En ce 24 Décembre,
je vous souhaites de passer d'agréables fêtes,
j'espère que le Père Noël passera et surtout,
qu'il vous apportera beaucoup de choses ;)
Sur ce, je vous souhaites,
une Bonne Lecture
La Magie de Noël
24 décembre
Dehors, la neige tombe, déposant un léger manteau blanc et épais sur les trottoirs déjà glissants de la ville. Les vitrines des magasins sont toutes ou presque décorées dans les tons rouges et blancs. La neige synthétique est présente dans de nombreuses boutiques. On y voit des sapins verts décorés, de différentes tailles. Noël et sa magie est réellement à chaque recoin de la ville. Nous sommes le vingt quatre décembre. Il doit être vingt heures et j'erre dans la ville, seule, à la recherche d'un café qui serait ouvert.
Tous les commerces ont déjà mis le panneau « Fermé » sur leurs portes et les employés sont partis manger une délicieuse dinde sortant du four. J'imagine que vers minuit, ils s'offriront leurs cadeaux, régalant toute leur petite famille, de présent plus fabuleux les uns que les autres. Moi je n'ai de choix que de remonter le col de mon manteau et de marcher. La rue est éclairée comme en plein jour, grâce aux multiples décorations suspendues entre les immeubles qui longent cette voie.
Les anges se sont emparés de la rue, ainsi que les cloches et les sapins verts clignotant. Les étoiles ont presque désertées la ville cette année, à force de tomber en panne toutes les dix minutes il fallait s'y attendre.
A l'angle, j'aperçois un bar, qui semble ouvert. J'observe durant quelques instants le barman qui semble morose, il nettoie depuis plusieurs minutes le même verre. Un homme est assis au comptoir, un couple boit un café, seuls dans un coin reculé de la salle. J'entre et tout de suite la chaleur de l'endroit, vient réchauffer mes membres gelés par le froid de décembre qui règne dehors.
La clochette retentit, indiquant au barman qu'un nouveau client vient d'entrer. Je pars en direction du comptoir. Ai-je fait le bon choix ? Pourquoi n'étais-je pas restée seule à l'appartement, à regarder des films romantiques qui ne valent pas un rond ? Pourquoi avais-je préférée marcher dans ce vent hivernal ? Je posais mon postérieur sur le tabouret qui se trouvait face à moi. Il était confortable. Je retirais mon manteau et le glissais sur le tabouret à ma gauche.
_ Je vous sers quelque chose mademoiselle ?
_ Un chocolat chaud s'il vous plaît.
_ C'est comme si c'était fait.
Il enclenche le percolateur et le règle pour me faire un chocolat chaud. Je le vois se saisir d'une énorme tasse, à la limite du bol, blanche, et de l'assiette qui va avec. D'où je suis, je peux voir le liquide précieux sortir de cette machine. Le grondement de l'engin résonne dans le bar. On ne peut même plus entendre la douce musique jouée au piano, qui passe en fond.
A ma droite, se trouve l'homme que j'avais vu de dos quelques minutes auparavant. De profil il semblait parfait. Mais cette remarque paraissait bien insignifiante une fois que je goûtai à la profondeur de ses yeux. Ses yeux étaient semblables à deux pierres précieuses, d'un vert inestimable qui semblaient sonder votre âme. Ses cheveux étaient dressés sur sa tête, comme s'il venait à l'instant de quitter son lit.
Brûlée par son regard envoûtant, je me retourne, le feu aux joues. Je devais avoir l'air stupide. Le couple glissa quelques pièces dans l'assiette où était posé un ticket de caisse, et ils prirent la porte. Un homme plus âgé, replia son journal, passa derrière le bar et serra la main du barman, avant lui aussi, de quitter l'endroit.
Le serveur m'apporta mon chocolat chaud, avec un pain d'épice et une sucrerie au chocolat. Je le remerciais et commençais à boire une gorgée.
La vache c'était chaud ! Tellement que je me brûlais la langue. J'entendis un rire provenir de la droite. Je tournais violemment la tête et lui assénai un regard noir. Non mais, pour qui se prenait-il à la fin ?
