Disclaimer : Rien ne m'appartient... Tout à J.K.Rowling, y compris son immense talent :) Nan, ça, j'en ai pas eu une miette... soupir

/N.d.A./ Ce chapitre est un prologue au reste de l'histoire. Ça résume un peu qui était Zabini pendant ces années à Poudlard, etc... Vous aurez donc compris que Zabini était le personnage principal de cette fiction :) L'histoire tournera donc autour de lui, mais aussi autour d'Hermione et de Ron, inévitablement. On entendra aussi beaucoup parler d'Harry, de l'après-guerre, des problèmes de Draco et de sa relation avec Blaise...Voilà.

oO¤Oo

LA NUIT LA PLUS LONGUE

Épisode I : Blaise Zabini

oO¤Oo

C'était comme s'il s'éveillait d'un terrible cauchemar. La peur le tenaillait, telle une main enragée qui le déchirait par l'intérieur. Tous ses muscles et tous ses sens étaient sur le qui-vive, et ses mains tremblaient fébrilement. Un pressentiment, une étrange vision avait perturbé son sommeil et il savait qu'il lui serait impossible de dormir à nouveau. Un pressentiment, ce pressentiment... il savait que sa vie était en danger, il le ressentait tout au fond de ses tripes. Cependant, il ignorait pourquoi...mais savait que la seule façon de s'en sortir, c'était de se laisser guider comme un aveugle. La seule possibilité, c'était s'abandonner à ce qui s'était emparé de son esprit. Car, oui, quelque chose s'était infiltré en lui, il le savait.

Il se leva. Aussitôt, ce fut comme si ses pieds étaient devenus des souliers dans lesquels quelqu'un d'autre avait passé ses propres pieds.Vêtu d'une simple tenue de nuit, il se laissa emporter par cet impulsion dans sa tête et sorti de chez lui. Il marchait vers il ne savait où, mais quelque choses dans son esprit savait très bien comment s'y rendre. Ses pas le guidèrent pendant plus d'une heure, et s'arrêtèrent finalement dans un quartier banlieusard, devant une maison tout aussi banale que celles qui l'entouraient. Curieusement, le pressentiment étrange qui l'avait assailli à son réveil lui soufflait d'entrer dans cette demeure. Ce qu'il fit sans plus attendre.

Il entra dans la maison sans qu'aucune serrure ni aucune personne ne s'oppose à lui. Puis, il monta un vieil escalier grinçant et aboutit devant un long couloir, où plusieurs portes semblables s'offraient à lui. L'endroit était tout aussi désert qu'il lui était paru à son entrée. En temps normal, il s'en serait méfié, mais ce soir, il savait qu'il n'avait rien à craindre. Ce soir, bien qu'il ne savait pas où il était, il savait qu'il devait y être. Ce soir, de toutes les portes de la maison, il savait laquelle il devait ouvrir, et il savait que rien ne lui en empêcherait. Ce soir, il savait que pour sa survie, ce qui se trouvait derrière cette porte devait être trouvé.

Il se laissa emporter par ses pas qui le guidèrent jusqu'à une frêle et usée porte rouge. D'une simple poussée, la porte s'ouvrit. Il vit alors, tout au fond de cette longue pièce remplie d'objets tous plus étranges les uns que les autres, un petit miroir de toilette rond et orné de gravures raffinées. L'espace d'une seconde, il songea au miroir du Riséd, mais il compris que ce miroir-ci lui était en tout point différent. Il s'approcha du petit objet et le prit avec délicatesse. Reflété sur la glace lisse et brillante, son visage lui paru encore plus fatigué qu'à son habitude.

Tout à coup, son reflet s'effaça brusquement du miroir et fut remplacé par une série d'images brèves et saccadées. Alors, ce fut comme s'il était transporté à travers la glace. Il se retrouva dans un endroit où le décor autour de lui changeait sans cesse, passant de lieux en lieux et de scènes en scènes. Il vit des événements passés, des événements présents...jusqu'à ce que le décor se fige brusquement sur une scène précise. Il vit alors des choses qui le submergèrent d'une terreur pure et qui le firent trembler comme un enfant. Il vit...

