Hellow :)

Et voici qui sort du four de mes idées un Three-Shot (fic en trois chapitres) sur mon duo du moment dans ce manga ^^ L'idée peut paraître être du réchauffé ou manquant d'originalité mais je voulais explorer cette possibilité dans l'histoire du manga et ses conséquences sur les personnages, notamment sur un en particulier.

Je remercie ma Chevalière Galadriel, pourfendeuse de mes fautes d'orthographe et traqueuse d'incohérences au niveau de l'histoire. Vraiment, si j'ai pu amener cette fic telle quelle, c'est grâce à toi ! :D

Ma musique d'inspiration : Suteki Da Ne Orchestral Version - Final Fantasy X

Bonne lecture !


Chapitre Un

Magnolia était une de ces villes où il faisait bon vivre, où la chaleur de l'été était apaisée par une douce brise printanière aux odeurs fruitées et florales. Le coucher de soleil inondait les ruelles pavées d'une chaude couleur dorée et orangée, apportant un caractère précieux à cette ville. Le canal d'eau qui sillonnait les allées s'illuminait en mille éclats d'étoiles, agrémentant une aura délicate et magnifique à la cité. Le cadre enchanteur et paisible de ce lieu permettait d'apaiser les visions douloureuses de bâtiments détruits, de chantiers en cours, de magies qui s'activaient pour redonner à la vie sa splendeur d'antan. Car si la beauté d'une soirée d'été pouvait adoucir les plaies de la ville, elle ne pouvait effacer entièrement les blessures infligées à Magnolia. Ce triste reflet était toutefois agrémenté d'espoir. Cette ville détruite renaissait lentement de ses cendres après les combats éprouvés.

À vrai dire, le paysage de Magnolia était le miroir parfait de tout le royaume de Fiore, voire du monde entier. En quelques semaines, la fin n'avait jamais été aussi proche. Le chaos gangrenait tout sur son passage, Tartaros avait répandu l'enfer sur la planète. Zeref avait provoqué le désespoir et Acnologia la peur. Le Mal avait empoisonné l'humanité, répandant les affres de la folie et des ténèbres. Ce scénario apocalyptique s'était renforcé par les scènes de désolation des villes dévastées, ravagées par les flammes et la magie noire. Les visages de chacun reflétaient la peur, le monde semblait être entraîné vers un cycle mortel, tout avenir heureux s'était envolé, comme impossible à saisir. Pourtant, en ces instants sombres, les guildes de magiciens avaient su chasser les ténèbres, représentant l'espoir et l'avenir lumineux de toute une planète.

Et Fairy Tail avait été en première ligne. La confiance et l'amour bouillonnant dans cette guilde étaient si forts, si intenses qu'ils avaient irradié le monde. De la force innée de leurs sentiments, ils avaient éradiqué les ténèbres à jamais. Le soleil pouvait de nouveau se lever, la joie pouvait de nouveau se répandre. Le monde était en paix, le vent de la liberté n'était plus enchaîné.

Mais toute victoire, aussi belle soit-elle, ne se gagnait pas sans sacrifices. Et la nuit où tout s'était décidé avait été le témoin de la plus douloureuse des pertes.

Oui, l'humanité était en fête. Oui, un avenir des plus doux et des plus joyeux se dessinait à l'horizon. Oui, la vie était tellement plus belle à savourer.

Mais profiter de cette chance était impossible pour les membres de Fairy Tail. Cette victoire gagnée dans le sang avait un âpre goût de cendre. L'âme si joyeuse de la guilde, si vivante, avait été ébranlée. Et pour une jeune constellationniste en particulier, le monde lui semblait déjà moins radieux.

La douce vision de la ville où elle déambulait en courant était ternie à ses yeux, son esprit étant douloureusement accaparé par la même chose depuis leur victoire, quelques jours auparavant. Cette inquiétude qui s'était renforcée depuis une heure.

« Il n'est pas ici non plus Lucy » bafouilla le petit Exceed au-dessus de sa tête, paniqué. Il venait de ressortir d'une ruelle étroite et avait rejoint la mage, courant près du canal qui sillonnait la ville.

Cette simple constatation lui glaça le sang, plus qu'il ne pouvait déjà l'être. L'inquiétude s'ancra encore plus en elle, accélérant son rythme cardiaque, tandis que la colère jaillissait, sourde et impatiente.

Où était-il passé ?

Il était pourtant si facile à reconnaître avec sa chevelure rose ébouriffée, son écharpe d'écailles blanches autour de son cou et son accoutrement oriental sombre, où son bras droit nu lui permettait de mettre en valeur le symbole de Fairy Tail posé sur son épaule. Mavis, qu'elle désirait percevoir son rire bruyant, entendre sa voix grave et enfantine lui parvenir à ses oreilles. En cet instant, elle ne souhaitait qu'une chose : qu'il soit près d'eux.

Mais avec ce qu'il s'était passé, elle ne pouvait qu'envisager le pire. Ce mauvais pressentiment était né en son âme dès que Happy avait franchi le seuil de sa maison une heure auparavant. À la vue du petit Exceed seul, sans Natsu, épuisé, apeuré, Lucy s'est sentie défaillir, le souffle de l'angoisse frigorifiant ses os. Happy, qui était la joie de vivre incarnée, la lueur de l'innocence et de l'insouciance luisant habituellement dans ses prunelles enfantines, avait peur. La voix éraillée, paniquée, il avait accouru de ses petites ailes vers Lucy en balbutiant à toute vitesse, affolé que Natsu ne soit toujours pas rentré. Il avait disparu dans la journée, prétextant le besoin d'être seul.

