Note : Tout à J.K. Rowling sauf les OC et l'intrigue. Cette fiction comportera trois, voir quatre chapitres, en plus du prologue que voici, mais pas très longs contrairement à mon habitude, sauf si je change d'avis évidemment. J'espère que vous allez aimer, je m'essaie pour la première fois à une sorte de triangle amoureux, avec pour narrateur Lily Luna Potter. Et c'est pas de la tarte. x) D'ailleurs, vous sentirez que c'est un peu confus tout ça à partir de la fin. Bonne lecture à tous ! :)


Odalisque


Prologue


Comment aurais-je pu deviner qu'il jouerait ainsi double jeu ?

Il a été malhonnête. Il m'a menti, ... il nous a menti.

Au début, il ne jouait qu'avec Rose, et encore... tout le monde croyait que c'était sérieux. Il avait arrêté de courir après les autres filles, repoussait toutes leurs avances, restait fidèle à Rose, ma chère cousine, et la regardait continuellement avec des yeux énamourés.

Rien que d'y repenser, ça me donne envie de vomir.

Quand ils avaient fêté leurs six mois, Rose avait décidé d'annoncer la nouvelle à ses parents. C'est peu dire qu'Oncle Ron est entré dans une colère noire. Je dirais même rouge vu la couleur que son visage a pris quand Rose a balancé ça pendant un repas de famille, sans aucun tact -face à Ron Weasley, ce n'était pas très malin pour une fille aussi intelligente que Rosie- et provoquant l'étouffement d'Oncle Georges et une quinte de toux qui avait failli ne jamais s'arrêter de la part de Papi Arthur.

Et c'est à partir de ce moment-là que les vacances d'été ont commencé et que Scorpius se joignait à nous quasiment tous les jours.

J'avais quinze ans et forcément, voir un autre homme que mes cousins, pendant les vacances, me troublait. Il était torse nu la plupart du temps, ses magnifiques cheveux blonds en bataille, ses yeux d'un gris liquide pétillant comme de l'argent au soleil, et il avait beau être le petit ami de ma cousine, je ne pouvais m'empêcher de le dévorer du regard, ce qui m'avait valu quelques remarques délicieusement acides de la part de Dominique et de Molly. Lucy, elle, s'en fichait complètement, et Roxanne se contentait de nous observer sans rien dire, griffonnant en permanence sur son petit cahier noir.

Et puis comment aurais-je pu imaginer que j'avais une quelconque chance avec Scorpius Malefoy face à ma cousine, que je trouvais vraiment très belle avec ses longs cheveux roux très bouclés et ses grands yeux bruns ? Ensuite, il fallait préciser qu'elle avait dix-sept ans et moi seulement quinze. Je n'étais qu'une gamine, pensais-je.

Faux.

Un soir, Scorpius était resté dormir chez Mamie Molly. Seules Rose, Lucy, Albus, Fred, James et moi dormions chez elle ce soir-là. Et dans la nuit, j'avais été prise d'une irrépressible envie de boire de l'eau. J'étais sortie des draps du lit que je partageais avec Rose et Lucy, et j'étais descendue jusqu'à la cuisine pour prendre un verre.

Et là, pendant que l'eau rafraîchissait ma gorge assoiffée, j'avais senti des mains larges et tendres se poser sur mes hanches. Je m'étais immédiatement crispée et retournée.

Scorpius Malefoy évidemment. Jamais aucun de mes autres cousins/frères ne se serait amusé à me mettre de cette façon les mains sur les hanches. Ça aurait frôlé l'inceste.

Ses yeux pétillaient et son sourire.. Merlin, son sourire. J'ai cru que j'allais fondre sur place.