Blaise Zabini hurla, terrifié.

Et il s'éveilla. Il porta ses mains à ses tempes. Son corps était ruisselant de sueur et son cœur battait furieusement. Son cœur battait, encore et toujours, il battait, battait...

Ce n'était qu'un rêve, se dit-il alors pour se rassurer. Mais ce n'était pas qu'un rêve. Le pressentiment était là... toujours là. En lui, lui rappelant que ce rêve n'était pas qu'un rêve.

oO¤Oo

Angleterre, Londres

Trois ans après la chute du Seigneur des Ténèbres

Je suis Blaise Zabini.

Mais savez-vous réellement qui je suis? Je suis celui, ce gars blasé me direz-vous, dont on a jamais vraiment entendu parler. Il y a plusieurs années, lorsque la guerre contre le Seigneur des Ténèbres n'avait pas encore véritablement refait surface, j'allais à Poudlard où j'étais l'un de ces sang pur de Serpentard, et fier de l'être. Certes, mon sang n'avait pas la renommée de celle des grandes familles de sorcier, mais il était tout de même pur. Ça me suffisait. Et ça suffisait à Draco Malefoy, qui était en quelques sortes le roi de cette bande de jeunes sorciers ambitieusement purs et privilégiés que nous croyions être. L'élite des sorciers, le pouvoir, l'éclair de feu des balais à deux sous qu'étaient les autres. Toujours est-il que Draco était le Serpentard parmi les Serpentards. Il décidait qui nous devions emmerder, qui étaient idiots, qui ne méritaient même pas une seconde de notre attention et qui méritaient d'être à ses côtés. Quand Draco te disait de la fermer, t'avais plus qu'à le faire si tu tenais à tes rognons. Telle était la philosophie des Serpentards.

Ça, j'ai mis du temps à comprendre pourquoi. Draco n'était ni le plus intelligent, ni le plus talentueux. Pas même charmant! Mais son père était riche et important, on murmurait tout bas qu'il avait servi le Seigneur des Ténèbres, et ça suffisait pour qu'il soit le chef. Heureusement pour moi, malgré mon scepticisme envers le fils Malefoy, j'étais l'un de ses élus de compagnons d'escorte. Mon nom n'était en rien sous les projecteurs, mais cela suffisait à me donner une réputation qui me permettait de me la couler douce, sans craindre les coups bas du loupiot à son cher papa. En effet, je ne crois pas que le blond aurait autant fait la belle durant ces années de collège s'il n'avait pas pu compter sur son comploteur de père pleins de relations. C'est ce que j'ai toujours cru, mais ce que je croyais en ces années-là n'avait aucune importance, du moins si je voulais survivre à cette hiérarchie serpentarde et trafiquée. Je voulais survivre, et c'est ce qui m'a permis de le faire malgré le Malefoy plein de fric et de pouvoir.

Bref, Malefoy junior était mon chef, j'étais l'un de ses louveteaux, je me tenais tranquille et j'observais le monde tourner autour de lui bien terré dans mon espace à moi. Cela se passait comme ça, ma vie allait bon train et, avec le temps, je devenais de plus en plus important dans la vie du blond. Effectivement, plus Draco s'apercevait que les deux gorilles dont il s'entouraient à chaque seconde de sa richissime existence n'étaient justement que de pauvres gorilles pas doués pour une miette, plus il se rapprochait de moi. Au lieu de déblatérer ses discours à ses idiots de service, il venait à moi et me faisait la causette pendant, parfois, plus d'une heure. C'était toujours la même chose, je vous résume : les Sang-de-Bourbes ne devraient pas exister, Potter est un idiot, je suis un sang pur et toi, pauvre Zabini, tu ignores des choses que moi je sais et que tu donnerais tout pour savoir. Bien entendu, je cachais mes airs ennuyés derrière le masque de lèche-botte que j'adoptais dès que mon roi était dans les parages. Je faisais mine de boire ses paroles comme un ivrogne, et je l'observais s'enfler le crâne, en anticipant rêveusement le jour où sa boîte crânienne allait exploser pour de bon.