En temps normal, ses vagabondages ne l'inquiétaient guère. Même pour Natsu, il arrivait des fois le besoin d'être seul, d'affronter les blessures que la vie pouvait laisser sur le sillage du temps. Même Happy le laissait dans ces moments-là, compatissant envers son meilleur ami.

Pourtant, il n'avait pas redonné signe de vie depuis le début de la journée.

Et Happy ne pouvait plus le supporter, pas avec ce qu'il s'était passé. Plus que nul autre, il savait la souffrance éprouvée depuis quelques jours par son meilleur ami, le rendant plus malheureux que jamais en voyant le Dragon Slayer mourir à petit feu sans pouvoir l'aider. Car il est des blessures qui ne pourront jamais se réparer.

Surtout pas celle-ci.

Angoissé qu'il ne lui soit arrivé un quelconque malheur, il n'avait pas réfléchi et s'était précipité chez la jeune constellationniste, par réflexe. Il ressentait en sa chair que Lucy pouvait comprendre son affolement, étant comme elle un témoin impuissant de la déchéance de leur ami.

Son instinct lui fut judicieux car Lucy s'était aussitôt empressée de tout quitter pour l'accompagner dans sa recherche effrénée pour retrouver Natsu. Son inquiétude ne cessait de croître au fil des minutes, la peur lui faisant imaginer les scénarios tous plus atroces les uns que les autres. Mais celui qui la martyrisait le plus était celui auquel elle n'osait accorder du crédit :

L'image de Natsu qui se décide de se donner la mort, par pendaison, par un coup de poignard en plein cœur, par le crâne fracassé contre un rocher... Le râle de souffrance qui s'échappait de sa gorge en sang, les larmes salées se déposant sur ses joues alors que ses yeux vitreux dévoilaient toute sa souffrance...

Elle secoua sa tête, repoussant ces images écœurantes qui torturaient son âme. Natsu ne ferait jamais cela, il tenait trop à la vie ! Pourtant, cette affirmation lui paraissait si vide, si dénuée de sens lorsque les souvenirs effroyables de cette nuit cauchemardesque dansèrent macabrement dans son esprit.

Avec ce qui s'était passé, pouvait-elle encore affirmer que Natsu était tel qu'elle l'avait toujours connu ?

La réponse lui vint d'elle-même, accentuant son malaise et sa terreur. Ses mains étaient moites, son souffle devenait court à force de déambuler dans les rues de Magnolia en hélant à pleins poumons son nom. Ne tenant plus, elle s'arrêta quelques instants pour reprendre son souffle devenu bruyant par l'effort. Happy arrêta de voler et se positionna à côté d'elle, tout aussi exténué. Ses cheveux dorés, d'ordinaires soignés, étaient collants et ébouriffés, à peine relevés par une couette lâche. Son visage d'ange marqué par quelques pansements était tiré par l'angoisse et la fatigue, ses joues rosies par l'effort fourni, ses bras nus entourés de quelques bandages.

Le désespoir l'envahit, tout comme Happy dont les larmes commençaient à brouiller sa vue. Il étouffa quelques sanglots de peur, tremblotant. Bien que la tentation de craquer était grande, Lucy se fit violence. Elle ne devait pas perdre espoir. Après tout, cet idiot était sûrement en train de marcher encore. Encore et toujours.

Déterminée à ne pas flancher – après tout, n'était-ce pas Natsu qui lui disait de ne jamais abandonner ? - elle posa avec tendresse sa main droite où était marqué le sceau de Fairy Tail sur les oreilles chaudes du chaton et s'abaissa à sa hauteur :

« Happy. On va le retrouver.

– J'ai si peur Lucy... Et si jamais il ne revenait pas ?

– Il reviendra toujours. Il a besoin de nous, plus que jamais » murmura-t-elle avec tant de confiance qu'elle se surprit elle-même.

Bien que le doute s'insinuait en son cœur, le lien qu'elle partageait avec Natsu était tellement puissant qu'elle savait qu'il ne les abandonnerait pas. Surtout pas maintenant, alors qu'il avait perdu tous ses repères.

En songeant à son précieux partenaire, un flot de tristesse l'envahit, alimentant sa douleur et sa colère. Un mélange de sentiments si confus, si violent qu'elle ne pouvait que se laisser envahir par celui-ci. Son visage se rembrunit avant qu'elle ne décide de repousser toute sa douleur. Ce n'était pas le moment de se larmoyer. Ils devaient d'abord retrouver Natsu afin de se rassurer. Et une fois retrouvé, elle lui ferait payer toute l'inquiétude qu'elle et Happy subissaient depuis une heure par sa faute. Elle lui en ferait baver, foi de Lucy ! Déterminée, elle se releva tout en adressant un faible sourire encourageant à son ami Exceed. À la vue de ce si doux sourire chargé de confiance et d'amour, Happy se sentit quelque peu revigoré. Bien que l'inquiétude le hantait constamment, il se rattacha à cette ancre jetée dans son océan d'angoisse. Si Lucy était persuadée de le retrouver, il la croyait.

