Prologue
« Une vie misérable devenue quotidienne. »
Alassea n'en pouvait plus. Jamais, au grand jamais, elle s'était imaginée une vie comme celle-ci. Elle avait beau vivre en Terre du Milieu, la jeune femme avait toujours rêvée d'avoir une vie simple et remplie de bonheur. Et pas du tout à ce qu'elle vivait tous les jours depuis maintenant trois années.
De façon hargneuse et énervée, Alassea préparait à manger au nain qui depuis trois années, la maintenait enfermée chez lui avec pour seule consigne d'appliquer ce qu'il désirait. Cette manière qu'il avait de la traiter la faisait se sentir comme une moins que rien. Une chose ou un objet qu'il gardait auprès de lui parce qu'il en avait besoin et non pas parce qu'il l'appréciait. C'était, de toute façon, loin d'être le cas. Et c'était tout bonnement réciproque.
Comment pourrait-elle aimer un homme, ou plutôt un nain, tel que lui ? Pour la jeune femme, c'était tout simplement impossible. Il était le premier de sa race qu'elle rencontrait, et il fallait bien avouer qu'il ne lui montrait pas une bonne image de son peuple. Étaient-ils tous comme lui ? Aussi irritable et abominable ? Elle ne l'espérait pas et elle priait pour que cela ne soit pas le cas.
Alors qu'elle attendait que la cuisson du bouillon ne se termine, Alassea repensa aux événements qui l'avait conduite ici. Et elle ne pu s'empêcher de pousser un soupir dans l'espoir que cela ferait éloigner son envie de laisser ses larmes couler. Elle n'avait toujours pas acceptée le fait d'être ici pour rendre service à sa famille. Oh que non ! Pour elle il était clair qu'elle n'en avait plus. Elle la détestait même plus que ce stupide nain si cela était encore possible.
Cela était vraiment très dur pour la jeune femme de repenser à sa famille de cette manière-là. Alassea avait la nette impression d'avoir été abandonnée par les seuls êtres qui comptaient pour elle. Son père, sa mère, sa sœur et son frère… Alassea était l'ainée de cette famille de trois enfants et ses parents avaient vu l'opportunité de s'enrichir en laissant la jeune femme travailler pour un nain. Oui, au début elle avait été d'accord avec cette décision. Mais tout simplement parce que cela ne devait pas durer plus d'une année.
Alassea attendait depuis deux années que sa famille ne revienne la chercher pour lui dire d'arrêter et de revenir vivre avec eux. Comme avant. Mais cela n'arriverait jamais. Alassea en avait le pressentiment et ce n'était pas du tout une bonne chose. Devrait-elle vivre avec Aldar jusqu'à la fin de ses jours ?
Non, elle refusait ce destin. Elle attendra le temps qu'il faudra, mais elle se promettait de partir un jour. Elle préférait vivre seule, à l'aventure, plutôt que d'être au service de ce nain qui la traitait comme un objet qui lui était utile. Mais elle devait se préparer pour cela. Emporter des affaires, de quoi vivre convenablement pendant quelque temps, et trouver le bon moment pour s'en aller.
Elle réfléchissait toujours à cette possibilité, lorsqu'Aldar entra à son tour dans la cuisine. Son sang ne fit qu'un tour en voyant la jeune femme dans ses pensées sans s'occuper de son futur repas.
« - Mais ce n'est pas vrai ça ! Si je ne suis pas derrière toi, t'es incapable de faire quelque chose de bien ! »
Alassea sursauta en entendant cette voix rocailleuse énervée lui parler. Elle baissa la tête honteuse d'avoir été prise en faute. Parce que oui, le bouillon commençait à être un peu trop cuit. Chose que ce nain détestait au plut haut point. Elle essaya de baisser le feu, mais dans son état de panique, elle fit tourner le bouton dans le mauvais sens et le bouillon se mit à bouillir d'une façon incontrôlable.
Aldar rugissait. Il avança d'une démarche pressée et bouscula cette femme incapable qui se trouvait dans sa cuisine de façon brusque pour se poster devant la gazinière. Cette jeune humaine l'horripilait mais elle lui était bien trop utile à des moments pour qu'il puisse s'en debarasser.
« - Je comprends pourquoi ta famille t'a vendue à moi. Pour une humain tu es vraiment étourdie par moments ! »
La dite humaine baissa les yeux vers cet horrible nain, et avait tiqué sur le mot « vendue ». Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ? Elle voulait lui demander, mais elle avait peur de la réponse que le nain lui donnerait. Mais elle voulait le savoir et c'était le moment.
« - Vendue.. ? » Alassea n'était pas sûre d'elle.
Le nain en entendant cela, leva les yeux vers elle d'une façon triomphante avec un sourire sadique sur les lèvres.
« - Oui, vendue. Allons ! Ne t'es-tu donc jamais posée la question ? » Aldar lâcha un rire qui fit frissonner la jeune femme. « - Ne t'es-tu jamais demandée pourquoi tu étais encore avec moi après trois années ? »
Alassea se mordit les lèvres pour ne pas craquer. Alors c'était cela ? Sa famille l'avait vendue à un nain ? C'était pour cela qu'elle désespérait de les voir arriver un jour ? Jamais elle ne le reverrait ? Les larmes lui montèrent aux yeux.
« - Tu m'appartiens humaine. »
Et lorsqu'Aldar parla de nouveau, Alassea eu l'impression de sentir son cœur se briser. Elle lui appartenait tel un objet qu'il avait acquit.
Quand le nain sortit de la cuisine, Alassea se laissa glisser le long du comptoir qui se trouvait à ses côtés et par un accès de faiblesse, elle laissa ses larmes couler le long de ses joues. Son destin était maintenant lié avec celui d'Aldar perspective qu'elle détestait au plus haut point. Maintenant elle en était sûre. Aldar pouvait faire d'elle tout ce qu'il souhaitait : elle n'auvait pas son mot à dire. Elle était sous son autorité et rien ne pourrait changer cela. Sauf peut-être retrouver sa famille pour que celle-ci annule le contrat. Mais le ferait-elle vraiment ?Dorénavant, Alassea en doutait fortement.
Assise misérablement sur le sol de la cuisine, Alassea priait pour qu'un miracle la sauve.