_ Pardon ! dit-il. J'aurais pu vous prévenir, que lorsqu'une boisson est servie chaude, elle est carrément brûlante.
Son timbre de voix ressemblait à du velours, on avait presque envie de le caresser. Je le regardais, les yeux écarquillés, avant de me concentrer derechef sur ma tasse.
_ Vous êtes seule le soir de noël ?
_ Techniquement noël c'est le vingt cinq décembre et nous ne sommes que le vingt quatre. Rétorquais-je amèrement, énervée qu'un pur inconnu se mêle de ma vie.
_ Excusez-moi, je ne voulais pas vous importuner.
Il semblait que je l'avais blessé. Mais je n'aimais pas que l'on s'occupe de ma vie. J'avais ce besoin d'indépendance.
_ Navrée de vous avoir parlé sur ce ton. Mais pour ma défense j'ai horreur qu'une personne se mêle de ma vie.
_ Je suis désolé. Je ne voulais pas vous faire de peine.
_ C'est oublié.
_ Je m'appelle Edward et vous ?
_ Bella.
Il hocha la tête, un sourire apparaissant sur son visage d'ange. Il ne ressemblait pas à un être réel. Il semblait tout droit venir d'un livre d'enchantement. Une telle beauté ne pouvait pas réellement exister. Non ? Je faisais pâle figure avec mes joues rondes, mes cheveux ternes et cassants, mes rondeurs et les kilos en trop, mon jean taille 46. Je pouvais me rhabiller face à cet Apollon. Je me sentais inférieur à lui, il était tellement magnifique, je pouvais aisément deviner que toutes les filles se retournaient sur son passage.
D'un geste sec, j'abaissais un peu plus mon pull, pour qu'il cache mon ventre. A cet instant, j'aurais aimé qu'il disparaisse. Depuis l'adolescence, j'avais un petit faible pour tout ce qui était sucrerie, et cela ne s'était pas arrangé avec la mort de mon père... Lorsque j'avais huit ans. Puis, bien vite elle se mit en ménage avec un homme plus jeune qu'elle, qui s'appelait Phil. Il était gentil, mais intellectuellement parlant, il n'était pas si développé que ça. Pour lui Shakespeare était un prince d'Angleterre. Je m'étouffais presque à chaque fois qu'il ouvrait la bouche.
Heureusement pour moi, lorsque j'eue dix-huit ans, je partis de chez elle. L'excuse étant mes études. En réalité je fuyais ma mère, lâchement. Mon père me manquait et je n'approuvais toujours pas malgré les années ses choix amoureux. Sa présence entière me manquait, et j'étais heureuse et à la fois attristée de quitter la chaleur aride de la région où je vivais avec ma mère. Les seuls souvenirs qu'il me restait de cette vie là-bas, étaient deux petits pots de terre contenant chacun un cactus, ainsi que quelques photos. Je n'avais plus beaucoup de nouvelles de ma mère. Elle m'envoyait une carte postale, lorsqu'elle partait, et m'appelait une fois tous les trente six du mois. Elle n'avait jamais eu la fibre maternelle.
Je revenais à l'instant présent en entendant un raclement de gorge. Je me retourner vers Edward et je vis qu'il me regardait intensément. Peut être que c'était moi qui me faisais des idées après tout.
_ Vous aviez l'air en pleine réflexion.
_ Oui… Je repensais au passé.
_ Durs moments ? Pardon. J'avais oublié que vous ne souhaitiez pas qu'on interfère dans votre vie privée.
_ Serait-ce de l'ironie ?
_ Moi ? S'exclama-t-il outré. Certainement pas, finit-il avec un sourire qui en disait long.
J'attrapais ma tasse et la portais à ma bouche. La boisson était à présent tiède, et je pouvais la boire plus aisément.
L'homme continuait toujours de me fixer avec intérêt. Je n'aimais vraiment pas qu'on me fixe comme si j'étais une bête de foire.
_ Bon d'accord c'est quoi votre problème ? Éructais-je.