Ils se remirent en marche, déterminés à fouiller de fond en comble la ville s'il le fallait pour retrouver leur ami.

Ce qu'ils ignoraient, c'était que le sujet de leurs recherches désespérées n'était qu'à quelques encablures d'eux, réussissant par son agilité à pénétrer dans un appartement par une fenêtre.

Natsu n'avait jamais aimé passer par la porte – qui était bizarrement toujours fermée. Et vu que Lucy était si peu prudente à son sens, elle laissait constamment la fenêtre ouverte. Le jeune homme à la chevelure rose atterrit sans douceur sur le lit moelleux de sa coéquipière puis détailla l'appartement. Toujours aussi propre, le parquet essuyé avec soin et les meubles rangés avec soin. Il huma l'air où subsistait une agréable odeur sucrée et floral. Ce parfum qu'il saurait reconnaître entre une myriade d'odeurs, une de celles qui vous marquaient à vie.

Pourtant, si cet effluve apportait un baume bienvenu à son cœur, il fut déçu en constatant qu'elle n'était pas dans son appartement.

Quoique, c'était peut-être mieux ainsi. En effet, un besoin viscéral de solitude l'animait depuis quelques jours. Il se coupait du monde pour éviter de croiser le regard de ses amis. Ces regards qu'ils ne cessaient de le hanter, plein de compassion, plein de douleur pour lui. Ces regards qui auraient dû l'aider à se relever mais qui ne le faisaient que s'enfoncer davantage. Il ne voulait pas leur montrer ce visage peu glorieux de lui-même. Croiser leurs regards emplis d'inquiétude ne lui rappelait qu'avec chagrin ce qui s'était passé, le détruisant davantage. Il ne pouvait supporter la vue de ses amis qui tentaient de mener une vie normale, comme si rien ne s'était passé, comme si l'avenir était plus joyeux que le présent. Les remords l'assaillaient en voyant Happy aussi malheureux, sachant pertinemment qu'il était la cause de sa tristesse.

Il aurait tant aimé être aussi courageux qu'eux, aussi assoiffé de vivre.

Mais là, il n'y arrivait tout simplement pas.

Tout lui semblait vide de sens, vide de vie. Lui qui avait la rage, qui profitait à fond de chaque instant jusqu'à l'ivresse n'était plus que l'ombre de lui-même. Ses yeux cernés trahissaient cette lassitude et ce découragement. Il se laissait porter par le courant, insensible, telle une poupée menée par le Destin. Ce Destin cruel, vicieux qu'il avait envie de massacrer. Mais il était si dépité qu'il n'avait plus la force de haïr. Haïr ne lui rappelait de toute façon que cet instant avec douleur. Cet instant qu'il ne cessait de refouler de son esprit, comme s'il n'osait affronter la vérité. Mais celle-ci revenait et le hantait constamment, telle une pierre qu'il traînerait à vie. Un fardeau qui le laissait aussi apeuré qu'un enfant abandonné.

Il était tellement perdu dans ces émotions qu'il en avait négligé son appétit. Et son estomac vint le lui rappeler avec fureur, un grondement sonore accompagnant sa sensation de faim. Guidé par son appétit, il s'était dirigé vers l'appartement de Lucy, qui était plus proche que sa maison au moment où son estomac lui avait sommé de le nourrir rapidement.

Pourtant, cet appétit fut mis au second plan en constatant le désordre qui régnait sur son bureau. Inquiet, il fronça les sourcils. Ce n'était pas dans le genre de Lucy de partir précipitamment.

Intrigué, il s'avança vers son bureau afin de regarder le bazar formé sur celui-ci. Une odeur âcre de papier se mélangeait à celle plus forte de l'encre. Elle avait encore dû écrire, elle qui était une obsessionnelle de la littérature.

Pourtant, son regard terni se posa sur une lettre à peine pliée, même pas encore cachetée. Une envie dévorante de la lire le prit, si bien qu'il ouvrit la lettre. Mais alors que ses yeux allaient descendre sur les premiers mots écrits de sa légère plume, il se ravisa, soudainement inquiet. Natsu savait qu'il risquait de passer un sale quart d'heure si Lucy le surprenait en train de lire une de ses précieuses lettres – le souvenir d'un vol plané hors de sa maison lui revenant douloureusement en mémoire. Pourtant, la curiosité était trop forte. Céder à cette tentation lui ôtait temporairement ce poids sur ses épaules, lui permettait d'éviter d'affronter de nouveau la cruelle réalité en face. Sentant qu'il s'enfonçait de nouveau dans sa douleur, il se concentra sur sa lecture.

Maman,

T'es-tu déjà sentie impuissante ? Non pas une de ces impuissances qu'on finit par accepter car elle se fait dans l'ordre des choses, ni celle où on se résigne sans avoir même essayé de se battre. Non. As-tu déjà ressenti cette impuissance qui te rend folle de rage, qui te rend malheureuse lorsque tu vois avec horreur que tu ne peux rien faire pour changer les choses ? As-tu déjà voulu que le destin se tourne autrement mais le temps a déjà continué sa course, te rendant encore plus malade de douleur ?

C'est ce que je vis en ce moment.

