- Prologue -

L'hiver en Suède est froid, très froid. Du coup, l'image de deux femmes en tee-shirt, short et jupe n'était pas habituel, ni normal. Elles se trouvaient dans le jardin face à une maison typique suédoise à un étage avec des murs blancs et des fenêtres à bordures bleues foncées, comportant également un toit de tuiles noires. La pleine lune luisait mystérieusement sur les formes des deux demoiselles et seules une ou deux étoiles traversaient le ciel d'encre noir.

La première habillée d'un tee-shirt blanc assorti avec une jupette de même couleur et une écharpe rouge flash, qui jurait parfaitement avec le reste de sa tenue, se tenait fermement sur ses pieds, quasi morte de rire face à l'autre qui hurlait comme un loup sauvage à tout bout de champs. La deuxième exécutait une danse de la pluie (ou du soleil? Vu qu'il faisait nuit, c'était assez difficile à voir) accompagnée de longs hurlements, son propre tee-shirt gris sombre et short noir allant jusqu'aux genoux suivant les mouvements de son corps emballé.

" Du sérieux, s'il te plait!" Hurla la première.

" Allez quoi! On va bientôt commencer un rituel des plus sérieux (résurrection de Kadaj, car elles avaient décidées que sa mort était bien trop triste) alors autant se défouler avant!"

Pour seule réponse, Mei, la jeune femme à l'écharpe rouge, regarda sa montre cassée (tragique accident du jour où elle s'en est servit pour éteindre son réveille). Elle soupira lourdement avant d'hocher la tête et de reprendre avec sa sœur les hurlements bestiaux plus pitoyables les uns que les autres, sans se soucier de réveiller les rares voisins. Ringo partit soudain dans un fou rire vite rejoint par sa sœur.

" C'est bon. On a assez rigolé, il est presque minuit ! "

" Ok, vérifions qu'on ait tout, pas comme la dernière fois où on a oublié les os de Bones. " (Un pauvre crâne de chevreuil trouvé à l'improviste dans les broussailles entourant la propriété).

Et elles firent donc l'inventaire de tous les ustensiles utiles et surtout inutiles qu'elles avaient amassés. Après dix bonnes minutes, cette labeur étant terminée, elles purent commencer ce fameux rituel avec le plus grand calme et sérieux dont elles étaient capables (c'est à dire qu'elles faisaient peur). Elles firent un cercle avec du gros sel et allumèrent cinq bougies qu'elles déposèrent correctement en pentagramme autour de l'arbre mort qu'elles avaient choisi avec soin (en gros, une tourna sur elle même en pointant du doigt sans regarder pendant que l'autre prenait des notes).

Ceci fait, Mei prit le premier bol de terre-cuite qui lui passa sous la main et cassa quelques os de ce pauvre Bones qui n'avait rien demandé pour mériter un tel sacrilège, pour ensuite les écraser avec douceur tandis que Ringo récitait le poème-sortilège qu'elles avaient écrit l'après-midi même.

Les rôles furent rapidement échangés, temps et si bien que Ringo se retrouva à éplucher des oignions, écraser des fleurs, et ramasser de la poussière pour mettre le tout dans de l'eau qui se transforma très vite en une espèce de boue vraiment peu appétissante. Elles continuèrent leur manège jusqu'à la combustion presque totale de leurs petites bougies blanches quand soudain, l'élément clé manqua à l'appel.

"Dis-moi, mon mamour à moi... C'est toi qui à fait la liste ? " Fit Mei sur un ton mielleux et bien trop sucré.

"Mu ? Oui, concentres-toi ! "

"Mon mamour à moi, la prochaine fois, je la ferai. Tu as oublié de prendre le deuxième couteau !! " (Qui serait utilisé comme objet coupant stérilisé à l'alcool pour ouvrir le pouce droit).

"Mu ? Ah oui... Zut. On fait comment ? "

"I don't know, bite your finger!" Répliqua Mei qui avait la fâcheuse tendance à répondre en anglais quand elle était légèrement — voire très — énervée.

Et elles se retrouvèrent donc à se mordre le doigt pour le faire saigner, sans grand succès. Puis, Ringo excédée par cet imprévu (car leur rituel s'en retrouvait mit à mal), ratura le poème d'un rapide coup de bic et corrigea la phrase « Et notre sang donné en offrande » par un « Et notre douleur donnée en offrande » Car oui, à présent elles avaient plus que mal à leur pauvre petit pouce.

Le rituel raté (franchement, avec les conversations incongrues à travers le poème et les ingrédients piochés au hasard dans la nature...) elles décidèrent de recommencer le lendemain. Sans bruits, elles vidèrent les pots remplis de divers matériaux (fleurs séchées ou en poudre fine, terre mouillée ou sèche, os de Bones écrasés, racines à moitiés brûlées, eau de pluie, eau de source, eau du puits sous-terrain, oignions pourris ou non-pourris, viande de bœuf volée à la cuisine, neige, etc.) et à effacer toutes traces de leur passage.

La seule lumière provenant des minuscules bougies réparties géométriquement sur le sol disparut d'un seul coup, les plongeant dans un noir des plus totales. Grognant des insultes au vent, elles recherchèrent les allumettes prises d'à côté du feu de bois à travers le fouillis d'objets. Trébuchant sur une casserole, Ringo tomba lourdement sur Mei, l'emportant contre le sol enneigé.

" Aïe… Ca va?" murmura-t-elle.

" Je ne sais pas aller mieux…" grogna Mei en retour. Elle se leva, jetant littéralement Ringo par terre. S'époussetant lentement, elle voulu se retourner pour aller vers la maison qui se trouvait à peine à dix mètres de là quand une énorme colonne de lumière blanche jailli du ciel vers elles.

Criant d'effroi, la lumière les aveugla et une douleur atroce se forma dans leur corps respectif et elles finirent par s'évanouir.

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Édité et révisé, se peut qu'il y ait encore des erreurs.