Au début, la désagréable pensée que de dos, il avait pu me confondre avec Rosie avait fait son chemin dans mon esprit. Mais il fallait être réaliste : les cheveux de Rose étaient aussi bouclés que les miens étaient raides, et elle était plus petite que moi malgré ses deux ans de plus. Scorpius ne s'était donc pas trompé. Et j'avais beau me dire qu'il était pris par une personne de ma famille, je n'avais pas pu l'empêcher de m'embrasser dans cette cuisine sombre, mon dos acculé au meuble de cuisine, mon verre d'eau dans une main et mon autre main enserrant sa nuque.

J'avais l'impression de rêver.

Le lendemain, il m'avait lancé un clin d'oeil discret de quoi me faire rougir comme la plupart des Weasley, c'est à dire devenir rouge comme une tomate, ce qui n'allait pas vraiment avec la couleur de mes cheveux.

Rose n'avait rien vu, et la seule chose qui l'importait était que chacun des membres de sa famille commence à mieux apprécier Scorpius pour ce qu'il était vraiment et ne pas le juger seulement sur son patronyme haï. Mais nous aurions dû. Nous aurions dû nous méfier de Scorpius et de ses sourires charmeurs... J'aurais dû me méfier.

Et les jours qui avaient suivi, le même manège se répétait tous les soirs. Scorpius était resté dix jours chez Mamie Molly. On ne se parlait presque pas en-dehors de ces moments uniques et intimes sauf pour s'échanger des petites piques, taquins. Mais nos regards en disaient beaucoup plus. J'aimais Scorpius. Oui, je l'aimais. Est-ce que je l'aime encore ? Je ne sais pas, je ne sais plus... Je ne devrais pas.

Ce petit jeu avait duré tout le long de son séjour dans la maison familiale et j'ai entamé ma sixième année à Poudlard, sans Scorpius dans les parages... Sans Rose non plus. Ils avaient tous les deux eu leurs Aspics haut la main et avaient décidé de prendre un petit studio ensemble près du campus universitaire sorcier à Glasgow. Pas si loin de Poudlard vu que nous somme situés en Ecosse.

Il n'empêche qu'il me manquait et quelle ne fut pas ma surprise quand il m'envoya un hibou m'indiquant qu'il aimerait beaucoup me voir à ma prochaine sortie à Pré-au-lard. La culpabilité m'étreignait, je trahissais Rosie, ma chère Rosie, celle qui était comme une grande soeur pour moi, en entretenant des sentiments illusoires pour Scorpius Hypérion Malefoy.

Je la trahissais, je me trahissais moi-même. Et de jour en jour, je devenais plus terne. Au revoir Lily le rayon de soleil, bonjour à Lily le brouillard. Troublée, oui je l'étais perpétuellement. Scorpius était devenu une obsession pour moi, et Hugo, mon plus vieux et plus fidèle ami, ne comprenait pas mon soudain changement d'humeur. Ce n'est seulement qu'après avoir fixé un rendez-vous avec Scorpius à Pré-au-Lard que je me sentis mieux, que mon sourire revint sur mon visage, que ma bonne humeur maladive reprit ses droits.

J'allais revoir Scorpius, et ça me suffisait. Et oui, j'avais beau me sentir coupable, je me berçais d'illusions. Naïvement, je pensais que peut-être il n'était pas heureux avec Rosie et que les baisers que nous avions échangés lui avaient fait ouvrir les yeux. J'étais celle qu'il lui fallait, j'avais pensé. A quinze ans, on ne sait pas ce qu'on dit. Encore moins à seize.

Mais il avait fait le déplacement spécialement pour mes seize ans. Avec Rose, certes, mais celle-ci m'avait soufflé, amicale, que c'était Scorpius qui avait eu l'idée de l'anniversaire surprise pile le jour d'une sortie à Pré-au-Lard. J'avais cru que mon coeur allait exploser de bonheur à cette pensée.

Il avait fait ça pour moi.

Et c'est après ça que j'ai vraiment commencé à parler avec Scorpius. Non parler pour ne rien dire, ça nous le faisions tout le temps, mais plutôt parler pour savoir pourquoi, pourquoi il la trompait avec moi, pourquoi il ne la quittait pas et pourquoi il continuait cette mascarade. J'avais l'impression de faire partie d'un stupide triangle amoureux où l'homme ne sait pas laquelle choisir, laquelle sera la meilleure pour lui. Et je voulais que ça cesse, oh oui je voulais arrêter.