Depuis ce qui s'est passé, je me sens si mal pour lui. En le voyant si malheureux, j'ai tant de peine, tant de souffrance. Son sourire éclatant qui réchauffait mon cœur s'est fané. Son visage radieux et fonceur, espiègle et déterminé, n'est plus qu'un lointain souvenir. Un voile de désespoir s'est abattu sur ses prunelles vertes, elles qui sont pourtant si enjouées et inébranlables. Il est devenu la souffrance à l'état pur. Face à tant de détresse, j'ignore si je reverrai un jour ce Natsu qui nous donnait du courage même dans les situations les plus désespérées, qui savait illuminer notre route lorsque les ténèbres nous envahissaient.

Nous avons gagné face à Tartaros, face à Zeref, face aux ténèbres.

Mais je l'ai perdu, maman.

Et je me sens si impuissante devant sa détresse.

Natsu s'arrêta, son cœur ratant un battement. Sa gorge se serra de douleur devant les mots qu'elle avait écrit. Il n'était peut-être pas un amoureux des mots comme elle mais il savait ressentir la douleur de ces lignes. Ces mêmes lignes qui lui ramenaient à l'esprit ces images qu'il souhaiterait tant oublier, qu'elles ne soient qu'un mauvais rêve. Pourtant, les sensations se mélangeaient de nouveau dans son esprit, ramenant avec elle la souffrance, la solitude, le chagrin, la colère. Toutefois, face à ces réminiscences de son cauchemar éveillé vint se superposer une image encore plus difficile à supporter à ses yeux : le visage torturé de Lucy lorsqu'elle a écrit ses mots. En effet, il pouvait non sans peine imaginer sa mâchoire crispée face à son impuissance, ses traits fatigués tirés par la colère, ses yeux rougis par le chagrin, sa chevelure d'ordinaire si soignée légèrement ébouriffée par le manque de sommeil – elle qui écrivait en général le soir.

Face à ce tourbillon de sentiments qui le déchirait de l'intérieur, Natsu fut tenté de reposer la lettre, de ne pas poursuivre sa lecture. Un mauvais pressentiment l'animait, lui susurrant qu'il ne ferait que remuer le couteau dans la plaie. Il souffrait déjà bien assez, pourquoi en rajouter ?

Pourtant, il ne put détacher son regard de ces mots – les mots de Lucy – et continua, en dépit de son instinct qui lui hurlait d'arrêter cette automutilation.

Je ne sais pas quoi faire pour l'aider, lui qui m'a tant apporté. Il m'a accueillie à Fairy Tail alors que je n'étais qu'une parfaite inconnue. La soirée de notre rencontre, il m'a pris la main et entraîné avec lui vers un monde d'aventures et de rires. Il m'a juste dit, un sourire aux lèvres : « Tu veux rejoindre Fairy Tail ? Alors viens ! ». Sans long discours, sans mise en forme. Une phrase spontanée, à la Natsu.

Grâce à son cœur d'or, il m'a ouvert la voie vers une vie de joie, d'amitié et de confiance. Fairy Tail est devenue ma famille de cœur, où je peux enfin libérer mes émotions longtemps contenues, aussi douloureuses et profondes qu'elles avaient pu être. Je peux rire, crier, m'amuser, pleurer tant de fois que je le souhaite. Je peux vider mon sac et exprimer mes sentiments, de façon impulsive ou non. C'est ça que j'aime dans cette guilde : je peux être moi-même. Sans restriction sociale aucune, sans barrières, sans limites. Je suis une mage de Fairy Tail et cela n'aurait pas pu être possible sans lui. J'ai tant découvert, tant vécu que je sais maintenant à quel point la vie est une chose précieuse. Si je peux enfin sentir le souffle de la liberté sur mon visage, c'est grâce à lui. Et uniquement à lui.

Il représente tant pour moi. Je ne suis même pas sûre de pouvoir te l'expliquer par de simples mots. Ce sont des choses qui se ressentent, qui se vivent. Je partage tout avec Natsu en fait. Mes chagrins, mes fous rires, mes problèmes, mon appartement (ça, c'est surtout Happy et lui qui en ont décidé ainsi...).

En temps normal, Natsu serait uniquement attendri par la confiance qui émanait de ces mots, les sentiments qui étreignaient Lucy. Il aurait été un peu agacé devant cette dernière phrase – ils sont partenaires, il est donc normal d'être ensemble dans une même pièce. Pourtant, les nerfs à vif depuis quelques jours, Natsu n'était pas seulement attendri, il était profondément touché. Ému qu'elle pense tant de bien de lui, qu'elle l'estime être la source de son bonheur. Il était si touché et si fier qu'il avait pu la rendre heureuse. Cette consolation lui ôtait un peu la peine qui étreignait son cœur en ce moment. Quelque peu apaisé, il s'empressa de continuer, comme un besoin vital d'en savoir plus, de continuer cet apaisement qui lui faisait tant de bien.

Je partage ma vie avec lui, tout simplement. Si je devais confier mon existence, mon cœur à une seule personne, ça serait à Natsu car je sais qu'il ferait tout pour me protéger. Il a su colorer mon univers qui s'était terni depuis ton départ, maman. Il a su de nouveau faire battre mon cœur, me rendre dépendante à en mourir d'une personne.