_ Moi ? S'étonna-t-il faussement.
_ Oui vous ! Pas le pape ! Qu'est-ce que vous avez à me fixer comme ça ? Vous voulez ma photo ?
Il eut un petit sourire narquois, qui laissa apparaître ses dents parfaitement blanches.
_ On ne vous à jamais dit que vous ressemblez à Pitbull enragé ?
Je reposais violemment mon mug sur le comptoir en zinc du bar.
_ Pardon ?
_ Oh. Vous aurais-je blessé dans votre orgueil ? Milles excuses.
Je secouais la tête, serrant fermement les dents.
_ Vous n'êtes qu'un..qu'un…
_ Qu'un ?
_ Qu'un emmerdeur ! Voilà ce que vous êtes !
Je descendais du tabouret et jetais un billet de cinq dollars sur le bar. Le patron me regarda étrangement.
Et dire qu'il y a quelques minutes je m'étais excusée auprès de lui. Arg ! Il n'avait fallu qu'une seule petite minute pour qu'il devienne un con arrogant. Un con arrogant avec de magnifiques yeux…
J'enfilais mon manteau et sortit rapidement de l'établissement. Je n'avais plus qu'une seule chose à faire. Repartir chez moi. J'irais me glisser sous les draps et regarder un film.
La nuit était plongée dans un calme surprenant. Seule la neige craquait bruyamment sous mes pas.
_ Attendez ! Hurla quelqu'un.
Je me retournais pour faire face à l'homme qui m'avait fait quitter ce bar. Je lui tournais le dos et continuais ma route. J'entendis des mouvements plus rapides et en quelques foulées il était arrivé près de moi.
Je m'arrêtais net. Surpris, il perdit quelque peu son équilibre.
_ C'est bien ce que je dis. Vous êtes un emmerdeur.
Il plaça sa main contre son cœur et me fit un sourire tordu.
_ Vous êtes une belle emmerdeuse vous aussi. Si je puis me permettre, reprit-il face à mon incompréhension.
_ Qu'est-ce que vous me voulez ?
_ Je ne sais pas vraiment. Vous êtes seule le soir du réveillon de noël. Je le suis aussi. Pourquoi ne fêterions-nous pas noël ensemble ?
Je secouais la tête vigoureusement.
_ Je ne crois pas. Merci et Au revoir.
Alors que j'allais reprendre ma route, il me saisit par le bras et me tira à lui.
_ Bella… Vous n'êtes pas du tout une fille simple. J'imagine que vous le savez déjà ?
_ Parce que je suis une emmerdeuse ?
Il se remit à sourire.
_ Il y a un peu de ça aussi. Ecoutez, je ne vous demande pas en mariage juste de passer le réveillon de noël avec moi.
_ Je ne suis pas l'armée du salut Edward.
Je tirais d'un coup sec mon bras, mais basculait en arrière sous l'impulsion de mon geste. Je fermais les yeux, prête à tomber fesse contre neige. Au lieu de ça, je sentis une agréable chaleur se propager dans mon dos, atteignant petit à petit mon ventre. Je rouvris les yeux, tombant dans un océan émeraude. Le dit Edward me retenait fermement. S'il me lâchait, je m'écrasais sur le sol mouillé.
_ Vous acceptez ma proposition ?
_ Non. Rétorquais-je aussitôt.
Il commença à relâcher son bras. Aussitôt, je m'accrochais fermement à son cou, de peur de tomber sur le sol.
_ Vous acceptez ma proposition ?
_ Remettez moi droite d'abord. Ensuite je vous répondrez.
_ Ce serait trop facile. Non. Je veux cette réponse maintenant. Attention Bella, ma main commence à glisser…
_ OUI ! Hurlais-je tout en m'accrochant un peu plus à lui.
Fier de son chantage il me remit en deux secondes sur mes pieds. J'enrageais de m'être fait prendre à son jeu.
_ Alors, qu'avez-vous envie de faire ?
_ Vous m'obligez à venir passer noël avec vous. Ce serait plutôt à vous d'organiser un super programme.
_ Ok. Suivez-moi alors.
