Il la regardait... elle devait réussir à passer cette crevasse. Mais elle était assez athlétique, il l'avait choisi pour ça.

Les muscles tendus comme des ressorts, elle savait l'importance de sa réussite. De son saut dépendait l'équilibre de ce monde. Elle prit son élan, le coeur battant à tout rompre...


6 mois auparavant.

-" Et radouille !" s'exclama le vieil homme.

3 ans qu'il parcourait le monde à la recherche de ce trésor...

3 ans qu'il remuait ciel et terre, qu'il courait les bibliothèques tout autour du globe, malgré son age...

3 ans qu'il faisait ce rève obsédant et récurant, qu'il voyait le visage de marbre de cet homme signant son carnet, de son ami à dos de chameau "pour rembourser son beau frère", de son mentor hébété quand il lui a annoncé qu'il partait à la recherche de son père, de ce père agonisant sur le sol de cette grotte... et la voix obsédante de ce vieillard lui répétant : "Ne franchit pas la dalle scellée ! Telle est la limite et le prix de l'immortalité."

Du temps était passé depuis cette époque... 45 ans.

Et 45 ans après, son passé remontait à la surface. Pourquoi maintenant ?

Il y avait bien longtemps que de tout les protagonistes de cette histoire il était le dernier survivant...

Qu'est-ce qu'un vieillard comme lui avait encore à découvrir ? Il en avait déjà fait assez, sauvant et ramenant une foule inconsidérée de trésors. Et pas des moindres ! Un exemple ? L'arche d'alliance ! Rien de moins que celà !

Le vieux monsieur Henry referma le grimoire, regrettant un peu d'avoir dût endommager la couverture (mais quelle idée avait eu ce foutu Merlin d'y mettre le parchemin qui l'interressait !) et se maudissant d'avoir chercher si loin et si longtemps un objet qui était à portée de sa main !

Il vieillissait c'était certain.

Son père avait été l'expert en la matière. Et le grimoire n'avait pût qu'être en sa possession, dans sa collection privée. Et sa collection était maintenant propriété de la British Library, séante au British Museum.

Pourquoi à Londres ?

D'abord l'affaire de l'arche. Il l'avait remis aux plus hautes autorités archéologiques de son pays... et plus personne n'en n'avait jamais ré-entendu parler ! Elle doit sûrement traîner au fond d'un hangar de la CIA, ce qui aura bien moins de charme pour les archéologues des temps futurs que le puit des âmes, mais aura au moins de mérite d'être moins remplis de serpents.

Puis sa femme. Elle était britannique. Il l'avait rencontré au cours de sa quète de la Lance de Longinus, celle où il avait laissé sa main gauche dans la gueule d'un crocodile. Ah, les crocodiles, encore une espèce à ajouter à la longue liste de ceux qu'il ne pouvait pas voir en peinture...

Et enfin son ami Werner Van Croy. Eminent scientifique hollandais, il avait fuit son pays sous l'occupation allemande, et s'était installé en Angleterre. Et c'est au service de sa gracieuse majesté qu'il avait pris du prestige (même si le vieil Henry était un peu derrière ses derniers succès) et était devenu conservateur à la British Library. Alors c'est tout naturellement qu'Henry lui avait confié la précieuse collection hérité de son paternel.

Ainsi donc, ce foutu récipient revenait le hanter et lui pourrir la vie 45 ans après ! N'avait il pas fait déjà assez de victime ? Elsa, Donovan, sans compter tout ceux qui avant lui l'avait cherché, défendu ou simplement détenu.

Il ne suffisait pas qu'il ne franchisse pas la dalle scellée ! Dieu seul sait comment Merlin avait su tout ça. Il ne suffisait pas que ce magicien de légende existe, il fallait qu'il parle de lui dans un écrit vieux de plusieurs siècles ! Ainsi donc il était écrit qu'il retrouverait ce bout de bois.

"Quand la folie d'un homme prendra le pas sur la sagesse de milliers d'autres, quand l'ombre d'une bête à deux têtes fera sombrer les hommes dans un avant goût d'apocalypse, un homme sauvera le vase sacré. Mais dans sa quète, la sainte relique sera à nouveau perdue. L'équilibre des mondes ne saurait perdurer sans un retour de l'Objet qui receuilli le sang du fils de l'homme sur la terre où tout à commencé."

S'il y avait bien deux choses que le vieil homme ne supportait toujours pas malgré les années à exercer son métier, c'était qu'on parle dans son dos (surtout plusieurs siècles avant sa naissances), et l'obscurantisme des prophéties. Parfois il en venait à envier les espions et leurs ordres de mission des plus limpides !

De toute façon, son corps était rompu par les ans, et ne supporterait sûrement pas une nouvelle quète. C'était perdu d'avance. Ainsi donc le monde serait foutu !

"Bah, de toute façon, j'ai fait mon temps..."

"Mais que racontes-tu mon ami" fit une voix derrière lui. Pas besoin de se retourner, c'était Werner...

"Voilà qu'un foutu enchanteur du moyen âge veut m'envoyer refaire de zouave au milieu de vielles pierres... Sinon je condamne le monde, rien que ça !"

Se retournant pour regarder en face son collègue qui commençait lui aussi à avancer en âge, le vieil Henry ajouta :

"Je ne me sens ni de reprendre mon bardat et de repartir comme en 40, ni de t'y envoyer Werner. Ce n'est ni de ton age, ni du mien. Y'a qu'à dire que j'ai pas découvert cette prophétie et qu'elle peut attendre !"

Alors Lord Van Croy se fendit d'un large sourire, et annonça gaiement :

"J'ai peut être quelqu'un pour toi..."