Je voulais qu'il choisisse. Elle ou moi, mais qu'il ne vienne plus en cachette me voir, voilà tout ce qui m'importait. Je voulais pouvoir crier au monde entier qu'on était ensemble, lui et moi, annoncer à mon père que j'étais dingue de l'héritier de Drago Malefoy, son ennemi juré durant Poudlard ; je voulais pouvoir officialiser le fait que nous soyons ensemble. Ou pas. Oui, ou taire mon amour et passe à autre chose. Je n'étais pas une romantique donc mon cas pouvait très bien s'arranger si il nous laissait tranquille. Moi et Rose de préférence. Car je savais que si j'étais amenée à le revoir aux repas de familles, ou rien que d'imaginer assister à leur mariage, j'en avais la nausée. C'était plus que je ne pouvais le supporter et j'étais prête à tout pour que cela n'arrive jamais.

Scorpius me hantait littéralement et je savais que rompre totalement les ponts avec lui était la seule solution. Or, je ne pouvais le faire tant qu'il était avec Rose. Et l'équilibre déjà fragilisé de ma famille ne résisterait pas à un coup d'éclat de cette envergure. Oncle Ron avait déjà difficilement accepté que sa fille sorte avec un rejeton Malefoy mais si jamais les membres de la famille venaient à apprendre qu'il trompait celle-ci avec sa propre cousine, ce deviendrait un drame familial. Et sans aucun doute, une vendetta serait organisée contre la famille Malefoy, qui serait fière d'elle en la personne de Scorpius.

Oui, et c'est ce qui c'était passé.

Il nous avait manipulé. Diablement bien.

Scorpius Malefoy n'avait fait ça que dans le but de détruire nos liens familiaux, nous rendant responsable de la déchéance de son père et des liens fragiles, trop fragiles, entre ses grands-parents et ses parents. Pour lui, les Potter et les Weasley devaient payer. Quoi de mieux que de séduire une à une leurs filles ? La fille du grand Potter et celle de ses meilleurs amis. Qui aurait mieux fait l'affaire que Rose et moi ?

Il m'avait avoué cette affreuse vérité un soir, dans un de nos moments. Il m'avait embrassé tendrement, … mon coeur s'était gonflé d'amour ; il ne m'avait jamais embrassé comme ça, non jamais de cette manière si amoureuse, que j'avais tout de suite imaginé qu'il allait me dire qu'il avait enfin pris une décision... Qu'il m'avait choisie, moi.

Quel salaud.

Rose avait été mise au courant le lendemain. J'avais enfin décidé de tout lui dévoiler. Sa première réaction ? Assez violente. Ma cousine, ma soeur de coeur, m'avait assené une gifle. Je le méritais, oui. Mais je n'avais pas commencé, je n'avais pas cherché à attirer l'attention de Scorpius... Et puis, elle avait hurlé. Elle avait hurlé que je n'étais qu'une menteuse, que je voulais lui prendre Scorpius, qu'il l'avait prévenue que j'essaierai de détruire leur couple. Leur couple si heureux.

Foutaises, Scorpius était aussi responsable que moi, si ce n'est plus.

Furieuse à ses accusations, furieuse qu'elle préférait croire Scorpius plutôt que moi, je l'avais laissé en plan pendant qu'elle hurlait à pleins poumons et pleurait dans le salon de la maison familiale. Bien sûr, au bruit qu'elle faisait, tous les membres de la famille qui dormaient ce matin-là dans la maison avaient été alertés et étaient venus voir ce qui se passait.

Hugo m'avait lancé le regard le plus méprisant possible ; Rose était sa soeur et je n'étais que sa cousine.

Oncle Ron avait secoué la tête de dépit ; il commençait à peine à croire en Scorpius.