Cependant, tout commença à se gâter quand le père de Malefoy fut emprisonné à Azkaban. Le Seigneur des Ténèbres était de retour et de nombreuses heures sombres s'annonçaient. Le petit jeu auquel je me prêtais avec Malefoy prenait des voies suicidaires, je le sentais. Les discours du roi n'était plus des paroles en l'air, elles étaient maintenant fondées et prenaient des allures noires. À la rentrée, en sixième année, ça foutait franchement les jetons. Draco avait changé. Il avait grandi et, à l'entendre parler, il se tramait quelque chose entre lui et le Seigneur des Ténèbres. Ce sorcier n'avait jamais vraiment su tenir sa langue. En nous parlant, à moi, Parkinson et les gorilles, il laissait des pistes ici et là, des indices laissant deviner des choses qu'il aurait dû tenir secrètes. Comme il se trouve que ma mère n'a pas donné naissance à un idiot, j'ai vite compris que Draco s'était vu confié une mission par le Mage noir qui lui assurait la gloire s'il l'accomplissait, mais la mort s'il échouait. C'est d'habitude de cette façon que cela fonctionne avec Celui-dont-le-nom-ne-doit-être-prononcé.

Donc, ma sixième année fut éprouvante. Draco me fichait la trouille en me confiant trop souvent des choses que, par le Diable, je n'aurais jamais du savoir. Il y avait aussi cet abruti de professeur qui s'intéressait à ma beauté de mère, et la pagaille qui résultait de cette guerre à nouveau officielle contre les forces du mal. Où donc me situais-je dans cette guerre? Partisan du bien, ou partisan du mal? Je l'ignorais moi-même. Je suis et serai toujours cet homme neutre; celui qui ne se situe nulle part et qui essaie tant bien que mal de survivre dans cette jungle sauvage qu'est la vie.

Après ma sixième année, le monde a définitivement arrêté de tourner autour de Malefoy. Ce fut en partie par la faute de la mort de Dumbledore. On disait que Malefoy y avait grandement participé, et je savais que c'était la vérité. D'ailleurs, mon roi disparut dès que la nouvelle fut publique. Il se terrait probablement afin d'éviter Azkaban, où il ne voulait évidemment pas rejoindre son père. On disait aussi que Severus Rogue avait été le meurtrier du vieux mage, et ça, tout le monde en était bien certain. Depuis des années, on hésitait à croire que Rogue était réellement devenu un bon et honnête sorcier. Les sceptiques avaient finalement eu raison, et Dumbledore avait eu tort. Severus Rogue est un traître, voilà. De plus, lui aussi se montrait introuvable. Il était probablement caché avec son véritable Maître.

Donc, Malefoy avait disparu. Lorsque je suis retourné à Poudlard pour une septième année consécutive, son absence était en moi comme un immense trou noir. Ça m'aspirait par l'intérieur, ça me faisait me sentir vide. C'était tout comme un escargot privée de sa coquille. Même si je voulais pas, je m'étais peut-être un peu trop habitué à sa présence, à ses putains de discours prétentieux que je préférais tant bien que mal au silence qui régnait dans la salle commune quand il n'était pas là. Et même si notre monde de Serpentard ne tournait plus autour du Malefoy de service, il fallait bien qu'il tourne encore. Mais autour de qui ? J'eus bientôt la réponse. Il allait tourné autour de moi, et j'avais intérêt à bien mettre mes chaussettes si je voulais y survivre. Le chef, c'était moi. Je faisais les règles, et c'était à côté de moi que tout le monde voulait se retrouver. J'étais le nouveau roi, le nouveau Malefoy.