Le simple fait d'imaginer ma vie sans ce soleil ambulant me coupe le souffle. Quand il n'est pas là, j'ai si froid. Ma peau frissonne quand il n'est pas à mes côtés, mes mains sont moites d'inquiétude. Et il y a de quoi avec un idiot pareil, toujours le premier à faire des excès de zèle, pyromane aguerri et destructeur compulsif. La liste de ses défauts n'est pas exhaustive – elle pourrait d'ailleurs tenir sur une page entière. Tête brûlée, dévaliseur de frigo, squatteur de lit, possessif, sanguin, nerveux...

À ces mots, Natsu fit une moue contestatrice. Il n'avait pas tant de défauts que cela. Tête brûlée : c'était dans sa nature, impossible de changer. Dévaliseur de frigo : ce n'était pas de sa faute s'il avait faim quand il allait chez elle et que son frigo était toujours rempli. Squatteur de lit : elle n'avait pas qu'à avoir un lit aussi confortable – et qu'elle ne soit pas également confortable au passage. Possessif, sanguin, nerveux... Elle le percevait vraiment comme cela ? Non pas qu'elle avait tort mais cela le surprenait. Un peu.

À vrai dire, il la percevait également sous tous ses angles, glorieux comme moins glorieux. Elle cachait souvent aux autres son impulsivité, son excentricité, sa coquetterie, son addiction aux livres et aux bains et il en passait des meilleures. Sa liste de ses défauts n'était pas non plus exhaustive. Plongé dans ce sursaut d'orgueil, sa surprise n'en était que plus grande lorsqu'il lut les mots qui suivirent.

Mais, je ne peux plus me passer de lui maman.

Après tout, il est mon partenaire, mon confident, mon allié, ma force, mon courage, ma soif de vivre. Il est tout ce que je ne suis pas, tout ce que je voudrais être : quelqu'un qui profite de la vie à fond, sans regrets, sans remords. Quelqu'un de loyal, qui se bat jusqu'à l'épuisement pour ses valeurs, pour ses amis, pour l'honneur de sa guilde. Si tu le voyais en train de combattre, si tu voyais ses flammes rougeoyantes de colère et de passion danser autour de lui, tu comprendrais tout ce que j'éprouve pour lui.

De l'admiration, du respect, de la fierté.

Oui, je suis fière d'être si proche de cet homme d'exception, si fidèle, si ancré dans ses convictions, si aimant qu'il est prêt à tout pour nous protéger ou pour nous sauver. Je suis fière de son dévouement et de son courage. Si fière de lui.

Ses yeux s'écarquillèrent de surprise devant ces mots d'une puissance foudroyante. Sous ses doigts, la lettre bougeait légèrement de part ses légers tremblements d'émotion. Sa gorge se noua, ses mains devinrent moites et son cœur s'emballa comme jamais auparavant. Il pouvait aisément imaginer la voix balbutiante de dévotion de Lucy parvenir à ses oreilles. Ses yeux chocolat pétillant de fierté. Un sourire timide esquissé sur les lèvres. La joie qui illuminait son visage attendri. Il recevait cette image avec tendresse, déposant un baume sur son âme meurtrie. Sentir tant de confiance et de sentiments dans ces quelques lignes le revigorait comme jamais, lui faisant plus que jamais prendre conscience du lien qui l'unissait à sa Lucy. Ce lien qu'il n'avait su définir et que Lucy parvenait à résumer par écrit, le transcendant tout entier car il ressentait en sa chair qu'elle y était parvenue.

Mais cette abnégation me fait souvent peur. À trop vouloir nous défendre, il se met dans des situations pas possibles. Combien de fois ai-je cru que mon cœur allait s'arrêter de battre de douleur en le voyant à peine tenir debout ? Combien de fois la peur s'était emparée de moi lorsqu'il était face face à un adversaire plus puissant que lui ? Je sais très bien qu'il parviendra toujours à s'en sortir – Natsu reste Natsu – mais je ne peux pas ôter cette peur tenace de mon esprit. Ça m'étonnerait qu'il sache à quel point il me donne des sueurs froides.

Je... Je tiens tant à lui maman. J'ignore si on peut encore appeler cela de l'amitié à ce stade. Je n'appellerais même pas cela de l'amour. Ce mot me semble si fade, si faible face au tourbillon qui m'étreint quand il est à mes côtés, quand son sourire me contamine quand je suis triste, quand sa simple voix me rassure sur le sombre avenir qui s'était dessiné pendant un temps devant nous.

Ressentais-tu cela pour papa ? Ou est-ce que je ressens pour lui est encore plus fort que tout ? Quoique, je ne préfère pas connaître la réponse. Dès que je me perds dans mes sentiments, je suis si confuse, si perdue. Et d'ailleurs, pourquoi j'y songe ? Si je lui en parlais, il me dirait certainement de ne pas me prendre la tête sur cela. Je reste sa Luce, et lui reste mon Natsu. Rien d'autre.

À ces mots, un léger sourire sincère illumina son visage triste. Il n'y avait qu'elle pour savoir quelle serait sa réaction. Avec Happy, elle le comprenait mieux que personne. Et surtout elle savait mieux que personne comment il était. Peu importait pour lui quelle était la définition même de leur relation, il était juste heureux de l'avoir à ses côtés et de l'avoir rencontré. Heureux qu'elle se tienne debout près de lui quoiqu'il puisse arriver, qu'elle l'accepte comme il était, surtout qu'elle connaissait mieux que quiconque ses travers. Heureux et apaisé d'être avec elle. De pouvoir sentir sa présence, de pouvoir partager ses peines, de laisser exprimer sa colère à sa place lorsqu'elle était trop abattue pour le faire, de partager ses bêtises – même si ce partage était involontaire en temps normal. Même s'il avait toujours su au fond de lui-même qu'elle tenait fortement à lui autant qu'il tenait à elle, le voir écrit l'emplissait d'une joie sans nom qui parvenait à chasser les ténèbres de son cœur. Ses sentiments qui étaient les parfaits échos aux siens.