Je haussais un sourcil alors qu'il me tendait sa main.
_ Allez Bella ! Je ne vais pas vous manger !
_ Manquerait plus que vous soyez cannibale et cela finirait le tout ! Répondis-je blasée.
Il se mit à rire de nouveau. Ravie de voir que je suis une aussi bonne distraction…
_ Qu'est-ce que vous diriez d'aller manger mexicain ? Il y en a un très bon près de chez moi et…
_ Attendez, attendez… J'ai saisis. En fait, vous êtes seul pour noël et vous espérez pouvoir tirer votre coup. Mais sachez cher ami, que vous êtes vraiment mal tombé.
_ Vous vous méprenez Bella, dit-il en étouffant un rire. Pour mettre une fille dans mon lit, je n'ai pas besoin de beaucoup de choses.
_ Voyez-vous ça, en plus d'être un emmerdeur vous êtes un arrogant ! Vous faites le parfait portrait de l'homme détestable !
_ Vous vouliez dire idéal ? Rétorqua-t-il en haussant les sourcils de manière suggestive.
_ Non non, vous êtes détestable. Mais bon, vu que je vais devoir passer cette soirée avec vous, je vais faire comme si je ne connaissais pas cette part de vous.
Il attrapa ma main, me faisant hoqueter de surprise. Il commença à marcher, me tirant près de lui.
_ Où va-t-on ?
_ D'abord au restaurant mexicain, ensuite on avisera.
_ Comment ça ?
_ Peut-être que vous pourriez tomber sous mon charme qui sait…
Je détestais vraiment sa façon de sourire bêtement à chaque fois qu'il lançait un sous-entendu ou la façon dont il hausse les sourcils. Arg ! Une soirée d'enfer en perspective… Mon dieu faites que je puisse rapidement m'échapper de ce calvaire.
_ Honnêtement ? Vous n'êtes pas du tout mon genre. Et même si vous étiez le dernier homme sur cette planète je ne coucherai pas avec vous.
_ On pari ?
_ Non mais vous avez quel âge ?
_ J'ai 32 ans. Et vous ?
_ Votre mère ne vous a pas appris les bonnes manières ? Ne savez-vous pas qu'il est impoli de demander son âge à une femme ?
Je vis son visage devenir sombre. Avais-je touché une corde sensible ? Il baissa légèrement sa tête, puis la secoua. Il braqua son regard dans le mien et je me sentis défaillir une nouvelle fois. Comment pouvait-on avoir de si beaux yeux, et être un parfait emmerdeur arrogant ?
Edward m'emmena, ou plutôt me traina contre mon gré, jusqu'au restaurant mexicain, qui se trouvait juste à côté de chez lui.
Il avait alors commandé un plat de nachos à se partager. Lorsque nous commençâmes à manger, il commença aussi à me poser certaines questions.
_ J'ai compris que vous n'aimiez pas parler de vous.
_ Bien joué Sherlock ! Rétorquais-je amère.
Il ignora ma remarque et repris.
_ Mais que faites vous dans la vie ?
_ Ma vie privée est comme son nom l'indique, privée. Ce n'est pas parce que nous partageons un plat de nachos que cela vous autorise à redevenir un emmerdeur arrogant.
_ Emmerdeur arrogant sera mon surnom pour la soirée ?
J'écarquillais les yeux.
_ Je vous demande pardon ?
_ Je vous demande ça, parce que vous avez employé ce terme deux fois. Mais ça ne me gène pas. Je trouve ça plutôt drôle. Alors que faites vous dans la vie ?
_ Ok. Ok. Si vous insistez ! Après tout, après cette soirée je ne vous croiserais plus, du moins je l'espère. Je suis directrice d'une agence de voyage.
_ Vraiment ? demanda-t-il les yeux brillants.
_ Non, je dis ça juste comme ça. En fait je suis une mère maquerelle mais chut !
Il devint alors dépité.
_ Bella. Je sais que je vous ai un peu forcé la main mais…
_ UN PEU ?