Puis, entre les cours et les combats, la vie a continué. Jour après jour, beaucoup de choses se sont produites. Les jours se sont transformés en semaines, les semaines en mois, et Potter a finit par vaincre Voldemort. Suite à cela, Malefoy s'est déterré. Par je ne sais quel moyen, il a évité Azkaban, où il ne voulait assurément pas rejoindre son ruiné de père. Mais le pauvre bougre n'avait aucun endroit où aller. Son manoir avait été vendu, sa tête mise à prix par des mangemorts qui se plaisaient à tuer tout le monde afin de venger leur Gourou Voldemort. Toujours est-il que Malefoy avait besoin d'aide, et que les deux seules portes qui s'offraient à lui étaient la mienne et...la mienne.

Il a cogné à ma porte, une soirée de juillet, environ une années après la mort du Lord de la mort. Depuis ce temps, il est devenu la personne de mon entourage étant la plus susceptible de devenir ce que l'on pourrait prénommé un ''ami''. Dur à dire, dur à accepter, mais inévitable. Comme il avait été le serpentard parmi les serpentards, et que je l'avais été moi aussi après son départ, nous étions dorénavant à égalité. C'est pourquoi Draco Malefoy devint la première et l'unique personne à laquelle je consentis à parler de mon rêve. Celui que je fis il y a deçà deux semaines aujourd'hui. Ce rêve où j'ai vu des choses inquiétantes qui n'ont cessé de me tourmenté depuis. Ce rêve...ou ce cauchemar.

Ainsi, Malefoy était tranquillement installé sur mon canapé, où il buvait du bout des lèvres une tasse de bièraubeurre fumante tandis que je lui racontais scrupuleusement le rêve qui me hantait depuis trop longtemps déjà. Je parlais tout en bougeant sans arrêt ma baguette entre mes doigts. Mes mains étaient devenus moites. Je ne pouvais désormais plus vainement essayer de nier le rêve et le pressentiment qui m'habitait puisque, en le disant de vive voix à Draco, c'était tout comme s'il prenait forme devant moi. Il était vrai, fichtrement vrai, ce rêve! Je n'étais pas fou, et je le savais.

Tandis que je parlais, l'ancien serpentard me scrutait attentivement, pensif.

- " Alors, tu crois que... ça signifie quelque chose ?" dit-il avec scepticisme au bout d'un moment, lorsque je me tut.

Je le regardai sans réagir. Il était évident que Draco hésitait encore avant de s'abandonner à l'idée que mon rêve puisse être autre chose qu'un simple rêve. Je le comprenais. Car si certaines personnes accordent beaucoup d'importance aux songes de la nuit, Draco n'en faisait pas partie. Moi non plus d'ailleurs. Toutes ces choses reliées à la divination me rappelaient mes cours à Poudlard, en particulier ceux avec cette folle de Trelawney. Pourtant, ce rêve était comme un fantôme dans mon esprit et j'avais la conviction que je ne faisais pas erreur en affirmant qu'il pourrait me sauver la peau. Ce rêve n'était pas un rêve, c'était une chance, c'était une porte de secours vers la vie. Et c'était pourquoi il m'obsédait autant.

Malefoy m'observait toujours, le sourcil levé. Il but un peu de bière.

- " Malefoy, ça suffit! Cesse de m'observer comme si j'étais cinglé, merde! Je ne suis pas cinglé...enfin, pas encore..."

Je fis une pause, fermai les yeux et ajoutai :

- " ...parce que si je n'agis pas, je sais que ce rêve finira par me rendre dingue et... je sais qu'on devra m'enfermer dans une cellule capitonnée bourrée de sortilèges afin que j'en sorte pas. Si je ne suis pas déjà mort. Ce rêve est important, je le sens et je n'ai jamais ressentis quelque chose de plus fort.

- Mort? Tu parles de... mourir? N'y vas-tu pas un peu fort? Après tout, ce n'est peut-être rien d'autre qu'un rêve.

- Je t'ai dis d'arrêter, avec ce regard de débile!" m'écriais-je furieusement.

C'est que je ne supportais pas qu'on se moque de quelque chose qui me tenait autant à cœur. Je pris toutefois une profonde inspiration et retrouvai mon calme avant de poursuivre mon discours. En hurlant ainsi, je perdais toute ma crédibilité et, du coup, la confiance si dur à obtenir du Draco-j'ai-peur-que-tu-me-racontes-n'importe-quoi.

