Ça y est.
Ce long été est terminé.
Désormais il fait place à l'hiver.
Désormais le jour ne se lèvera plus.
La nuit et les ténèbres règnent en maître.
La neige a recouvert le parterre de fleurs et l'herbe verdoyante.
Le froid a remplacé la chaleur que nous procurait le soleil brillant, lui aussi disparu.
L'obscurité, la solitude et la peur s'insinuent peu à peu dans chacun de nous.
Le danger est plus présent que jamais.
Les marcheurs blancs sont aux portes de notre monde, prêts à nous réduire en glace.
Et face à eux, on a beau être un Lannister ou une reine, cela ne change rien.
Face à la mort on est tous égaux.
On est pas solidaire pour autant, mais on ne se considère plus comme tout puissant.
Car c'est vraiment là qu'on se rend compte qu'on est tous mortels, tous fait de d'os et de chairs, qu'on possède tous un coeur (plus ou moins pur).
On ne demandera jamais rien mais on espère tous qu'une personne volera à notre secours.
Certains parlent d'un Dieu, d'autres d'un élu, certains évoquent cette vieille légende d'Azor Ahai ou encore des êtres oubliés qui formeraient une alliance avec les dragons de cette catin, de cette petite, comment se fait t-elle appeler, «Mère des dragons» !
Folie !
Nous sommes perdus et condamnés à mourir dans ce sinistre enfer.
Personne !
Personne ne viendra nous sauver, aucun héros, aucun preux chevalier, personne !
Nous sommes définitivement seuls, chacun dans sa propre merde !
Tout ce qu'on peut faire maintenant, c'est profiter des derniers instants.
Déjà il faut commencer par se convaincre que personne ne viendra, il faut arrêter d'espérer un stupide miracle.
Cela ne fera que nous rendre encore plus naïf et stupide que ce que nous sommes déjà.
Ensuite il faut arrêter de se prendre la tête.
J'ai passé ma vie a essayer de devenir quelqu'un, de rester fière et noble.
De m'élever socialement, d'être la puissance et la richesse incarnées, d'être celle qu'on envie, qu'on respecte.
Pouvez vous me dire à quoi cela m'a servi ?
Je suis certainement cent fois plus malheureuse que la petite paysanne qui a passé sa vie à essayer de ne pas crever de faim.
On n'est pas épargné grâce à l'argent ou au pouvoir.
On se bat pour rester en vie, mais cette fois l'ennemi est beaucoup trop puissant.
Alors il faut juste envoyer chier les conventions, les responsabilités et tout le reste.
Vivez pour vous !
Et enfin, surtout, profitez une dernière fois de vos proches et des rares personnes à qui vous tenez !
Passez du temps avec eux, serrez les dans vos bras, embrassez les, dites leurs tout simplement que vous les aimez !
Ces moments sont les plus précieux au monde et je suis passée à côté.
Si ils vous restent du temps, ne faites pas la même erreur que moi, écoutez les personnes sages, préparez vous à la mort et profitez des derniers instants avec les êtres qui vous sont les plus chers !
Paix à votre âme et puissiez vous mourir sereinement, sans haine et regrets en vous.
Je vous aime ô vous êtres humains avec vos défauts et vos qualités !
Et pour ma part je ne regrette qu'une seule et unique chose:
De ne pas avoir écouté les paroles, pourtant tant répétées, de mon ennemi d'autrefois:
«L'hiver vient ! »