_ Bon d'accord beaucoup… Mais j'aimerais juste que fassiez un effort. Pourquoi ne pourrait-on pas vivre une soirée exceptionnelle sans se faire la gueule et s'engueuler à tout bout de champ ?
Je pesais le pour et le contre. Contre : J'allais forcément finir par me confier et donc par me laisser bouffer. Je ne le connaissais ni d'Eve ni d'Adam et il pourrait très bien être un tueur en série, un violeur ou un truand. Pour : J'avais besoin de me lâcher. Et peut-être qu'une soirée en sa compagnie n'est pas si mal que ça.
_ Ok. Je vous promets d'essayer. Mais je ne garantis pas le succès de cette démarche !
_ Aucun problème Bella. Merci d'essayer.
Il me fit un sourire étincelant… Stupide Emmerdeur Arrogant !
Il avala une chips et me regarda malicieusement.
_ Et si on se tutoyait ? Après tout nous allons passer noël ensemble, nous pouvons considérer que nous sommes presque… intimes, finit-il en susurrant.
J'avais décidé d'être un peu plus sympas, pas la peine pour autant de se prendre pour mon meilleur ami.
_ Allez Bella !
_ Vous savez quoi ? On n'a pas élevé les cochons ensemble !
_ Vous recommencez Bella ! Je croyais que vous deviez vous détendre ? Et par-dessus le marché, nous devions arrêter de nous emporter.
_ C'est de votre faute après tout ! Vous me poussez sans cesse dans mes retranchements. Ça ne fonctionnera jamais. Je ferais mieux d'y aller.
Je me levais lorsque la main de mon compagnon d'infortune, se glissa sur la mienne.
_ Bella. Restez. S'il vous plaît. Je… J'ai été idiot de réagir ainsi. On garde le vouvoiement si cela vous convient mais restez !
Sa tête s'abaissa, alors que sa main se trouvait toujours sur la mienne.
_ Bon. Mais c'est la dernière fois !
Je me rassis et il releva les yeux, me faisant un faible sourire de remerciement. Il retira sa main, laissant sur la mienne, une impression de manque.
_ Vous voulez un dessert ? Ou vous préférez la suite du programme ?
_ Et qu'est-ce que cette suite ?
_ Je ne peux pas vous le dire sinon ce ne serait plus une surprise.
_ C'est pour savoir si je dois commander un dessert ou non.
Il appela la serveuse et lui demanda la carte des desserts.
_ Prenez un dessert.
_ Vous n'avez pas de suite ! M'offusquais-je faussement.
_ Hey ! Je n'avais pas prévu de faire quoi que ce soit ce soir ! J'improvise au fur et à mesure.
Je lui fis un sourire moqueur, avant de lire attentivement la carte des desserts. La jeune femme revint prendre notre commande.
_ Alors pour moi ce sera une mousse au chocolat s'il vous plaît, dis-je.
_ Et vous monsieur ?
Edward abaissa sa carte et lança un sourire flamboyant à la jeune serveuse.
_ Je prendrais une île flottant s'il vous plaît.
_ Euh… Ou…Oui… Très bien… Je vous apporte ça…
Elle partit tout en rougissant.
Je me tournais vers Edward tout en secouant la tête. Il leva les mains bien hautes tout en souriant.
_ Je plaide coupable, pour cette fois, avoua-t-il.
_ Je ne vous ai même pas demandé ce que vous faites dans la vie.
_ Je gère un foyer pour enfant.
J'haussais un sourcil.
_ Je ne suis pas seulement un con arrogant
_ Emmerdeur, corrigeais-je
_ Emmerdeur, conclu-t-il en souriant. Je m'occupe d'un foyer pour enfants abandonnés ou placés. J'essaye de faire de mon mieux pour que ces petits vivent une enfance quasi normale.
J'étais sidérée. Jamais je n'aurais pu penser qu'il puisse faire ceci comme métier.
_ Je ne vous aurais jamais imaginé là-dedans.
_ Comme quoi, je sais aussi berner mon monde.
Un jeune homme arriva face à nous et nous donna nos desserts. La serveuse n'avait pas du se remettre du numéro de charme d'Edward.
