Alors qu'un élancement particulièrement douloureux lui enflamma le dos, Stiles se dit qu'il devait vraiment faire quelque chose pour faire passer l'envie à Derek de lui faire violemment rencontrer chaque mur qu'ils croisaient. Et pour ce faire, Stiles fit la première chose qui lui traversa l'esprit. Et dieu sait comme l'adolescent pouvait avoir des idées stupides..

C'est ainsi que Stiles avait réduit les trop rares centimètres qui le séparaient du visage du loup garou. Il aurait voulu avoir le courage de faire s'éterniser le baiser pour attiser la colère de l'autre, mais une peur viscérale l'envahit, Derek allait le tuer...

Le jeune homme senti la prise sur lui faiblir avant de heurter mollement le sol. Ayant fermé les yeux durant la manœuvre il attendait maintenant avec appréhension, tremblant, la réaction de son aîné. Il n'était pas particulièrement douillet, mais là tout de suite, il espérait ne pas regretter trop amèrement son geste. Les secondes se firent longues, assez pour que l'esprit de Stiles ai le temps de dérailler une poignée de fois.. Il imaginait mille cas de figures, milles réactions possibles tout en essayant de ne pas se recroqueviller sous le poids du remord grandissant. Au fil de l'attente, le malaise et la peur finirent par souffrir au profit de la curiosité de l'adolescent.

Peu rassuré, Stiles ouvrit les yeux.

Derek s'était éloigné et regardait l'adolescent de ses yeux rouges sang. Il aurait pu s'énerver, voir même il aurait dut, mais ce ne fut pas le cas. Réflechir et analyser avant de s'emporter est une nécessité lorsqu'il s'agit de Stiles. Il n'avait senti aucun désir ou sentiment déplacé dans le geste de l'hyperactif et quelque part, ça le rassurait. Derek n'était pas stupide, sauvage et brusque, certes, mais il savait faire fonctionner ses méninges. Il ne mit pas longtemps à comprendre le but de la manoeuvre du plus jeune. Il jugea l'acte assez désespéré pour avoir l'ombre de scrupules, surtout qu'il se savait parfaitement capable de se contrôler. Dans le cas présent il n'avait juste pas, à tort, eu envie de se maîtriser et le reconnaître fit naître la colère.

- Dégage Stiles!

Le ton de Derek était sec et sans appel, ce qui n'empêcha pas l'hyperactif de soupirer de soulagement, comprenant à l'instant qu'il aurait miraculeusement la vie sauve. Mais ne voulant pas donner le temps à Derek de changer d'avis, et il était presque sûr qu'il allait changer d'avis, il s'enfuit sans demander son reste.

-o-

Stiles marchait au hasard dans la forêt, il venait juste de quitter feu le manoir des Hale, qu'une pensée tournait déjà en boucle dans sa tête. Pourtant habituellement il n'était pas simple pour lui de se concentrer sur une idée précise, vu qu'elle était rapidement submergée par le flot des questionnements intempestifs qui l'assaillait.

Il avait embrassé Derek...

Mon dieu! A qui allait-il pouvoir en parler? Parce que oui, il allait devoir en parler à quelqu'un. Sinon il se connaissait, il allait finir par cracher le morceau n'importe quand et de préférence dans une situation parfaitement inappropriée et sans aucun doute devant les mauvaises personnes (sinon ce n'est pas drôle). Alors il devait absolument se soulager de ce fardeau pour parvenir à s'en libérer.

C'est dans cette optique que le jeune homme se retrouva en face de la dernière personne qui s'attendait à le voir.

- Et donc, tu as embrassé mon neveu? S'étonna Peter.

L'information lui paraissait aussi bizarre que le fait d'en être informé par l'humain de compagnie de Scott. De plus elle lui avait été balancée comme ça, en guise de bonjour, sans le moindre contexte.
Le gosse lui raconta alors ce qui c'était passé, avec moult détails et détours inutiles comme d'habitude. Peter fut assez impressionné de la capacité de l'adolescent à pouvoir débiter autant de mots sans reprendre sa respiration. Mais une chose le chagrinait...