- "Je suis pas le genre de gars qui se prend la tête avec tout et n'importe quoi, tu le sais aussi bien que moi. Seulement, ce rêve m'arrache les tripes à chaque fois que j'y pense. Tu saisis ce que j'essaie de te faire entendre? Je le sais, je le sens tout au fond de mes entrailles que je dois, impérativement, prendre au sérieux ce rêve... Dis, Draco, est-ce que tu sais seulement ce que c'est, quand on ressent au plus profond de nous-mêmes qu'il va bientôt se passer quelque chose de terrible et qu'on va probablement y passer? Est-ce que tu sais ce que c'est, quand on sait que la seule preuve plus ou moins tangible qu'il y a de ce qu'on avance, c'est un rêve que tout le monde croit bidon?"

Après, je n'ai pas pu m'empêcher de hurler.

- "Est-ce que tu sais ce qu'on PEUT RESSENTIR lorsqu'on rêve de sa MORT, qu'on la voit comme si c'était un SPECTACLE et qu'on se regarde crever sans pouvoir faire UNE SEUL GESTE? Des gens en train de crever, j'en ai vu... mais se voir se faire assassiner, ça craint. "

Un silence pesant s'installa dans la pièce.

- "Alors, Malefoy, tu saisis ou je sauve ma peau en solo?"

Malefoy m'offrit le regard le plus hésitant qu'il ne m'avait jamais offert jusqu'à présent. Je voyais bien qu'il ne savait que faire. Mon histoire de rêve visionnaire était saugrenue, et je le savais bien. Je m'étais moi-même maintes et maintes fois traité d'abruti avant de concéder à en parler à mon Malefoy réfugié.

Une longue réflexion plus tard, l'ancien roi des Serpentards but une longue gorgée de sa bière et me regarda d'un air entendu.

- " Non, je ne sais pas ce que sais que de savoir qu'on va peut-être crever demain. Mais j'ai déjà ressenti quelque chose de semblable. De plus, mon vieux Blaise, je ne t'ai jamais vu aussi retourné qu'en ce moment. Tu as des cernes énormes, le visage encore plus pâle que jamais, ton choix vestimentaire est encore pire qu'à l'habitude. Bref, tu ressembles à un cadavre. Et si ça peux te calmer suffisamment pour que tu poses ton arrière-train sur cette chaise au lieu de m'étourdir en faisant les cents pas de cette façon dans la pièce, je veux bien te croire."

Je me suis immobilisé devant Malefoy et je l'ai observé prendre une nouvelle gorgée de sa mixture. J'éclatai de rire, mais d'un rire nerveux, fatigué, agité. Tout sauf un rire plein de joie, quoi.

- " Putain, tu devrais diminuer ton absorption de bièraubeurre, mon vieux." dis-je stupidement, soulagé de l'appui du sorcier blond qui me faisait office d'ami.

- "Tu m'exprimes ta gratitude en me réprimandant à propos de ma consommation de liquide?

- Laisse tomber... et merci. Tu me crois, je t'en suis reconnaissant.

Les mots s'échappèrent de ma bouche comme le dernier soupir d'un mourant.

- Zabini, entres sangs-purs, pas question qu'on se remercie. Ce que je veux dire, c'est qu'entre nous, c'est donnant-donnant. Tu m'as sauver la peau en m'accueillant, je t'aiderai à sauver la tienne. Pas besoin de marques d'affection à la Potter."

Je scrutai le visage de Malefoy. Ses mots étaient détachés, mais je savais bien que ce qui nous liait était plus fort que cette stupide règle de sangs-purs prétentieux qu'il venait à peine de me déblatérer. Poudlard était à des kilomètres de nous, mais les souvenirs dont nous en gardions seraient éternellement gravés dans nos crânes. Les souvenirs de nos vies communes. Il avait été le roi, je l'avais remplacé. Peut-être cela avait-il seulement de l'importance pour les serpentards, ou peut-être même seulement pour nous, mais ça avait de l'importance. Je scrutais le visage de Malefoy et soudainement nos yeux se croisèrent. Nos mots pouvaient mentir autant qu'ils le voulaient, jamais nos yeux ne mentiraient. À cet instant précis, nous le compriment tous les deux.