_ Voilà. J'espère que vous vous régalerez.
Il me fit un clin d'œil et repartit vers les cuisines.
_ Vous avez une sacré touche Bella !
Je relevais la tête vers Edward.
_ Je ne crois pas non.
_ Roh allez Bella !
_ Edward… le menaçais-je.
_ Très bien ! Mais vous ne viendrez pas vous plaindre après…
J'attrapais ma cuillère et la plongeait dans la mousse. Le chocolat était divinement bon et je me régalais.
Edward avait fini en peu de temps son dessert et me regarda. Il se mit à sourire. Il approcha son pouce de ma bouche. Je me paralysais en sentant son doigt sur la commissure de mes lèvres. Il essuya quelque chose et porta son doigt à sa bouche.
_ Délicieux, dit-il les yeux noircis tout en me regardant.
Presque douloureusement je finis mon dessert. Edward fit signe au serveur de préparer l'addition et j'attrapais mon sac à main. Je sortis ma carte bleue lorsqu'Edward fronça les sourcils.
_ Que faites-vous ? s'enquit-il soudainement.
_ Je sors ma carte bleue.
_ Je le vois bien. Mais pourquoi faites-vous cela ?
_ J'ai mangé ici, je vais donc payer mon repas, annonçais-je comme une évidence.
_ Je vous ai invité Bella. Je paye.
_ Je…
_ Et c'est non négociable, rétorqua-t-il.
Rageusement je replaçais ma carte de crédit dans son étui avant de remettre mon manteau. Edward s'avança jusqu'à la caisse pour payer. Il jeta un petit coup d'œil par-dessus son épaule comme pour savoir si j'étais restée ou non.
Il attrapa son ticket et remercia le patron. Il remit lui aussi son manteau en laine noir, et m'ouvrit la porte du restaurant.
Dehors la neige ne tombait plus. Mais le vent, glacial, essayait de s'infiltrer partout. Mécaniquement je resserrais mon manteau contre moi. A ce moment précis, j'aurais tout donné pour retrouver la chaleur.
_ Vous voulez venir chez moi ? On sera au chaud comme ça.
_ Je…
_ Bella, je ne vais pas vous violer. On pourra regarder des films de noël, se gaver de pop corn et de nounours à la guimauve.
Merde… J'avais un sérieux penchant pour les nounours à la guimauve. C'était comme s'il me proposait le saint Graal.
_ Vous avez le Grinch ?
_ Oui, ça doit pouvoir se trouver pourquoi ?
_ Ok je viens.
Il me prit par le bras et m'escorta jusqu'à une porte grise qui se trouvait à cinq mètres environ de l'établissement.
Il ouvrit rapidement la porte, et nous grimpâmes en silence les marches. Il faisait déjà meilleur. Il ouvrit rapidement la porte qui donnait sur son salon et j'ouvris des yeux ébahis.
Son salon était tout à fait cosy et surtout il était tout à fait simple. Pas de modernité, juste des meubles anciens comme je les appréciais.
_ Je ne vis pas dans un quatre étoiles mais c'est mon chez moi, dit-il simplement en posant ses clés dans le vide poche qui se trouvait sur le radiateur.
J'avançais silencieusement dans son appartement. Il m'avait laissé entrer dans sa vie, dans son antre.
_ Vous pouvez retirer votre manteau si vous le souhaitez.
Je me retournais vers lui. Il avait déjà retiré son manteau et se trouvait en pull.
_ Tenez, laissez moi vous aider.
Il fit glisser mon habit et l'installa sur un porte-manteau.
_ Vous avez perdu votre langue entre le restaurant et mon appartement ? S'exclama-t-il en riant.
_ Ah ah… Très drôle !
_ Je vous préfère ainsi Bella. Le silence ne vous va guère.
Je me mis à rougir.
_ Installez-vous Bella. Je vais chercher de quoi nous goinfrer et après j'installerais le film.
_ Je peux vous aider sinon.
Il se retourna stupéfait.
_ Comme vous voulez, lâcha-t-il tout bas.