-Et pourquoi m'en parler? Bien que je dois avouer trouver l'information forte intéressante! S'enquit le loup d'un ton trop enjoué.

-Bah, je n'allais quand même pas en parler à Scott! Il aurait sans doutes essayé de me faire interner, de tuer Derek et de se tirer une balle à la suite pour chasser l'image mentale qui lui aurait parasité l'esprit à vie!

Stiles s'était exprimé comme s'il s'agissait d'une évidence même et qu'il devait le démontrer à un enfant de 4 ans. Mais Peter ne s'en formalisa pas et préféra semer un peu de trouble dans l'esprit du plus jeune.

- Et donc, Derek te plaît? Tu aimes les hommes? Parce que naturellement ça ne serait venu à l'esprit de personne de faire une chose comme ça.

-Quoi?! NON! S'étrangla Stiles.

Peter ne remarqua aucun signe de mensonge chez l'hyperactif, mais ne put empêcher un petit mensonge innocent de franchir la barrière de ses lèvres.

-Tu mens, je peux le sentir.

Le loup sourit, fier de lui en admirant l'air choqué de l'adolescent qui étonnamment se retrouvait bien silencieux. De quoi se plaignait sans arrêts Derek? Ce n'était pourtant pas bien compliqué de réduire le plus jeune au silence.

En réalité, à cet instant précis, l'esprit de Stiles fonctionnait trop vite pour que la parole ne puisse suivre ses réflexions. Il essayait difficilement d'analyser l'affirlation de loup psychopathes qui le dévoraient du regard. D'ailleurs pourquoi être allé le voir LUI? Sur le coup ça lui avait paru aussi logique que l'était son questionnement actuel dans le contexte immédiat. Les mots jaillirent enfin, précipités, ayant sans doutes souffert d'avoir été trop longtemps retenus:

-Est-ce que je suis attirant?

Le loup se montra clairement amusé par la tournure d'esprit du gamin. Il ne se donna même pas la peine d'avoir l'air surpris, préférant dévoiler un large sourire carnassier.

- Oui assez.. Dit-il de manière exagérément traînante. Mais sûrement pas dans le sens que tu attends.

-Hein? Dans quel sens alors?

-Quand je te vois je ne peux m'empêcher de saliver.. Plus que devant n'importe quel ragoût de boeuf, et j'adore le ragoût...

Peter se fit songeur, plus par soucis théâtral que par réel intérêt. Mais Stiles cru reconnaître une lueur inquiétante, dérangeante, dans les yeux de son aîné et son instinct de survie lui hurla de courir le plus loin possible de l'homme.

-o-

Stiles était bien ennuyé, presque autant qu'il était essoufflé. Il venait à peine de s'autoriser un arrêt dans sa course qu'une nouvelle pensée venait de se coincer dans sa caboche. Pas de chance, alors qu'il venait à peine de se débarrasser de la précédente.

Etait-il gay?

Stiles était presque sûr que la réponse était non. Mais après tout, Peter lui avait bien dit qu'il avait menti, il était jeune, il se voilait peut être la face sur sa vraie nature... Stiles ne put réprimer un petit rire, "sa vraie nature" la tournure dramaturge de ses pensées l'amusait.

Une fois n'est pas coutume, il fallait qu'il en parle à quelqu'un!

Mais il allait devoir attendre le lendemain, au lycée, pour espérer croiser la personne qu'il cherchait. Stiles ravala un soupir dépité, il détestait attendre..

-o-

-Danny!

L'interpellé soupira. Avoir un Stiles surexcité qui l'appelait en hurlant à travers les couloirs était très, très mauvais signe... Il voulu d'abord esquiver le problème, mais l'autre était tenace. Bien vite il se retrouva piégé dans une salle d'étude malheureusement déserte.

-Danny, il faut que je te pose une question..

Vraiment, ça sentait mauvais..