- " Alors, que vas-tu faire, maintenant, Zabini?" m'interrogea Malefoy en terminant sa bièreaubeurre par une nouvelle et dernière longue gorgée. Il posa ensuite la tasse sur le sol, près de ses pieds chaussés de souliers noirs stylés, croisa les bras et attendit ma réponse d'un sourire malin.

- "Tout d'abord, je vais rencontrer cette fille... tu sais où elle se trouve, non?

- Si, cette sang-de-bourbe...Granger. Une enfant modèle qui a passé sa vie à répondre impertinemment à toutes les questions que captaient ses pauvres oreilles de sang-de-bourbe. Elle est médicomage, maintenant. L'une des plus réputés.

- Exact, Granger. Je vais la retrouver et l'empêcher de me tuer. Tu te souviens? Dans mon rêve c'est elle qui... enfin, je l'ai vu me tuer. Mais ce rêve ne se réalisera jamais, quoi qu'il m'en coûte. J'ai tout à perdre, dans cette histoire.

- Tout à perdre... tu es convaincu jusqu'à l'os que ce rêve est bel et bien une vision du ton avenir, non ?

- Jusqu'à la moelle. Je le sais.

- Bien... il ne reste plus qu'une solution. Tu vas la tuer ? C'est elle ou toi, après tout."

Les mots destructeurs du blond s'envolèrent de sa bouche fine et s'évaporèrent dans l'atmosphère. Je restai quelques secondes immobile devant Malefoy, mes yeux plongés dans ses yeux gris. Je réalisai alors que mon monde avait recommencé à tourner. Seulement, le monde ne tournait désormais plus ni autour de Draco, ni autour de moi. Il tournait autour de nous.

Et le monde tournait autour de nos deux regards figés l'un à l'autre. Engloutis dans un silence lourd, nous nous observions en silence. C'était comme si le destin ne tenait qu'à un fil, et que ce fil était nous. Puis, je répondis dans un souffle, d'une voix si basse que je doutais fort que Draco ait pu l'entendre. Mes mots furent fatals.

- "Je vais la tuer. Je vais...la tuer pour vivre."

Malefoy sourit et pencha la tête. Ses cheveux pâles habituellement tirés vers l'arrière tombèrent négligemment sur son front.

- "As-tu jamais tué quelqu'un, Zabini?"

Je mis à nouveau du temps à répondre. Je baissai les yeux, fuyant le regard narquois de Malefoy.

- " Jamais."

J'éprouvais de la honte à lui répondre, mais, d'un autre côté, je me fichais bien de n'avoir jamais tué quiconque. Je ne considérais pas cet acte comme un acte de fierté. Au contraire. Pourtant, je m'apprêtais à assassiner une femme dont l'existence n'avait jamais frôler la mienne. Du moins, pas avant ce rêve. Ce qui me poussait à agir ainsi, c'était seulement ma soif de vivre. Survivre.

Je relevai les yeux et plongeai mon regard dans celui de Draco Malefoy. Les yeux du blond me renvoyèrent alors une image, le reflet d'un homme que j'eus de la difficulté à reconnaître, bien que ce fut moi. Je vis mon visage aux traits fins et anguleux, mes cheveux noirs comme le charbon et mes yeux aussi sombres qu'une nuit d'hiver. Je vis un homme fatigué, une homme qui avait toujours ce but, cette idée à la tête: vivre, et vous, les autres, fichez-moi la paix. Je vis un homme qui vivait sa vie, qui en gardait égoïstement tous les momentsJe vis un homme qui serait bientôt un meurtrier. Je vis mon propre reflet, je vis Blaise Zabini.

Je suis Blaise Zabini.

Je veux vivre.

Je vais assassiner Hermione Granger et vous, les autres, fichez-moi la paix...

oO¤Oo

Le Trèfle noir