Il s'avança jusqu'à la cuisine et sortit des placards deux sachets de nounours à la guimauve.
_ Tenez, c'est noël avant l'heure !
J'attrapais le sachet, le serrant contre mon cœur, espérant alléger l'ambiance. Ce qui ne loupa pas puisque mon hôte se mit à rire à gorge déployée.
_ Vous êtes vraiment…
_ Une emmerdeuse ? Demandais-je reprenant ses termes.
_ Non, dit-il tout en secouant la tête, j'allais dire étonnante. Mais si vous préférez emmerdeuse…
Il attrapa deux sachets de pop corn et les mit au micro-onde.
Je quittais la cuisine et installais les nounours sur la petite table, face à la télévision. Il me suivit et ouvrit deux placards. Il s'accroupit et chercha quelques dvd.
Victorieusement, il sortit le film, tout poussiéreux, du Grinch. Je me mis alors à applaudir.
_ Vous voulez quoi d'autres ?
_ A vous de choisir. Un film chacun, ça me parait bien.
Il approuva d'un signe de la tête avant de se remettre à la recherche d'un autre film.
Le micro-onde se mit à sonner. Je me rendis alors dans la cuisine et sortit, en faisant attention à ne pas me brûler, le pop corn. Je vidais les deux sachets dans le saladier qu'avait sortit Edward.
_ J'ai trouvé, s'exclama-t-il.
Je pris le saladier et le ramenais dans le salon. Edward brandissait fièrement son film. Lorsque j'arrivais près de lui, il le cacha derrière son dos et me fit signe de reculer avec son autre bras.
_ Promettez-moi de ne pas vous moquer avant.
_ Pourquoi ?
_ Tt tt ! Promettez-le-moi Bella !
Je secouais la tête.
_ Ok d'accord. Bon montrez-moi ça maintenant.
Il sortit de derrière son dos le fameux film.
_ Love Actually ?
Un sourire s'installa sur mes lèvres.
_ Vous aviez dit que vous ne vous moqueriez pas Bella ! S'exclama-t-il
_ Mais je ne me moque pas.
_ C'était ça ou le Pôle Express…
_ Le Pôle Express ? Vous avez ce genre de dvd chez vous ?
_ Je tiens un foyer rappelez-vous en…
_ Je sais quel cadeau de noël vous auriez mérité cette année.
_ Lequel ? S'enquit-il
_ Le livre des plus mauvaises excuses !
Il étouffa un rire et me tendit le film.
_ Alors Love Actually ou Pôle Express ?
_ Love Actually. Hugh Grant est terrible !
Il me fit signe et je m'installais sur le sofa. Il inséra le cd du Grinch et vint s'installer à mes côtés. Il attrapa le plaid qui reposait sur le dossier du canapé et nous couvrit avec.
_ Vous avez assez chaud ?
_ C'est parfait merci.
Il me fit un sourire bienveillant, avant d'attraper le saladier de pop corn et le placer entre nous. Il ouvrit le premier sachet de nounours à la guimauve et m'en tendit un.
_ Merci.
Le film débuta et je me replongeais avec délectation dans le conte qui avait bercé mon enfance. Mon père avait pour habitude de me le lire chaque soir avant que je n'aille dormir. Il allumait la petite lumière qui reposait sur ma table de nuit et me comptait l'histoire de ce personnage qui détestait noël. Comment pouvait-on détester cette fête ? Je n'arrivais pas à comprendre ce concept. Et en même temps je n'étais pas très âgée. Il était difficile pour moi, de regarder au-delà du concept du père noël et ce fête où l'on s'offre divers cadeaux.
Et puis…
Un 24 décembre, mon père mourût. J'avais huit ans. Il n'y avait plus personne pour me lire ce conte. Bien sûr, je savais lire depuis longtemps mais il me manquait quelque chose. Alors je n'avais plus jamais touché au livre. Mon père était le détenteur de ce livre, de conte. Je ne fêtais plus noël. Je ne haïssais pas cette fête non. Mais elle m'avait pris celui qui comptait le plus pour moi. Ma mère n'avait jamais compris cela. A présent, chaque soir de noël, je me passais le film du Grinch, histoire que mon père, où qu'il se trouve, puisse partager ce moment avec moi.