-Comment est-ce que tu as su que tu étais gay?

Et voila, la bombe était lâchée, exaspérant et attaquant sévèrement la patience de Danny.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise, je l'ai su comme ça, ça ne passe pas inaperçu quand à l'adolescence on sent son corps réagir face aux hommes plutôt qu'aux femmes.. Pourquoi?

-Je me demandais si j'étais gay.

Danny pouffa, certain que l'autre se moquait de lui. Mais Stiles resta accroché à cette idée..

- Bon... On va faire simple Stiles, lors de tes plaisirs solitaires tu penses à qui/quoi?

- Lydia!

L'hyperactif avala difficilement, il n'aurait peut être pas dut avouer comme ça au meilleur ami du mec à Lydia qu'il pensait à elle de cette manière, bien qu'il était certain que ça n'était pas un aveu très surprenant pour le garçon en face de lui.

-Lydia est une femme, tu n'es pas gay. Wouhouuu... Chantonna Danny avec toute l'ironie dont il était capable. Bien, maintenant je me casse.

Mais Stiles n'était pas satisfait de cette conversation. Et alors que l'autre adolescent partait il essaya alors de faire abstraction de Lydia, hormis elle, qui avait-il trouvé attirant(e)? Quel était son genre de femme? A qui avait-il rêvé..
Rien ne lui vient, aucun autre exemple... Dépité, il fini par penser à voix haute:

-Mince, je suis Lydiasexuel..

Un ricanement retenti à ces mots. Stiles surprit identifia le propriétaire du rire comme étant son meilleur ami Scott (à ses côtés depuis dieu sait quand). Perdu dans ses réflexions hautement existentielles l'hyperactif ne l'avait pas vu arriver, ce qui en soit n'était pas vraiment une exception, on ne pouvait pas dire qu'il était un garçon particulièrement attentif.

-Et qu'est-ce qui te fait dire ça Sherlock? Se moqua l'apprenti loup garou.

-Bien je ne sais pas... Je n'ai pas souvenir d'avoir été un jour attiré par quelqu'un d'autre...

Scott ricana à nouveau, vexant quelque peu son interlocuteur.

-Mon dieu Stiles, je ne te savais pas si romantique! D'habitude c'est un truc de fille, tu sais... N'avoir envie de sexe que lorsque l'on a des sentiments tout ça..

Stiles fut estomaqué, alors c'était donc ça? Pourquoi n'y avait-il pas pensé avant? Pourtant il était plus intelligent que son meilleur ami, enfin... sans vouloir être méchant bien sûr..

Une nouvelle apparition inattendue fit son entrée à cet instant précis par la fenêtre de la salle d'étude.

-Tiens salut Derek! Le ton de Stiles était détendu, désinvolte, comme s'il était naturel de voir l'alpha entrer par effraction dans leur Lycée.

Scott quant à lui s'était immédiatement tendu et était allé nerveusement fermer la porte de la salle pour éviter toute intrusion indésirable.
S'ensuivit une discussion houleuse entre l'alpha et l'omega. L'hyperactif ne la suivit que vaguement, trop préoccupé par ses propres réflexions. Il réussi néanmoins à saisir l'idée principale qui se dégageait du conflit. La pleine lune approchait et on ne savait pas comment Scott allait réagir maintenant qu'il n'était plus avec Allison. Aux yeux de Stiles, Derek ne semblait pas vraiment inquiet, il essayait vraisemblablement d'être seulement prévoyant. Mais Scott ne le vit pas comme ça et vexé, il quitta précipitamment les lieux, fracassant la porte au passage.
Derek s'était alors retourné agacé, visiblement peu désireux de perdre plus de temps ici que nécessaire, se jurant de garder un oeil sur le jeune loup. Alors qu'il avait déjà passé une jambe par dessus le rebord de la fenêtre, la voix de l'adolescent, resté jusqu'à présent silencieux, le stoppa dans son élan:

-Derek, est-ce que je sens meilleurs qu'un ragoût de boeuf?