Si seulement elle pouvait ressentir la peur tenace qu'il éprouvait dès qu'elle se mettait en danger ou dès qu'un ennemi la capturait. D'ailleurs, il ne comptait même plus le nombre de fois où elle avait été fait prisonnière, à croire qu'elle aimait cela.

Pourtant, cette joie ressentie à ces lignes fut ternie par la suite, plus douloureuse à lire.

Tu comprends mieux maintenant pourquoi je me sens si triste de le voir dans cet état, de ne plus être que l'ombre de lui-même. Un fantôme, un zombie, une épave. Il s'efforce de sourire, de reprendre goût à la vie mais je sais qu'il n'y arrive pas. J'aimerais tellement l'aider, lui donner cette lumière d'espoir qu'il a toujours su m'offrir. Mais je sais que la souffrance qui l'habite ne peut être comblée par de simples mots. La compassion qu'on éprouve envers lui doit lui paraître vide de sens. Je m'en doute parce que je comprends sa douleur. Quand je t'ai perdu maman, j'étais aussi dévastée qu'il ne l'est actuellement. Après des années, j'ai pu me relever – même si la douleur reste encore latente – mais je doute qu'il s'en remette réellement un jour.

La vie peut être si cruelle... Alors qu'il avait enfin retrouvé son père, il l'a de nouveau quitté et définitivement cette fois...

Il leva les yeux au ciel, n'osant lire la suite. Ces simples mots lui faisaient l'effet d'un coup de poignard planté avec violence en plein cœur. Le souffle coupé, il se mordit les lèvres pour ne pas succomber à la rage contre lui-même et au chagrin qui l'habitaient. Pourtant, l'image d'Igneel dans ses derniers instants était trop lourde à supporter, trop lourde à soutenir. Son horreur n'en était que plus décuplée, terrifié et apeuré devant cette vie arrachée, devant son bonheur retrouvé de nouveau lacéré, piétiné en mille morceaux. Et avec cette image, c'était toute son âme qui était détruite, brisé en plusieurs éclats. L'horreur de cet instant où il avait plongé dans les plus noires ténèbres.

Pourtant, la surprise se lisait sur son visage meurtri. Jamais il n'aurait songé que Lucy puisse autant le mettre à nu, voir à travers son masque ses blessures. Il se dégoûtait lui-même car, au final, il ne faisait que l'inquiéter. Ils avaient tant à s'occuper – l'avenir de leur monde, la reconstruction des villes détruites – que ses amis ne devaient pas s'attarder sur son cas. Il leur en était reconnaissant mais Lucy avait raison sur un point. De simples mots ne le guériront pas.

Malgré les souvenirs douloureux ramenés à la surface qui le faisaient souffrir, sa curiosité ne s'étanchait cependant pas. Il s'acharna à lire la suite, comme pour savoir les états d'âme de sa précieuse amie.

J'enrage contre cette injustice, contre ce maudit coup du sort. Il avait tant espéré le revoir après toutes ces années. Alors pourquoi lui ôter celui qu'il aime par-dessus tout ?! Mon cœur meurt de douleur, ma gorge se serre de chagrin, je grince les dents de colère face à ce destin. Il avait enfin su faire disparaître cette mélancolie de son cœur, cette ultime meurtrissure.

Mais cette nuit où il a perdu son père, Natsu s'est perdu dans sa propre douleur, jusqu'à en devenir fou de rage. Je n'avais vu autant de colère sur son visage, autant de souffrance. Ses yeux fulminaient à travers ses larmes, l'aura autour de lui était devenue oppressante, si bien que j'ai eu peur. Peur qu'à ce moment précis, il ne disparaisse réellement, ne devenant plus qu'un monstre animal assoiffé de vengeance et de rage. Jamais son côté bestial n'avait autant pris le dessus. Jamais.

Mon corps frissonne encore lorsque je songe à cet instant mortuaire, ses flammes plus rougeoyantes que jamais et plus vivaces, crépitant avec fureur autour de lui. Sa peau ensanglantée recouverte d'écailles, lui donnant un aspect terrifiant de dragon. Cet acharnement furieux auprès de Zeref, ce sang giclant à foison, ses yeux ne montrant plus qu'une haine empoisonnée, virulente, impitoyable.

Je n'oublierai jamais cet instant.

Les ténèbres entourant Zeref. La chaleur étouffante. Le cœur tambourinant dans ma poitrine devant tant d'horreur. Le sang luisant par terre, éclaboussant légèrement mon visage. La lune cachée par les épais nuages. Les flammes entourant Natsu illuminant le ciel d'une teinte machiavélique. Le cadavre d'un dragon au sol. Les pleurs de rage et de désespoir de Natsu déchirant le silence pesant. Et moi serrant avec force Happy dans mes bras, tremblante et impuissante spectatrice. Les sanglots de Happy mélangés aux miens devant l'atrocité de cette scène.