_ Tout va bien ?
Je sursautais et me tournais vers Edward.
_ Excusez-moi j'étais partie dans mes pensées.
_ Je… Je sais que vous n'aimez pas parler de vous mais… Je sens bien, enfin… Je vois bien qu'il y a un problème. Vos yeux se sont mis à briller étrangement et votre visage est comme… renfermé.
Je respirais un grand coup.
_ J'ai du mal avec cette date.
_ Le 24 ? Pourquoi en particulier ?
_ Quelqu'un qui m'était proche est décédé ce jour-là. Depuis…
Je n'arrivais même pas à finir ma phrase. Je me concentrais sur le film qui se déroulait face à moi.
_ Je comprends, chuchota-t-il.
En silence je sentis sa main venir serrer la mienne brièvement. Sa paume était bouillante et son contact se faisait plus doux que jamais.
Nous enchainâmes les deux films. Epuisés nous n'avions même pas remarqué que nous étions le 25 décembre.
_ Je vous raccompagne chez vous Bella ? me demanda Edward alors que j'enfilais mon manteau.
_ Je peux me débrouiller. Merci.
_ J'insiste, me dit-il avec un sourire fatigué.
Je hochais simplement la tête et attendis qu'il termine de s'habiller. Nous grimpâmes dans sa voiture et je le guidais jusqu'à mon appartement.
_ Merci pour cette soirée, lui dis-je en brisant le silence qui régnait dans l'habitacle depuis notre départ.
_ Merci à vous, pour avoir égaillé ma soirée.
_ Passez un joyeux noël Edward…
_ Je ramène des cadeaux demain aux enfants et je mangerai avec eux. Vous pouvez vous joindre à nous si vous le souhaitez…
Je reste presque bouche bée. Faisait-il ça parce qu'il en avait envie ou par pitié ?
_ Oubliez… C'était une mauvaise idée. Bonne matinée Bella, dit-il en jetant un coup d'œil à sa montre.
_ Merci pour tout Edward. A bientôt peut-être ? Dis-je en ouvrant ma portière.
Il se mit à exploser de rire. Je me retournais violemment ne comprenant pas la cause de son hilarité.
_ Il y a quelques heures de ça, vous étiez persuadée que nous ne nous reverrions jamais. Et maintenant vous voulez me revoir ?
_ Je savais que l'emmerdeur arrogant referait à un moment donné surface, dis-je en souriant.
_ Au revoir Bella. Prenez soin de vous.
Je hochais la tête et sortais du véhicule. Je montais rapidement les marches et attrapais mes clefs. Il klaxonna, me faisant sursauter.
Je me retournais, clefs dans la serrure. Il m'adressa un rapide signe de la main avant de continuer sa route.
Nous avions vécu une soirée ensemble. Une seule. Et pourtant j'avais l'impression qu'il me manquait quelque chose, maintenant que j'étais rentrée chez moi. A présent nos routes étaient belles et bien séparées.
Je déposais rapidement mon manteau sur le dossier de mon canapé et balançais mon sac quelque part sur un des fauteuils.
Fatiguée, je m'avachis sur mon canapé. Télécommande en main, je zappais sur toutes les chaines, et j'éteignais la télévision. Il n'y avait rien, à part des films catastrophes ou des documentaires animaliers.
La soirée était enfin finie. J'avais attendu ce moment depuis le début, et puis… Et puis maintenant je n'avais qu'une envie c'était de recommencer.
Epuisée, aussi bien moralement que physiquement, je franchis la porte de ma chambre et me couchais en travers de mon lit, rabattant bruyamment les couvertures contre moi.
Après tout on dit bien que la nuit porte conseil…
« Noël n'est heureux que pour les enfants et les amoureux… » Michelle Guérin
Je vous retrouve très vite pour un nouveau chapitre de cette "mini-fiction" de Noël.
Bisous et prenez soin de vous,
SweetyMarie