Mamie Molly avait une main tremblante serrant sa poitrine ; comment imaginer pareille histoire ?

Roxanne m'avait adressé un sourire compatissant ; elle avait des doutes et arrivait -enfin il me semblait- à me comprendre.

Victoire avait eu le regard brûlant de menaces ; elle craignait peut-être que comme la petite salope -telle que Rose me décrivait à cet instant- que j'étais, j'allais détruire aussi son couple avec Teddy.

Mon père, quant à lui, me fixait du regard ; son unique fille avait vraiment osé faire ça ?

Et Teddy. Ah, Teddy, mon premier amour de gamine, a été le seul qui m'a vraiment épaulé. Il m'a pris dans ses bras, sous le regard ulcéré de sa blonde de fiancée, et m'avait entraînée dans le jardin.

Silencieuse, je pleurais sans m'en rendre compte ; Scorpius Malefoy avait détruit mes relations avec ma famille. Rose était la victime et moi, la coupable. Plus personne ne savait ce qui était vrai ou faux, Rose ne voulant y croire et Scorpius n'étant pas là.

Combien je l'ai haï.

Et j'étais partie. Teddy, James et ma mère avaient eu beau essayé de me retenir ; j'étais partie d'Angleterre. J'avais besoin de souffler, de retrouver la sérénité que j'avais perdue à mes quinze ans. Je venais d'avoir mes Aspics, et j'étais majeure. N'ayant pas la tête à entamer des études, je m'étais décidée à m'octroyer une année sabbatique, disparaissant de mon Angleterre bien aimée. Disparaissant de leurs vies à tous. Disparaissant de la vie de Scorpius.

L'Espagne m'avait accueilli pendant trois ans au final. Trois années pendant lesquelles je n'avais reçu aucune nouvelle de l'Angleterre, ni de mes parents, ni de mes oncles, ni de mes tantes, ni de mes cousins et cousines. Ils ne pouvaient pas me trouver et je n'avais laissé aucune adresse, aucune indication quant à l'endroit où j'aurai pu me trouver.

J'avais disparu ; effacée Lily Luna Potter. Je m'étais forgée une nouvelle identité pour que mes parents ne me retrouvent pas -une nouvelle couleur de cheveux, une nouvelle coupe, des lentilles sorcières qui changeaient selon mon humeur, et un visage un peu plus fin aux pommettes saillantes grâce à un petit sort-, surtout mon père qui était le directeur du département des Aurors. Comme réaction, c'était peut-être exagéré, je l'admettais, mais j'avais besoin de prendre du recul, et avec la famille nombreuse et un peu étouffante que j'avais, c'était impossible. Tous les jours, j'aurais été confrontée à mon erreur avec Scorpius, et ça, je n'aurais pas pu le supporter.

Je l'aimais à en crever, ce salaud. Je lui avais tout donné alors qu'il était déjà en couple avec ma cousine... J'avais vraiment été la pire des salopes, et je regrettais presque tout ce que j'avais fait. La seule chose qui me dérangeait était d'être vue aux yeux de tous comme la seule coupable, la salope de service, la briseuse de ménages. Alors qu'on m'avait seulement manipulé, alors que c'était lui qui m'avait manipulé d'un bout à l'autre.

Mais un jour, j'ai décidé de rentrer dans ma patrie bien-aimée. Je ne devais pas être la seule à payer pour ce drame familial et amoureux. Scorpius et Rose aussi devaient payer pour mon exil forcé, pour m'avoir détruite petit à petit. Rose avait été épargnée, elle avait cru que Scorpius était uniquement à elle, elle avait imaginé un avenir radieux pour eux deux... et moi j'avais eu le rôle de la maîtresse qui attend son tour. Dès mes quinze ans. Et c'était trop.

J'ai vingt ans, une licence en métamorphose, le cœur recollé et endurci, et l'Angleterre allait me revoir, de nouveau pleinement moi-même. Et tant pis si ça n'allait pas plaire à tout le monde.