Je ne veux plus jamais revivre cet enfer. Je veux chasser cette image d'épouvante de mon esprit, les remplacer par nos jours heureux. Je veux ranimer cette flammèche d'espoir en lui qu'il a perdu. Je veux lui redonner son sourire.

Si je ne le voyais que comme un ami, je ne ferais que le soutenir dans cette épreuve et tenter de le ramener à une vie normale. Je tenterais d'apaiser son chagrin de toutes les manières possibles et de faire fuir cette tristesse qui ne lui va pas.

Mais il est bien plus qu'un ami pour moi. Je veux être un pilier sur lequel il peut se reposer sans crainte, où il peut pleurer toutes les larmes de son corps pour évacuer sa détresse qu'il tente de contenir devant nous pour éviter de nous inquiéter. Je ne veux pas de sa compassion. Je veux qu'il ait confiance en moi, qu'il n'hésite pas à se dévoiler ni à briser son masque de force qu'il tente de maintenir devant nous pour garder contenance. Qu'il soit au moins une fois vulnérable devant moi comme je l'ai été plusieurs fois devant lui. Qu'il n'ait pas honte de me faire partager sa douleur car je supporterai tout pour le soulager.

Je veux tant ramener Natsu à la vie... Mais j'ignore comment le lui dire, comment l'amener à se soulager ne serait-ce qu'une fois. Je ne sais comment aborder le sujet sans risquer le fait qu'il se renferme sur lui-même, le perdant à jamais. Cette incertitude me rend malade et pendant ce temps, ses yeux continuent de me montrer la douleur dans laquelle il est embourbé.

Maman, que dois-je faire pour le sauver de son cauchemar ? A ma place, tu aurais certainement trouvé une solution pour apaiser sa souffrance, j'en suis sûre. Je me dis que je n'ai qu'à penser comme toi et ça devrait le faire... J'espère...

Je t'aime,

Lucy

Déboussolé par ce qu'il venait de lire, Natsu fut secoué lorsque son esprit se reconnecta à la réalité. Ébranlé, il reposa avec hâte la lettre sur le bureau de Lucy, perdu dans ses pensées. S'il se doutait bien de l'inquiétude qu'il causait à ses amis – voir leurs états d'âme sur leurs regards suffisait amplement – il n'aurait jamais songé à la profonde douleur qui lacérait le cœur de sa Lucy. Tant de souffrance, tant de colère dans ces mots qu'elles en étaient palpables rien qu'à sa lecture. Il n'osait vraiment songer à ses états d'esprit : ému, touché, attristé, coupable.

Il n'avait jamais souhaité cela. Il n'avait jamais souhaité que Lucy, comme tous les autres, le voient dans ce tel état de faiblesse qu'il avait déjà subi lorsqu'Igneel avait disparu lorsqu'il était enfant. Mais là, la souffrance était décuplée, plus violente, plus insupportable.

Bien qu'une épine constante était entachée en lui et que la lecture de cette lettre avait ravivée sa douleur, celle-ci était plus apaisée. Était-ce la confiance et la dévotion qu'ils pouvaient percevoir dans les dires de Lucy qui lui firent esquisser un léger sourire attendri ? Il ne saurait vraiment l'expliquer.

Un cliquetis enclenché dans une serrure le tira soudain de ses sombres pensées. Ses sens en alerte, son instinct de conservation lui rappela avec urgence qu'il n'avait pas à lire cette lettre. Se souvenant avec appréhension d'une Lucy en colère qui l'éjecte du haut de la fenêtre, il reposa avec hâte sa lecture. Il eut juste le temps de s'écarter du bureau que Lucy et Happy entrèrent dans l'appartement. À leurs vues, son cœur s'affola de joie de les sentir de nouveau prêt de lui. Un bonheur simple mais si intense de revoir des êtres chers car, même s'il recherchait la solitude pour cacher sa souffrance, il n'était pas fait pour être seul. Être seul ne lui rappelait qu'avec douleur l'abandon d'Igneel, première blessure à jamais ouverte en son cœur.

Mais cette joie fut teintée par la tristesse en se souvenant d'une seule image, une simple image qui augmenta ses remords

Lucy et Happy, tous deux hébétés d'horreur devant lui. Le sang qui les entoure, qui l'entoure. Leurs visages blêmes et effrayés face à lui. Face à leur ami, ils avaient peur. Peur de cette facette sombre qui s'était révélé devant eux, bestiale et inhumaine. Un autre Natsu qui avait pris possession de leur camarade.

Il grimaça, honteux. Il avait toujours eu conscience de la part animale qui sommeillait en lui, de cet instinct bestial qui s'emparait de lui lorsque ses émotions avaient atteint le point de non-retour. Il acceptait cette soif de sang inexplicable, cette envie de tout détruire, ce déchaînement de colère lorsqu'il était habité par la Dragon Force. Ceci était une part inhérente de lui-même, une composante de sa personnalité qu'il avait toujours côtoyé et qu'il ne songeait même pas à rejeter.

