Elle s'est immiscée en nous quand nous avons commencé à entendre les pas précipités qui claquaient dans les escaliers. Puis elle a atteint son apogée quand la porte s'est fracassée contre le mur dans un vacarme inouï.

Mon petit Jimmy, tu te souviens de la force avec laquelle maman nous a serré toi et moi ? Elle ne pensait qu'à nous protéger de la fureur de son mari… et elle l'a payé. Je me souviens encore du regard de ce monstre quand il l'a tiré de toutes ses forces par les cheveux. Il l'a plaquée au sol et lui a donné un coup de pied dans le visage. Toi, tu étais tétanisé. Tu ne pouvais plus bouger. Alors j'ai bondi sur lui et lui ai hurlé de s'arrêter et de se calmer. Je crachais ma peur et ma propre rage. Je l'ai poussé de toutes mes forces, de la petite hauteur de mes treize ans. Et naturellement, j'en ai payé le prix également. Il m'a saisi au coup et a commencé à m'étrangler tout en maintenant notre mère au sol avec son pied.

Je ne respirais plus, je manquais d'air, je me sentais partir, mais je me souviens de toi, tu as mis tes mains sur tes oreilles et fermé les yeux, puis tu as commencé à chanter. Tu as chanté une simple berceuse, douce, coulante, reposante. Elle était très jolie, tu chantais très bien. Puis ça a été le trou noir.

Quand j'ai rouvert les yeux j'étais au sol, maman était assise par terre, et toi tu t'es jeté dans mes bras en me voyant bouger. Tout était flou mais j'avais entendu cette voix qui se manifestait si peu prononcer lentement ces deux phrases : « Si jamais vous parlez de ça, alors ce souvenir aura le goût d'un amuse gueule comparé à ce qui vous attend. Vous êtes tous les trois prévenus. »

A ce moment là un frisson m'a traversé la colonne vertébrale et je n'ai pas bougé. Maman était sous le choc et saignait. Alors on est allé dans la salle de bain et on l'a soignée. Elle ne s'est remise à parler que quelques heures plus tard. Elle était restée avec nous dans ma chambre et avait semblé réfléchir intensément. Je m'en souviens comme si c'était hier. Elle s'est avancée vers nous, s'est mise à genoux et t'as adressé la parole.

« Cher Jim… mon cher petit Jimmy… s'il te plaît… j'ai besoin de ton aide. Votre père nous tuera si… on ne le fait pas. Jimmy… aide moi, dit moi quoi faire, dit moi comment faire pour ne rien risquer… Jimmy… »

Et tu l'as aidée. Tu as complètement orchestré le meurtre de notre propre géniteur, sans te salir les mains bien sûr. Tu as été d'une finesse inouïe, le dossier a été clos et nous n'avons même pas été suspectés un instant. Tu nous as sauvé Jimmy… petit frère… pourquoi est-ce qu'il a fallu que tu décides de recommencer ? Pourquoi en as-tu fait ton métier ? Jimmy… Comment en sommes-nous arrivés là aujourd'hui ? Est-ce cet épisode de notre enfance qui t'a poussé à réagir comme ça ? Jimmy… »