Pourtant, il ne supportait pas ce regard apeuré que ses amis lui avaient lancé. Ces visages blêmes fixés avec appréhension sur lui, tremblant devant cette vision de son côté sombre. Les voir avoir peur de lui le plongeait dans un océan de tourments, si bien qu'il avait honte de leur avoir montré cet aspect peu reluisant de lui. Mais surtout, comment faire comme si de rien n'était après tout ce qui s'était passé ? Comment parvenir à rester naturel alors que ses meilleurs amis avaient découvert ce côté sombre qu'ils avaient toujours deviné mais jamais réellement vu ?

Plongé dans ses souvenirs tortueux, il sursauta lorsqu'il croisa leurs regards fatigués et hébétés. Une seconde de flottement passa, où chacun se jaugea, croyant à une hallucination. Un contact irréel.

Avant l'explosion d'une boule de poils bleue, se jetant dans les bras de Natsu en pleurant :

« Natsu ! »

Surpris par ses pleurs virulents de soulagement, il n'eut le temps de se remettre de sa stupeur que Lucy soupira en lui reprochant, la voix vibrante d'émotion et de colère contenue :

« Arrête de nous faire peur, espèce d'idiot !

– Vous faire peur ? » Demanda Natsu en fronçant les sourcils, ne comprenant pas où elle voulait en venir.

Sa meilleure amie s'empressa alors de lui expliquer leurs recherches à travers toute la ville pour le retrouver, craignant qu'il ne lui soit arrivé malheur. Au fil de son explication teintée de reproche et de soulagement, le cœur de Natsu se serra de culpabilité. Il se maudit de nouveau lui-même, le faisant grincer des dents. Voilà qu'il inquiétait encore ses amis ! Les pleurs de Happy serré avec force contre son cou lui retourna l'estomac, si bien qu'il posa une main avec tendresse sur ses oreilles baissées, lui adressant un geste d'apaisement qu'il lui faisait souvent. Pourtant, cette attention lui paraissait en cet instant si fausse. En effet, comment le rassurer alors qu'il était lui-même plongé dans des tourments insondables ? Comment lui procurer de l'espoir quand il en était dépourvu ?

Pourtant, il ne voulait pas l'inquiéter davantage. Il ne voulait pas leur donner de nouvelles frayeurs. Il les avait suffisamment effrayé comme cela, pas besoin d'accentuer cette tension incongrue entre eux. Déterminé à ne pas les encombrer de ses problèmes, Natsu esquissa un sourire qu'il espérait rassurant à Happy puis à Lucy :

« Vous inquiétez pas, je ne recommencerai pas. »

Ces mots illuminèrent le visage du petit Exceed qui s'écarta, les yeux pétillants de bonheur. Si Natsu le lui promettait, il le croyait. Le spectre de la solitude s'estompa, ramenant avec lui la simple joie d'avoir son meilleur ami auprès de lui. Il s'empressa alors de changer de sujet, heureux de l'avoir retrouvé. Happy était en effet persuadé que ressasser le passé n'enfoncerait que davantage son ami. Alors il mettait un point d'honneur à ne pas lui rappeler l'horreur de cette nuit cauchemardesque, préférant lui changer les idées comme lui seul savait le faire.

Cette simplicité d'esprit arracha un faible sourire à Natsu, même s'il n'arrivait pas à partager l'enthousiasme de son partenaire. Bien que la joie de Happy n'arrivait pas à estomper les sombres sentiments de Natsu, elle avait le bénéfice de détendre l'atmosphère et de briser la tension. Il ne pouvait qu'apprécier cette attention de son ami Exceed qui arrivait un peu à l'extirper de ses remords et de sa souffrance.

Pourtant, si Happy avait retrouvé la joie qui le caractérisait – la présence de son ami l'aidant beaucoup – Lucy était plus sceptique. Elle posa son regard inquiet sur Natsu, qui discutait de nouveau avec Happy. Le sourire qu'il adressait à son ami Exceed lui paraissait si faux, si dénué de lumière. Elle ne parvenait pas à se sentir confiante et apaisée. Au contraire, ce sourire l'inquiétait davantage, tel un voile d'illusions. Et lorsqu'il lui adressa un regard fugace, ses doutes se confirmèrent.

Des yeux prêts à pleurer, cachés derrière un sourire de façade.

Une souffrance à la limite de l'implosion.

Un cœur qui souffre.

Et elle qui ne pouvait que le regarder en train de cacher ses états d'âme, pour ne pas qu'ils s'inquiètent.

Sauf que le mal était fait. Lucy n'avait jamais été aussi anxieuse de sa vie car, à travers ce rapide regard, elle avait vu toute sa détresse et son silencieux appel au secours.

Et elle ne pouvait que le regarder en train de faire comme si de rien n'était, comme si rien n'avait changé. Car il ne voulait plus inquiéter Happy, ni même elle.

Et cela lui fit serrer sa mâchoire de frustration. Pourtant, malgré l'envie de lui dévoiler toute sa colère, tout son désespoir de le voir se détruire, elle ne fit rien. Si jamais elle précipitait trop les événements, elle le perdrait à jamais, elle en était convaincue. Alors Lucy se força à rester patiente et à continuer ce simulacre de quotidien.

En temps voulu, lorsqu'ils seront seuls – car Natsu allait certainement squatter chez elle cette nuit vu comment c'était parti – elle réussira à exorciser cette douleur et ce désespoir qu'elle avait aperçu avec violence cette soirée-là.

Lorsqu'il avait perdu Igneel sous ses yeux.